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Lieux | Événement en cours? | Texte |
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Carte d'Ébène - Blanche-Tour et les Montagnes blanches |
Blanche-Tour et les Montagnes blanchesGénéralBordant les rives de la mer blanche, la citadelle de Blanche-Tour est l’exemple parfait de ce qu’aurait pu être l’exode pyréen s’il avait reçu un respect égal en Ébène à celui qu’il obtint en Avhor. Sous le commandement du juge royal et comte de Rivebois Sélim Basam, Blanche-Tour et la montagne blanche la protégeant de par le sud hébergent les merveilles et archives de la culture pyréenne. Le Forum de la Loi, assemblée de doctes érudits légaux, qui y fut construit lors des dernières décennies tire avantageusement profit de l’un des seuls héritages positifs de l’Ordre (organisation criminelle de l’entre-deux guerres) en Avhor : une passion dévorante pour la justice. Blanche-Tour abrite aussi le Régiment naval des Chevaliers de Rostam mené par la sénéchale Makara Al’Kahf. Flotte de galères de guerre embarquant à leur bord des centaines d’anciens paladins lourdement armés, ce contingent est le seul entièrement constitué et dirigé par des Pyréens. GéographieDominant les eaux tumultueuses de la mer blanche depuis les monts qui forment son promontoir, la citadelle de Blanche-Tour adopte les traits exotiques qui faisaient jadis la réputation des places fortes monumentales de l’archipel pyréen. Érigée lors de la Guerre de l’Avènement par des exilés d’Avicennes et d’Aliare, lesquels bénéficièrent du concours des maîtres bâtisseurs avhorois, la citadelle est parfois nommée “la petite soeur d’Avicennes”, invoquant ainsi le souvenir de cette forteresse imprenable qui avait tenu les armées princières en échec au terme de la Guerre des deux Couronnes. Dotées de deux murailles, l’une protégeant la citadelle et l’autre le bourg, les fortifications de Blanche-Tour sont ponctuées de grandes tours rondes dont les balistes, les meurtrières et la mâchicoulis veillent quotidiennement sur les contrebas. Construit à même le roc de ses flancs escarpés, le bourg de Blanche-Tour est un ensemble de rues labyrinthiques, entrant parfois jusque dans les profondeurs des montagnes blanches. Il est bien sot celui qui élit de ne pas y engager les services d’un guide local, sans quoi un séjour de quelques jours peut rapidement se transformer en internement de plusieurs semaines. Parfois séparés par des crevasses, traversées par des ponts pouvant être défendus d’une poignée de soldats, les quartiers de Blanche-Tour sont pensés de sorte à rendre la citadelle imprenable. De fait, un stratège pourrait avoir entre ses mains l’entièreté des plans de la cité qu’il ne lui en coûterait pas moins cher de mener un siège à terme. Plus en aval encore, au-delà du premier mur, le faubourg de Cinq Récifs s’articule autour du beffroi de Rostam et des quartiers portuaires. Plus grand port militaire du Nord, contrôlant de ce fait même les étendues de la mer blanche, c’est à Blanche-Tour que mouillent les galères de l’Ordre des Gardiens de Rostam, seul régiment royal pyréen d’Ébène. Anciennement un ordre chevaleresque affilié à la Compagnie hospitalière et au dernier comte-protecteur des îles Zeryab Nazem, ses membres sont aujourd’hui connus comme étant les “paladins des mers.” Supervisés par la sénéchale Makara Al’Kahf, brandissant le sabre familial de Nazem, les chevaliers de Rostam portent sur eux l’espoir des Pyréens en exil qui voient en eux les monuments d’un passé glorieux. Embarquant en leur bord des chevaliers en armures lourdes et parfois dotés de sabres d’acier pyréen rescapés des flammes, les galères royales de Rostam mènent de front les armadas ébénoises en préparation pour le jour où ils mèneront les leurs jusque sur les plages de Kessa. Fidèles à leurs traditions pyréennes, la peau des chevaliers qui composent le régiment est régulièrement parée de tatouages évoquant leurs faits d’armes passés. Au sud des montagnes blanches et sur les berges du lac Dive, toujours dans les dépendances de la citadelle pyro-avhoroise, se dresse encore aujourd’hui une autre communauté issue d’un exil passé. Coexistants en un même lieu depuis le retour au pouvoir de la famille Aerann en Fel, felbourgeois et avhorois peuplent la cité de Rossolmo qui est au coeur du réseau d’approvisionnement de la citadelle septentrionale. Ayant connu un petit afflux de citoyens lorsque le Vindh prit le contrôle de Cinq Récifs, il ne manque jamais de main d’oeuvre pour labourer ses champs irrigués par le fleuve Delorme. La vie y est, à l’instar du palatinat, bercée par les eaux du lac Dive qui y emportent les oeuvres musicales et festives produites dans la capitale. HistoireAvant la libération du dauphin Ludovic Lacignon par le criminel “Rage” et l’invasion subséquente du Vinderrhin en l’an 321, Cinq-Récifs n’était qu’un hameau ne pouvant même pas prétendre à se frayer une place dans les livres d’histoire. Sans doute fondé à quelque moment par quelqu’un, probablement un Avhorois issu du comté de Rivebois, le village ne comptait toujours que quelques pêcheurs vivant de l’air salin porté par la mer blanche. Voyant en Cinq-Récifs ce que les Ébénois n’avaient pu discerner -un bastion imprenable, les hérétiques du Vindh accostèrent en 322 au nord des montagnes blanches pour en expulser la populace célésienne dans le but d’y prêcher l’Arth, étrange culte athée issu de leurs terres glaciales. Érigeant un fortin sur les lieux, la sûreté de leur missionnaire était alors garantie par la chaîne de montagnes impraticables gardant son flanc sud, et une flotte sans pareille gardant son flanc nord. Défaits par les légions célésiennes à Havrebaie aux Floraisons de l’an 322, les quelques survivants de l’ost hérétique prirent la mer pour regagner leurs forteresses lointaines, ne laissant derrière eux que quelques sots - ou braves - pour garder leur terre d’ouverture à l’Arth. Privé de ses sentinelles navales, le fief fut toutefois bien rapidement conquis par l’Ordre, une organisation de justiciers criminels, qui fortifièrent l’endroit et y tinrent des tribunaux populaires. Malgré une entente avec plusieurs seigneurs de l’est, la situation ne devait pourtant pas durer, une alliance opportune de Felbourgeois et de Valéciens mettant prestement fin en 323 à cette entreprise en rasant et massacrant tout ce qui se trouvait à Cinq-Récifs. Aussi rapidement qu’il en était sorti, Cinq-Récifs retomba dans l’oubli, laissant derrière lui un vide sur les plages septentrionales avhoroises. C’est finalement l'éruption de l’Iniraya, dont les flots de lave emportèrent le palatinat de Pyrae, qui vint changer la donne. Confrontés à un afflux d’exilés, les palatinats continentaux adoptèrent des solutions variées pour loger ces nouveaux arrivants de l’est. Fière enclave de culture, Avhor n’en était pas à son premier accueil d’exilés. Effectivement, Avhor avait reçu au comté de Rivebois, peu avant la Guerre des deux Couronnes, bon nombre de rescapés felbourgeois au lendemain de la guerre civile qui avait marqué le glas du règne des Lobillard sur Fel. Plusieurs dames et seigneurs de Fel s’étaient alors vu octroyés des seigneuries respectables près de Vêpre. Tandis que certains palatinats proposaient des politiques poussant vers l’assimilation, les seigneurs avhorois, bien que divisés à ce moment pour des questions politiques, s’entendirent de part et d’autre pour garantir la pérennité de la culture pyréenne en échange de garanties et de serments d’allégeance à Avhor. Chaudement accueillie sur ses nouvelles terres, l’escadre d’exilés menée par le capitaine Kamal Basam, ancien baron des îles d’Aliare, entreprit alors la fondation d’une citadelle à même de témoigner à jamais de la survie des siens. Assisté dans sa tâche d’architectes issus du comté d’Avicennes, lesquels avaient déjà pu admirer la forteresse monumentale de la famille Nazem, il entreprit d’ériger un hommage éternel à la grandeur de Pyrae. Seule différence notable avec l’oeuvre originale outre sa taille et son emplacement, la nouvelle citadelle était dotée d’une haute tour couronnée d’un brasier à même les montagnes blanches qui puisse guider les navires à travers les eaux tumultueuses de la baie. Ainsi, après avoir valsé au rythme des occupations étrangères et criminelles, les plages septentrionales d’Avhor virent enfin la naissance de Blanche-Tour, la citadelle de culture. Composée de plusieurs galères affrétées pour la guerre, l’escadre qui accosta sur les plages de Cinq-Récifs pour y fonder Blanche-Tour portait à son bord nombre de réfugiés, mais également certains des meilleurs combattants du comté d’Avicennes. C’est de cette manière que l’Ordre des Gardiens de Rostam, un ordre chevaleresque affilié à la Compagnie hospitalière et organisé par le défunt Zeryab Nazem, aboutit à Blanche-Tour pour y ériger son beffroi. Sous le commandement du sénéchal Mustakim Al’Akdhir, à qui son cousin Hakim Al’Akdhir avait remis le sabre de protecteur, les chevaliers de Rostam s’excusèrent des premières escarmouches de la Guerre de l’Avènement par la neutralité de la Compagnie hospitalière, préférant contribuer à l’établissement des leurs sur les rives avhoroises que d’engager leurs forces à la demande de la Ligue des Mérillons. La situation changea cependant en l’an 326, avec la bataille de la Rosefranche, alors que le premier affrontement majeur de la guerre opposait les forces patriciennes aux armées royalistes sur les rives de la Laurélanne. Le coeur des forces du Guérisseur couronné étant alors composé des effectifs de nobles valéciens, il apparut évident que tous n’interprétaient pas la supposée neutralité du Val-de-Ciel de la même manière. C’est fort de cette réalisation et conscient des avancements de la citadelle de Blanche-Tour, que le Commandeur de la Compagnie hospitalière Vladimir Girimov autorisa en 327 les chevaliers de Rostam à combattre pour le parti qu’ils jugeaient juste. Ces derniers, sympathiques aux Républicains, décidèrent de s’opposer au Guérisseur couronné. À bord de leurs galères propulsées par la force des rameurs et sous l’impulsion des vents de la baie d’Ambroise, les chevaliers de Rostam arrivèrent en vue d’Yr par un froid matin d’octobre 327. Sous les pavillons de l’hydre pyréenne et de la vigne avhoroise, le sénéchal Al’Akdhir avait choisi de combattre au nom de ceux qui leur avait offert le gîte. Filant vers eux à vive allure, la flotte valécienne de l’Estecôte -l’entièreté des forces navales du Monarque sous le commandement de l’amiral Linerius Quantus, entreprit ses manoeuvres afin d’aborder les petits bâtiments pyréens approchant la capitale. Reconnaissant la stratégie de son adversaire, le sénéchal dépêcha quelques galères sur les flancs avant d’ordonner un rythme de bataille au coeur de son escadre. D’une violence inouïe, le choc des premiers navires se fit entendre depuis la capitale. Assiégeant les navires pyréens, les soldats valéciens, légèrement armurés comme le veulent les traditions maritimes, s’attendaient à rencontrer quelques gueux comme ceux peuplant la Nouvelle-Kessa en marge d’Yr. Ils se heurtèrent plutôt aux écus de paladins, leurs lames ne pouvant trouver une faille dans les armures lourdes de leurs opposants, et leurs chairs étant déchiquetées par le tranchant de sabres d’un acier noir comme l’ébène. Lui-même sur le pont du Protecteur, navire amiral, Linerius Quantus tenta de sonner la retraite pour réaliser qu’il était trop tard, le son tonitruant de l’éperonnage mené par les galères de flanc se faisant déjà entendre. Depuis les remparts de sa cité, le Monarque vit sa flotte sombrer, emportée par les flots tandis que se réorganisaient les bâtiments pyréens. Semblant d’abord hésiter, le prétendant au trône dicta ses ordres et les soldats de la capitale prirent la route de la Nouvelle-Kessa, diaspora d’exilés hors des murs de la cité d’Yr. Heureux de sa victoire, Mustakim prit le temps de féliciter ses chevaliers, puis il donna l’ordre que les prisonniers, incluant Linerius Quantus, soient portés dans les calles pour être traités honorablement, après quoi seulement il prononça les mots tant attendus. Fendant les vagues vers la capitale, il pourrait bientôt entamer le siège d’Yr et mettre fin à ce conflit les séparant de la reconquête de Pyrae. Or, à l’horizon se dressait désormais de nouveaux navires, lesquels n’étaient que trop reconnaissables aux yeux du sénéchal. Refusant la défaite, le Monarque avait envoyé ses guerriers mettre les navires de la Nouvelle-Kessa à l’eau, portant en leur bord un lot d’exilés pyréens. Le choix s’offrant alors aux chevaliers de Rostam était clair : ils pouvaient forcer leur chemin à travers des navires chargés d’indigents pour établir le siège de la cité d’Yr, ou repartir forts d’avoir anéanti la flotte royaliste. Reprenant la mer vers Blanche-Tour, le sénéchal fit porter à terre les têtes de tous ses prisonniers valéciens. Sur un parchemin entre les dents de l'amiral Quantus, on pouvait lire: “Coupez la tête d’une hydre, et d’autres repoussent. Qu’en est-il de celles des couards?” Se soldant par une victoire républicaine sur les forces royalistes, trois conclusions devaient être tirées de la bataille d’Ambroise. D’abord, les chevaliers de Rostam étaient une force navale à ne jamais négliger. Ensuite, ils ne souilleraient pas leurs lames du sang d’innocents pour regagner leurs îles. Finalement, aux yeux du Monarque et des citoyens d’Yr, la population de la Nouvelle-Kessa était utile, mais parfaitement sacrifiable. Dans tous les cas, les exploits militaires des chevaliers de Rostam devait leur permettre, après la fin du conflit, d’être recrutés dans les rangs de l’armée royale. Ironiquement, compte tenu du passif de Cinq-Récifs avec les tribunaux populaires de l’Ordre, Blanche-Tour su bénéficier de l’amour de Kamal Basam pour les lois et la justice afin de progressivement s’affirmer comme phare légal ébénois. Naissant d’abord d’un désir simple -celui d’offrir aux différentes communautés pyréennes du royaume des conseils afin d’appréhender les affres de leurs terres d’accueil, le Forum de la Loi, une assemblée de juristes et leurs archives à même la citadelle de Blanche-Tour, attire depuis de nombreuses années déjà les envoyés de seigneurs en quête d’avis légaux sur des situations particulièrement épineuses. Ainsi, pour des raisons moins polarisantes que par le passé, le regard des nobles du royaume se tourne de nouveau vers les montagnes blanches pour des raisons légales. Cette primauté de la justice à Blanche-Tour permettra également au fils de Kamal, Sélim Basam, d’obtenir l’appui des barons de Rivebois pour être fait comte en l’an 356. Bien qu’il soit un laïc, Sélim est particulièrement féru de théologie et agit à titre de juge royal pour son comté, le tout lorsqu’il cesse de s’adonner à son amour pour la poésie. Forts de leur accueil en Avhor, on retient des Pyréens de Blanche-Tour qu’il ne partagent pas les espoirs des autres communautés d’exilés, lesquels vivent dans la nostalgie des îles qu’ils ont laissé dans les flammes. Ayant embrassé leur situation dans le palatinat des fêtes, la grande majorité des gens vivant à l’ombre de la “petite soeur d’Avicennes” préfèrent renforcer ce qu’ils ont érigé sur le continent plutôt que de tourner leur regard vers l’est. Toutefois, hors des murs, ceux qui font vivre le faubourg de Cinq-Récifs ne sont pas de cet avis. Demeure de l’Ordre des Gardiens de Rostam, avant-garde espérée de la reconquête pyréenne, ceux qui habitent les quartiers du port militaire prient chaque jour le Céleste de les rapprocher du moment où ils prendront d’assaut les plages de Kessa. |
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Carte d'Ébène - Château des Mille-Ronces et Caliamo |
Château des Mille-Ronces et CaliamoGénéral“C’est une offre généreuse sieur Aerann, eussiez-vous affronté nos alliés salvamerois aujourd’hui qu’elle aurait sans doute été acceptée. Or, vous m’avez invité à danser cette Caliamana et un Avhorois ne laisse jamais une valse inachevée. Vous n'obtiendrez point de capitulation en ce jour, les miens et moi-même refusons de retourner à Vêpre défaits et déshonorés. Si vous souhaitez nous voir disparaître de ces lieux, alors vous n’avez qu’à faire mieux que lors des quatre danses précédentes. Si cela peut vous aider à offrir une meilleure performance, sachez que nous mènerons le prochain divertissement par le flanc droit. Tâchez de garder le rythme cette fois-ci, de sorte à ce que nous ayons tous deux du plaisir.” - Puig de Pallars, comte de Caliamo, lors de la bataille pour Coeur-de-Sel. Forteresse à mi-chemin entre Vêpre et Salvar, l’antique Château des Mille-Ronces est l’hôte des régiments royaux d’Avhor. Puig de Pallars, comte vieillissant de Caliamo, est un héros de guerre renommé faisant l’unanimité autant chez les patriciens que chez les monarchistes. En position de faiblesse lors de la bataille de Coeur-de-Sel dans les Saulnières en 330, il parvint à repousser les armées felbourgeoises à de multiples reprises à l’aide des stratégies avhoroises uniques reposant sur l’art de la Caliamana, ou valse guerrière. Comté étalon en matière de justice et d’affaires militaires à Avhor, Caliamo donne le ton au reste du palatinat lorsque vient le temps de faire face aux menaces internes ou étrangères. GéographieAyant toujours préféré rencontrer ses adversaires sur le champ de bataille, là où la Caliamana est plus agréablement dansée, Avhor n’a jamais été pris d’un intérêt particulier pour l’érection de forteresses monumentales. Aussi, les places-fortes du palatinat des fêtes n’ont jamais connu le même essor que dans les autres régions du royaume. Certes, ce ne sont pas les châteaux qui manquent à Avhor, mais ceux-ci sont bien souvent d’une simplicité alarmante. De fait, l’utilité de ceux-ci se limite à arrêter la marche de l’ennemi pour quelques jours, quelques semaines dans le meilleur des cas, afin d’offrir le temps aux armées avhoroises d’être mobilisées. Ainsi donc, en dehors de la nouvelle citadelle pyréenne de Blanche-Tour juchée dans les montagnes du nord, Milles-Ronces est ce qu’Avhor a de mieux à offrir en terme de “forteresse,” c’est-à-dire un fortin modeste de trois étages ceint d’un petit bourg gardé par une simple muraille qui surplombe une vallée parsemée de ronces. Fait de pierres extraites du Val Follet sous l’impulsion d’un riche seigneur lors de l’année sans prince, l’ensemble fortifié est malgré tout finement taillé et décoré de somptueuses étoffes colorées. C’est entre autres grâce au génie architectural d’Octavien Duchesne que la forteresse fut rénovée et renforcée lors de la dernière guerre. Occupant un emplacement central le long de la frontière méridionale, le fief accueillait déjà les baraquements de l’armée avhoroise lors de la Guerre de l’Avènement, mobilisées auprès de leur consul Victor Casielli, ce qui en fit le choix tout désigné pour servir de demeure aux régiments royaux avhorois lorsque fut créée l’armée royale au terme des hostilités. À distance suffisante des cités de Vêpre et de Caliamo pour limiter les grabuges que peuvent causer des soldats oisifs ou en permission, en plus d’offrir aux forces des Fêtes l’occasion d’apprendre à manoeuvrer en terrain accidenté, tous semblent ravis par cet désignation. Au-delà de ses fonctions militaires, Milles-Ronces dispense également la justice dans le comté, le tout depuis une petite chapelle castrale finement décorée. Bien que l’organisation criminelle révolutionnaire de l’Ordre -fermement implantée avant la guerre à Avhor- ait été vaincue et démantelée par l’armée royale, un certain nombre de ses idéaux trouvent encore des échos en Avhor. Plus particulièrement, une justice implacable est attendue de la part des autorités en place, une pratique à laquelle les instances de la Foi s’adonnent par des sentences exemplaires. Plus souvent qu’autrement, ce sont les soldats des régiments royaux qui paient le prix d’une telle justice. Or, il arrive également que l’affaire soit réglée avant même qu’elle n’ait eut le temps d’aboutir dans les mains du Juge royal, les deux partis ayant élu de se faire justice eux-mêmes en s’adonnant à une Vêproise. Le vainqueur du duel est alors perçu comme étant en son bon droit, et l’affaire est abandonnée. Ces entreprises de justices personnelles ne trouvant pas toujours un aboutissement, il est également possible pour une personne lasse de ces valses funestes de se livrer à la protection du Glaive. Au-delà des ronces, le comté de Caliamo jouit du climat tempéré propre à Avhor. Moins tourné vers la production vinicole que ses voisins, les terres cultes y sont vouées à une production maraîchère et houblonnière dont les récoltes sont presque entièrement destinées à l’armée royale. Si les habitants des hameaux qui parsèment le comté se sont initialement réjouis d’être l’un des greniers privilégiés des régiments de la Reine, ils ont bien déchanté lorsqu’ils ont réalisé les contraintes de profit imposées par ce monopole. Néanmoins, il ne se passe pas une journée sans que des convois marchands prennent la route des garnisons royales depuis la cité de Caliamo. Jadis une agglomération assez modeste, celle-ci a gagné en prestige avec la création de la Ligue des Mérillons, devenant un arrêt presque obligatoire pour les délégations avhoroises se rendant jusqu’au Symposium des Justes à Salvar. En effet, situé sur les berges du fleuve rouge, il ne suffit que de quelques jours pour gagner le delta des Saulnières, puis la lagune de Salvar. Cherchant à affirmer l'existence d’Avhor au sein d’une alliance centralisée à Salvar, les nobles et les patriciens avhorois ont pris pour habitude de discuter de stratégies politiques aux thermes de Caliamo avant d’entreprendre le voyage devant les mener jusqu’à la capitale salvameroise. Outre ces passages fréquents de grands dignitaires, le cité devint une destination prisée des musiciens souhaitant marcher dans les pas du grand Sombrechant; ménestrel de renom et ancien héraut d’Yr. Peu importe l’heure de la journée, bardes et troubadours s’adonnent à la pratique de leur art sur les places publiques et dans les jardins de villas, espérant trouver quelque mécène qui soit prêt à les prendre sous son aile. HistoireFondée avant Vêpre lorsque les anciens Mérillons remontèrent les terres vers le nord à partir de la lagune d’Émeraude de Salvamer, la cité de Caliamo, donnant son nom aux terres avoisinantes, aurait été érigée à l’extrémité du fleuve rouge lors d’une première tentative de colonisation à l’intérieur des terres. Ce récit de fondation, corroboré par des expéditions savantes de Rozella, fait de Caliamo la plus vieille cité avhoroise. Malgré tout, elle n’atteindra jamais le prestige de Vêpre, de Vespéra et de Treia, son développement étant limité par la multiplication des hostilités entre les Vhorili et les Mérivar, familles ducales d’Avhor et Salvamer, sous l’Avant. Point de passage entre Vêpre et Salvar, elle joua néanmoins un rôle d’avant-plan dans les conflits opposant les deux dynasties régnantes, encourageant le développement de traditions martiales dans le comté. Sous la bannière de la famille d’Urgell, Caliamo assuma la protection des frontières méridionales du domaine Vhorili pendant des siècles sans pour autant se détourner de l’amour de la culture et des fêtes propre aux Avhorois. Aujourd’hui encore, Avhor entretient une culture de la guerre fort singulière, leg direct des traditions artistiques et militaires de sa marche, laquelle s’est propagée dans le reste du palatinat sous le nom de Caliamana; où valse de Caliamo. En effet, il n’existe pas de différence pour un Avhorois entre le fait de mener une danse et celui de mener une guerre; le concept de “guerre” était d’ailleurs aussi étranger à Avhor que le Céleste avant la venue du Prophète. Ainsi, un seigneur des fêtes souhaitant “déclarer une guerre” à son ennemi l’invitera à danser la Caliamana, de même qu’une “provocation en duel” prendra la forme d’une Vêproise. Dans les dépendances de l’Étoile du Soir, Caliamana et Vêproise ne sont que des valses comme les autres, des valses qui peuvent s’avérer funestes certes, mais cela ne doit rien enlever à l’aspect artistique et festif de la chose. Il en résulte une approche très légère, voire même particulièrement positive, de ces divertissements martiaux et des morts occasionnées, un phénomène souvent décriés par les autres Ébénois comme étant déconnecté des affres de la guerre. Cela importe peu au soldat avhorois, lequel se contentera de célébrer ses ennemis et ses camarades tombés lors de la danse. Après tout, pourquoi pleurer pour une personne qui a vécu de son art jusqu’au bout lorsqu’on peut l’honorer? Symboliquement, un soldat avhorois se distingue par sa barbe ou à la longueur d’une tresse de cheveux, ne pouvant les couper qu’en cas de défaite afin de signifier un renouveau de sa force. Plus concrètement, la Caliamana se danse au rythme des tambours, des flûtes et des trompettes qui dominent en permanence le champ de bataille et dictent avec précision les pas que doivent prendre les soldats. Il en résulte une coordination incomparable des soldats au sein d’un régiment qui s’exécutent lors de leurs manoeuvres avec une légèreté et une précision déroutante. Ainsi, tandis que les stratèges conventionnels dressent des plans de batailles et dictent à leurs troupes des ordres sommaires au moyen de cris et de cors, un commandant avhorois utilise ses temps libres pour rédiger des feuilles de partition et des mélodies guerrières à même de donner un rythme à la bataille. Il va donc sans dire qu’un régiment avhorois peut difficilement être placé sous le commandement d’un militaire n’ayant pas acquis les rudiments de la Caliamana, ni même être coordonné efficacement avec un régiment qui ne comprend pas son fonctionnement. Ces considérations, qui n’existaient pas avant l’avènement de l’armée royale, sont aujourd’hui la source de maints problèmes à la table des stratèges. Traditionnellement, les armées avhoroises sont divisées en deux corps de troupes qui valsent au rythme d’un orchestre, lesquels trouvent aujourd’hui leurs héritiers dans les deux régiments royaux stationnés à Milles-Ronces. Le premier de ces régiments, les Vidalies, sont porteurs des traditions martiales des comtés côtiers à même de financer leur équipement. Lourdement armurés et parés d'étoffes et de plumes aux couleurs éclatantes qui évoquent des uniformes de parade, ces soldats sont entraînés dans le maniement de longues piques afin d’attirer l’attention de l’opposant et de maintenir leurs positions. Plus légèrement armurés et héritiers des traditions des comtés intérieurs, les Vespérares sont quant à eux des tirailleurs discrets et agressifs qui s’avèrent particulièrement efficaces à prendre les forces ennemies à revers. Assurant la coordination entre les deux régiments depuis la protection des Vidalies, l’orchestre du capitaine rythme la bataille selon les mouvements de l’opposant. De création plus récente, les régiments avhorois ont également été agrémentés du corps des colleteurs avhorois lors des dernières décennies. Ces derniers, composés de serfs habitués de chasser librement en forêt grâce aux décrets de la Ligue des Mérillons sont des éclaireurs et des ravitailleurs prisés de l’armée royale. Siégeant également à Milles-Ronces, auprès des régiments à sa charge, le comte de Caliamo est Puig de Pallars, un chevalier issu de la vieille noblesse et consul des forces avhoroises. Assumant le contrôle des armées d’Avhor dans les Saulnières après la mort de Victor Casielli en 330, il serait l’un des plus grand héros républicain de la Guerre de l’Avènement. Lors de la bataille de Coeur-de-Sel, alors qu’il était hautement dépassé en nombre et en équipement, de Pallars entreprit de valser la Caliamana contre les forces Aerann venues renforcer les troupes des Crânes depuis Cellryn. Résistant à quatre assauts consécutifs contre ses positions, le commandement de Fel lui offrit, à lui et aux siens, de reprendre le chemin de Vêpre avec leurs armes et leurs bannières. Clamant qu’il valait mieux mourir que de retourner à Vêpre défait et déshonoré, Puig, ayant perdu un oeil lors des affrontements, invita simplement les Felbourgeois à faire mieux que lors des quatre danses précédentes. Impressionnés par la bravade du jeune homme, et calculant que les gains n’en valaient pas le sacrifice, ce furent les forces Aerann qui élirent de battre en retraite en ce jour. Couvert d’honneurs pour sa victoire, le sieur de Pallars se vit offrir les titres de Victor Cassieli à son retour à Avhor. De Pallars est encore aujourd’hui considéré comme le champion des forces patriciennes, malgré son âge avancé. Cette réputation est entretenue par les nombreuses oeuvres poétiques et théâtrales qui en font le protagoniste. |
