Historique Public

Je suis née dans le confort d'un foyer chauffé. Le harang était toujours frais, le pain moelleux et les cerises juteuses. Mon lit n'était pas fait de paille et une peau d'ours nous y réchauffait les pieds. Mes parents étaient tous deux de grands artistes joailliers et s'occupaient de la garde-robe des nobles de la grande ville.
J'ai eu de la chance, mes parents m'ont envoyée à l'école publique. Je détestais m'y enfermer. Heureusement, je m'y suis fait des amis ou plutôt des complices.
Eux et moi, nous faisions les 100 coups un jour et l'autre nous picossions nos comparses. Rien de méchant, mais rien qui ne plaisait aux maîtres et maîtresses. D'ailleurs, ils me maudissaient, non pas parce que j'agissais en révolté et en contestataire, mais plutôt parce qu'ils ne trouvaient jamais de preuve ou de faute suffisamment réprimandable pour m'en tenir rigueur. Je leur filais toujours entre les doigts, tel un poisson fraîchement péché. J'étais dans mon élément.

Nous nous rendions souvent sur le bord de la mer pour observer les bateaux amarrés. Le vent froid pinçait les joues et le sable était blanc comme la neige des montagnes qui bordaient la cité.

J'adorais ma vie, j'ai grandi entourée d'êtres intelligents et talentueux, de culture et de diversité.

Mais la mer n'était pas d'accord. Tranquillement elle a décidé de reprendre à la terre son territoire ancien. Mon village, non loin des portes d'Yr ne serait bientôt plus qu'une extension des eaux marines. Incapables de se reloger, la citadelle débordant déjà de pauvres infortunés, l'exode vers les montagnes était la seule issue. Mais la vie montagnarde ne figurait pas dans l'idée que je m'étais fait de ma vie.

J'ai décidé de ne pas renier l'appel de la mer, l'océan puissant qui avait fait bouger un peuple que par la menace.

Je suis retournée au port, enfin ce qu'il en restait. J'ai attendu qu'un navire marchand ignorant de la situation de mon peuple y passe. J'y suis embarquée payant mon voyage en richesses abandonnées et mouillées.

C'est à ce jour précis que j'ai fait la rencontre de Lauk Von Yulewicz et de son capitaine Nikolaï Kostå.
Mais ce n'est que bien plus tard que mon aventure avec eux commencera.

J'ai incessamment voyagé, de ports en estuaires et de villes en royaumes. Je ne m'arrêtais que pour dormir dans les auberges et boire dans les tavernes.

Après quelques quelques années, je me suis arrêtée quelques mois. Mais la mer viendrait bientôt me chercher à nouveau.

Ma bouteille d'eau de vie vide à la main, je suis sortie de la taverne. Je me suis dirigée vers le port afin d'en respirer l'air salin. C'est alors que j'aperçu deux hommes aux visages familiers.
Une file de vieux fermiers, de pitoyables criminels et de nauséabonds mendiants se tenait en attente de parler aux deux hommes. Par gratitude, par confiance, par nostalgie, par vocation et un peu par pitié, je me suis mise en file. Demain, à l'aube j'allais retrouver l'horizon bleu.
Cette fois-ci l'aventure avec eux débuta.