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Carte d'Ébène - Châteaux-les-Cendres et Bois-du-Trône |
Châteaux-les-Cendres et Bois-du-TrôneGénéralAutrefois le refuge privilégié d’une haute-noblesse en quête de sensations fortes, le Bois-du-Trône d’Avhor fut l’objet d’un tragique incendie en 322. Dévoré par les flammes attisées par des criminels et hérétiques, cette merveille naturelle héritée des ères précédant le Sang’Noir a aujourd’hui perdu de son lustre. Certes, la faune et la flore y a regagné son emprise au cours des cinquante dernières années, mais celles-ci ne rivalisent en rien avec la splendeur décrites dans les poèmes des artistes des temps anciens. Lors de la Guerre de l’Avènement, par boutade envers le pouvoir du Monarque d’Yr, les Républicains prirent officieusement possession des vestiges du Bois-du-Trône et des domaines de Châteaux-les-Cendres s’y cachant. Depuis, la Couronne n’a pas daigné réclamer les lieux, laissant les Patriciens d’Ébène s’y rassembler afin de chasser, fraterniser et, fort probablement, comploter. Grâce aux bons soins de Julietta Ciervo, actuelle Garde chasse de l’endroit, les aristocrates et bourgeois du royaume y convergent à tout moment de l’année afin de s’enorgueillir du privilège d’y mener leurs tractations et sports d’exception. GéographieDressé au coeur du delta qui sépare les rivières jumelles de l’Artesia et de l’Orellia, le Bois-du-Trône n’est aujourd’hui plus que l’ombre de ce qu’il était lorsqu’Aurèle d’Avhor y fit la rencontre du Roi-Prophète. De cette véritable merveille naturelle tirant sa vivacité d’un limon fertile parcouru d’une riche flore rampante s’élevait anciennement une sylve luxuriante, dont les hauts feuillus accoudés les uns aux autres laissaient filtrer les éclats du disque solaire à même de faire briller l’ensemble verdoyant tel une feuille d’or parant la façade d’un monument. Se faufilant entre écorce et bosquets, une faune tout aussi diversifiée et bien portante avait élu domicile à l’ombre du bois, proliférant par l’abondance de vivres et l’éloignement des Hommes. Or, ce Bois-du-Trône n’est plus. Plus précisément, il cesse d’être à l’été 322, en marge de la Guerre du Vindh, lorsque qu’il est ravagé par un incendie dévastateur perpétré par Rage et ses suppôts hérétiques. Massivement abattues par les flammes, maintes étendues verdoyantes s’envolèrent en une colonne de fumée et de cendres qui ne trouverait son égal que lors de l’éruption de l’Iniraya à Pyrae. Quant à la faune, forcée à se retrancher dans les confins plus denses et épargnés de la forêt, il fallut quelques années avant d’apprendre qu’elle n’avait pas été entièrement immolée. Malgré ces ravages, au terme d’une décennie en friche, les Avhorois constatèrent un renouveau dans les décombres de cette hécatombe. Puisant à même le sol richement irrigué et son lourd manteau de cendres, le Bois-du-Trône se ragaillardi d’une végétation fraîche et vivace, le tout dans un élan presque surnaturel aux yeux des plus superstitieux. Si la forêt est encore bien loin d’avoir regagné sa splendeur d’antan, elle n’en est pas moins assistée par les Républicains avhorois qui y élirent domicile lors de la Guerre de l’Avènement, multipliant les efforts de plantation, et important des bêtes communes et des créatures exotiques. À savoir si ces initiatives contribuent réellement à la régénérescence du Bois-du-Trône, ou si elles s’avèrent être davantage nuisibles, il est encore impossible de le dire. Seule enclave civilisée de l’île, jadis entouré de jardins et de labyrinthes luxuriants qui ne pouvaient être admirés que des membres de la haute noblesse ébénoise, Châteaux-les-Cendres est composé de trois châtelets fortifiés perchés au sommet d’une triade de collines terreuses qui sont aujourd’hui entourées d’habitations modestes aux ruelles déroutantes et de petits manoirs de chasse aristocratiques et bourgeois qui gagnent tranquillement la lisière du Bois en pleine régénérescence. Au temps des Merioro, les poètes de Vêpres disaient de Châteaux-les-Cerfs -comme on l’appelait autrefois- qu’il s’agissait d’une forteresse où se pressait quotidiennement un siège mené par la faune et la flore. Aujourd’hui, il faut plusieurs jours de marche vers les profondeurs de la sylve pour parvenir à trouver du gibier qui soit digne d’une partie intéressante. Ces expéditions sont toutefois prisées des patriciens du royaume, pour qui Châteaux-les-Cendres est devenu un lieu de fraternisation et de prise de positions politiques tout aussi important que les murs abritant les symposiums du royaume. Rien ne vaut quelques jours à chasser en forêt pour trouver un terrain d’entente, ou encore pour qu’un malheureux accident de chasse n’entraîne la disparition d’un rival. Le Bois-du-Trône est le symposium où ne siège aucun partisan de la monarchie, une assemblée pure et sauvage, dont Châteaux-les-Cendres est le bastion. Loin d’y voir une menace à leur règne, les monarques d’Ébène voient en ce lieu un terrain de jeu nécessaire à la catharsis violente des patriciens. Construits à des époques différentes, les trois châteaux ayant offert leurs noms au lieu sont sans conteste les édifices les plus imposants du bourg. Ainsi, Château-l’Hermine et ses baraquements, anciennement la demeure des seigneurs locaux, fait aujourd’hui office de résidence à la Garde chasse et à ses soldats, chargés de garder les lieux et d’y faire respecter les lois. Château-les-Vignes, dont la grande salle et ses murs chargés de trophées accueillait autrefois les Filii et leurs invités, sert maintenant de lieu de rencontres mondaines aux patriciens de passage. Quant à Château-le-Roi, il n'abrite plus désormais que les vignes qui ont gravi ses hautes murailles. Officiellement la demeure de la Reine au Bois-du-Trône, celle-ci n’y a jamais mis les pieds; préférant ses palais à Havrebaie et en Hefel. Le peuple s’en tient quant à lui à la lisière des forêts, ayant obtenu du Symposium des Justes le droit d’y chasser et de conserver le petit gibier qui y est abondant. En temps de disette, il est même arrivé à quelques occasions que la Ligue des Mérillons s’appuie sur le concours des chasseurs populaires afin de regarnir ses greniers de viandes et de champignons, promettant aux participants le quart de leurs prises. Ces initiatives firent des collecteurs avhorois des éclaireurs et des pisteurs fort expérimentés, incitant l’armée royale à recourir à leurs services. HistoireDe mémoire d’Ébénois, Châteaux-les-Cerfs, tel qu’il était connu à l’époque, a toujours été la demeure de la famille Merioro, parée avec fierté du titre de Maîtres de Chasse du Bois-du-Trône depuis le règne des anciens ducs Vhorili sur Vêpres. La chasse, déjà l’apanage d’une aristocratie toujours anxieuse de prouver sa valeur par des prouesses guerrières, permettait alors aux seigneurs de la vigne de s’élever par leurs exploits pour mieux asseoir leur pouvoir en domptant une nature sauvage et dangereuse. Sentinelle de ces rites nobiliaires sous la bannière des Vhorili, Châteaux-les-Cerfs devint l’hôte récurrent d’une noblesse souhaitant tester sa valeur contre un monde échappant au contrôle des Hommes, accueillant par ce fait même de fastueux rassemblements aristocratiques bien avant la tenue d’une première réception à Yr. Il faut cependant attendre l’avènement de la famille palatine Filii au début de l’ère royale, et plus particulièrement le couronnement du Roi-Prophète, avant que ce statut de sanctuaire aristocratique ne soit garanti par des sanctions irrévocables. Conquis par la splendeur des lieux lors de sa première venue en Avhor, le Prophète promulgua effectivement un édit dès son couronnement afin d’en réserver l’accès à ses plus grands seigneurs et à leurs invités, excluant d’emblée la roture et la petite noblesse du Bois-du-Trône. Confirmés dans leur position par l’acquisition d’un titre héréditaire sous l’édit du Roi-Prophète, les Merioro deviennent sous l’ère princière des acteurs clés de tous les jeux de pouvoir ébénois. Siégeant depuis Châteaux-les-Cerfs, ils accueillent en leurs terres suzerains et palatins, ce qui leur vaut maints bénéfices; donations, faveurs, et mariages avantageux. De tradition aristocratique et militaire, le déclin de la famille s'entame avec son appauvrissement lors des règnes des derniers princes laurois au début du quatrième siècle, ces derniers délaissant la chasse au profit de cours princières. Ce sentiment d’abandon est aggravé lors de la Guerre du Vindh en 322, lorsque la Couronne sous la princesse Théodoria laisse le Bois-du-Trône être incendié par les sbires d’un criminel du nom de “Rage”. Leurs coffres vides et leurs terres ruinées, les Merioro doivent également vivre l’humiliation de voir leur demeure ancestrale être affublée du sobriquet de Châteaux-les-Cendres. Arborant une haine sans pareil pour les Lacignon de Laure, Diego Merioro, oncle du dernier seigneur-palatin avhorois Georgio Filii, envoie en 323 son fils prêter allégeance aux envoyés du Guérisseur couronné, y perdant de ce fait même son héritier lors d’un coup d’éclat terroriste et meurtrier mené par une organisation criminel du nom de l’Ordre dans la capitale avhoroise. Jurant néanmoins d’honorer les serments de son défunt fils, le seigneur Merioro use du Sommet d’Ébène en 323 pour saisir le contrôle des quartiers palatins de Vêpres au nom du Monarque. L’hermine bleue flottera deux années durant sur les remparts de l’Étoile du Soir, Merioro tenant la place forte des défunts Filii, avant d’être supplantée par les forces de la Ligue des Mérillons. Fait captif par ses opposants, le vieux seigneur royaliste est emmené sur son fief. Il y est d’abord gavé de vin, puis accoutré de bois de cerfs. Par un bel après-midi d’octobre, sous les railleries de ses détracteurs, il est la proie d’une chasse menée par quelques bourgeois patriciens bien nantis. Pour les partisans de la royauté dans l’est du royaume, il s’agit d’un récit de martyr éloquent. Pour les patriciens, il s’agit du glorieux moment où le Bois-du-Trône incendié fut enfin remis au peuple et aux nobliaux. Quant aux plus superstitieux d’entre eux, l’âme de Diego Merioro hante encore les lieux entourant Châteaux-les-Cendres, courant dans les bois serti de son panache. En 330, confirmant l’invalidation de l’édit royal par la mort du dernier palatin Filii, le Symposium des Justes, en guise de boutade à l’endroit du nouveau Monarque contre qui il est en guerre, proclama la fin des privilèges de chasse aristocratiques et ouvrit les portes de Châteaux-les-Cendres à la bourgeoisie avhoroise. Célébré annuellement à l’occasion de la fête du panache, le libération du Bois-du-Trône se veut depuis ses origines être un pied-de-nez à la royauté et aux monarchistes. Cependant, depuis ce moment, jamais la Couronne n’a jugé nécessaire d’empêcher les patriciens de mener leurs chasses et célébrations dans ce jeune boisé à peine ressuscité de ses cendres. Administrant le fief au nom du Symposium des Justes, le Garde chasse doit remettre son titre en jeu annuellement lors des célébrations entourant la fête du panache. Afin de dissuader les partisans monarchistes d’y prendre part, le concours n’est ouvert aux participants qu’au terme de généreuses donations faites au Symposium des Justes de l’est du royaume. Pour les quelques monarchistes qui s’y risquent quand même et qui parviennent à l’emporter, il ne faut généralement pas attendre une année avant qu’un remplaçant ne soit nommé par le Symposium. Depuis deux ans déjà, la Garde chasse actuelle est Julietta Ciervo, une femme aux sens fabuleusement aiguisés et à l’audace sans pareille. Déjà veuve malgré sa vingtaine débutante, elle a hérité de la fortune de son époux, Ruggiero Ciervo, un marchand réputé de Treia qui disparut en mer en 375. Ses talents à l’arc lui valent une grande admiration parmi les chasseurs de Châteaux-les-Cendres, ainsi que moult prétendants. |
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Carte d'Ébène - La cité de Trenquiavelli |
La cité de TrenquiavelliGénéralFourmilière commerciale au-dessus de laquelle flotte l’étendard de la Marine des Mérillons, l’île de Trenquiavelli est le quartier général de la plus importante guilde d’importation et d’exportation du royaume. Quotidiennement, des centaines de débardeurs y chargent et déchargent les innombrables navires qui mouillent en son port, contribuant à satisfaire la soif insatiable de produits de luxe des Ébénois. La gestion des affaires de Trenquiavelli et de la Marine échoit à Orietta Casielli, actuelle Grande Amirale de la guilde. De son bureau de la Bourse de l’Alliance, elle observe et coordonne depuis près de vingt ans les audacieuses entreprises maritimes et explorations lointaines de ses capitaines. GéographieÀ quelques brasses de nage de sa jumelle de Treia, l’île de Trenquiavelli se résume à l’immense complexe commercial qui s’y trouve. Autrefois, des vergers et orangeraies ponctuaient les rares collines du bout de terre, mais, au cours du quatrième siècle, ceux-ci disparurent un à un afin de céder leur place aux domaines et entrepôts des plus prospères capitaines commerçant avec la Marine des Mérillons. Au dehors du port principal du bourg de Trenquiavelli, on peut donc voir se profiler dans les landes près d’une trentaine de villas de tailles variées, l’opulence de celles-ci dépendant de la richesse de leurs propriétaires. La majorité de ces villas, bien que situées à quelques kilomètres des berges, entretient des quais leur permettant de transporter directement en leurs entrepôts les denrées les plus précieuses. Avec le temps, plusieurs des capitaines de la Marine fondèrent de véritables dynasties commerciales et se firent une fierté d’afficher leurs blasons sur ces quais et villas. Ainsi le visiteur peut-il aujourd’hui y rencontrer, entre autres, les propriétés des Verazzo, Heinburg, Casielli, Merizzoli, Jolicoeur et Figaro. L’essentiel des transactions marchandes se déroule à l’intérieur du bourg de Trenquiavelli, désormais entièrement sous le contrôle de la Marine. Son port, rivalisant avec le prestigieux port d’Yr, s’est graduellement agrandi depuis cinquante ans afin de s’adapter à l’achalandage croissant. Dévorant toujours davantage les eaux de Vaste-Mer afin de former une enclave artificielle ceinte de fortifications de pierre garnies de canons, le port peut accueillir près d’une centaine de navires simultanément. Tout au long des quais, de vastes entrepôts abritent des marchandises étrangères ou ébénoises s’apprêtant à prendre le chemin des étals du royaume ou des lointains rivages d’Ardaros. Dans cette ruche ne diminuant bien souvent ses activités qu’après la tombée de la nuit, il n’y a aucune place pour l’oisiveté. La ville elle-même vit au rythme de l’arrivée des livraisons de marchandises. Chaque rue de l’agglomération est nommée en l’honneur des artisans qui y pratiquent : des Joailliers, des Forges, des Tanneurs, des Vignerons, des Pelleteries, etc. Les centaines de spécialistes ayant pignon sur rue sont fréquemment embauchés par les capitaines marchands afin d’augmenter la valeur de leurs importations. Qu’il s’agisse de tailler un saphir du Vinderrhin pour en extraire une amulette destinée à une dame de Gué-du-Roi ou de travailler une fourrure exotique ardarosienne pour un seigneur de Fel, ces artisans empochent de coquettes sommes en s’imposant comme intermédiaires dans cette industrie du luxe. Pour cette raison, Trenquiavelli a connu au cours des vingt dernières années une hausse fabuleuse du prix des propriétés, expulsant ses plus pauvres habitants et forçant toujours plus les riches à dépendre des importations de denrées essentielles. C’est dans la Bourse de l’Alliance, trônant au sommet du Mont-d’Alvara au centre de la cité, que se rassemblent les hautes autorités de la Marine et les capitaines en quête d’investissements. Héritière de la Banque des Écumes fondées en 315, la Bourse de l’Alliance est le lieu de rencontre des riches financiers du royaume et des marchands et explorateurs souhaitant mettre sur pied des projets uniques. Ouverture d’un comptoir commercial au Vinderrhin, exploration des mers du sud, achat d’un lot d’armes au Silud...aucune entreprise n’y est honnie. Les seuls juges de la pertinence d’une idée sont les investisseurs particuliers. Avec les années, la Bourse de l’Alliance a prit une telle ampleur dans le pays qu’il n’est plus rare d’y rencontrer des représentants de la Banque libre d’Ébène, de l’Union commerciale du Sud et même de la Couronne. C’est la Grande Amirale Orietta Casielli seule qui détient le privilège de déterminer qui a le droit d’échanger des fonds sur le parquet de la Bourse. Enfin, on ne peut ignorer la présence des imposants galions de la Flotte des Mérillons mouillant aux quais de l’île. Résultat du chantier initié en 379 par la famille Saïd au nom de la Marine des Mérillons et financé par la Guilde royale des artisans, cette escadre de galions patrouille autant la Vaste-Mer que la Mer Blanche afin de protéger les routes commerciales de la guilde. Ses impressionnants bâtiments de guerre ont d'abord une vocation d'escorte marchande, mais peuvent accueillir des cargaisons précieuses. Lents à se déplacer, ils savent tirer d'un mauvais pas les navires vulnérables une fois en position et assurer l’hégémonie de la Marine sur mer. HistoireLa traversée des deux mers ceignant le royaume d’Ébène fut de tout temps un défi pour les navigateurs. Le succès d’une telle entreprise découle autant de l’expérience des marins, de la robustesse des navires et de la faveur des courants océaniques. De tous les capitaines ébénois, ce sont les descendants des Mérillons –Avhorois et Salvamerois- qui ont su le mieux dompter les dangers du large. Avant le Sang’Noir, nombre des marchands négociant avec l’étranger revêtaient la cape de pirates et de flibustier pillant autant les cales des boutres ardarosiens que les entrepôts côtiers des baronnets de Salvamer. Par leur intermédiaire, des produits exotiques faisaient leur entrée sur le marché ébénois et se frayaient un chemin jusqu’aux plus nobles cours des landes ; la piraterie était la condition nécessaire au luxe des aristocrates. Toutefois, quand le Roi-Prophète entreprit de structurer le royaume autour des seigneurs-palatins et de la cité d’Yr, il devint périlleux pour les bandits des mers de poursuivre leurs activités illicites. Afin de sceller le sort de ces criminels, Vittario Acciaro, seigneur-palatin de Salvamer de l’an 18 à 36, embaucha officiellement à la vingt-et-unième année de notre ère l’un des capitaines pillards sévissant sur la Vaste-Mer afin de combattre ses semblables. Le flibustier Horacio le Flamboyant, tel qu’il aimait se faire appeler, s’empara des ducats des Acciaro et convoqua à Pyrae –archipel neutre- une assemblée des capitaines de l’Est. À force de tractations et de pots-de-vin, il persuada ses homologues de s’unir en une seule coalition apte à monopoliser légalement le commerce extérieur du royaume d’Ébène. Bien sûr, une poignée de criminels résistèrent à la formation de cette nouvelle alliance, mais ils furent promptement écrasés par les forces coordonnées de la nouvelle puissance commerciale. Horacio le Flamboyant fondait ainsi en l’an 22 l’Assemblée des Mérillons. La croissance fulgurante de la guilde marchande contribua au maintien de l’ordre fragile qui la soutenait. Effectivement, habitués à la liberté du marin et à la frénésie des pillages, plusieurs capitaines de l’Assemblée poursuivirent clandestinement leurs opérations illégales afin de maximiser leurs profits. Cependant, les attraits de la criminalité s’estompèrent rapidement lorsqu’ils constatèrent qu’ils pouvaient –à bien moindres risques- réaliser des profits faramineux en revendant à hauts prix les produits rares acquis dans les marchés ardarosiens. Les dangers inhérents au pillage ne pouvaient que s’évanouir devant les promesses d’un monopole commercial. Nul ne pouvait traverser les mers comme le faisaient les Mérillons de l’Assemblée et nul n’était en mesure de leur faire compétition en ce domaine. L’intégration de Pyrae au royaume d’Ébène en l’an 105 ne fit que consolider le pouvoir de la guilde à l’Est, l’archipel lui servant désormais de fenêtre sur les richesses d’Ardaros. En 319, à la suite de la montée fulgurante en puissance de la nouvelle Guilde franche d’Ébène basée à Fel, l’Assemblée des Mérillons perdit peu à peu de son influence au sein des marchés ébénois. La plupart de ses ports d’attache orientaux subissant la menace d’une invasion maritime par les forces princières et les eaux de la Vaste-Mer grouillant de pirates et de contrebandiers, la flotte marchande ne pouvait plus rentabiliser ses activités. Pour cette raison, elle se tourna vers la Marine de Carrassin d’Avhor. Regroupement commercial maritime et côtier officiellement fondé par Alvaro de Trenquiavelli et Bartholomeo Souard en 314, la Marine de Carrassin semblait être un partenaire d’affaires tout indiqué pour les Mérillons. L’entreprise, installée dans le palatinat d’Avhor, visait d’abord et avant tout le développement et la protection des réseaux maritimes de la Vaste-Mer et de la mer blanche et l’acheminement sécuritaire, efficace et légal des ressources sur le continent. De plus, par son fondateur, l’ancien comte de Trenquiavelli, également surnommé le Carrassin d’Or, la compagnie était déjà en alliance directe avec l’Assemblée des Mérillons avec qui elle partageait des objectifs communs. Ainsi, en 319, Shala Omhenaï, la Grande amirale de l’Assemblée des Mérillons, rencontra ses homologues de Carrassin. À l’issue de cette réunion, l’ensemble des intervenants durent se rendre à l’évidence que leur survie passait par une fusion de leurs activités. En plus de la guerre civile en cours et des menaces de la Vaste-Mer, de nombreux individus hauts-placés de la Marine de Carrassin avaient commencé à prendre leur distance par rapport à la compagnie afin de se concentrer à leurs propres affaires. C’est donc à la fin de la même année, alors que les assauts pirates se multipliaient sur les routes commerciales liant l’Ébène à Ardaros, que l’union entre les deux marines fut scellée. Ainsi naissait la Marine des Mérillons. Lors des années suivantes, l’essor inquiétant sur la Vaste-Mer de l’organisation connue sous le nom de « L’Ordre » créera de nombreux remous au sein de la Marine. Confrontée à ces pirates fanatiques voués au renversement des gouvernements d’Ébène, la guilde marchande dut engloutir des sommes colossales pour préserver son hégémonie commerciale. Ironiquement, les enquêtes ultérieures devaient prouver que les capitaines de l’Ordre, ennemis mortels des Mérillons, étaient souvent infiltrés à même l’organisation, jouant de ce fait sur les deux tableaux. Néanmoins, en 323, après des luttes acharnées, les légions de la Marine parvinrent à poser le pied sur l’île de Corail, à mi-chemin entre l’Ébène et la Ligue d’Ardaros. Il faudra ensuite près de deux décennies de combats sanglants dans les jungles de ce bout de terre tropical pour que les Mérillons reprennent le contrôle aux mains des derniers criminels résistants. Ce fut Didius Falco, Commodore de la guilde, qui mena ces batailles acharnées. Étroitement associée au Symposium des Justes (entente politique des seigneuries avhoroises et salvameroises) au sein de la Ligue des Mérillons, la Marine a repris du galon depuis trente ans. Grâce à la paix du Monarque et à son contrôle ferme de l’île de Corail (menant à Ardaros), de l’île d’Ivoire (ouvrant la porte du Silud) et de l’île aux Boustrophédons (près du Vinderrhin), la flotte marchande a pu regagner le contrôle des mers. Oeuvrant de pair avec la Couronne, elle loue fréquemment ses galions et caravelles afin d’entretenir les colonies et comptoirs commerciaux à l’étranger. De plus, par l’adhésion à leurs rangs des familles Merizzoli et Di Ontano de Salvamer, responsables de la fabrication des carats, la Marine s’assure des entrées d’argent récurrentes en ses coffres. Finalement, lorsqu’en 370 la Reine Adrianna autorisa de nouveau le commerce avec les Ardarosiens de la Lance d’Ardar -ancienne Pyrae conquise par les étrangers, la Marine s’empressa de monopoliser les échanges légaux avec les marchands des lieux. Certes, plusieurs contrebandiers se plaisent encore à accoster sur les plages de l’ancienne Pyrae, mais seuls les capitaines affiliés à la Marine des Mérillons en ont la permission officielle. Les principaux entrepôts de la Marine des Mérillons se situent sur les berges de la Vaste-Mer, plus précisément à Avhor, sur l’île de Trenquiavelli. Appartenant au début du siècle au comte Alvaro Trenquiavelli, l’emplacement accueillit en 314 le premier navire de la Marine de Carrassin grâce aux bonnes relations qu’entretenait le seigneur avec le capitaine Bartolomeo Souard. Au moment de la fusion entre l’Assemblée des Mérillons, installée à Salvar, et la Marine de Carrassin moins d’une décennie plus tard, la nouvelle guilde organisa opta pour l’île de Trenquiavelli comme quartier-général de ses activités. L’île étant à mi-chemin entre les ports avhorois, salvamerois et pyréens, cette décision visait à satisfaire ses membres essentiellement actifs dans l’est du royaume. Au fil des années et malgré les agressions militaires -de Fel surtout- et les attentats, le bourg de Trenquiavelli connut une croissance fulgurante afin de donner naissance au complexe portuaire que l’on peut y visiter aujourd’hui. Après des années d’infiltration des hauts postes de la Marine des Mérillons par les criminels de l’Ordre, la guilde mena une purge parmi ses rangs lors au terme de la Guerre de l’Avènement. Même le nom d’Orfeo Rana, précédent intendant de Trenquiavelli reconnu comme un membre influent de la cabale, fut effacé des livres d’histoire et remplacé par la vulgaire annotation “O.R.” dans les livres de comptes. En 378, c’est Orietta Casielli, petite-fille du grand général de la Ligue des Mérillons Umberto Casielli, qui occupe le poste de Grande Amirale de la guilde. D’esprit aventureux, celle-ci accompagne fréquemment en mer les expéditions de la Marine afin de pouvoir se targuer d’être la première à poser le pied sur de nouvelles plages. Elle reproduisit cet exploit à de nombreuses reprises depuis son élection en 358, entre autres sur l’île d’Ivoire, l’île aux Boustrophédons et l’Île-de-la-Reine près d’Ardaros. |
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Carte d'Ébène - La cité de Vespéra |
La cité de VespéraGénéralComté aux paysages dignes des peintures des réputés artistes de Vêpre, Vespéra représente ce qu’Avhor a de plus bucolique et verdoyant à offrir. Au milieu des champs de fraises, des vergers et des vignobles, les promeneurs peuvent y profiter d’une existence paisible et apaisante. S’il n’en fut pas toujours ainsi lors du dernier siècle en raison du statut particulier de comté palatin en Avhor, Vespéra a aujourd’hui regagné son calme. Entre les parcs et l’École des Bonnes manières, le visiteur peut trouver son compte en matière d’affaires de la cour. En 378, c’est le comte Jordi Filii, fils du dernier seigneur-palatin avhorois Georgio Filii, qui tient les rênes de la province. Malgré la farouche opposition qu’il rencontre lors de chacune des réceptions mondaines auxquelles il assiste, Jordi ne s’est jamais résigné à abandonner ses prétentions au trône de Vêpre, perdu par la folie de son père. GéographieComté privilégié des peintres avhorois pour sa beauté inégalée, il existe difficilement une personne en Avhor qui ne connaisse dans les moindres détails les vallées sinueuses creusées par le fleuve des Vignerons et la pléthore de petits châteaux cernés de villas pittoresques qui gardent assidument les vastes vignobles de Vespéra. Il ne fait aucun doute qu’il y a plus de canevas alliant les couleurs éclatantes de ses eaux turquoises coulant patiemment vers le lac Dive, de ses contrées verdoyantes ponctuées de petits fruits aux éclats fugaces, et de ses toitures d’argile orangée, qu’il n’y a de personnes pour les admirer dans l’Étoile du Soir. Malgré cela, Vespéra connaît un afflux continuel de jeunes artistes en quête de leurs premiers chef-d’oeuvres. Aux yeux de ces maîtres en devenir, tous armés de leurs palettes et pinceaux, les couleurs de Vespéra sont plus resplendissantes qu’en tout autre lieu du royaume. Comme le nom de son fleuve l’aura laissé entendre, Vespéra doit sa vitalité au fruit de ses récoltes viticoles abondantes, lesquelles ont donné au comté son dicton favori: “En nos veines coule un fleuve de vin”. Naturellement, on y trouve également bon nombre de fermes maraîchères, incluant les fameuses fraisières de Vespéra qui firent la fortune de la famille Guglielmazzi. Il en résulte une situation à même de nourrir l’envie de nombre d’indigents en Ébène, soit que personne ne meurt de faim en Vespéra. En effet, tous, du plus humble des serfs au plus haut seigneur, ont le plaisir d’y manger et d’y boire à leur guise. Parsemé de petits châteaux typiques à Avhor, prenant bien des fois l’apparence de vignobles fortifiés, le comté est la demeure d’une vieille noblesse d’épée bien peu nantie par manque d’intérêt pour les affaires commerciales. Si le comté peut se targuer d’être prospère, il ne peut certes pas prétendre être riche, surtout lorsqu’il est comparé à l’opulence des cités côtières. La richesse en Vespéra ne se calcule pas en carats et en ducats, mais plutôt en bonnes manières, lesquelles sont accessibles aux plus désireux à l’École des bonnes manières de la cité de Vespéra qui accueille chaque année bon nombre d’étudiants et d’étudiantes souhaitant parfaire leur maîtrise des arts de l’étiquette et du raffinement au sein des cours ébénoises. Fondée en 325 par les épouses Marion Chanteclaire et Fidéli Belleli, l’École s’est bien vite affirmée comme un haut lieu de culture dans le royaume avec ses cours de posture décente et d’éloquence, ses séminaires sur les arts nouveaux et traditionnels, ses séances de bonne conduite à table, et bien d’autres activités mondaines. Vantée dans tous les salons d’Ébène, personne ne semble insatisfait des services offerts en ces lieux. Or, l’École des bonnes manières n’est qu’un des nombreux attraits de la capitale du comté. Occupant deux des trois rives formées par l’affluent de la fourche des Filii, Vespéra s’élance de part de d’autre de ses ponts au-delà de la cime des arbres qui peuplent ses nombreux parcs sous la forme de beaux édifices de pierres orangées à galeries ouvertes. Plus ancien, le quartier des feuilles abrite des marchés à ciel ouvert et le beffroi de l’omniscience, ayant assumé la place de l’ancien manoir seigneurial après la venue du Prophète, qui y tient un emplacement central. Lui faisant face au Nord-Ouest, le quartier des grappes accueille le château pourpre, anciennement la place forte des Filii, puis leur résidence secondaire, et enfin de nouveau leur demeure, qui est ainsi nommé en raison des nombreuses vignes qui gravissent ses remparts. Finalement, la rive nord-est est caractérisée par le mont des baies, seul lieu où pousse le cépage de Vespéra, réservé depuis toujours à la famille régnante de Vêpre. HistoireFait parfois oublié des Ébénois, incluant des Avhorois, les Filii n’ont pas toujours été les seigneurs de Vêpre. Il faut dire que ceux qui ont assumé la gouverne du palatinat des fêtes au lendemain du Sang’Noir n’ont pas été avares lorsqu’est venu le temps de financer des productions à même d’occulter l’ère des ducs Vhorili de l’Avant par leur glorieuse libération de l’Étoile du Soir. Issue de la lignée de Vespéra Filii, qui établit les fondations de son vignoble en aval du mont des baies avant de voir son nom être légué à l’ensemble de son oeuvre par sa descendance, ce fut la comtesse Isabella Filii qui, à la tête de ses armées et de convois de vivres, garda Vêpre des damnés et de la folie qui s’était emparé de la famille régnante. Sacrée seigneur-palatine par celui qui fut couronné Roi-Prophète, la comtesse céda sans grande peine ses terres à de loyaux sujets pour n’y garder qu’une résidence secondaire en son ancien fortin. Pour un peu plus de trois siècles, les Filii trouvèrent en Vespéra leurs plus fidèles vassaux. Si le titre de comte valsa quelque peu au gré des intrigues baronniales, tous délaissent sans broncher leurs querelles pour répondre à l’appel des Filii lorsque les bans étaient convoqués. Bien certainement le plus célèbre d’entre eux, Fidel Guglielmazzi fut l’un des rares partisans de la palatine Lucrecia Filii contre la conspiration des Orfroy qui éclata en l’an 316, opposant la famille régnante aux réfugiés felbourgeois qui élirent domicile dans les comtés côtiers. Ne pouvant supporter les conditions de paix acceptées par son seigneur-lige, le comte Guglielmazzi remis le pouvoir sur la cité de Vespéra et son comté entre les mains du jeune Georgio Filii, puis il prit la route de Laure. Qualifiant l’endroit de fort ennuyeux et indigne de son temps, Georgio se contenta d’accepter ces rentes supplémentaires qui lui permirent de satisfaire d’autres types de passe-temps sans jamais se préoccuper de son nouveau comté. Néanmoins, les barons répondirent à l’appel en 323 lorsque leur palatin les invita à venir prêter allégeance au Guérisseur couronné à Vêpre, s’y rendant eux-mêmes ou y envoyant des émissaires. Cette invitation tenait toutefois davantage du piège que de l’entreprise politique. Profitant de la présence des sympathisants du Guérisseur couronné dans la cité, Georgio Filii, psychotique et fervent allié des criminels sanguinaires de l’Ordre, fit exploser avec ses associés le théâtre où se déroulait la cérémonie, emportant dans la mort des dizaines de nobles, courtisans et vassaux. Il est sans doute fortuit pour Georgio d’avoir rencontré la mort dans le même mois à Yr, sans quoi son retour à Avhor eut été bien mouvementé. Se ralliant à la bannière de Diego Merioro, l’oncle de Georgio ayant lui-même perdu son fils lors du dernier coup d’éclat de l’Ordre, les barons de Vespéra saisirent l’ouverture offerte par le Sommet de la Dernière Chance d’Yr en juin 323 pour prendre le contrôle de Vêpre au Monarque à qui leurs parents avaient prêtés allégeance avant d’être emportés par les flammes. Apprenant le décès de celui qu’ils croient être le dernier Filii, l’Alliance du Trône, unissant les comtés de Vêpre et de Vespéra, éleva Merioro au titre de palatin tandis que la Ligue des Mérillons officialisait l’inclusion d’Avhor au Symposium des Justes lors d’une cérémonie à Treia. Deux années s’écoulèrent ensuite sans affrontements majeurs, les deux camps essayant de mobiliser leurs alliés extérieurs afin de porter un coup rapide et décisif à leur adversaire. Or ces appels demeurèrent sans réponses, l’hésitation étant encore trop grande entre les factions belligérantes pour entreprendre des manoeuvres de troupes massives. De plus, on apprit peu après la naissance de Jordi Filii, fils présumé de Georgio et de Fideli Belleli, ce qui venait remettre en question les prétentions palatines de Merioro au sein de l’Alliance. Brisant l’équilibre précaire pour épargner le palatinat d’un autre conflit civil à même de laisser en cendres, Diego Merioro convoqua Victor Casielli, général des forces patriciennes avhoroises, à mener une Caliamana unique dans les vallées en marge de Fortugno pour sceller le sort d’Avhor. Acceptant l’invitation, le comte Casielli mobilisa sans attendre les forces de Norforte, de Trenquiavelli, de Vidalia et de Caliamo contre son adversaire. Par une chaude matinée de juillet 325, les deux factions se firent enfin face dans toute leur puissance. Aucun des partis ne prit la peine d’en appeler à des pourparlers, chacun reconnaissant la futilité de l’entreprise. De part et d’autre, les armées se firent une révérence, les orchestres entamèrent simultanément de faire résonner leurs rythmes de bataille à travers la plaine, et les troupes enchaînèrent immédiatement les pas de leur valse guerrière. Celle-ci s’éternisa jusqu’en début d’après-midi, débouchant sur une victoire décisive pour les forces patriciennes. Fait prisonnier lors des affrontements, Merioro fut subséquemment jugé, puis exécuté. Quant à ses vassaux, ils se virent offrir une chance unique de joindre leurs forces à celles du Symposium des Justes, faute de quoi ils seraient dépossédés de leurs terres. Acceptant leur défaite, les barons de Vêpre et de Vespéra plièrent du genou à même le sol ensanglanté de Fortugno. Malgré les tournures de la Guerre de l’Avènement, l’histoire ne retint pas d’autre tentative de soulèvement contre le Symposium des Justes en Avhor. Néanmoins, aujourd’hui encore, Vespéra est bercée par des idéaux aristocratiques et constitue le foyer des plus fervents partisans monarchistes dans le palatinat des fêtes. Restait alors au Symposium des Justes à déterminer ce qui devait être fait du cas de Jordi Filii, celui-ci pouvant éventuellement entretenir des prétentions palatines. Lors d’une séance extraordinaire tenue à Vêpre, Avhorois et Salvamerois débattirent longuement de la marche à suivre. Le Symposium ayant affirmé son autorité sur Avhor par sa victoire contre l’Alliance du Trône, les Avhorois gardant un mauvais souvenir des derniers règnes Filii et le jeune homme étant de toute manière trop jeune et dépourvu de quelconque support à même d’en faire une menace, les débats portèrent alors davantage sur la faisabilité légale de la chose. Puisant dans les archives juridiques du royaume, l’assemblée élit ultimement de former le Mécénat de Vêpre, faisant de la capitale un comté autonome où le pouvoir serait remis entre les mains de ministres délégués par les comtes avhorois. Conservant néanmoins ses possessions à Vespéra, Jordi fut gracieusement fait comte par le même décret qui lui soutirait ses possessions dans l’Étoile du Soir. Aujourd’hui âgé de 50 ans, Jordi vit une vie exubérante dans le château pourpre de Vespéra, cherchant encore et toujours à se faire reconnaître son nom et son titre sur Avhor. C’est d’ailleurs dans cette optique qu’il lança unilatéralement en 359 une attaque sur les Hautes Plaines, en Salvamer. Ne connaissant rien aux arts de la guerre, il vit ses armées être lentement mais surement déchiquetées par les Cavaliero du comte Giulianno Merizzoli, ce qui le persuada à rester en ses terres par la suite. Cette contestation se caractérise particulièrement dans son refus absolu d’envoyer quelques bouteilles de vin issues des cépages du mont des baies. Or, une majorité d’Avhorois refusent d’y porter une attention quelconque; la mauvaise nature des Filii étant encore fraîche en mémoire. |
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Carte d'Ébène - La sainte cité de Treia |
La sainte cité de TreiaGénéralDoucement embrassée par les eaux chaudes de la Vaste-Mer, l’île de Treia à l’est du territoire avhorois accueille le centre névralgique de la spiritualité célésienne dans cette région du royaume. Historiquement sous le contrôle de la famille d’Ambroise, le fief connut de profonds bouleversements lors du déclenchement de la Guerre de l’Avènement, il y a quelques décennies de cela, qui en firent le plus haut lieu du célésianisme en Avhor et même en Salvamer. Au coeur de cette sainte cité trône depuis près de cinquante ans le “Célestaire de la Dame”, une oeuvre architecturale magistrale rendant hommage au Céleste avec un luxe clinquant et une jovialité inégalée. Construit par Octavien Duchesne sous les ordres de la défunte Camille Ophélie d’Ambroise au début du siècle, ce bastion de la foi permit, au retour de la dame à la suite d’un périple initiatique en Fel auprès du Témoin Ferval, d’archiver en ces terres les enseignements sur la vérité métaphysique du monde. Dès lors, Treia devint un phare faisant rayonner cette vision inédite de la foi. Aujourd’hui, le Célestaire de la Dame, et à plus forte raison l’île de Treia toute entière, est gérée par le chapitre de la Foi de la région. Son visage le plus influent est toutefois Lauria Gabrielli, petite cousine de la branche maternelle de Camille d’Ambroise. Théologienne ayant fait ses classes d’abord sous le Prélat de l’Illumination Philippe IV d’Ambroise puis aux côtés de dame Camille, elle incarne parfaitement le renouveau spirituel de l’Est. Sous ses recommandations, défilés traditionnels, pièces de théâtre liturgiques et célébrations mortuaires colorées font quotidiennement bourdonner les voûtes et autels du célestaire. Cette activité inédite attire les ecclésiastiques de toute la côte désireux d’en apprendre davantage au sujet de cette théologie unique. Cette doctrine désormais bien connue fut même nommée selon les anciens dialectes du peuple des Mérillons : “Felicita di Treia”, ou “Bonheur de Treia”. GéographieGrâce aux vents chauds de la Vaste-mer, l’île de Treia jouit d'un climat tempéré, humide et propice à l'agriculture. Au sommet des Collines d’Adamante, au centre des terres, s’étendent des oliveraies et des orangeraies parmi lesquelles sont installées les ruches ancestrales de la famille d’Ambroise. Selon les palais les plus fins, le sucré nectar tiré de celles-ci ne trouve aucun rival dans le reste du royaume. C’est à partir de ce miel que les hydromels d’Ambroise, dégustés jusque dans les villas de la cité d’Yr, peuvent être concoctés avec les recettes secrètes de la famille noble. En raison de la renommée de ces produits d’exception, l’économie largement tournée vers l’agriculture et ses dérivés de Treia dut se développer autour de la négoce et du commerce maritime. C’est au port de la sainte cité que convergent la plupart de ces denrées afin d’être par la suite acheminées chez les riches négociants de Trenquiavelli, au nord. Chaque jour, une quarantaine de caravelles et de barques se succèdent furieusement dans les quais exigus de la ville pour décharger et charger les marchandises ou les pèlerins, eux aussi sources de revenu non-négligeables. La sainte cité de Treia de son côté est presque exclusivement consacrée à la Foi. Au retour de Camille d’Ambroise, la communauté se tourna définitivement vers une économie de pèlerinage et appliqua des politiques restreignant les autres activités commerciales dans les quartiers. Si les distillateurs et brasseurs d’hydromel et d’autres alcools décidèrent de déménager dans les campagnes environnantes, plusieurs modestes producteurs attribuèrent à leurs créations des propriétés religieuses. Par exemple, les boulangers rebaptisèrent leurs célèbres gâteaux confits à l’orange en pains cérémoniels, les pêcheurs firent de leurs sorties en mer des occasions de cérémonies religieuses à l’honneur des marins, les teinturiers se spécialisèrent dans l’écarlate, l’azur et l’or, couleurs prisées par les prêtres, etc. En somme, la frivole vie avhoroise suivit son cours, mais prit une teinte permanente de ferveur célésienne. En 379, une brèche fut toutefois opérée dans le paysage commercial de l’île. Croulant sous les dettes et devant leur incapacité à répondre aux exigences de la Reine, plusieurs des hydromelleries locales furent menacées d’achat agressif par la Banque libre d’Ébène. Après des négociations serrées et des actes de sabotage d’origine inconnue, les représentants de la banque et les producteurs locaux en arrivèrent à une entente. Naquit à ce moment la “Coopérative de production d’hydromel de Treia”, conservant leur autonomie, mais étant chapeautée par des branches de la Banque libre d’Ébène. Un comptoir marchand armé -afin de protéger leurs partenaires commerciaux- de la grande guilde fut aussi établi sur place. Au centre de la ville, au sommet de l’antique tertre de Vesilia (héritage des ancêtres Mérillons), s’élève le prodigieux Célestaire de la Dame. Parés d’or, d’argent et de joaillerie, ses murs et piliers furent taillés dans de prodigieux troncs d’arbres réchappés du Bois-du-Trône, à l’ouest de Vêpre. Ne souhaitant pas laisser ces merveilles naturelles être abandonnées à la pourriture d’une forêt brûlée et en renouvellement, l’architecte avhorois Octavien Duchesne fit sélectionner les billots utilisables pour des fins de construction et les transporta en Treia. Contrairement à la plupart des célestaires du royaume, le temple de Treia n’est donc pas fait de pierres froides, mais de bois chaud, voire même cendré. Pour ceux qui s’y recueillent, les arômes sylvestres du prestigieux Bois-du-Trône désormais révolu peuvent encore être humés. Enfin, grâce à la légèreté de ce matériau, le célestaire se dresse haut vers les cieux, donnant l’impression de transpercer l’azur de ses beffrois effilés. Quotidiennement, des centaines de fidèles y déambulent ou y étudient, en faisant un centre théologique comparable en prestige au célestaire de Haut-Dôme ou, selon certains orgueilleux natifs de l’endroit, d’Yr. Malheureusement, autant les campagnes que la Sainte Cité de Treia portent les cicatrices de la guerre avec la Ligue d’Ardaros de 380 de l’ère royale. Effectivement, la paisible île fut la première cible de la fureur de l’amirale hérétique, Taureï’Ra. Les communautés de Monterro-sur-la-Vaste, Chardon-sur-Mer, du Beffroi des Quatre-Joies et de la Torre Rossa furent partiellement ou entièrement saccagées, que ce soit par les forces d’invasion ardarosiennes ou les libérateurs célésien du continent. C’est dans la ville de Treia elle-même que les combats culminèrent lorsque les sbires d’Ardar incendièrent un antique monastère aurésiens et mirent à mort des centaines d’innocents avhorois. Encore aujourd’hui, le magnifique quartier noble des Azurées, hommage à l’architecture colorée locale, peine à se remettre de cet assaut sauvage. [Pour consulter le récit de la bataille de Treia : https://projet-enclave.com/wp-content/uploads/2022/04/Les-Voix-de-Treia.pdf ] HistoireAvant la Guerre de l’Avènement, le domaine de Treia était sous la mainmise de la famille d’Ambroise depuis quatre générations. Ses somptueux jardins aménagés à même les oliveraies et orangeraies étaient des incontournables pour quiconque s’adonnait à jeter l’ancre au port de la modeste communauté de l’île. Encore aujourd’hui, ces boisés fruitiers changent de couleur au fil des saisons et demeurent soigneusement entretenus par les jardiniers du chapitre de la Foi désormais en position d’autorité dans la région. C’est au début de la Guerre de l’Avènement que l’île changea complètement de vocation sous l’influence de deux célèbres représentants de la famille d’Ambroise : Philippe IV et Camille Ophélie. Au déclenchement du conflit, dame Camille, déchirée entre ses loyautés familiales et ses passions professionnelles, quitta Avhor afin de rejoindre la cour de Ferval Aerann à Fel. À ses côtés, elle apprit à mieux appréhender les mystères de ce monde et à maîtriser les secrets de la vie et de la mort. Pendant ce temps, Philippe IV demeura en Avhor afin de supporter le camp des républicains. Ne souhaitant pas être emporté entièrement par le feu de la guerre, il fit de Treia, anciennement surveillé par Camille et désormais sans seigneur, sa retraite personnelle. Le célestaire que l’on y érigeait à ce moment était pour lui source d’apaisement et de contemplation. Lors des années où il en fit sa résidence secondaire, il élabora à temps perdu une intrigante théologie plus adaptée à l’esprit festif et artistique des habitants de l’Est ébénois que la doctrine communément admise ailleurs. Malheureusement, Philippe IV ne profita que brièvement de la paix royale et laissa à sa mort, en 347, Treia sans seigneur. Peu après, apprenant la nouvelle du décès de son parent, Camille retourna en Avhor et découvrit une Treia immaculée, aucunement atteinte par les ravages de la guerre ou de la maladie. Dans un esprit de nostalgie et de regret, elle y reprit domicile et s’imprégna de la philosophie inachevée laissée derrière par Philippe. Des années durant, entre ses nombreux voyages, elle étaya sur papier son interprétation célésienne des enseignements de Ferval Aerann et de ses liens avec les pensées de Philippe IV. Lorsqu’en 355 la parole de Ferval fut officialisée sous le nom du Témoignage de la Vérité, la théologie de Treia, connue sous le nom de la “Felicita di Treia”, ou “Bonheur de Treia”, se répandit comme une traînée de poudre dans l’Est du pays. Au décès de dame d’Ambroise, c’est sa petite cousine, Lauria Gabrielli, qui veilla habilement à la propagation de cette philosophie et offrit la seigneurie des terres au chapitre de la Foi. La Felicita di Treia est moins un culte officiel qu’une façon de vivre la foi adaptée aux descendants des anciens Mérillons. Pour Philippe IV d’Ambroise, Prélat de l’Ordre de l’Illumination, la tradition et l’esprit du Céleste incarné dans les actions des peuples et de ses représentants primaient sur les textes saints. Dès lors, il ne pouvait accepter que les moeurs colorées et créatives des Avhorois et Salvamerois soient à ce point occultées au sein des congrégations. Au même moment, l’Est, fermement républicain, subissait de durs revers : Peste sanglante, complot mortel de l’Ordre à Vêpre, défaites militaires. Il devint important pour Philippe IV de ne point céder au désespoir et de fêter l’existence comme le Céleste l’aurait souhaité. Plus tard, lorsque Camille joindra ses pensées à celles de son parent, cette philosophie intégrera une interprétation festive de la mort elle-même. La Felicita di Treia s’articule simplement : tout est objet de fête et de beauté. De la naissance à la mort, des récoltes aux famines et du beau temps aux tempêtes, la vie se doit d’être célébrée. Le Céleste créa l’être humain avec une Raison, certes, mais aussi avec une sensibilité. C’est lorsque Raison et Sens sont stimulés simultanément que le Céleste se dévoile véritablement. Sur la base de cette interprétation du célésianisme, il est désormais fréquent d’apercevoir des pièces de théâtre litturgique sur les places publiques, des festivités quotidiennes au nom des Témoins et de leurs actes, des chants spontanés en l’honneur du Dieu et d’autres manifestations spirituelles incarnées dans des formes d’art diverses. Plus encore, la mort devient elle-même un objet de célébration. Les défunts sont souvent menés jusqu’au beffroi où ils sont immolés lors de défilés populaires flamboyants et musicaux. Il n’est pas rare de voir à la tête de cette marche un individu vêtu d’une large toga noire de jais et maquillé d’un blanc éclatant, rappelant par ce contraste les nombreuses dualités complémentaires de ce monde (vie et mort, Céleste et Enchaîne, etc.). Évidemment, en Treia plus que partout ailleurs, ces traditions récentes sont honorées quotidiennement. Cela permet aux visiteurs ecclésiastiques d’éprouver par l’expérience cette philosophie qu’ils rapporteront par la suite en leurs domaines. |
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Carte d'Ébène - Vêpre et Norforte |
Vêpre et NorforteGénéralNichée au coeur du lac Dive, l’Étoile du Soir d’Avhor, Vêpre, attire à elle depuis des siècles les amants des arts et de la culture. Après plusieurs décennies de luttes intestines, de guerres fratricides et d’attentats terroristes sanglants, Vêpre a aujourd’hui regagné son effervescence créative d’antan. Dans ses rues et ruelles sinueuses et colorées, c’est un peuple bouillant, passionné et avide de justice que l’on peut rencontrer. Aussi prompt à chanter la sérénade qu’à entamer une mortelle Vêproise, jamais il ne s’assoupit véritablement. Depuis la fin de la Guerre de l’Avènement, le comté de Norforte, au nord du lac, est aussi devenu l’une des dépendances de la cité, accueillant la redoutable -mais avide- Armada des Carats. GéographieDoucement bercée par les eaux calmes du lac Dive, dont les flots pénètrent sporadiquement les confins de l’île par des canaux creusés à une époque reculée, Vêpre est le coeur artistique et politique du palatinat des fêtes, un astre dont les éclats rayonnent jour et nuit sur les comtés qui bordent ses rives opposées. Trônant fièrement au milieu de cet ensemble, depuis les flancs escarpés de ses remparts naturels, la forteresse du Mécénat, sa grande Place aux Fêtes et sa haute-ville surplombent et contrôlent le réseau labyrinthique de ruelles, de ponts et de traboules qui se déploient en aval. En l’absence de murs menaçant d’en occulter les subtilités, ce sont les dédales de ses rues, pouvant être aisément barricadées par leurs protecteurs, qui servent de première ligne de défense à la capitale des arts et des fêtes. De fait, un quartier périphérique de la cité peut tomber entre les mains des assaillants sans que cela ne soit dramatique, des renforts pouvant toujours arriver par le lac pour prendre les assiégeants en tenailles. Or, ce qui attirera sans doute plus l’oeil du visiteur est la richesse et la vivacité des couleurs qui parent les différents édifices de l’Étoile du Soir. Alors que la majorité des villes ébénoises ont des teintes qui leur sont propres en termes d’architecture, Vêpre semble plutôt relever d’une palette de peinture démesurée, tantôt harmonieuse et réfléchie, tantôt bigarrée et abstraite. Véritable oeuvre d’art en soit, l’Étoile du Soir est cause de choc et d’émerveillement sous les traits voluptueux et presque organiques de ses bâtiments, souvent dotés de cours intérieures et de galeries ouvertes, dont les façades sont ornées de mosaïques animalières, historiées, et symbolistes. Pour quiconque délaisse ses soucis du moment afin de se laisser emporter par la beauté des lieux et la mélodie de ses artistes en pleine performance, il ne fait aucun doute que Vêpre est une ville animée d’un souffle de vie qui lui est propre. Occupant sans doute le pire cauchemar des Corrésiens après la Forêt d’Ébène, les Vêprois diront de leur cité qu’elle est “une maîtresse qu’on apprend à aimer.” En aval de la haute-ville, par delà les ponts qui traversent ses canaux, quatre quartiers disparates composent les baronnies de Vêpre. Seul quartier périphérique doté de quelques fortifications, plus particulièrement dans les environs de Château-le-Phare qui contrôle le delta du lac, les manoirs du secteur aristocratique peuvent être rejoints par le pont-garnison Vhorili. Au nord du pont couvert d’Horilia, à l’ombre des étals qui peuplent ses espaces ouvertes et entre les performances publiques de ses artistes, le secteur marchand regorge des produits de luxe avhorois, ébénois et étrangers qui assurent la prospérité de ses négociants. C’est également dans ce quartier que l’on trouve la majorité des échoppes d’artisans de l’Étoile du Soir. Au sud des arches qui ceignent le pont de Jolorion, pressé entre la majestuosité de ses conservatoires, musées, salons, théâtres, et monuments, le secteur des arts vit au rythme des révélations de chef-d’oeuvres. Servant jadis de repère pour les acteurs du théâtre des Mérillons, gigantesque amphithéâtre issu d’un autre temps, lequel se dressait au dessus du lac Dive avant d’être emporté par les flammes, l’Auberge de l’Ambre bleue est aujourd’hui prisée des poètes et des écrivains. Finalement, articulé autour du temple d’Avhor, rendu accessible par le pont d’Isabella, le secteur populaire de l’est se laisse emporter par les flots des fêtes citadines et les litanies de la Felicita di Treia. Prenant chacune le nom du pont les liant au centre de la cité, aucune de ces baronnies n’échappe à l’effervescence enivrante des fêtes et des prestations qui animent quotidiennement le dédale de Vêpre. Cherchant toutes à briller par la fastuosité de leurs festivités et par la prospérité de leurs quartiers, elles sont en proie à des rivalités artistiques qui contribuent au rayonnement culturel de la capitale des fêtes. Finalement, contrairement à d’autres cités du royaume, lesquelles ont bien souvent des quartiers portuaires et des arsenals bien délimités, chaque secteur de Vêpre jouit de ses propres quais, de ses plages de sable blanc et de ses chantiers navaux. Ouverte sur ses comtés avoisinants, l’Étoile du Soir ne vit pas dans l'isolationnisme si commun aux milieux insulaires, coupés du reste du monde par des étendues d’eau, mais voit plutôt le lac qui l’entoure comme étant garant de la fluidité des échanges avec le continent. Après tout, comme le veut l’expression consacrée, en Avhor, vos pas ne peuvent que vous mener à Vêpre. HistoireL’histoire de Vêpre tire ses racines du terreau mythique de l’Illumination, alors que l’humanité entreprit de dompter les forces primordiales qui exerçaient leur joug en Céles. L’Épopée de Vhorilon veut que les Mérillons, d’audacieux navigateurs ayant banni les Néréïdes de la Lagune de Salvar, élirent d’étendre leur hégémonie vers l’ouest pour y ériger d’autres villes. Première née des tentatives de colonisation vers l’intérieur du continent, c’est la cité de Caliamo qui devait servir de berceau à Avhor. Porté par les rumeurs de l'existence d’un temple et d’un trésor Néréïde à l’intérieur des terres, juché sur une île au coeur d’un grand lac, le capitaine Vhorilon prit la mer en quête de ce domaine jalousement gardé du peuple de l’eau. Après des mois en mer, et nombre de péripéties incluant des tempêtes surnaturelles et des créatures aujourd’hui disparues, les Mérillons firent enfin la découverte de l’île tant convoitée. Couronnant un promontoir rocheux, vaillamment gardé par des cours d’eau et des vignes abondantes, le temple était désert. Or, l’existence du temple laissait entendre que le trésor n’était pas qu’une fable. Refusant d’abandonner son entreprise, Vhorilon chargea son équipage d’entreprendre la fondation d’une ville à l’emplacement du temple, revendiquant ces terres en son nom, puis il manda sans attendre ses plus fidèles lieutenants de continuer leurs recherches sur les berges opposées du lac. À Filii il ordonna de mater les fleuves, de Merioro il exigea que soient domptées les forêts, à Norforte il dit de gravir les monts, et Trenquiavelli il envoya affronter les vents de la côte. Quant à sa cité, bien visible de toute part sous les éclats du disque solaire, elle entonnerait le soir venu des vêpres, prières nocturnes à la gloire des navigateurs Mérillons pour éviter que des navires ne se perdent dans la noirceur, si mélodieuses et si portantes qu’elles auraient tôt fait de guider les pas des siens vers le bercail au plus creux de la nuit, tout comme les étoiles guident les marins en mer. Naturellement, il s’agit d’un récit de fondation mythique dont la véracité est difficilement vérifiable. Ce qu’il y a de certain, c’est que nous trouvons en ce dernier les noms et les origines caliamanes des familles de la vieille noblesse avhoroise, en plus de la considération de Vêpre, plutôt que Salvar, comme étant au coeur des efforts de défrichement et de colonisation des terres relevant de la descendance de Vhorilon, soit les terres aux Vhorili qui donneront forme à Avhor. Quant à l’existence de ce temple et du trésor, aucune des deux ne fut jamais attestée. Comme il s’agit d’une source de débats fréquents pour les érudits de Rozella, il n’existe pas réellement de consensus à cet égard. Pour certains, le temple serait enfoui et le trésor n’aurait jamais été trouvé en raison des conflits ayant opposé l’humanité depuis l’Avant, tandis que pour d’autres, le tout n’est qu’une allégorie pour évoquer l’emplacement central de Vêpre et la fertilité incomparable des sols qui bordent le lac Dive. Quoi qu’il en soit, nous savons de source sûre que la vigne indigo des Vhorili valsait sur Vêpre et guidait les Avhorois contre les Mérivar de Salvar, les Torrense de Casteval et les Torrig de Vaer sous l’Avant. Sans aucun doute le plus grand monument se tenant toujours fièrement à la gloire des Vhorili, la Place des Fêtes, gigantesque esplanade ceinte de colonnes triomphales enveloppées par des vignes et dont les chapiteaux historiés illustrent les plus grands moments de l’histoire avhoroise, accueille encore chaque nuit de fastueuses célébrations à même de faire rayonner la joie de vivre héritée des premiers ducs des fêtes sur les terres environnantes. Toutefois, quand le Mal de la Forêt d’Ébène s’immisça dans l’Étoile du Soir, il s’en prit directement aux bons Vhorili. En l’espace d’une nuit, le duc de l’époque, Galandrio Vhorili, sombra dans une folie meurtrière et fit massacrer sa propre mesnie. Par la suite, il ordonna la destruction des ponts reliant le coeur de la cité aux terres environnantes afin d’empêcher sa population de fuir et de le « trahir ». En quelques heures, les résidents de Vêpre étaient devenus prisonniers dans leurs propres demeures. Dans les campagnes, la noblesse terrienne décida de se porter à la défense des opprimés de la cité. Sous le commandement d’Isabella Filii, comtesse du fortin de Vespera au sud de la capitale, les vassaux libres des Vhorili rassemblèrent leurs bannières sur les berges du lac Dive. Toutefois, la démolition des passerelles menant au manoir urbain du duc empêchait les troupes de poser pied sur l’île pour en déloger le seigneur assassin. C’est par la ruse qu’Isabella put en arriver à ses fins. Munie d’un drapeau blanc, elle hurla au duc que son île était en proie au Sang’Noir et que sa populace incendierait sous peu sa résidence pour s’approprier ses biens. Galandrio lança alors un coup d’oeil aux gardes qui l’escortaient et, dans un élan de paranoïa indescriptible, se jeta subitement dans le lac noir. Il suffit de quelques brasses pour que l’eau imbibe et alourdisse le pourpoint et la cape du seigneur, le tirant vers sa mort. Les récits affirment que, pour une première fois dans l’histoire de Vêpre, un silence total fut maintenu dans les rues. Au lendemain de la tragédie, Isabella Filii prit la tête de la lutte contre le Sang’Noir, ce qui lui vaudra d’être sacrée seigneur-palatine d’Avhor lorsque le mal sera finalement levé par la venue salvatrice du Roi-Prophète. Sous l’ère princière, Vêpre prospera pour devenir la cité qu’elle est aujourd’hui. Jouissant du commerce de ses dépendances côtières, de l’approvisionnement régulier de ses comtés intérieurs et du passage fréquent d’une haute-noblesse envieuse de chasser au Bois-du-Trône, l’Étoile du Soir parvint à entretenir un rythme de vie effréné en plus de financer quelques unes des plus grandes productions artistiques du royaume. Succédant au règne austère de Casimir le Sévère, marqué par des couvre-feux, la prohibition d’alcool et des politiques répressives, en plus de précéder l’année des deux trônes, le règne d’Esther la Festive s’étendit de 164 à 184 pour être considéré comme un âge d’or en Ébène. Élue dauphine par une majorité claire au premier tour de vote, certains ont avancé l’hypothèse que Serena Filii, telle qu’elle était connue à l’époque, avait déjà cumulé les supports nécessaires à son élection avant la tenue du conclave de succession, peut-être en vue de renverser son prédécesseur. Celui-ci mourut néanmoins avant qu’il n’y ait quelque signe d’un soulèvement réel, ce qui permit une transition de pouvoir pacifique. La vie festive de Vêpre devait cependant être interrompue en 316, lorsque survint la conspiration Orfroy. Menée par Hugues Orfroy, comte de Norforte, lui-même assisté dans son entreprise par des réfugiés felbourgeois de Rivebois et Vidalia, la conspiration se heurta à une résistance farouche dans les rues de Vêpre, fermement défendues par Alphonzo Merioro, époux de la palatine au commandement de ses corps d’archers redoutés, et Fidel Gugglielmazzi, comte de Vespéra et vétéran du Bataillon Sacré. Accusant seulement Lucrecia Filii d’être une contrebandière des Écores après l’échec de leur assaut initial, il apparaissait évident aux yeux de tous que la conspiration relevait plus de la prise de pouvoir que d’une soif de justice. Deux années durant, Vêpre fut l’un des théâtres les plus sanglants de la Guerre des deux Couronnes, opposant la noblesse des comtés intérieurs à la bourgeoisie des comtés côtiers dans les dédales de ses ruelles et de ses ponts. Se soldant par un accord signé à Yr en 318, les rennes du palatinat des fêtes échurent finalement entre les mains de Georgio Filii, fils de Lucrecia âgé de 12 ans seulement, lequel fut mis sous la tutelle du comte-protecteur Hugues Orfroy en échange de son allégeance au prince Élémas IV. Élevant le jeune homme au tempérament particulièrement sanguinaire avec l’aide d’Adryan Orfroy, Hugues disparaîtra finalement en 322, à la suite de la condamnation à mort pour hérésie de son épouse, Rhéa de Corail. Laissant un vide derrière lui, le titre de comte-protecteur d’Avhor sera ensuite assumé par Philippe d’Ambroise IV, comte de Vidalia, qui tentera tant bien que mal de contenir les pulsions violentes de son jeune protégé. L’Étoile du Soir connut de nouvelles effusions de sang en 323, lorsque Georgio Filii invita ses vassaux à venir prêter allégeance au Guérisseur couronné à Vêpre, s’y rendant eux-mêmes ou y envoyant des émissaires. Cette invitation tenait toutefois davantage du piège que de l’entreprise politique. Profitant de la présence des sympathisants du Guérisseur couronné dans la cité, Georgio Filii, psychotique et fervent allié des criminels sanguinaires de l’Ordre, fit exploser avec ses associés le théâtre des Mérillons, une merveille d’architecture se dressant au milieu du lac Dive, où se déroulait la cérémonie, emportant dans la mort des dizaines de nobles, courtisans et vassaux. Il est sans doute fortuit pour Georgio d’avoir rencontré la mort dans le même mois à Yr, sans quoi son retour à Avhor eut été bien mouvementé. Se ralliant à la bannière de Diego Merioro, l’oncle de Georgio ayant lui-même perdu son fils lors du dernier coup d’éclat de l’Ordre, les barons de Vêpre saisirent l’ouverture offerte par le Sommet de la Dernière Chance d’Yr en juin 323 pour rendre le contrôle de leur cité au Monarque à qui leurs parents avaient prêtés allégeance avant d’être emportés par les flammes. Apprenant le décès de Georgio, puis l’assassinat de Lucrecia Filii dans la prison de son cloître au lendemain du sommet, l’Alliance du Trône, unissant les comtés de Vêpre et de Vespéra, éleva Merioro au titre de palatin tandis que la Ligue des Mérillons officialisait l’inclusion d’Avhor au Symposium des Justes lors d’une cérémonie à Treia. Deux années s’écoulèrent ensuite sans affrontements majeurs, les deux camps essayant de mobiliser leurs alliés extérieurs afin de porter un coup rapide et décisif à leur adversaire. Or, ces appels demeurèrent sans réponses, l’hésitation étant encore trop grande entre les factions belligérantes pour entreprendre des manoeuvres de troupes massives. De plus, on apprit peu après la naissance de Jordi Filii, fils présumé de Georgio et de Fideli Belleli, ce qui venait remettre en question les prétentions palatines de Merioro au sein de l’Alliance. Brisant l’équilibre précaire pour épargner au palatinat et à sa capitale un autre conflit civil à même de les laisser en cendres, Diego Merioro convoqua Victor Casielli, général des forces patriciennes avhoroises, à mener une Caliamana unique dans les vallées en marge de Fortugno pour sceller le sort d’Avhor. Se soldant sur une victoire de la Ligue des Mérillons, les barons de Vêpre ployèrent du genoux à même le sol ensanglanté de Fortugno, se résignant à la victoire des forces républicaines en Avhor. Restait alors au Symposium des Justes à déterminer ce qui devait être fait du cas de Jordi Filii, celui-ci pouvant éventuellement entretenir des prétentions palatines. Lors d’une séance extraordinaire tenue à la forteresse des Vignes de Vêpre, Avhorois et Salvamerois débattirent longuement de la marche à suivre. Le Symposium ayant affirmé son autorité sur Avhor par sa victoire contre l’Alliance du Trône, les Avhorois gardant un mauvais souvenir des derniers règnes Filii et le jeune homme étant de toute manière trop jeune et dépourvu de quelconque support à même d’en faire une menace, les débats portèrent alors davantage sur la faisabilité légale de la chose. C’est ainsi que, puisant dans les archives juridiques du royaume, les comtes d’Avhor proclamèrent à l’unanimité la création du Mécénat de Vêpre, un conseil oligarchique composé de six commissaires délégués dans la capitale par les comtes avhorois, soit ceux de Rivebois, de Norforte, de Trenquiavelli, de Vidalia, de Caliamo et de Vespéra, qui élit annuellement le Mécène de Vêpre. Agissant à titre de comte de Vêpre, le Mécène doit également veiller à la promotion des fêtes et à la production d’un chef d’oeuvre artistique devant être révélé aux Floraisons. Tout comme il en va pour les courants artistiques, les comtés d’Avhor tentent généralement de suivre les politiques en vogue dans la capitale. C’est Atonio Orfroy, petit fils dans la fleur de l’âge d’Adryan Orfroy, qui fut fait Mécène de Vêpre en 377, et ce à la grande surprise de tous dans la capitale. Sa dernière pièce de théâtre “Le Célestaire de la Dame” ayant reçu des critiques fortement mitigées, tous attendaient avec impatience de voir quelle serait l’oeuvre révélée aux Floraisons 379. Rêveur un peu abstrait, se jugeant incompris, il n’était pas réellement associé à aucune faction dans la cité, ce qui explique sans doute son élection. Ce n’est toutefois qu’en 380 qu’une dame originaire de la Sainte Cité de Treia, Laia Melia, parvint à ravir le titre d’Orfroy. Lors d’une pièce théâtrale exemplifiant la folie de la guerre avec la Ligue d’Ardaros et les horreurs du massacre de l’île de Treia, elle galvanisa la foule dégoûtée par le conflit. Profondément pacifiste, la Mécène Melia n’avait qu’une ambition : sortir Avhor des guerres qui pourraient embrasser ses terres et consumer les vies de ses habitants innocents Toujours doté d’un pouvoir de recommandation sur le Mécénat, la Ligue des Mérillons, alliance avhoro-salvameroise centrée à Salvar, bat aujourd’hui de l’aile. Divisée pour des raisons qui relèvent davantage d’opportunités commerciales divergentes plutôt que pour des points de vue politique variés, il semble aujourd’hui difficile de prédire l’avenir de cette union entre les palatinats de l’Est. Se rangeant avec Vespéra dans le camp du Guérisseur lors des premières années de la Guerre de l’Avènement, les habitants de l’Étoile du Soir et leurs barons entretiennent encore des tendances royalistes. Toutefois, la capitale n’est pas un bastion absolutiste comme l’est Vespéra, sa population étant mitigée sur d’autres sujets relatifs à cette question. Ces conflits aboutissent de manière quotidienne sur plusieurs “valses” que se mènent royalistes et patriciens, partisans d’une Avhor autonome, et loyalistes de la Ligue des Mérillons, et bien d’autres. Dans les traboules de la cité, sous les lueurs du jour, il n’est donc pas rare de voir des regroupement de jeunes gens s’affronter lors de rixes, ou même de Vêproises, tandis que les éclats de la lune illuminent plutôt des concours de chant, de danse, de théâtre et de poésie, qui unissent dans la boisson ces mêmes adversaires qui souhaitaient quelques heures plus tôt faire couler le sang de leurs ennemis. De telles compétitions, alliant rivalités mortelles et fraternisation, paraîtront sans doute paradoxales aux visiteurs de l’Étoile du Soir, mais ne relèvent pas de la contradiction aux yeux des Vêprois qui considèrent qu’il y a un moment pour toute chose. Initiée dans la capitale après la proclamation du Mécénat, mais s’étant étendu au reste du palatinat, Avhor est également le théâtre d’un autre type d’affrontement ayant adopté le nom de Valse des Vins. Ainsi, à Vêpre, comme ailleurs dans les dépendances de la Dive, les partisans de l’absolutisme boivent du vin rouge en public, tandis que les partisans du patriciat optent pour du vin blanc, de sorte que tous sachent à qui ils ont à faire lors de festivités. Rare vestige de l’Ordre, organisation de justiciers criminels aujourd’hui démantelée, Vêpre partage avec le reste d’Avhor une passion dévorante pour la justice. Soucieux de rendre des jugements qui soient justes et des peines adaptées aux crimes perpétrés, le chapitre de la Foi de Vêpre, héritier de textes de lois scrupuleusement rédigés par l’ancienne baronne de Norforte Myrianni Genedri, veille méticuleusement à l’application des lois dans l’Étoile du Soir, lorsqu’il a l’occasion de mener ses enquêtes à terme, bien entendu. En effet, il n’est pas rare que les partis impliqués jugent le traitement par le chapitre comme étant trop long, dans lequel cas ils s'adonnent plutôt à une Vêproise, ou valse judiciaire. Ce qui serait interprété comme un “duel” dans le reste du royaume prend à Avhor les traits d’une danse codifiée. D’une part, le vainqueur d’une Vêproise n’est pas déterminé par l’issu du combat, mais plutôt par trois juges devant évaluer la finesse et la maîtrise artistique des deux bretteurs. Ainsi, une personne sortant vivante d’une Vêproise à mort peut être proclamée perdante sur décision des juges. De plus, lors d’une Vêproise au premier sang, le duel ne prendra fin qu’une fois que les deux participants auront saigné, tandis que lorsqu’elle est à mort, le coup de grâce ne pourra être rendu avant qu’il n’y ait eu touche par chacun des adversaires. Traditionnellement, les Avhorois justifient ces règles de plusieurs manières, prétextant une saignée de mauvaises humeurs de part et d’autre, ou disant qu’il ne peut y avoir de concorde renouvelée sans que les sangs des deux belligérants n’aient eu l’occasion d’être mélangés par violence ou par mariage. Dans un cas comme dans l’autre, la détermination du vainqueur par des juges, comparable à tout autre concours artistique, rend l’issue de la Vêproise critiquable, ce qui peut entraîner une série de valses funestes ne trouvant leur conclusion qu’en l’intervention du Glaive. Quoi qu’il en soit, le chapitre de Vêpre paraît aux yeux de plusieurs comme étant assez laxiste, certaines instances d’Yr allant même jusqu’à accuser ses clercs de mieux connaître leurs cépages que leurs lois. Peu importe la véracité de ces accusations, il demeure que la justice est plus souvent rendue par des initiatives personnelles que par la Foi dans l’Étoile du Soir. Finalement, le lac Dive et les quais d’Horilia hébergent fréquemment les frégates en quête de contrats de l’Armada des Carats, un régiment naval avhorois trouvant ses quartiers au port militaire de Norforte. Située sur une île fortement boisée au nord-est du palatinat des fêtes, les chantiers navaux de Norforte permirent au comté du même nom de rivaliser de nombreuses années durant avec son voisin de Trenquiavelli pour s’arroger le contrôle du commerce maritime en Avhor. Or, l’afflux des richesses entraîné par le monopole de la Marine des Mérillons dans les entrepôts de Trenquiavelli devait changer la donne, rendant impossible l'entretien d’une rivalité saine entre les deux comtés côtiers. Voyant leurs marchandises dépérir en l’absence grandissante d’acheteurs potentiels, les cités de Norforte et de Basilia durent se résoudre à vendre leurs avoirs aux marchés de Vêpre pour quelques sommes modiques en attendant de trouver une solution viable. Acculé au bord du précipice, on doit au comte Oliba Duchesne, fils du grand bâtisseur Octavien Duchesne, la découverte d’une nouvelle source de profits en Norforte en marge de la Guerre de l’Avènement. S’appuyant sur ses chantiers de construction naval, Duchesne délaissa dans un premier temps la fabrication de navires marchands pour ériger une importante escadre de frégates de guerre, dépensant sans compter afin de peupler ses navires de marins aguerris jusqu’alors laissés oisifs dans les ports de la baie des Carats. Rendu fort de nombreux navires en mer, il approcha les intendants des ports de la Ligue des Mérillons afin de leur proposer un marché simple: les armateurs pouvaient désormais acheter ses services de protection dispendieux, ou “risquer” de voir leurs marchandises disparaître lors d’un malencontreux accident en mer. D’abord réfractaire à l’idée, qualifiant le tout d'extorsion pure et simple, la Marine des Mérillons n’eut éventuellement d’autre choix que d’accepter les services du comte de Norforte après la disparition de nombreux convois chargés de marchandises. Vivant désormais sur le dos du comté de Trenquavelli et de bien d’autres ports marchands, Norforte est riche d’un afflux constant de carats issus de ses entreprises de “protection” maritimes. Recrutées pour leur vitesse et leur manoeuvrabilité exceptionnelles, la participation des frégates des Carats aux campagnes militaires du Royaume est relative au prix que l’armée royale est prête à y mettre. Peu versé dans les arts guerriers avhorois, Oliba Duchesne se contente de coordonner les déplacements de son armada depuis son manoir dans les quartiers marchands de Vêpre. Derrière sa façade de gentilhomme, il reste un seigneur dangereux et craint des armateurs d’Ébène, une personne dont il vaut mieux chercher à satisfaire la soif insatiable de carats. |
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Carte d'Ébène - Académie militaire populaire en Findest |
Académie militaire populaire en FindestGénéralL’Académie militaire populaire de Findest est le principal lieu de formation dans le royaume d’Ébène où un individu, peu importe sa naissance ou sa richesse, peut acquérir les connaissances théoriques et pratiques de la guerre sans s’engager dans l’armée royale. Autour de l’institution menée par l’Écuyère Anaw Mellowen, une véritable ville du nom de Bourg-en-Findest a pris naissance au fil des décennies. L’existence de celle-ci s’articule autour des savoirs militaires, indépendamment de l’origine des Ébénois qui y résident. Si quelques rixes mineures y éclatent parfois entre individus de provenances disparates, tous et toutes reconnaissent le caractère neutre de l’endroit dont le seul et unique objectif est de dispenser connaissances et entraînement à ceux et celles qui les recherchent. GéographieEntre les deux branches de la Rivière aux Alleux en Cassolmer se dresse l’Académie militaire populaire de Findest. Malgré la petitesse du territoire dépendant directement des autorités de l’institution, l’Académie conserve son indépendance depuis le début de la Guerre de l’Avènement. Initialement, l’endroit se résumait aux bâtiments principaux de l’école et à ses terrains d’entraînement qui ne s’avéraient être alors que de simples plaines défrichées. Or, au fil des années, l’Académie devint une véritable ville, Bourg-en-Findest, ayant tout ce qu’il lui faut pour subsister par elle-même. Au nord et à l’est s’étendent des quartiers disparates dont l’aménagement ne fut guère l’objet d’une planification fine. Cependant, à l’ouest et au sud, où se rassemblèrent naturellement des réfugiés spécialistes -architectes, maçons, menuisiers, ingénieurs, etc.-, les quartiers et chaumières sont merveilleusement organisés. Néanmoins, ce qui fait la fierté de Bourg-en-Findest en dehors de son académie et des enseignements qui y prévalent, ce sont ses Conseils des Guerres. Équivalents des assemblées de quartiers dans les cités marchandes, ces regroupements accueillent tous les adeptes, amateurs ou professionnels, des arts de la guerre. Deux fois par semaine, vétérans de guerre, aspirants soldats, officiers, stratèges et simples roturiers se rassemblent en divers lieux de la ville afin d’y discuter de tactiques et de stratégies. Réunion après réunion, ils élaborent pour le pur plaisir de la chose des plans de bataille. On y répond alors à des questions hypothétiques : Comment réagir si Bourg-en-Findest était pris d’assaut par les Sarrens? Où évacuer le peuple si le Bois aux Serfs était incendié? Comment contrecarrer une salve d’artillerie sur les fortifications de la ville? Le résultat de ces discussions sont systématiquement préservés par la suite dans les archives de l’Académie où les étudiants et formateurs pourront s’en inspirer dans le futur. C’est grâce à ceux-ci que les murs ceinturant la cité furent améliorés au fil des années ou que les services de sapeurs pompiers furent créés. Pour les spécialistes de l’Académie, l’inspiration peut venir de n’importe où. Il convient donc de tendre l’oreille en permanence. La forêt encerclant Bourg-en-Findest, surnommée le Bois des Serfs, abrite de nombreux bâtiments, parfois incomplets, servant à l’enseignement de manoeuvres militaires ou de cibles pour les artificiers en herbe apprenant à manier les engins de guerre. C’est dans ces bois aux arbres touffus que se cachent aussi plusieurs cohortes de brigands sans foi ni loi. Tolérés par l’Académie, ceux-ci concentrent surtout leurs activités dans l’est de Cassolmer et au nord de Bourg-en-Findest. Habituellement, ces malfrats ciblent prioritairement les marchands voyageurs suffisamment imprudents pour s’aventurer trop près de la forêt. De mauvaises langues vont même jusqu’à suggérer que la participation aux raids de ces brigands est l’ultime test pour certains apprentis de l’Académie. HistoireC’est en 323, dans le chaos qui suivit la prise du trône par le Guérisseur couronné, que l’Académie militaire des Hirondelles fut fondée. À l’origine, celle-ci devait être construite sur les îles d’Elfeand, bien à l’abri de l’influence de Cassel. Toutefois, la mort par poison d’Archibald Francs-Récifs lors de l’ultime Sommet d’Yr la même année chamboula les plans des partisans du peuple. Incapable de convaincre la fille du défunt, Aideen, de mettre fin à son plan de fermer les frontières des Îles, le comte de Findest, Constant Blanchêne, s’empara du projet, ce qui en suscita de nombreuses réactions dans tout le palatinat. L’objectif initial de l’homme était de créer un contre-pouvoir militaire qui pourrait tenir en échec les forces du nouveau seigneur-palatin cassolmerois de l’époque, Hulwyn Gwenfrynn, et de ses alliés hostiles aux requêtes et doléances des Hirondelles. Cependant, l’épidémie de Peste Rouge qui ravagea le royaume entre 323 et 325 eut presque raison de l’Académie avant même qu’elle ne soit mise sur pied. Pendant cette période, non seulement les morts mais aussi les sympathisants fuyant vers les Îles en recherche de sécurité empêchèrent la nouvelle institution de mettre en branle ses opérations militaires. Ne pouvant débuter les cours et formations, les volontaires de l’Académie se déployèrent donc plutôt aux côtés des soigneurs de la Compagnie hospitalière présents dans la région, maintenant l’ordre près des centres de quarantaine établis dans les temples et levant des bûchers pour purifier les corps des défunts. Dès la fin de l’épidémie, Constant Blanchêne, son vieil ami Wilhelm, qui avait le contrôle de presque tous les commerces illicites de la région, et sa cousine par alliance, Concise Sanspitié, mirent les bouchées doubles afin de faire de l’Académie un endroit où tous les Cassolmerois pourraient s’entraîner au maniement des armes, aux combats en formation et aux combats moins nobles comme la guérilla ou les raids. Pendant des années, l’institution forma des centaines et des centaines de sujets cassolmerois, offrant au pauvre peuple les outils de la protection que lui niait ses élites. Même Cassel, hostile à l’entreprise, y envoya certains de ses officiers qui, profitant du peu de contrôle des candidatures, sabotèrent à répétition les projets plus ambitieux de l’Académie. En 331, lorsque Casteval tomba aux mains des forces felbourgeoises, de nombreux volontaires furent envoyés en renfort au comte François Lebouthilier afin de l’aider à ralentir la progression de l’envahisseur dans la région de Cellryn. Le comte le rendit d’ailleurs bien à l’Académie en envoyant ses propres officiers participer aux formations des milices du peuple. Quand il apparut évident que Casteval et les environs ne pourraient être repris aux mains de l’ennemi, Lebouthilier déménagea sa cour à l’Académie, contribuant à augmenter le rayonnement de l’institution et la taille du bourg qui commençait à naître à sa périphérie. En 334, les chevaucheurs des Plaines libres -les clans des Vors et Ferres- lancèrent un assaut massif sur le comté de Findest, à l’ouest du territoire cassolmerois, afin de créer un lien terrestre avec leurs alliés salvamerois du duché des Crânes. En réponse à cette offensive, les milices de l’Académie furent déployées aux côtés des comtes Blanchênes et Lebouthilier afin de repousser l’invasion. Isolés et sans support des autres comtes cassolmerois (Cassel et le comte André Chevignard refusant d’aider leurs compatriotes), plusieurs firent remarquer aux résistants leur infériorité numérique face aux hordes des steppes. Néanmoins, le comte de Findest n’en fit qu’à sa tête et perdit la vie sur le champs de bataille dès les premiers affrontements. Peu de temps après, ses alliés hissèrent le drapeau blanc. Les Sarrens confirmèrent alors leur poigne sur le territoire au nord de la Rivière aux Alleux en Findest et acceptèrent que l’Académie militaire se déplace au sud. Toutefois, celle-ci devait changer son nom. Effectivement, les chevaucheurs se réclamaient eux aussi des Hirondelles et refusaient que l’organisation utilise ce nom. L’idéal des Hirondelles en Findest ayant perdu de son lustre au fil des années, la condition fut acceptée et on adopta le nom d’Académie militaire populaire de Findest. Au fil des ans, l’Académie militaire populaire de Findest gagna en prestige, mais c’est en 352, lorsque le Roi fonda l’armée royale et que les armées personnelles des nobles du royaume furent à toute fin pratique démantelées, que la réelle expansion débuta. De nombreux chevaliers et militaires, se trouvant privés de leurs sources de revenus, vinrent s’installer dans les plaines et forêts autour de l’institution. Ceux et celles désirant en apprendre plus sur le service militaire sans pour autant s’engager dans l’armée royale pouvaient désormais fréquenter l’Académie pendant quelques années. Tel fut le cas de l’actuelle Écuyère (titre accordée à la rectrice en signe de d’humilité) de l’endroit, Anaw Mellowen. Désormais âgée d’une cinquantaine d’années, Mellowen était dans sa jeunesse au service de la garde palatine de Cassel en tant que chevalier lors de la Guerre de l’Avènement. Or, devant la fourberie des seigneurs de la capitale, elle abandonna tous ses serments et intégra les rangs de l’Académie de Findest. De fil en aiguille, elle prouva sa dévotion envers les serfs et étudiants de l’endroit, tenant souvent tête à des ordres envoyés par la Couronne de la cité d’Yr elle-même. Au fil du temps, une véritable ville fondée sur la tradition militaire et les tactiques populaires s’éleva dans la région. Aujourd’hui, en dehors de l’armée royale, peu d’organisations peuvent prétendre avoir les effectifs suffisants pour s’en prendre à la bourgade fortifiée et ses dépendances. |
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Carte d'Ébène - Agisborough et Caderyn |
Agisborough et CaderynGénéralAutrefois chasse gardée d’une petite noblesse cassolmeroise jalouse de ses privilèges, Caderyn est aujourd’hui le principal producteur de pavot noir -plante à l’origine de l’opium- du royaume. Grâce aux décrets laxistes du Monarque en matière de production et de vente (mais non de consommation) de drogues, les trente seigneuries de Caderyn attirent des investissements et marchands de partout en Ébène (et même au-delà). Lorsqu’en 379 l’opium fut retiré de la liste des drogues officiellement reconnues par la Couronne, la production n’en fut que décuplée. C’est dans la ville d’Agisborough, au nord-ouest, que se rassemblent fréquemment les représentants de ces trente seigneuries. Tous membres d’une alliance de convenance appelée “Le Pacte”, ceux-ci confient une part de leurs revenus à la Trésorière Delyth Guivarch, en charge de la promotion de l’opium caderois et de la gestion quotidienne des affaires locales sous la supervision de la Banque libre d’Ébène. GéographieL’ancien comté de Caderyn est l’un des plus vastes ensembles géographiques cassolmerois. Des Monts Namori à la Glaceraie (fleuve traversant d’ouest en est le nord de Cassolmer), de la Vaste-Mer aux terres ancestrales du clan des Vors, Caderyn est une succession de plaines à la fertilité médiocre et aux basses collines. Peu peut-être dit de la majorité des terres de ce territoire, celles-ci n’ayant jamais attiré l’attention d’un quelconque conglomérat marchand ou suscité la convoitise de conquérants. Ce n’est qu’au cours des dernières décennies que les champs de pommes de terre, d’orge, de blé et d’autres légumes racines ont graduellement cédé leur place à de nombreuses exploitations de pavot noir, parfaitement adapté au climat pluvieux et aux sols rocailleux de l’endroit. Depuis le développement de cette industrie de l’opium, l’entièreté de la vie de Caderyn, des campagnes aux agglomérations, est articulée autour de cette plante. Trente “seigneuries” ponctuent le territoire de Caderyn. Relevant souvent davantage du minuscule regroupement de familles que du fief comme on le rencontre habituellement en Ébène, celles-ci sont les héritages de clans s’enracinant dans ères oubliées. La principale seigneurie est Agisborough, hôte du Pacte éponyme. Seule communauté fortifiée de la région, elle assure à partir du nord-ouest, sur les berges de la Glaceraie, la surveillance des frontières. C’est à l’intérieur de ses palissades de bois que vinrent de tout temps se réfugier les innocents fuyant les raids des voisins sarrens du clan des Vors. Agisborough en tant que ville de faible envergure est avant tout un point de rencontre politique et diplomatique. En permanence, des représentants des trente seigneuries y résident, assurant le maintien des bonnes relations entre elles et avec les quelques émissaires royaux. Cependant, en 379, lors de la Guerre de l’Opium, nombre de ces éminents représentants furent sournoisement assassinés dans leur sommeil. Cet hécatombe parmi les rangs du Pacte permit à Delyth Guivarch de centraliser davantage les pouvoirs et d’affermir son autorité sur les nouvelles têtes influençables. Enfin, c’est aussi à Agisborough que fut construit en 371 le chapitre de la Foi de Caderyn, chargé de l’application de la justice royale dans ce lieu sensible de la production d’opium. À défaut de forcer les producteurs et vendeurs à dévoiler la liste de ceux et celles consommant leur marchandise, les enquêteurs et religieux peuvent toujours observer leurs moindres faits et gestes. Sur le bord de la Vaste-Mer, au sud-est, se situe la seconde ville en importance de la région : le port de Pied-sur-Mer. Autrefois peuplé exclusivement de pêcheurs tirant péniblement leur pitance des bancs de morues du large, le hameau a connu une explosion démographique depuis vingt ans grâce au commerce de l’opium. C’est à partir de ses quais qu’est embarquée la majorité des caisses de précieuse résine et de fleurs séchées à destination des métropoles du royaume : Felbourg la Cité, Gué-du-Roi, Salvar, Port-Céleste, Mordaigne, Vêpre et, bien sûr, Yr. En quelques années à peine, une dizaine d’ateliers de transformation du pavot ont fait leur apparition en bordure de Pied-sur-Mer afin d’augmenter la marge de profit des agriculteurs convergeant vers le port. Aujourd’hui, il s’agit du poumon économique de Caderyn, bien qu’il soit entièrement dépendant d’une seule industrie. Un comptoir de l’Union commerciale du Sud, sous la bannière de la Compagnie des Trois Roses, y est symboliquement installé depuis 379. Souffrant du monopole féroce de la Banque libre dans la région, il parvient néanmoins à exporter quelques cargaisons d’opium annuellement. Finalement, on ne peut clore la question de Caderyn sans mentionner le Pic du Tonnerre, près de Pied-sur-Mer. Montagne isolée faisait irruption dans les plaines monotones du sud, ce haut pic est depuis des siècles la destination de pèlerinage pour les plus mystiques des Ébénois. Avec cette fréquentation récurrente, des sentiers furent créés naturellement le long des parois escarpées, permettant de monter jusqu’à son sommet afin de capter une vue unique de la vastitude ébénoise. Fait mystérieux donnant naissance à d’innombrables légendes, il est fréquent d’entendre des grondements sourds en provenance des entailles de la montagne, rappelant immédiatement les nuits orageuses d’été. HistoireGrand allié de la famille Gwenfrynn de Cassel pendant des siècles, le comté de Caderyn vivait, jusqu’au quatrième siècle, complètement hors du temps. À l’extrême sud-est du royaume, enclavé entre les Monts Namori, la Vaste-Mer et les frontières des terribles pillards Vors, son peuple tourné vers l’agriculture n’avait que peu à offrir au pays. Pour compenser l’indifférence qu’Ébène lui témoignait, au fil du temps, des crises et des réconciliations, Caderyn créa sa propre vie politique interne. Parmi les clans et familles de renom, des hommes et des femmes obtinrent l’appui de leurs pairs et adoptèrent les titres de barons et de baronnes. Après plusieurs générations, ces statuts initialement fondés sur le mérite et la reconnaissance populaire devinrent associés au sang. Une fracture entre le peuple et les seigneurs du comté naquit alors. Pendant longtemps, les barons de Caderyn parvinrent à modérer les envolées révolutionnaires de leurs serfs. Grâce à des appels à la fierté, à la stabilité et à la tradition, ils empêchèrent les potentiels sympathisants des Désirants de suivre les pas du martyr Jonas Tyssère dans ses luttes contre la Couronne d’Yr avant la Guerre des deux Couronnes. Ces seigneurs savaient que, dans l’éventualité d’une victoire des milices populaires, leur propre pouvoir serait affaibli. Toutefois, en 316, lorsque la famille Gwenfrynn de Cassel elle-même se rangea du côté de l’épouse du prince Élémas IV, Isabelle Delorme, dans sa quête de libération du peuple, Caderyn n’eut d’autres choix que d'emboîter le pas. Jusqu’à la fin du conflit en 321, ils combattirent les partisans du traditionalisme noble et furent parmi les derniers, avec leurs fantassins légers et leurs quelques chevaliers, à protéger Cassel des assauts ennemis. C’est avec un soulagement hypocrite qu’ils accueillirent la fin de la guerre et leur propre défaite aux mains des partisans du prince. La guerre était perdue, mais leurs privilèges demeuraient. Cela ne devait toutefois être qu’un simple sursis. En 322, un puissant vent de changement originaire des îles d’Elfeand à l’est atteignit les côtes de Caderyn. L’Ordre des Hirondelles, des fidèles de la philosophie religieuse et politique du défunt Jonas Tyssère, avait pris le contrôle des archipels grâce au charisme calme d’un Guide mystérieux et tentait désormais d’étendre son influence sur le continent. Rapidement, celle-ci se heurta à la noblesse du comté des Mille-Barons, au nord, menée par André Chevignard et, avant la fin de l’année, une guerre fratricide éclatait en Cassolmer. Partisans d’une petite noblesse éclairée d’un côté, révolutionnaires populaires de l’autre, le palatinat fut scindé en deux. En 323, constatant la relative faiblesse des barons de Caderyn face à leurs propres serfs longtemps tenus en laisse, des prêcheurs des Hirondelles -portant des cargaisons d’armes et d’armures- firent leur apparition dans les hameaux du sud. La révolte s’embrasa comme une traînée de poudre. La soif de changement latente s’éveilla en moins d’un mois et les barons se retrouvèrent prisonniers de leurs propres manoirs avant de se ranger aux côtés d’André Chevignard et de Hulwyn Gwenfrynn à Cassel. Jusqu’à la fin de la Guerre de l’Avènement en 345, Caderyn fut une zone de guerre. Frappée de plein fouet par la peste sanglante, sujette à des raids réguliers de la chevalerie de la petite noblesse désireuse de faire payer leur révolte aux insurgés et laissée sans guidance après la mort du Guide et d’Archibald Francs-Récifs au début du conflit, la région devint un secteur à éviter pour tout voyageur lucide. À la signature de la paix, les barons tapis à Cassel crurent follement qu’ils pourraient retourner en leurs terres afin de revendiquer leurs droits ancestraux auprès d’une population démoralisée et affaiblie. Malheureusement pour eux, il suffit parfois d’un poignard pour anéantir une armée. Le 21 décembre 345, à l’occasion des célébrations du solstice d’hiver, les barons de Caderyn s’invitèrent dans le hameau d’Agisborough, au nord des terres. Dans le manoir du seigneur Flyn Austan, ils pensaient pouvoir jeter les bases d’un comté renouvelé. Lors des semaines à venir, la petite noblesse allait reprendre ses fiefs et tous pourraient oublier les vingt dernières années de chaos et d’errance. Or, cette nuit-là, tandis que dames et seigneurs cuvaient leur vin dans leurs chambres et dans les auberges de la ville, leurs gardes quittèrent leurs postes sans avertissement, laissant le champ libre aux assassins. À l’aube, on ne comptait plus les morts. Hommes et femmes, jeunes et vieillards, avaient été égorgés d’une oreille à l’autre dans leurs lits. Les victimes n’avaient qu’un point en commun : ils se réclamaient tous de l’ancienne noblesse du comté. Le Massacre du Solstice, comme on devait l’appeler plus tard, permit à une nouvelle caste de dirigeants de faire son apparition dans la région. Dès le lendemain de cette purge, une assemblée fut tenue à sur place afin de décider de l’avenir de Caderyn. Lors de cette rencontre devait être rédigé le Pacte d’Agisborough, garantissant l’indépendance des trente seigneuries -de la plus minuscule à la plus vaste- du comté. Ces seigneuries, fondées autour de clans familiaux traditionnellement implantés sur les terres, pourraient veiller à la gestion de leurs communautés comme ils l’entendent, puis convoquer des assemblées à n’importe quel moment de l’année pour répondre à des problématiques communs. Jusqu’en 355, Caderyn retrouva sa stabilité d’antan. Pauvre, mais en paix, l’ancien comté vivait au jour le jour. Or, cette année-là, des pluies diluviennes s’abattirent sur la région, faisant pourrir dans les champs les récoltes annuelles. À l’automne, désespérés, les représentants des seigneuries allèrent cogner à la porte de Cassel, de Francs-Récifs et même de Lys d’Or pour quémander du grain et éviter la famine. Ces doléances restèrent lettre morte, personne ne souhaitant venir en aide au misérable et négligeable comté de Caderyn. Ce mépris généralisé fut le coup de fouet nécessaire aux Caderois pour changer leur mode de vie. L’année suivante, après un hiver qui fut le dernier pour des centaines d’affamés, une nouvelle assemblée du Pacte fut appelée à Agisborough. Après des jours de négociations, une décision marquante fut adoptée : faire de Caderyn le fer-de-lance d’une économie nouvelle. Une économie basée sur la culture de plantes aux propriétés “particulières”. Effectivement, en 352, le Monarque avait été rapidement confronté à la nécessité de réglementer la question des “drogues” en Ébène. À la surprise générale, il décréta une loi unique dans l’Histoire : la production et la vente de drogues ne seraient guère interdites, mais leur consommation oui. Ces produits altérant l’esprit et le libre-arbitre, il s’agissait selon lui d’une offense directe envers le Céleste que d’en consommer. Cependant, il était aussi une offense de priver le fidèle de choisir entre le Bien et le Mal, entre le pieux et l’impie. Tranquillement, ce décret fit son chemin dans le royaume, révélant quelques anciens criminels désormais “nobles entrepreneurs”. Caderyn, dont les vastes champs étaient exposés à des pluies quotidiennes, était un terreau fertile pour ces nouvelles cultures. D’un commun accord, la plupart des clans abandonnèrent leurs cultures traditionnelles et se lancèrent dans l’art des drogues. Certes, ils perdraient leur précaire autonomie alimentaire, mais les profits générés par leurs ventes leur permettraient de stabiliser leur existence. C’est donc vers la culture d’une variété de pavot particulière, et donc de la production d’opium, que leur attention se tourna. Grâce à des investissements importants en provenance de la région du Val-Horde, les champs furent prêts à la récolte dès 357. En moins de deux décennies, l’industrie d’opium de Caderyn se fraya un chemin partout dans le royaume. Tout en jouant sur la mince ligne entre la légalité et l’illégalité, les membres du Pacte d’Agisborough satisfaisaient les besoins “particuliers” des consommateurs d’Ébène et de certains soigneurs préférant les anesthésies à la souffrance chez leurs patients. En 379, la passivité de la trésorière du Pacte, Delyth Guivarch, causa toutefois une scission au sein de l’alliance. Gregor Vaillant, un reître local, persuada nombre de producteurs de déserter les rangs afin de fonder la Ligue de Caderyn, implantée à Pied-sur-Mer. À la recommandation de la faction de la Hanse, l’Assemblée d’Ébène vota une légalisation de l’opium afin de résoudre la crise émergente. Toutefois, ce faisant, elle renforça les prétentions de la Ligue qui résolut d’écraser le Pacte d’Agisborough. Le conflit prit des ampleurs nationales lorsque la Banque libre se rangea aux côtés du Pacte tandis que l’Union commerciale vola à l’aide de la Ligue. Après un siège manqué d’Agisborough, les belligérants décidèrent de conclure une trêve menant à l’arrestation de Gregor, au démantèlement de la Ligue et à certaines concessions à l’Union commerciale. Cependant, c’est la Banque libre qui sortit victorieuse de ce conflit, raffermissant son monopole sur la production d’opium en Caderyn et son négoce en Ébène. Depuis, la trésorière Guivarch ne peut prendre de décision sans d’abord consulter ses homologues de Gué-du-Roi. |
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Carte d'Ébène - Cassel |
CasselGénéralCassel fut longtemps le siège du pouvoir en Cassolmer alors que les seigneurs-palatins de la famille Gwenfrynn y dirigeaient les affaires du palatinat. Cependant, depuis 323, sous le règne d’Hulwyn Gwenfrynn, la cité ne fit que perdre de son influence. Aujourd’hui, elle est caractérisée par une pauvreté crasse et des commerces illicites omniprésents. Dans ses quartiers mal famés, des bandes criminelles font la loi, renforçant leur maîtrise des ruelles d’une proximité avec le pouvoir de la ville. En 378, c’est Yarin Gwenfrynn qui règne sur Cassel en compagnie du Symposium des Forts. Vulgaire reflet de ce qu’elle était auparavant, cette assemblée est aujourd’hui gangrénée par les conseillers personnels et Gwenfrynn, lui-même simple pantin des forces de la rue de la ville. GéographieVille portuaire, Cassel est l’endroit d’où partent toutes les expéditions maritimes cassolmeroises (légales ou non). Son port stratégiquement positionné, malgré la criminalité rampante qui y sévit, attire de nombreux capitaines de navires marchands estimant leurs cargaisons “inadéquates” pour les marchés de Salvar ou de Trenquiavelli. Ainsi, on retrouvera fréquemment dans les entrepôts des marchandises étrangement similaires à celles transportées par un honnête négociant disparu en mer quelques jours plus tôt. L’industrie du recel, florissante dans la cité, n’est même plus un tabou pour les citadins qui en discutent ouvertement. En raison du désintérêt flagrant du “Symposium des Forts” et de la famille Gwenfryn pour la mise en place d’un filet social digne de ce nom, peu d’habitants de la cité ont accès à une éducation minimale. Pour les enfants et les jeunes adultes, s’enrôler en tant que matelots ou l’apprentissage d’un métier auprès d’un artisan pour une pitance de misère sont les seuls choix auxquels ils ont accès. Néanmoins, certains mécènes ébénois tentent sporadiquement leur chance dans la capitale cassolmeroise afin d’améliorer le sort des nécessiteux. Tel est le cas d’Avaan Raï qui, à l’hiver 380, fonda dans le bas-quartier de Rusteboeuf une école calquée sur le modèle public felbourgeois. Quelques saisons plus tard, divers bâtiments spécialisés et annexes venaient compléter l’offre de cette institution : comptoir des Pharmacies de Sabran, école de navigation et caserne, le tout ceint d’un modeste mur isolant le “Comptoir fortifié de Rusteboeuf” du chaos cassolmerois ambiant. Son directeur, Ronaldo Diagaspary, veille toujours au maintien de ses activités malgré les taxes aberrantes dont il est victime. Très peu de “pirates” résident en permanence à Cassel, ceux-ci se contentant de s’y arrêter en fonction de leurs besoins. Ils savent que les Régiments royaux ne sont jamais bien loin et qu’il ne faudrait pas leur donner trop de raisons d’initier une purge dans la ville. Jusqu’au quatrième siècle, c’était plutôt dans les cavernes des Écores, sur les flancs des falaises donnant sur la Vaste-Mer, que se rassemblaient les criminels des mers. Effectivement, pendant près de deux siècles, les Marchands libres des Écores gagnèrent lentement en importance et en moyens. Chaque semaine de chaque saison, au moins une caravelle amarrait dans l’un des havres clandestins des falaises de Cassolmer pour y débarquer de précieuses cargaisons en provenance d’Ardaros, du Vinderrhin ou du Silud. Chaque mois, de nouveaux récits de batailles maritimes entre des combattants des Écores et des voyageurs des Mérillons étaient chantés dans les tavernes de Cassel. Cependant, avec l’essor de l’Ordre (organisation terroriste fanatique de justice) et de la Marine des Mérillons, le pouvoir des Écores diminua considérablement. À la fin de la Guerre de l’Avènement, le passage d’un Régiment royal dans la région acheva de démanteler les réseaux criminels des cavernes. Désormais, celles-ci sont essentiellement fréquentées par des chercheurs de trésors et des artistes en quête d’inspiration, les marins évitant soigneusement les lieux de peur d’être associés aux anciens contrebandiers. Le Phare du Venteux, situé sur la pointe du même nom au nord de Cassel, veille à tenir ces navires loin des traîtres récifs. Surplombant la campagnes environnantes, les fortifications de pierres de Cassel -parmi les rares dans la province- agissent comme rempart protégeant les faubourgs environnants. Des routes bien développées et entretenues mènent vers l’ouest et le nord du palatinat, mais le sud est plutôt mal desservi. Effectivement, de nombreux projets de construction de routes menant vers le sud de Cassolmer furent entamés entre 325 et 330, mais ils furent tous abandonnés, laissant quelques tronçons fantômes peu ou pas entretenus. De toutes manières, les brigands pullulent dans la région et les patrouilles n’assurent qu’une faible surveillance, rendant les routes difficilement praticables pour les honnêtes voyageurs. Ce n’est pas un hasard si de nombreux marchands de Peyguevan, pourtant voisins de Cassel, optent pour le transport maritime plutôt que terrestre. À l’est de Cassel se trouve enfin l’île aux Naufrages (à l’ouest) et l’île aux Noyés (à l’est). Lugubres héritages des innombrables naufrages de navires dans les eaux environnantes, ces bouts de terre sont entièrement désertées. Seuls quelques navigateurs et pêcheurs s’y arrêtent à l’été afin de se reposer loin des vices du port de Cassel. Le reste de l’année, les vents violents et les vagues destructrices qui balaient les plaines et les rivages rocailleux rendent toute résidence permanente inconcevable. Néanmoins, il n’est pas rare de voir sillonner sur les berges, à la marée basse, des chercheurs à la recherche d’épaves oubliées aux cales encore intactes. HistoireLa capitale cassolmeroise fut longtemps épargnée des coups d’éclat et des mouvements militaires sévissant partout en Ébène. Sous le règne modeste de la famille Gwenfrynn, le palatinat ne fit jamais de remous dans le pays, ne lui offrant qu’une seule princesse, Viana dit l’Incertaine en 254. La lignée Gwenfrynn était en place depuis bien avant l’émergence du Sang’Noir. On sait que leurs prédécesseurs étaient les Fryngan de Cassel. Toutefois, pour une raison inconnue, une passation des pouvoirs se produisit et permit aux Gwenfrynn d’élever leur statut et d’éventuellement guider leur population au travers de la Longue Année. Chaque famille et clan de travail détient sa propre version des faits, récit partagé allègrement à tous les étrangers rencontrés par ailleurs. Du coup d’État à la provocation en duel, toutes les explications sont bonnes pour justifier cet événement. Tout ce que l’on peut certifier, c’est que les Gwenfrynn ont participé au couronnement du Roi-Prophète et au Premier Sacre d’Ébène, confirmant de ce fait leur statut de palatins pour les siècles à venir. Cependant, tout ceci changea en 316 lors du déclenchement de la Guerre des deux Couronnes, alors que la félonne Isabelle Delorme, épouse du prince Élémas IV, et ses supporteurs populistes y trouvèrent refuge afin de diriger les combats contre les traditionalistes de la Couronne. À la fin de la guerre, c’est d’ailleurs à Cassel que la princesse fut livrée au camp ennemi sans effusion de sang et que ses armées capitulèrent. Contrairement à bien d’autres villes du royaume, la cité ne subit aucun dommage et retrouva son calme habituel pour quelques années. Malgré la défaite aux mains des traditionalistes, Cassolmer s’obstina à maintenir les acquis du peuple en ses terres. Ainsi, la famille Gwenfrynn accepta de collaborer étroitement avec le nouveau “Symposium des Forts”, première assemblée des barons, comtes et représentants des clans cassolmerois. Plus encore, elle en vint même à dépendre d’elle, ne devenant qu’une branche exécutive de ce conseil élargi votant les lois. En 322, le Symposium des Forts de Cassolmer fit toutefois face à un mur. Ses membres, incapables de s’entendre sur l’orientation à prendre pour le palatinat -petite noblesse éclairée ou pouvoir au peuple?, se résignèrent à voir la province tomber en guerre fratricide. Entre les chevaliers de Tarves et les miliciens des Hirondelles, des affrontements sanglants d’une violence extrême embrasèrent les landes. Au terme de ceux-ci, les partisans de la noblesse, dépassés en nombre, durent accepter de nommer leur pire ennemi, Archibald Francs-Récifs des Hirondelles, comte-protecteur de Cassolmer. Dès ce moment, le comte des Mille-Barons, André Chevignard, prit conscience qu’il ne pourrait jamais faire accepter au peuple la sagesse d’une noblesse éclairée. Le jour des Floraisons 323 à Cassel survint alors l’événement qui allait changer la destinée du palatinat : dans une pluie de pétales et de chants festifs, Maureen Gwenfrynn et sa famille furent assassinés. Initialement, on accusa l’Ordre des Hirondelles, mais les soupçons se tournèrent rapidement vers son frère Hulwyn, lui-même supporté par Chevignard. Le lendemain, Hulwyn, successeur au trône cassolmerois, prenait la place de sa soeur, conseillé par André. Abandonnant le contrôle des campagnes à la paysannerie, Chevignard et la petite noblesse de Caderyn se replièrent en Cassel. C’est à partir de là que les nobles devaient mener leur ultime projet. En 324, la peste sanglante faisant déjà des ravages dans le reste du royaume apparut massivement à Cassolmer. Dans les campagnes à l’extérieur de Cassel, alors scellée, l’épidémie s’avéra être d’une virulence extrême. Plus que partout ailleurs dans le pays, les morts se comptèrent par milliers tandis que la congrégation de la Compagnie hospitalière échouait à établir un réseau de soins adéquats. Éventuellement, une rumeur commença à circuler : et si quelqu’un finançait cette peste? Après tout, Cassel était épargnée par le mal. Rapidement, les enquêtes confirmèrent cette théorie, plusieurs individus sains tombant mystérieusement malades dans des lieux pourtant sécuritaires quelques jours plus tôt. Néanmoins, les choses en restèrent là. En 334, vivant entre Cassel et Tarves et incapable de vaincre ses adversaires, Chevignard commit l’impensable. S’alliant avec le Duché des Crânes au nord, il laissa se faire massacrer ses compatriotes en Findest aux mains des Sarrens. Cette déclaration acheva de scinder le palatinat en deux ; les derniers conciliateurs étaient morts. Lors des jours qui suivirent, des centaines de citadins de toutes les classes sociales quittèrent Cassel afin d’éviter le courroux du Céleste en se rapprochant des adorateurs des Ombres. Nul ne souhaitant retomber dans une guerre civile meurtrière, personne ne prit les armes afin de renverser cette décision. Cependant, un matin du mois de décembre, on retrouva le corps inanimé d’André Chevignard dans ses appartements personnels ; incapable de porter le poids de ses dernières actions, l’homme s’était enlevé la vie pendant la nuit. Plus tard, on suggérera que c’était lui qui, considérant la maladie comme une purge céleste, avait propagé la peste sanglante afin d’éliminer les ennemis de la lumière. Jamais il n’avait abandonné sa vision d’une noblesse éclairée aidant le peuple, même s’il s’était égaré dans ses méthodes au cours du chemin. La mort de Chevignard laissa le seigneur de Cassel Hulwyn Gwenfrynn à lui-même. Étonnamment, on réalisa alors que son défunt conseiller était peut-être ce qui l’empêchait de commettre des actes encore plus insensés. Doté d’une incapacité chronique à prendre des décisions par lui-même, l’homme se pliait quotidiennement aux suggestions des courtisans occupant la pièce sur le moment. Avec le décès de Chevignard et les assassinats massifs dans la petite noblesse de Caderyn, une nouvelle cour, comblée de gens aux intentions moins nobles, s’organisa autour du seigneur vieillissant. Ce ne furent plus les idéaux -traditionalistes ou réformistes- qui guidèrent les actions du palais de Cassel, mais les intérêts personnels des proches conseillers du pouvoir. Encouragé par l’inaction des puissants, le crime s’organisa dans la cité. Dès la fin de la guerre, après l’exode des plus pieux et vertueux citadins, la ville tomba sous la coupe des bandes de malfrats. Dans les différents quartiers, des cabales de criminels de bas-étages en vinrent à se délimiter un territoire afin de tirer profit des activités du port de Cassel. Au fil des décennies, un commerce clandestin s’organisa avec le Duché des Crânes et même la Lance d’Ardar, enrichissant massivement quelques chefs de bande au détriment des malheureux habitants ne pouvant se permettre de quitter leur misérable chaumière. Certes, des purges ont lieu de temps à autres dans les établissements mal famés, mais ceux-ci ne sont souvent que des coups d’éclat organisés par le pouvoir en place pour mettre fin à des guerres intestines dangereuses. Cassel vit dans un état de chaos perpétuel, ce qui lui offrire ironiquement une forme de stabilité. Aujourd’hui, c’est Yarin Gwenfrynn, fils de Hulwynn, qui règne sur Cassel et les environs en tant que “duc”. Du Symposium des Forts d’antan, il ne reste qu’un simulacre d’assemblée limitée à la cité elle-même et boudée des autres Cassolmerois. Autour de Yarin, aussi influençable et indécis que son père, une cour composée de truands et de nobles autoproclamés font la loi. Ces courtisans, oligarques du vice et de la corruption, constituent désormais l’essence du Symposium des Forts, rendant les réunions de cette noble assemblée similaire à des pièces de théâtre absurde. Ceux-ci tendent continuellement la main aux représentants du reste de la province, mais personne n’est dupe : aller négocier des affaires politiques à Cassel revient à s’exposer à l’humiliation ou à un assassinat au fond d’une ruelle. |
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Carte d'Ébène - Château en Tarves et Mille-Barons |
Château en Tarves et Mille-BaronsGénéralHéritage du règne controversé du prince Casimir le Sévère, demeure du malheureux André Chevignard et symbole du désespoir d’une population blessée par le choc des idées, le Château en Tarves est depuis plusieurs décennies considéré comme un lieu maudit. Ne se laissant pas abattre par de superstitieuses histoires, le Régiment de Tarves de la capitaine Estebelle Desruisseaux y a élu domicile depuis la fin de la Guerre de l’Avènement. Par des politiques zélées articulées autour de la “loi et de l’ordre”, la capitaine Desruisseaux est implacable devant le crime et se perçoit comme le dernier rempart de justice devant la criminalité crasse de l’est sarren et de Cassolmer. Pour cette raison, toute la région de Mille-Barons est organisée autour du ravitaillement de l’armée royale. GéographieEn contact avec des comtés felbourgeois (Casteval et Vallon), sarrens (Val-Horde), salvamerois (Duché des Crânes) et cassolmerois (Terre libre de Bois-Blancs), la région des Mille-Barons représente un emplacement stratégique pour poster un régiment royal. C’est à partir du Château en Tarves, au centre du territoire, que cette armée trouve ses quartiers généraux et la plupart des installations de sa capitaine Estebelle Desruisseaux. Construit il y a deux siècles à partir de pierres massives extraites du Val-Follet au nord, Château en Tarves contraste étonnamment par rapport aux autres fortifications de Cassolmer. Effectivement, ce furent les ingénieurs du prince Casimir le Sévère de Corrèse qui, les premiers, pensèrent l’architecture des lieux. Ainsi, même si ce furent par la suite des ouvriers locaux qui travaillèrent sur les chantiers, l’apparence finale de la construction relève davantage des austères et massifs bastions de l’ouest que des modestes et approximatives fortifications de Cassolmer. Au pied de ce château juché sur une motte, le hameau de Tarves vit au rythme des expéditions militaires de ses protecteurs. Forgerons, palefreniers, aubergistes et tanneurs pullulent depuis quelques années, avides de faire affaires avec les soldats en mission. Cependant, en dehors de cette particularité, rien ne caractérise réellement cette agglomération. Aucune route commerciale ne traverse la ville, tout comme aucun voyageur n’y fait halte par hasard. Sans la présence du régiment royal, Tarves retomberait tôt ou tard dans un état de pauvreté similaire à celui de plusieurs campagnes cassolmeroises. Au nord, à l’ombre du Val-Follet, la communauté de Braemar a regagné de sa vitalité depuis dix ans. Anciennement sous le contrôle du baron Alfred Chevignard, le fief avait été délaissé par les chevaliers de Chevignard à la suite d’une trahison du seigneur. Alfred avait refusé, lors de la guerre contre les Hirondelles, de mobiliser ses troupes contre l’ennemi, ce qui avait coûté la victoire aux Chevignard. À partir de ce moment, Braemar fut rayée de la liste des baronnies à protéger. Ses habitants la désertèrent graduellement tout au long du quatrième siècle pour n’y retourner que récemment lorsqu’un prospecteur découvrit dans l’une de ses mines abandonnées un filon d’argent. La nouvelle eut tôt fait de se répandre et d’attirer de nombreux marchands en quête d’une bonne affaire. Ce furent les investissements de l’Union commerciale du Sud qui permirent toutefois le réel développement du secteur. Aujourd’hui, de bonnes quantités d’argent sont extraites des sous-sols de Braemar, donnant vie à un hameau articulé autour de l’activité minière. À l’ouest, les frontières des Mille-Barons s’arrêtent au fortin d’Alford. Antérieurement une seigneurie cassolmeroise plus qu’ordinaire, Alford fut saccagé à cinq reprises par les sauvages pillards sarrens lors de la Guerre de l’Avènement. Dégoûtés de cet acharnement morbide, les endeuillés et malheureux gueux de la région quittèrent massivement, après le cinquième raid, leurs chaumières. Ce n’est qu’en 361 que la capitaine Estebelle ordonna la construction d’un fortin doublé d’une tour de guet afin de surveiller les environs. Depuis, les chevaucheurs évitent soigneusement les environs de peur de se frotter au Régiment de Tarves et de s’attirer les foudres de la Couronne. C’est plutôt vers Laure, Bois-Blancs ou Lys d’Or que se dirige désormais leur attention. Enfin, au sud, le territoire prend fin aux limites du village riverain d’Alyth. Perdue dans le labyrinthe de rivières, cette modeste communauté profite fortement de l’obstacle naturel que représente la rivière de l’Alouette. Incapables de franchir à pieds ou à dos de cheval le cours d’eau, les chevaucheurs furent traditionnellement tenus à l’écart des lieux. Cela permit aux pêcheurs et marchands d’Alyth de construire des entrepôts et d’entretenir un commerce avec les Saulnières à l’est et le Duché des Crânes. D’ailleurs, depuis l’établissement du Régiment de Tarves, la plupart des renforts et ravitaillements transitent par ce village. HistoireL’histoire de Château en Tarves et du comté des Mille-Barons qui l’héberge est intimement rattachée à celle d’un homme au destin tragique : André Chevignard. D’ecclésiastique soucieux de réconcilier la noblesse et la paysannerie de Cassolmer, il devint l’un des plus horribles meurtriers ébénois. Conscient de sa propre chute, il s’enleva la vie afin de payer sa dette au Céleste. Château en Tarves fut construit en 161 lorsque Casimir le Sévène, prince d’Ébène originaire de Corrèse, lança son entreprise de purification des moeurs en Ébène. Aux frontières des palatinats de Cassolmer, Salvamer, Sarrenhor et Laure, l’emplacement était tout indiqué afin d’ériger un bastion accueillant une compagnie de son nouveau “Bataillon des Purs”. Pendant trois ans, soit jusqu’à la mort soudaine du souverain, le chantier battit son plein et mobilisa des travailleurs de tout le nord cassolmerois. Or, après le décès de Casimir, le Bataillon des Purs fut promptement démantelé par la princesse Esther dite la Festive d’Avhor, ce qui sonna le glas du projet du Château en Tarves. Pendant une vingtaine d’années, le chantier stagna. C’est en 184 qu’une ambitieuse et ancienne famille d’Alford, à l’ouest de là, rassembla les ressources suffisantes pour reprendre la construction. Avec la permission des palatins Gwenfrynn de Cassel, la famille Chevignard put s’approprier les terres de Tarves, à la seule condition qu’elle s’engage à finaliser l’édification de la place-forte au nom des Cassolmerois. L’entreprise requérant des investissements majeurs, il fallut vingt autres années avant de voir le château s’élever au coeur du comté des Mille-Barons. À partir de cet instant, les Chevignard furent reconnus comme l’une des principales familles, aussi renommée que respectée, de Cassolmer. Pendant plus d’un siècle, les Chevignard contribuèrent à la protection des frontières occidentales du palatinat contre les incursions sarrens. Tout devait changer au quatrième siècle de l’ère royale. La misère et le peu d'ambition de la majorité des seigneurs cassolmerois déplurent toujours à André Chevignard. Peu avant la Guerre des deux Couronnes, alors que la question des Désirants -cette rébellion paysanne- commençait à se poser, il entreprit un voyage à travers le royaume afin d'étudier les finances et le commerce, domaines méconnus par les Cassolmerois. Sa route le mena à Felbourg la Cité où, s’inspirant des réalisations de la Guilde franche d’Ébène, il apprit des meilleurs et empocha des profits non-négligeables dans des entreprises risquées. Lorsque la Guerre des Désirants éclata pour de bon, André commença à s'investir de plus en plus dans la congrégation des Oblats Hospitaliers de Felbourg la Cité. Après plusieurs dons philanthropiques, il s’y épanouit tranquillement. Les horreurs de la guerre et de la pauvreté, il put les côtoyer quotidiennement. Peu à peu, il se forgea sa philosophie : la richesse d'un comté devait primer. Un comté riche était pauvre en souffrances et près du Céleste. Certes, cette vision de “l’écoulement des richesses” ne fit pas l'unanimité chez les modestes Oblats hospitaliers. Pour lui, un seigneur puissant et riche était le meilleur moyen d'améliorer le sort des serfs qu'il possédait. Après la guerre, André regagna ses terres en Cassolmer. En moyens et détenteur d’un enviable réseau de contacts dans les beffrois du royaume, il n’eut aucun mal à obtenir le titre de baron de Tarves. Dès cet instant, par la foi, l’économie et la politique, il entreprit de réformer son palatinat natal. Avec sa femme Adèle et ses proches parents Alfred, Catherine et Armagnac, il restructura le comté et devint le porte-parole d’une “bienveillante noblesse” en Cassolmer. Graduellement, il entendit son influence jusqu’à Cassel afin d’affaiblir le règne de Maureen Gwenfrynn, palatine sympathique aux anciens Désirants qu’il jugeait indigne de son titre. Toutefois, ses multiples projets devaient rapidement attirer l’attention de l’Ordre des Hirondelles, héritière des idéaux populaires. En 322, le Symposium des Forts de Cassolmer fit face à un mur. Ses membres, incapables de s’entendre sur l’orientation à prendre pour le palatinat -petite noblesse éclairée ou pouvoir au peuple?, se résignèrent à voir la province tomber en guerre fratricide. Entre les chevaliers de Tarves et les miliciens des Hirondelles, des affrontements sanglants d’une violence extrême embrasèrent les landes. Au terme de ceux-ci, les partisans de la noblesse de Chevignard, dépassés en nombre, durent accepter de nommer leur pire ennemi, Archibald Francs-Récifs des Hirondelles, comte-protecteur de Cassolmer. Ce fut pour André le début de la fin. Dès ce moment, le désormais comte des Mille-Barons prit conscience qu’il ne pourrait jamais faire accepter au peuple aveuglé la sagesse d’une noblesse éclairée. Le jour des Floraisons 323 à Cassel survint alors l’événement qui allait changer la destinée du palatinat : dans une pluie de pétales et de chants festifs, Maureen Gwenfrynn et sa famille furent assassinés. Initialement, on accusa l’Ordre des Hirondelles, mais les soupçons se tournèrent rapidement vers son frère Hulwyn, lui-même supporté par Chevignard. Le lendemain, Hulwyn, successeur au trône cassolmerois, prenait la place de sa soeur, conseillé d’André. Abandonnant le contrôle des campagnes à la paysannerie, Chevignard et la petite noblesse se replièrent en Cassel. C’est à partir de là que le comte des Mille-Barons devait mener son ultime projet. En 324, la peste sanglante faisant déjà des ravages dans le reste du royaume apparut massivement à Cassolmer. Dans les campagnes à l’extérieur de Cassel, alors scellée, l’épidémie s’avéra être d’une virulence extrême. Plus que partout ailleurs dans le pays, les morts se comptèrent par milliers tandis que la congrégation de la Compagnie hospitalière échouait à établir un réseau de soins adéquats. Éventuellement, une rumeur commença à circuler : et si quelqu’un finançait cette peste? Après tout, Cassel était épargnée par le mal. Rapidement, les enquêtes confirmèrent cette théorie, plusieurs individus sains tombant mystérieusement malades dans des lieux pourtant sécuritaires quelques jours plus tôt. Néanmoins, les choses en restèrent là. En 334, vivant entre Cassel et Tarves et incapable de vaincre ses adversaires, Chevignard commit l’impensable. S’alliant avec le Duché des Crânes au nord, il laissa se faire massacrer ses compatriotes en Findest aux mains des Sarrens. Cette déclaration acheva de scinder le palatinat en deux ; les derniers conciliateurs étaient morts. Lors des jours qui suivirent, des centaines de citadins de toutes les classes sociales quittèrent Cassel afin d’éviter le courroux du Céleste en se rapprochant des adorateurs des Ombres. Nul ne souhaitant retomber dans une guerre civile meurtrière, personne ne prit les armes afin de renverser cette décision. Cependant, un matin du mois de décembre, on retrouva le corps inanimé d’André Chevignard dans ses appartements personnels ; incapable de porter le poids de ses dernières actions, l’homme s’était enlevé la vie pendant la nuit. Plus tard, on suggérera que c’était lui qui, considérant la maladie comme une purge céleste, avait propagé la peste sanglante afin d’éliminer les ennemis de la lumière. Jamais il n’avait abandonné sa vision d’une noblesse éclairée aidant le peuple, même s’il s’était égaré dans ses méthodes au cours du chemin. Le suicide d’André Chevignard fut un plaidoyer de culpabilité aux yeux de nombreux Cassolmerois. Quelques mois plus tard, une foule vengeresse se présenta aux portes du Château en Tarves afin de réclamer des comptes. Ernold DuTremble dit le Fort, ami d’André malgré ses incartades et héros du peuple, fut lui-même pris à partie par l’émeute. Les insurgés pénétrèrent dans le château, le pillèrent sauvagement et l’incendièrent partiellement. Jusqu’à la fin de la guerre, personne ne devait tenter de restaurer l’ordre dans la région. C’est en 346 que le Monarque, désireux de contenir l’instabilité des Mille-Barons, dépêcha sur place un contingent d’un millier de soldats monarchistes menés par une jeune capitaine prometteuse et ancienne Vestale, Estebelle Desruisseaux. Établissant leurs quartiers dans le Château en Tarves, considéré comme “maudit” par bien des locaux, les guerriers entreprirent de faire le ménage dans la région. Avec une froideur étonnante, la jeune Desruisseaux exécuta dans le premier mois cent brigands ou sympathisants des criminels. Néanmoins, cette fermeté face au crime était compensée par un sens de la justice aigüe par rapport aux nobles âmes. Ceux qui servaient le Monarque dignement et honorable méritaient protection et remerciements. Quant aux autres, ils pouvaient bien pourrir dans une fosse commune. Protéger les innocents et châtier les mécréants ; telle était sa devise. En 352, Estebelle Desruissaux fut l’une des premières militaires du Monarque à se voir confié le commandement d’un régiment royal officiel. Stationné dans le Château en Tarves et gardant un oeil sur les pillards de Findest et Ferres de même que sur les malfrats de Cassolmer, le Régiment de Tarves est l’un des plus actifs du pays. Encore aujourd’hui, la respectée -mais crainte- capitaine Desruissaux pourchasse tous ceux qui déshonorent, de près ou de loin, les décrets royaux. Sa cavalerie légère, équipée d’armures légères et de chevaux rapides, est spécialement formée afin d’intercepter les attaques sournoises des malfrats, souvent découvertes à la dernière minute. Si un bailli -Guerar DuTremble- veille théoriquement à la gestion des environs du château et de l’ancien comté des Mille-Barons et qu’un chapitre de la Foi y mène des enquêtes comme partout ailleurs, tous s’accordent pour reconnaître que ce sont les militaires font la loi dans la région. Ainsi, ironiquement, après deux siècles d’errance, le Château en Tarves a repris le rôle qui lui était destiné dès sa construction : celui de bastion de la loi et de l’ordre. |
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Carte d'Ébène - Dépendance de Peyguevan |
Dépendance de PeyguevanGénéralArticulée autour d’un petit village côtier depuis 321 à la suite d’une annexion pacifique surprise, la Dépendance coloniale de Peyguevan s’est avérée être un investissement profitable pour la Pieuvre Rouge et le Duché des Crânes. Située au bord de la Baie des Crânes, la petite bourgade est devenue au fil du temps et des investissements une ville florissante. Toujours près de la colline fournissant la drogue connue sous le nom de “miel de médérice”, la récolte du précieux produit unique en Ébène fait les choux gras des locaux. Plus généralement, la Dépendance s’étend jusqu’aux hameaux de Bois-Blanc et de Chêne Blanc, au sud, à la limite des terres de l’Académie populaire en Findest. C’est la Gouverneure nommée par le Duc des Crânes, Scarletin de Fern, qui veille à faire le lien entre la colonie commerciale et les seigneurs des Crânes. Bien qu’elle ne soit ni comtesse, ni capitaine, la Gouverneure Pénéloppe d’Ambroise est une femme d’affaire ayant hérité des talents commerciaux de son père Isidore Renault. La culture qui domine au sein de la Pieuvre Rouge -celle d’un équipage corsaire- règne aussi dans la Dépendance. Effectivement, répondant aux décisions de Dame d’Ambroise, un conseil d’anciens colons se réunit régulièrement et offre ses lumières à la Gouverneure. GéographieSituée au nord-ouest de Cassel, l’ancien comté d’Alwyrth était traditionnellement constitué de quelques baronnies cassolmeroises. Toutefois, en 321, la comtesse des Émeraudes salvameroises Carolyn Lucini énonça sa volonté claire de placer sous son joug l’entièreté des terres jouxtant la Baie des Crânes. Peu après, le territoire passait à Salvamer pour finalement se détacher en 323 et devenir la dépendance coloniale qu’elle est aujourd’hui. Recouverte en majeure partie du Fier-Bois à l’est qui servit grandement à soutenir le développement de la ville qu’est devenue Peyguevan, la dépendance abrite l’une des collines les plus abruptes de l’est du pays, la Colline-aux-fleurs. Sur cette colline esseulée, près de la rive de la Baie des Crânes et dans le nord du Fier-bois, se tient plusieurs colonies d’abeilles d’une espèce bien particulière. Cette race d’abeilles unique ne butine que la fleur que l’on nomme “Médérice”. Belle fleur aux pétales noirs, elle est unique et indigène à cette colline. Pour une raison que l’on ignore, cette dernière, utilisée par les apothicaires et les alchimistes de tous temps, est aussi le seul moyen de subsistance de cet insecte qui en tire son miel. Poussant sous le couvert de la forêt, la médérice est unique en son genre comme en témoigne sa couleur aussi sombre que l’ébène. Sur le flanc de cette même colline se tient une massive falaise de roc. Au sommet de celle-ci, des alcôves abritent ces immenses ruches qui fournissent à la communauté locale ce miel d’une qualité incroyable, mais aussi, dit-on, aux fonctions curatives nombreuses. On dit que d’en consommer garantit une longue vie paisible...et que d’en abuser résulterait en une vie de tourments et de cauchemars, bien que ce ne soit probablement qu’une rumeur propagée par les commères du coin. On attribue publiquement la pratique de fumer ce miel aux gens rejetés du village de Peyguevan de l’époque; druides, alchimistes et sorcières s’approprieraient souvent cette fleur et le miel de ces abeilles pour leurs travaux. Les locaux ont développé une véritable expertise pour la récolte de ce miel dans les hauteurs de la falaise. De la corde bien solide et un mécanisme élaboré permettent à plusieurs jeunes audacieux d’aller récupérer la substance en question. Celle-ci est, pour la plupart de sa production, consommée comme du miel normal. Toutefois, une fois raffinée et travaillée, celle-ci prend une forme prisée des consommateurs d’Ébène. Gommante, noire comme le jais et à l’odeur mélangeant la fleur et le miel, cette drogue procure un bien-être immédiat à la personne qui la fume en plus de soulager les maux de tête et de procurer un effet relaxant. Pouvant être roulée en boule et coupé facilement, ce miel est plus consistant que le miel habituel ; on peut le manipuler avec ses mains sans problème. Son commerce fut popularisé par la flotte commerciale de la Pieuvre Rouge installée à Cornilles-sur-les-Crânes et au port marchand d’Ocrebutte, le Duché étant désormais l’unique source d’approvisionnement de ce produit qui, bien qu’il soit considéré comme une drogue, est davantage accepté dans les moeurs que l’opium ou la fleur-de-jade. Toutefois, le miel de médérice peut aussi jouer un rôle important dans le cadre de la production de certains remèdes. Ce sont ces propriétés particulières qui causèrent l’émoi en 379 lorsque débarquèrent les collecteurs royaux venant, au nom de la Couronne, saisir les réserves du précieux produit à la suite d’une pénurie dans la capitale. Cet événement suscita de vives tensions entre les producteurs de Peyguevan, désormais incapables de respecter leurs engagements envers leur clientèle première, et la Couronne. En raison de l’accroissement de l’importance stratégique de la communauté de Peyguevan, le sud de la Dépendance a perdu en influence au cours des cinquantes dernières années. Les hameaux de Bois-Blanc et de Chêne Blanc, tous les deux articulés autour de l’exploitation forestière et de l’élevage, devinrent pour ainsi dire de simples pourvoyeurs de Peyguevan. Les arbres qui y poussent étant souvent trop frêles pour la construction navale et le bétail plutôt maigre, leurs productions ne sont pas dignes de l’exportation. Tous oeuvrent donc de pair afin de permettre la rentable récolte de miel au nord. HistoireTraditionnellement composé des baronnies de Chêne-blanc, Bois-Blanc (à ne pas confondre avec Bois-BlancS à l’ouest de là) et de la communauté Peyguevan en elle-même, la Dépendance de Peyguevan a été acquise par le comté d’Émeraude en 322 à la suite de l’annexion pacifique des lieux par le capitaine Isidore Renault. L’homme ayant toujours été diplomate et cordial envers Cassolmer et la famille Dubois, connue dans la région et faisant elle-même partie de l’équipage de la Pieuvre Rouge en Salvamer, l’endroit est devenu propriété du Duché des Crânes. Depuis, aucune tentative de reconquête de la part d’autres Cassolmerois n’a été notée. Avant l’intégration de Peyguevan et des environs au Duché des Crânes, l’endroit était connu sous le nom du comté d’Alwyrth. Porte d’entrée terrestre de la ville de Cassel, ces étendues de champs cultivables et de forêts touffues représentaient ce que Cassolmer avait de mieux à offrir en matière de ressources naturelles. Jusqu’en 315, ce fut la famille Alwyrth qui régna sur ce comté en assurant humblement la prospérité des différents hameaux du territoire. Toutefois, peu avant la Guerre des deux Couronnes, la dernière représentante de ce clan, Béatrice Alwyrth, fut sauvagement assassinée par les Contrebandiers des Écores en raison de ses positions fermes contre ces criminels. Au lendemain de l’effondrement des Alwyrth, le comté plongea dans l’incertitude. Certes, plusieurs anciens clans auraient eu la légitimité de prendre leur place, mais personne ne souhaitait devenir la nouvelle cible des puissants contrebandiers. Les hameaux se replièrent donc sur eux-mêmes, se contentant de brèves interactions de convenance. C’est bien évidemment Peyguevan, au nord, qui tira le mieux son épingle du jeu. Grâce à l’exploitation du précieux miel de médérice, la communauté s’éleva au-dessus de la moyenne des fiefs cassolmerois. Seule ombre au tableau, la montée de la Fleur-de-jade -drogue originaire d’Ardaros causant une dangereuse dépendance- avant la Guerre des deux Couronnes entraîna un raffermissement des lois contre tout ce qui pouvait s’apparenter, de près ou de loin, à de la drogue obligea les négociants de la région à faire profil bas. Pris entre les décrets princiers et les ambitions insatiables des Contrebandiers des Écores, ils durent ménager la chèvre et le chou. En 322, les tensions montantes entre l’Ordre des Hirondelles (réformiste et favorable au peuple) et les partisans de la petite noblesse en Cassolmer fit d’Alwyrth un champ de bataille politique. Hirondelles au sud, sympathisants du Duché des Crânes au nord, forces nobles à l’ouest, on craignit pendant plusieurs mois que le comté soit la scène d’un affrontement sanglant. Pourtant, il n’en fut rien. Grâce à la diplomatie (et par le concours d’événements d’ampleur nationale), les milices populaires se replièrent en Caderyn tandis que les nobles se concentrèrent sur Cassel et la famille Gwenfrynn. Au déclenchement de la Guerre de l’Avènement, cela laissa le champ libre au Duché des Crânes pour déclarer ce que tous savaient déjà : Peyguevan et la moitié nord d’Alwyrth étaient sous son contrôle. Lors des années qui suivirent, la soumission de la région au Duché des Crânes entraîna les foudres à la fois des Républicains et des Monarchistes. En 333, Peyguevan fut l’unique point de résistance d’une attaque surprise des armées républicaines de la Ligue des Mérillons. Effectivement, depuis 331 et les luttes sanglantes à Coeur-de-Sel dans les Saulnières, à Salvamer, la Ligue des Mérillons tentait ardemment de briser la stagnation de leurs armées dans les marécages. Il vint donc à l’esprit des généraux de Salvar de contourner subtilement la Baie des Crânes afin de débarquer au sud du Duché, dans les forêts d’Alwyrth. En cas de réussite du plan, les défenseurs des marais se retrouveraient pris en étau. Or, lorsque la colonne de soldats furtifs arriva en vue de la Colline-aux-Fleurs à Peyguevan, elle fut accueillie par une pluie de flèches. Dans les hauteurs de la montagne, une poignée d’archers cassolmerois s’étaient retranchés, tenant en échec l’avancée rapide des Salvamerois et menaçant leurs flancs. À quatre reprises, les envahisseurs tentèrent de prendre d’assaut la colline, mais, malgré leur supériorité numérique, jamais ils ne purent déloger les quelques protecteurs embusqués. Au terme du quatrième jour de siège, il devint évident qu’ils avaient perdu tout effet de surprise et ne pourraient mener leur plan à terme. Sous les acclamations des Cassolmerois, l’ennemi se volatilisa dans les forêts d’où il était venu. Tout au long de ces conflits militaires, Peyguevan n’a jamais cessé de produire le miel de médérice et, donc, la flotte commerciale de la Pieuvre Rouge, défendue par une flotte de corsaires redoutables, ne manqua pas de faire fructifier ce commerce unique. Dès 334, au lendemain de la Bataille de la Colline-aux-Fleurs, on ordonna la construction de remparts autour du prospère fief. À celui-ci se greffa après la guerre un faubourg. Le laxisme du nouveau Monarque par rapport à la production et à la vente de drogues dans le royaume fut une aubaine pour les récolteurs de Peyguevan qui virent leurs profits augmenter considérablement dans les décennies qui suivirent. En 378, c’est Alfredo Zocchi et Narcisse Renault qui assurent l’intendance de la Dépendance de Peyguevan et, à plus forte raison, du nord de l’ancien comté d’Alwyrth. Tandis que Zocchi veille à la gestion interne de la région (production de miel, flux de trésorerie, doléances populaires, etc.), Renault coordonne l’exportation des productions locales, accompagne les flottilles marchandes prenant la mer vers le nord et entretient les relations diplomatiques avec l’étranger. La Dépendance dispose donc d’une certaine autonomie par rapport au Duché des Crânes, mais pour toute décision structurante elle doit nécessairement obtenir l’accord des autorités de Salvamer. Sans oublier, bien sûr, les taxes et impôts qu’elle paie mensuellement afin d’obtenir la protection ducale. C’est Pénéloppe d’Ambroise, Gouverneure spécialement nommée par le duc Scarletin de Fern, qui veille à faire le lien entre ses intendants et la noblesse d’Ocrebutte. |
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Carte d'Ébène - Francs-Récifs et Elfeand |
Francs-Récifs et ElfeandGénéralAu large des côtes cassolmeroises se dresse la série d’îles rocailleuses et inhospitalières d’Elfeand. Havre de paix des exilés ébénois au cours de l’Histoire, l’archipel est aujourd’hui habité par un peuple farouche, solidaire et refermé sur lui-même. À partir de Francs-Récifs, Julian Grand-Tempête, vénérable octogénaire à l’esprit acéré, veille à préserver l’intégrité de son peuple tout en gardant un oeil distant sur les événements du continent. Effectivement, même si les insulaires méprisent en général les tractations ébénoises, ils n’ont d’autres choix que de se tenir informés des aléas des politiques étrangères. Non seulement cela leur permet-il de rester concordance avec la Foi célésienne qu’ils honorent scrupuleusement en tant qu’héritiers du martyr et Témoin Jonas Tyssère, mais aussi de demeurer à l’affût des offensives prévues contre leurs propres pirates sillonnant la Vaste-Mer. GéographieSuite d’îles inhospitalières à la limite orientale du royaume, l’archipel des Îles d’Elfeand est reconnu pour ses falaises escarpées, rappelant celles de la partie continentale de Cassolmer, et ses récifs traîtres parsemant la mer environnante. Isolée du reste du continent par les eaux tumultueuses qui tiennent à l’écart les embarcations des marins téméraires, la région a su développer au fil des siècles un mode de vie unique dans le royaume d’Ébène. Bourrus envers les curieux mais solidaires en leurs villages, aventuriers des mers mais traditionnels dans leurs ambitions, les insulaires se considèrent pratiquement comme un peuple à part du royaume. Les problèmes des continentaux sont rarement les leurs et ils aiment bien tirer profit des malheurs des élites ébénoises qui les toisent de haut depuis longtemps. Le vent gorgé d’embrun salé provenant du large souffle toujours sur la capitale des Îles, la bourgade de Francs-Récifs, située sur une des plus petites îles de la partie sud-est de l’archipel. D’aussi loin que la mémoire peut le recenser, Francs-Récifs a servi de point d’ancrage aux marins sillonnant la Vaste-Mer dans la région. Dans ce havre de repos permettant aux pêcheurs et aventuriers d’échapper temporairement aux dangers du large, les familles qui y résident trouvent refuge dans de vastes maisons longues construites à l’aide des rares arbres de l’archipel. Cette promiscuité permet quotidiennement aux habitants de l’endroit de partager un sort commun ; si l’un d’entre eux connaît la misère, tous les autres en pâtiront. Cette réalité n’est probablement pas étrangère à l’accueil favorable que reçut la doctrine des Hirondelles -ces religieux égalitaristes- en ces terres. Peu de végétation est en mesure de survivre sur les pics rocheux jaillissant de la Vaste-Mer et, outre les lichens et autres mousses rampantes subsistant sur les roches humides, quelques buissons percent ici et là les plateaux inhabités. L’exemple le plus flagrant de cette sublime austérité se situe à quelques lieues au nord de Francs-Récifs, dans la crique de la Berge cristalline. Occupée essentiellement par les albatros et les phoques, l’eau y est étonnamment pure et translucide. Pour les quelques résidents de l’endroit, seules les entreprises de piraterie permettent de survivre en l’absence de verdure. Certes, ceux-ci pourraient faire le commerce du phoque et de ses produits dérivés, mais, en raison d’une tradition ancestrale, ils refusent de procéder à la chasse de ces animaux. Ces redoutables pirates aussi insaisissables qu’impitoyables n’ont donc guère d’autres choix que de mener à bien des assauts violents pour survivre. Finalement, l’agriculture est fort limitée partout sur les Îles, le sol étant pauvre et stérile. Surtout sur l’île de la Blizonnière à proximité du continent, quelques troupeaux de bétails (boeufs et chèvres) complètent néanmoins l’économie des insulaires, dont la pitance repose en majeure partie sur les pêcheries. HistoireLes Îles d’Elfeand furent habitées temporairement par des pêcheurs depuis aussi longtemps que l’histoire connue le rapporte. L’origine des établissements permanents remonte toutefois à l’époque du Sang’Noir, où de nombreux habitants du continent préférèrent prendre le large vers des îles inconnues plutôt que de subir la Mort Noire qui ravageait le continent. La distance entre les côtes du continent et les îles gardèrent celles-ci relativement intouchées par la maladie qui purgea une grande portion de la population ébénoise. Isolés des événements du monde par plusieurs kilomètres de bras de mer inhospitalier, les insulaires n’eurent connaissance de l’avènement du Roi-Prophète que plusieurs années après celle-ci, à travers l’invasion du nouveau palatinat de Salvamer qui, pendant des années, oeuvra à moderniser cette colonie nouvellement célésienne. La transition des anciennes traditions vers la nouvelle religion ne fut pas sans heurt et la population des îles perçut le Céleste nouvellement arrivé comme un Dieu vengeur et cruel, craignant beaucoup plus son courroux que lui portant une adoration aveugle. Plusieurs années après la colonisation par les Salvamerois, les Cassolmerois du continent reprirent contact avec leurs lointains cousins des îles, à la suite de l’affaiblissement du contrôle salvamerois dans la région. Constatant que leurs frères de sang étaient pris en esclavage par des maîtres cruels qui ne voulaient que renforcer leur position militaire stratégique sur la Vaste-Mer, les continentaux débutèrent une contre-offensive de libération qui dura quelques années. Usant de tactiques de guérilla, les insulaires finirent par se libérer des envahisseurs en l’an 33 de notre ère. Profitant des installations militaires, des embarcations et des armes laissées par les Salvamerois, les habitants d’Elfeand se constituèrent en solides défenseurs des côtes de Cassolmer. Leur caractère rustre et isolationniste ne firent toutefois pas d’eux une destination commerciale de choix, mais tous respectaient leur force et leur ténacité. Lors de la Guerre des Deux Couronnes, Elfeand se tint aux côtés de Cassolmer et de la princesse Isabelle Delorme, accueillant les derniers vestiges des Désirants, prenant désormais le nom d’Hirondelles en l’honneur du martyr Jonas Tyssère, une fois que la guerre fut terminée. C’est en 321, à la suite de l'ascension de la princesse Théodoria au trône d’Ébène, que les Îles brisèrent leur isolationnisme traditionnel face à la politique du royaume. Craignant pour leur mode de vie, ils envoyèrent trois représentants au palais princier : Madeleine Jolicoeur, Catherine Dusablon et le comte Archibald Francs-Récifs. La suite des choses est histoire connue. La division de Cassolmer entre tradition et modernité, les guerres intestines et finalement la scission entre suivants des Hirondelles et ceux de la petites noblesse à la suite de la mort de Maureen Gwenfrynn forcèrent une violente réclusion d’Elfeand. Après le retour de Madeleine Jolicoeur et d’Aideen Francs-Récifs de la dernière convocation au palais princier en 323, les îles vécurent un profond retour à leur fermeture traditionnelle. Les insulaires, fiers de leur patrie et de leur croyances, prirent comme un affront impardonnable que le nouveau palatin Hulwyn Gwenfrynn déclare les Hirondelles comme indésirables sur les terres continentales de Cassolmer. S’en suivit un exode massif des partisans des Hirondelles du continent qui prirent la mer vers l’archipel, tels les premiers colons d’il y a plusieurs siècles, fuyant la mort et la répression. Enragée par la mort de son père Archibald et par la trahison de son frère Bowdyn qui préféra suivre le nouveau Guérisseur couronné dans sa folie meurtrière, Aideen Francs-Récifs s’affaira à constituer une flotte massive afin de couper Elfeand du reste du royaume. Pendant les quelques années qui suivirent, tous les navires approchant des côtes insulaires sans y être invités ou attendus furent prestement pillés et coulés ou engagés de force dans la marine clandestine des îles. Sur la terre ferme, cette manoeuvre ne causa que peu de remous, Hulwyn n’ayant de toute façon pas les moyens de faire quoi que ce soit pour mater le comté récalcitrant. Après la mort d’Aideen en 334 lors d’une bataille contre la marine du duché des Crânes, c’est son jeune bras droit et amant, Julian Grand-Tempête, alors âgé d’une vingtaine d’années, qui reprit les rênes de la flotte d’Elfeand. Poursuivant le projet de sa défunte compagne, il poussa la flotte de plus en plus loin dans les eaux de la Vaste-Mer, remontant jusque sur les côtes du Duché des Crânes et vers la Lance d’Ardar afin d’effectuer pillages et raids sur les établissements côtiers. Durant les années suivant le traité entre Hulwyn et le Duché des Crânes, les reliques du Témoin en devenir Jonas Tyssère furent déplacées des îles du nord, menacées par les armées des Crânes, vers la capitale des Îles d’Elfeand, Francs-Récifs. Un impressionnant beffroi fut érigé sur le bord de la plus haute falaise de l’île, en retrait de la capitale, afin de contenir les derniers vestiges connus du père des Hirondelles. À son sommet, un bûcher y brûle encore aujourd’hui sans cesse, afin de guider les navires dans les ténèbres, faisant du Beffroi du Martyr autant un phare métaphorique pour les âmes perdues que pour les marins en mer. C’est en 355, après la reconnaissance de Jonas Tyssère comme Témoin du Céleste, que la première délégation extérieure au comté mit les pieds dans la capitale insulaire depuis la fermeture d’Elfeand en 323. Un contingent de religieux mené par Madeleine Jolicoeur, depuis longtemps en pèlerinage à travers Ébène, apporta une copie du Témoignage de l’Humilité afin de le joindre aux reliques du Témoin Tyssère dans le Beffroi du Martyr. Depuis, les tensions avec l’extérieur sont toujours fortes en Elfeand, mais, à chaque année, un pèlerinage s’effectue de la côte du Val-de-Ciel jusqu’en Francs-Récifs, où les pieux qui souhaitent rendre hommage au Témoin Tyssère sont les bienvenus. Au fils des nombreuses années, un hameau s’est constitué autour du beffroi et, désormais, Pointe-Martyr-des-Hirondelles est un endroit reconnu aux quatre coins d’Ébène pour sa piété. |
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Carte d'Ébène - Terre libre de Bois-Blancs |
Terre libre de Bois-BlancsGénéralPrise à Cassolmer en 334 par des chevaucheurs sarrens ayant adhéré aux préceptes des révolutionnaires de l’Ordre des Hirondelles, la Terre libre de Bois-Blancs est un amalgame incertain, mais efficace, des cultures sarrens et cassolmeroises. Autour du prospère hameau de bûcherons et ouvriers de Bois-Blancs, des chevaucheurs adeptes de pillages se rassemblent ponctuellement afin de lancer des raids sur les régions voisines, voire sur les palatinats environnants. Si les habitants de la Terre libre apprécient de se qualifier de “bons pillards” en raison de leurs tendances semi-nomades et leur dédain des massacres sauvages, ils sont pour leurs victimes des voleurs comme les autres. C’est Akila dit le Tigre, ancienne garde du corps de la grande chevaucheuse sarren Vera dit le Carcajou, qui coordonne par la seule puissance de sa réputation les factions divergentes de la région. Ce n’est que grâce à cette cavalière vieillissante que la Terre libre demeure harmonieuse et échappe aux débordements caractéristiques des hordes de pillards des steppes. GéographieLa Terre libre de Bois-Blancs est située au nord du comté historique de Findest et fait partie du plateau cassolmerois qui descend doucement vers les steppes orientales du Sarrenhor. Au fil des ans, de nombreuses routes et postes de ravitaillement y ont été aménagés afin de supporter l’industrie forestière florissante qui y prospère depuis le début du quatrième siècle. Cela en fait le passage le plus facile entre les deux palatinats, surtout pour les déplacements de troupes, plus complexes dans les zones marécageuses des Mille Barons, au nord, et dans les collines peu développées d’Alwyrth et de Caderyn, au sud. Trois régions caractérisent la Terre libre. Tout d’abord, au nord-est débutent les milieux humides qui donnent naissance, plus loin dans les terres salvameroises, aux Saulnières. Ces marécages, historiquement délaissés par les autorités régionales, sont encore dédaignés par les habitants locaux. Les rares individus qui osent y résider et en exploiter les ressources sont surnommés les “Têtes-Sèches”, en référence à l’unique appendice de leur corps susceptible de rester sec dans les marais. Cela dit, depuis la formation du duché des Crânes au nord-est, les Têtes-Sèches ont commencé à entretenir des relations commerciales avec leurs voisins. Si les échanges de sel et de produits de la mer constituent l’essentiel de leurs négoce, les mauvaises langues suggèrent que les marécages des Têtes-Sèches seraient idéaux pour transiger des marchandises clandestines et illégales comme le miel de médérice. Vraie ou fausse, cette rumeur n’a encore trouvé aucune confirmation, personne ne souhaitant réellement mener l’enquête dans cette région. Par la suite, un peu partout au nord et à l’ouest de la communauté principale de Bois-Blancs, des étendues sylvestres clairsemées donnent son nom à la Terre libre. Loin d’égaler en majestuosité la forêt d’Ébène corrésienne, les bosquets cassolmerois représentent néanmoins un point d’approvisionnement idéal pour les forestiers. Que ce soit par les boulots -hautement malléables et à l’écorce prisée des scribes moins nantis- ou les autres feuillus, les forêts alimentent les camps et ateliers d’ébénisterie de Bois-Blancs. Ce hameau ouvrier est d’ailleurs unique en son genre sur le sol cassolmerois. Autour de la ville privée de fortifications et formée de chaumières permanentes, un faubourg de tentes appartenant aux cavaliers sarrens se forme et se dissout au gré des pillages et des intempéries. Ces centaines de chevaucheurs vont et viennent, vendant aux habitants locaux leurs butins en échange de la promesse de protection et de services d’ébénistes, forgerons et autres artisans. Cette bonne entente, bien que précaire, dure depuis des décennies grâce au respect que tous portent envers Akila dit le Tigre, intendante des lieux d’origine sarren. Finalement, au sud de Bois-Blancs se profilent les collines d’Ornegueil trouvant leurs limites sur la branche nord de la rivières aux Alleux. Réputées comme hantées par les populations locales, ces jardins de tertres naturels ou artificiels sont entièrement vierges de colonisation et utilisés comme pâturages incertains pour les éleveurs de moutons et de boeufs à proximité. Selon les légendes, d’innombrables corps auraient été ensevelis sous la surface de ces collines lors de l’époque de l’Avant. Tous ceux qui auraient tenté de s’y établir au fil de l’histoire auraient disparu subitement ou fui la région sans demander leurs restes. Des apparitions spectrales aux grondements sourds faisant vibrer les sols en pleine nuit, chaque Cassolmerois de Bois-Blancs peut offrir un témoignage de phénomènes surnaturels près d’Ornegueil. HistoireLe fief de Bois-Blancs regorge des grands arbres utilisés dans les ouvrages de charpenterie de l’est du pays. Autrefois exploitée par quelques modestes familles seulement, la région fut confiée en 297 par les Gwenfryn de Cassel à la famille Blanchêne afin d’y développer des camps de bûcherons et ateliers qui permettraient à Cassolmer d’exporter ce bois vers les palatinats voisins. En 308, l’industrie forestière du fief était si lucrative qu’un dénommé Gilbert Blanchêne reçut officiellement le titre de baron de Bois-Blancs. À son décès en 311, c’est son fils aîné, Constant, qui hérita de l’entreprise familiale après que l’aînée de la famille, Patience, ait refusé les fonctions. Lors de la Guerre des deux Couronnes, Constant salit toutefois le nom de la famille en trahissant le martyr Jonas Tyssère et ses acolytes révolutionnaires des Désirants, tous fort respectés en Cassolmer. Le commerce local en pâtit, mais l’exportation ne diminua pas pour autant, les forces de la félone princesse Isabelle se montrant d’excellents clientes. Ainsi, pendant que le baron Blanchêne vivait en exil au palais d’Yr sous la protection du prince Élémas IV, ses intendants sauvaient les meubles en maintenant leurs bonnes relations avec leurs voisins. Lors de cette période, de 316 à 321, c’est Patience Blanchêne qui prit donc les rênes du fief. Après avoir épousé la Lauroise Colombe Sanspitié en 319, Constant devint comte de Bleu-Comté, en Laure, et fit de plusieurs membres de la famille Sanspitié ses vassaux. C’est en 321 qu’il revint en Findest et qu’il reprit le contrôle de Bois-Blancs en même temps qu’il plaçait plusieurs Sanspitié à la tête des fiefs environnants. Il devint de ce fait comte de Findest et ce double titre de comte controversé causa bien des interrogations, tant en Laure qu’en Cassolmer. Néanmoins, en 322, l’homme mit fin au suspens et annonça qu’il était un comte cassolmerois et que Bleu Comté était officiellement annexé à Cassolmer. Ceci réduisit les tensions à l’intérieur du Symposium des Forts de Cassolmer, surtout auprès du comte de Mille Baron, André Chevignard et de sa famille. Toutefois, de nouveau, il fut perçu par ses anciens alliés de Laure comme un félon à la cause du coeur du royaume. Lors de l’avènement du Guérisseur couronné sur le trône d’Yr et la retraite des supporteurs d’Élémas V en Gué-du-Roi, les forces comtales de Findest se replièrent en leurs retranchements. Leur objectif était d’agir à titre de contre-pouvoir face au nouveau palatin de Cassolmer, Hulwynn Gwenfrynn ayant usurpé la place de feu sa soeur, Maureen, assassinée en Cassel lors des Floraisons de 323. Contrairement à cette dernière, Hulwynn était hostile à l’Ordre des Hirondelles -organisation révolutionnaire luttant au nom du peuple- que le comte Blanchêne venait d’appuyer publiquement. Non seulement dirigeait-il les forces militaires de Cassel, mais il avait aussi le support en apparence inconditionnel du comte André Chevignard qui avait pris le contrôle de plusieurs fiefs en Cassolmer au cours des derniers mois. Afin de supporter les luttes à venir, Findest accueillit donc l’Académie militaire des Hirondelles, projet initié par Archibald Franc-Récif des Îles d’Elfeand, mais reprit en main par Blanchêne à la suite de la mort du vieux Cassolmerois. Plusieurs affirment que le comte Blanchêne s’est emparé de l’initiative en profitant de la fragilité de Madeleine Jolicoeur, comparse du vieil Archibald atterrée par le trépas de son concitoyen. À l’origine, l’Académie devait se trouver sur les Îles, mais l’institution fut finalement exclusivement centralisée en Bois-Blancs. Quelques mois plus tard, la région fut durement frappée par l’épidémie de Peste Rouge. Les temples de la congrégation de la Compagnie Hospitalière, majoritaire dans cette zone du palatinat, furent transformées en zones de quarantaine où étaient prodigués des soins sommaires aux affligés. Avant la fin de l’épidémie, Constant perdit son frère Ézéchiel et ses deux soeurs, Patience et Félicité. Le comte, loin d’être seul dans cette situation, devint amer et intransigeant. Pendant près de dix ans, une stagnation politique s’installa dans le palatinat. Les forces combinées des Hirondelles, de Constant Blanchêne, du comte de Casteval François Lebouthiller et la menace d’une aide provenant des Sanspitié de Laure firent équilibre aux forces de Cassel, des Chevignard de Mille Barons et de leurs alliés salvamerois du duché des Crânes. C’est en 334 que l’équilibre précaire fut toutefois rompu lorsque les hordes des Plaines libres du Sarrenhor déferlèrent sur Findest. Ces dernières, pour certaines converties aux préceptes des Hirondelles une dizaine d’années plus tôt, écoutèrent leur peuple qui rêvait d’étendre son emprise en Findest. Alors que Cassolmer aurait dû faire front commun pour repousser cet ennemi commun, les armées de Mille Barons et de Cassel ne se présentèrent pas au combat, laissant le comte Blanchêne, les Hirondelles et ce qu’il restait de légions de François Lebouthiller affronter seules les hordes sarrens. À la tête de celles-ci se trouvait, entre autres, Véra dit le Carcajou, une chevaucheuse qui, toute jeune en 320, semait déjà l’effroi partout où elle chevauchait. Charismatique, elle menait à elle seule des milliers de combattants et combattantes aguerris. Certes, quelques pourparlers eurent lieu entre les deux factions, mais Constant, autrefois connu pour rechercher les compromis, refusa de céder quoique ce soit à l’envahisseur. Certains tentèrent de le raisonner car aucune aide n’était à portée, mais en vain. Le 27 avril 334, la Bataille du Plateau se solda par un massacre des Cassolmerois. Au zénith, le comte Blanchêne fut tué sur le champ de bataille et, quelques heures plus tard, ce qui restait des forces cassolmeroises rendit les armes. La région, désormais sous contrôle des forces sarrens, fut rebaptisée Terre libre de Bois-Blancs. Les restes de l’Académie militaire des Hirondelles, quant à elles, furent évacuées vers le sud du comté afin de maintenir leur indépendance. Plus tard dans l’année, une vague de migrants en provenance de Cassel se répandit dans les campagnes cassolmeroises. Fuyant la capitale à la suite de l’annonce d’une alliance entre le seigneur-palatin Hulwyn Gwenfrynn et le duché des Crânes de Salvamer, ceux-ci craignaient les changements que cette entente présageait. Les nouveaux occupants des Terres libres accueillirent ces réfugiés politiques en leur promettant une vie meilleure loin de l’oppression palatine et des interventions politiques externes. La région gagnait ainsi de nombreux nouveaux habitants bien nantis et avec des connexions aux quatre coins du royaume. Aujourd’hui, la région est prospère et ses habitants vivent surtout de pillages “honorables” réalisés selon les traditions sarrens. Le Sarrenhor, Cassolmer, Laure et Salvamer sont leurs cibles de prédilection. Ce respect des traditions a souvent créé de vives tensions entre les Terres libres de Bois-Blancs et les pillards du comté de Ferres, au Sarrenhor. À plusieurs reprises, ces derniers ont tendu la main à Bois-Blancs afin d’unir leurs forces, mais les desseins de Ferres, plus sauvages et irrespectueux de la paix du Monarque, et les méthodes qu’ils utilisent pour y parvenir déplaisent fortement au peuple libre. Jusqu’à la Bataille de Mons en 345 qui scella l’issue de la Guerre de l’Avènement, Vera dit le Carcajou fut officiellement l’intendante et représentante du peuple de la Terre libre de Bois-Blancs. Celle-ci y perdit toutefois la vie, cédant son titre à sa proche amie et garde du corps Akila dit le Tigre. En 378, Akila, vieillissante et rude d’esprit, coordonne les communautés populaires de pillards de la région. Même si ses belles années sont derrière elle, la chevaucheuse jouit d’un respect inégalé lui permettant de tenir en relative harmonie les paysans et bûcherons calssomerois et les pillards et cavaliers originaires des steppes. |
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Carte d'Ébène - L’Arsenal |
L’ArsenalGénéralForteresse commerciale faisant rougir de jalousie les hauts seigneurs d’Ébène, l’Arsenal est la concrétisation du rêve d’un homme, Vlado Trifoni. Négociant réputé de Corrèse, Trifoni écoula la majorité de sa vie à tisser des liens, conclure des ententes, rapatrier des ressources et coordonner des compagnies marchandes. L’entièreté de cette existence avait pour objectif de fonder ce qui allait un jour devenir les quartiers généraux de l’Union commerciale du Sud. À la fois place-forte, port, marché à ciel ouvert et jardin d’entrepôts, l’Arsenal, malgré son relatif éloignement des palatinats de l’Est, a son mot à dire sur l’entièreté des échanges commerciaux d’envergure du pays. Chaque contrat signé par un Centenier dans le royaume trouve son chemin jusque dans les archives de l’Arsenal où la vicomte Klara Folker peut les consulter afin de se forger une opinion solide de l’état du royaume. En Ébène, tous les chemins débutent et se terminent à l’Arsenal. GéographieL’Arsenal, vaste complexe de cales sèches, d’entrepôts, de caravansérails et de quais, se situe sur la rive sud du Lac de la Croisée, aux affluents de la Laurelanne. Les bâtiments administratifs et les quartiers des travailleurs du siège de l’Union commerciale du Sud s’étendent sur trois baronnies de l’Orrindhas : Zolynia, Latwy et Chambourg. Les opérations maritimes intérieures au pays -l’Union attirant sous sa bannière plusieurs dizaines de navires fluviaux- sont opérées en grande partie à partir du Port de l’Alliance situé en Latwy, voisin immédiat du fleuve. Afin d’éviter aux caravanes routières de traverser inutilement les étendues d’eau, de nombreux entrepôts ont été construits sur les terres du clan Volund en Chambourg, ce clan étant historiquement plus près de la notion classique du commerce chez les Sarrens. Le coeur de l’Arsenal reste cependant en Zolynia où, jadis, Vlado Trifoni, le baron corrésien à la tête du projet, fit construire par le maître architecte Edvard Forsberg un grandiose édifice abritant le vicomte de la guilde marchande ainsi que ses administrateurs. L’Arsenal profite de sa proximité avec la cité forteresse de Mordaigne, au nord, d’où la famille Rominski assure rigoureusement la sécurité sur les terres frontalières avec Fel. Peu de réseaux criminels peuvent penser rivaliser avec l’organisation défensive de l’Union commerciale; patrouilles, escortes armées, tours de guet et contrôles d’identité sont multiples sur l’ancien territoire corrésien. Plus au sud, la Haute-loge Borzivoi de Makmira assure une liquidité monétaire constante à l’organisation par son vaste réseau pan-ébénois de maisons de prêts fondé par le comte Anton Borzivoi durant la Guerre de l’Avènement. Finalement, dans chaque ville d’importance du territoire, l’Arsenal profite des spécialistes formés dans les collèges d'ingénierie civile Forsberg et des artisans formés par l’Académie des métiers d’art d’Esfroy; fondée jadis par Abigael Tessar, devenue Abigamond par son union avec le Grand chevaucheur de l’époque Salomond l’Avisé. Outre l’Arsenal, l’Union commerciale du Sud dispose de nombreux bâtiments sur son territoire d’opération. La guilde marchande étant plutôt décentralisée, le vicomte résidant en Zolynia ne contrôle pas d’une main de fer les activités de la guilde, chaque zone étant découpée selon l’ancienne tradition des palatinats sur laquelle veille un Centenier. L’Union étant plutôt jeune comme guilde -à peine plus de cinquante ans, les Centeniers se sont toujours organisés pour maintenir leurs centres administratifs aux mêmes endroits. Le Centenier de ce qui était autrefois le Sarrenhor opère généralement de la cité de Lys d’Or, celui du Val-de-Ciel de Chevalmont dans les Gorgias, celui de Cassolmer depuis des emplacements variables dans les Mille Barons et celui de Corrèse depuis Port-Casimir dans le comté de Haute-Sève. Avant la destruction de l’archipel de Pyrae et le massacre d’une partie de sa population par la dynastie Rai, l’Union avait également un Centenier situé en Hara. Avec l’élargissement des activités de l’Union, ces quartiers généraux se sont étendus aux autres régions : Jéranbourg en Fel, Fort d’Ambroise en Laure, Fort des Hautes en Salvamer et Vespéra en Avhor. Dans tous ces cas, l’Union respecte grandement l’autonomie régionales des Centeniers et de leurs associés. La guilde commerciale est passée maître dans l’art de la création et de l’entretien des routes, des canaux, des digues et des ponts. Le vaste territoire du sud d’Ébène est depuis quelques décennies parcouru de chemins, navigables ou terrestres, permettant l’accès à de grands axes commerciaux pour les petits commerçants, en autant qu’ils paient leur dû au Centenier responsable de leur région. HistoireAutrefois, le commerce terrestre dans les plaines de l’Orrhindas, dans le sud du royaume, était assuré par une organisation du nom de « Guilde d’Arianne ». Fondée en l’an 54 à Cellryn, en Cassolmer, les activités de la guilde se concentraient autour de l’exploitation et de la distribution de matières premières. Par de judicieuses tractations politiques et économiques, cette organisation fut achetée en 319 puis intégrée au réseau commercial de la Guilde Franche d’Ébène, établie à Fel, jusqu’au démantèlement soudain de cette géante du commerce quelques années plus tard. Privés de cette représentation économique, les marchés du sud du royaume furent momentanément désorganisés et bien des surplus d’inventaire furent perdus ou vendus à perte de crainte d’être gaspillés (lorsqu’ils ne furent pas tout simplement rachetés par le crime organisé). Historiquement, les Salvamerois, Avhorois et Felbourgeois, par leur ouverture sur les marchés étrangers, développèrent une certaine fibre marchande, leurs populations aiguisant toujours davantage leur sens des affaires. Cette tradition mercantile est toutefois beaucoup plus faible dans les territoires s’étendant entre Corrèse et Cassolmer, pour la plupart soucieux d’atteindre l’autosuffisance dans un objectif politique. En 321, l’idée de regrouper les marchands des palatinats méridionaux germa simultanément dans l’esprit de plusieurs négociants. L’impulsion initiale vint de la région de Mordaigne sous le comte des lieux Krystian Rominski, au nord de Corrèse, puis trouva de nombreux alliés au Sarrenhor -les barons Folker et Lothaire de Bascou- et au Val-de-Ciel grâce à Théodas Kléber. Ces trois palatinats, ayant connu plusieurs conflits territoriaux dévastateurs par le passé, étaient prêts à expérimenter de nouvelles méthodes. En partageant les ressources de leurs terres par un commerce structuré et respectueux, les fondateurs espéraient voir émerger de nouvelles pratiques. Éventuellement, les discussions s’élargirent afin d’intégrer Cassolmer, marginalisée depuis des décennies, et Pyrae, cherchant ponctuellement à financer des initiatives rentables. C’est lorsque survint l’invasion du Vinderrhin et l’implication de nombreux marchands de l’ancienne Guilde franche d’Ébène dans la création de leurs flotte et armées que le ras-le-bol fut suffisant chez les gens du Sud pour que l’Union commerciale du Sud voit le jour. Afin de prouver le sérieux de leur démarche, les membres se prononcèrent pour un embargo commercial sur le Duché de Fel lors de sa déclaration d’indépendance à la Couronne et bloqua l’afflux monétaire aux, jadis, rebelles. Par de fines tractations, l’utilisation de moyens plus musclés ou clandestins, Vlado Trifoni, second vicomte de l’Union après la mort du comte Rominski, s’assura la reconnaissance et la soumission de nombreux barons marchands dans tout le royaume d’Ébène. Ces accords confirmant la suprématie commerciale de l’Arsenal dans le sud du royaume ainsi que des ententes prises avec la Marine des Mérillons donnèrent les coudées franches à l’organisation afin de s’imposer comme le parrain des opérations commerciales par caravanes crédibles et lucratives. Initialement, l’Union défendit bec et ongle les intérêts de ses membres. Organisation prioritairement confinée à une zone géographique du royaume, elle ne se souciait ni du commerce à l’étranger, ni des crises économiques du nord du pays. Le bois de Corrèse était échangé à prix avantageux pour du blé du Sarrenhor, tout comme les poissons de Cassolmer se frayaient un chemin immédiat vers les cuisines des carrières de pierres du Val-de-Ciel. Le déclenchement de la Guerre de l’Avènement devait toutefois brouiller les cartes et menacer la bonne entente entre les partenaires commerciaux. Si les Sarrens et Corrésiens de l’est prirent le parti des Républicains, les Valéciens et plusieurs Cassolmerois se rangèrent aux côtés du Guérisseur couronné. Les événements devaient donner raison à ces derniers, mais les choix judicieux qu’effectuèrent les premiers en matière de commerce allaient assurer la pérennité de l’Union après les affrontements. La Peste sanglante ainsi que la prise de position claire du Sarrenhor et de Corrèse contre le Guérisseur couronné lors de la Guerre de l’Avènement en 324 ralentit la croissance de l’organisation, mais c’est dans les premiers mois de ce conflit que l’on acheva la construction de l’Arsenal. Du côté de Cassolmer, les Hirondelles, les forces sarrens des Plaines libres et des groupes de plus en plus organisés de bandits rendirent le commerce plus complexe mais, une fois de strictes conditions acceptées de la part des marchands, les caravanes assez courageuses purent éventuellement reprendre la route de l’est en 336. Le cataclysme frappant Pyrae fut un coup dur pour la jeune guilde commerciale, la plupart des marchands de renom de l’archipel préférant rejoindre le nord du royaume et l’acier de grande qualité des forgerons pyréens disparut de l’offre de l’Union commerciale. On céda le siège de Centenier de Pyrae à un proche de Aishwarya Rai située en Vilem afin d’attirer dans la guilde les marchands de l’archipel maintenant réfugiés. Les événements du “Massacre de Rosenviel” amenèrent un profond dégoût dans le rangs de l’organisation qui vota unanimement le retrait de Pyrae de l’Union tout en gardant la porte ouverte à tous les exilés cherchant du travail. En 341, l’unification sous la bannière du Protectorat de l’Orrindhas de Corrèse et du Sarrenhor mit fin à l’embargo sur l’ouest du palatinat sylvestre qui durait depuis près de 14 ans ; ce faisant, la grande cité de Port-Casimir (et le reste de ce qui devint le Duché du Chêne) tomba sous le contrôle commercial de Vlado Trifoni et de ses Centeniers. Heureusement, dès la paix de 345 signée, de nombreux artisans et ingénieurs du Duché de Fel tournèrent leur attention vers l’Union commerciale ce qui apporta un nouveau souffle à la guilde. L’hétéroclyte développement de Fort d’Ambroise sur le Lac de la Croisée apporta également son lot de bénéfices, et ce malgré la prolifération des opérations clandestines mineures à proximité de l’Arsenal. La surveillance du principal accès marin au réseau des canaux de l’Union par les Branderband découragea pour de bon les pirates de s’aventurer dans la région. Ces trente années de paix, de non-ingérence dans la politique et de prospérité permirent à la guilde marchande de grossir assez rapidement, mais surtout de réaliser les prouesses d'ingénierie nécessaires à étendre à tout Ébène les activités de la guilde. C’est actuellement Klara Folker, native de l’Orrindhas, qui dirige les opérations depuis l’Arsenal en tant que vicomte. Aujourd’hui, nul ne peut ignorer l’influence de l’Union sur le marché des matières premières et secondaires ainsi que du transport de marchandises. Produits agricoles, minerai de fer, blocs de marbre, billots de bois et fruits de la pêche ne sont que quelques exemples des ressources transigées dans les innombrables postes et entrepôts de l’organisation. En raison des prix privilégiés offerts à ses membres, les guildes régionales de constructeurs, maçons, forgerons et autres artisans s’affilient aussi fréquemment à l’organisation de sorte que la Couronne elle-même en est devenue une cliente. Néanmoins, l’Union n’outrepasse pas ses champs de spécialité. Délaissant le commerce maritime, les marchés de produits de luxe, le mercenariat et les services de prêts, elle se contente d’affermir sa mainmise sur l’économie primaire d’Ébène. De nature décentralisée -la direction de la guilde de l’Arsenal n’exigeant que peu de frais d’adhésion et limitant l’imposition de règlements contraignants, l’Union sait habituellement persuader ou racheter ceux qui pourraient envisager de lui faire de l’ombre. |
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Carte d'Ébène - Bois-aux-Malverns et Esfroy |
Bois-aux-Malverns et EsfroyGénéralÉtonnant résultat de l’alliance historique entre le Sarrenhor et Corrèse, le comté d’Esfroy est l’un des uniques exemples de réussite de mixité des cultures en Ébène. Au-delà des héritages physiques issus de l’union d’Abigaël Tesar de Corrèse et de Salomond l’Avisé du Sarrenhor, c’est la paix qui règne entre les chevaucheurs et les forestiers dans cette région qui marque l’esprit des voyageurs. À Bois-aux-Malverns, principale cité de la seigneurie, accueille indistinctement les artisans, marchands et chevaliers des steppes et des forêts. Dans l’Académie des Métiers d’art, institution réputée pour ses nombreuses formations manuelles, tous s’y côtoient dans un même désir d’apprentissage. C'est Ivanna Kodenberg qui fait présentement office de rectrice du lieu de savoir. En 380, le comté d’Esfroy est sous la guidance de Casimir d’Iscar, fils d’Abigaël Tesar. Lié par ses serments au Marquisat corrésien, mais régnant sur des dépendants aux valeurs diverses, le comte est constamment pris entre l’arbre et l’écorce. Parfois critique des excès de zèle de ses pairs, il demeure plus près des modernisateurs de Mordaigne que des traditionalistes de Porte-Chêne. GéographieLes majestueuses forêts caractérisant Corrèse ne sont pas étrangères au peuple du comté d’Esfroy. Enclavé par celles-ci de part et d’autre, avec une grande plaine donnant une vue toujours franche sur les montagnes de Fondebleau, le comté corrésien s’étend de la frontière orientale du palatinat jusqu’au coeur de celui-ci, le long de la Laurelanne. Affluant vers cette dernière, deux rivières d’une eau vive et claire marquent les limites politiques des terres des habitants d’Esfroy; à l’ouest, la rivière d’Aumance prend sa source presque au pied des monts valéciens et, au nord-est, la Dranse des Jumeaux serpente à travers boisés et forêts jusqu’au coeur du Bois-aux-Malverns. Le bourg corrésien - construit autour de la grande Académie des Métiers d’Art - est constitué de quelques forteresses, pavillons et hameaux ponctuant un paysage majoritairement sauvage. Ceux-ci ne comportent habituellement pas plus de deux étages et, bien que leur hauteur ne leur donne pas une allure très impressionnante, leur structure en bois ouvragé avec fierté fait des petites habitations corrésiennes des pièces d’oeuvre d’art à part entière. C’est d’ailleurs à l’orée de la forêt de Bois-aux-Malverns que fut bâtie la demeure de la famille Tesar à la fin de l’an 317. Le manoir fortifié, conçu et commandé par Abigamond - Abigaël, à l’époque, est ornementé de plusieurs figures de pierre représentant des créatures de légendes locales et sa structure est finement gravée de motifs floraux et végétaux retrouvés dans les environs. De larges arbres matures cintrent le village forestier et coupent, en été, la chaleur aride et étouffante des rayons du soleil. Les branches nues des chênes et des ormes laissent filtrer, de l’automne jusqu’au printemps, une éclatante lumière qui se reflète sur la pierre et le bois naturel des bâtiments environnants, donnant un tout autre visage au mystérieux village sylvestre. À l’ouest de ce dernier, le coeur du comté d’Esfroy est formé des landes et des coteaux d’Eberwald - nommée en honneur de la cité savante du même nom. L’architecture qui la caractérise est, contrairement à la majorité de ce qu’on retrouve aux environs, faite toute en hauteur et marque le paysage du comté. De partout en Esfroy, il est possible de se repérer grâce aux flèches, contreforts et arc-boutant des grands monuments qui y furent construits qui, en plus de participer à l’impressionnante perspective urbaine, permettent aux nombreux oiseaux porteurs de messages de prendre un peu de repos. Seule une partie de la forêt corrésienne, au nord de la cité, arrive à faire de l’ombre aux imposantes structures que l’on voit même depuis Haute-Tour et le Franc comté. C’est encore plus à l’ouest de la plaine irrégulière d’Esfroy que la communauté religieuse de Haute-Vallières fut fondée au début de l’an 304. Les herbes hautes, couvrant les vallons qui y mènent et laissées libres par une urbanisation concentrée près de la rivière, sont portées par le vent constant mais doux en provenance des Monts Namori et offrent un spectacle apaisant. Plus au sud, à l’extrémité méridionale de Bois-aux-Malverns, on profita de l’éclaircie pour consolider le bourg industriel de Kurks; les forges, ateliers et exploitations de ressources premières développées tout en longueur le long de la frontère corrésienne parsèment ses nombreuses collines. C’est à son opposé, tout au nord et donnant directement sur la Laurelanne, que s’est établie la bourgade riveraine de Podilsk. Reliant l’entièreté du comté d’Esfroy au reste de Corrèse, la position privilégiée de son marché effervescent profite du couvert du Bois-aux-Malverns, riche en ressources naturelles, mais aussi de l’éclairci de son orée où sont plantés les grands champs de blé qui marquent presque la moitié du territoire. HistoireL’ouest de l’actuel royaume d’Ébène - et surtout sa forêt - était la source de mystères, de magie cruelle et de sombres forces avant même que les Enfants d’Arianne ne choisissent d’en défricher les terres. Dès que ces derniers s’étaient installés sur les plaines et dans les boisés qu’ils avaient nouvellement conquis, il y a de cela tellement d’années qu’on ne sait pas depuis quand, le regard attentif des Corrésiens s’était tourné vers la limite occidentale de leur territoire. Au fil des années et des conflits qui avaient marqué les anciens clans et les familles palatines choisies par le Prophète, les menaces auxquelles ils avaient dû faire face avaient majoritairement eu comme point d’origine la forêt en elle-même. Cependant, avec le renforcement des traditions de ses voisins, Corrèse fut appelée à devenir le Bouclier d’une Ébène désunie et en conflits. Campés dans un rôle que les habitants de l’est du royaume avaient fini par oublier, les Corrésiens s’étaient refermés sur eux-mêmes et avaient choisi de faire fi de ce qui se passait chez leurs voisins qui, de toute façon, leur rendait le même sentiment. C’est à l’aube de la Guerre des deux Couronnes, quelque part vers la fin de l’an 315, qu’un vif sentiment d’indignation prit le coeur de certains des habitants de Corrèse. Si une majorité traditionaliste avait choisi la violence contre ceux se proclamant être les Désirants, des révolutionnaires du peuple, une poignée de Corrésiens influencée par les pratiques politiques et morales plus modernes que ses voisins choisit de se lever contre ce qu’ils clamaient être une injustice. Alors que l’Alliance de Mordaigne prenait forme, composée de seigneurs du comté du même nom et de certains des Semailles, c’est une Corrèse divisée qui fut mise au jour face au reste des Ébénois. Prompts à réagir et mettant en oeuvre leur opportunisme, ce sont les troupes sarrens du seigneur-palatin Sigismond dit le Vif qui choisirent de profiter de la situation en se lançant dans une guerre de conquête sans précédent dans cette partie du royaume depuis l’arrivée du Prophète. Concentrés sur leur propre querelle intestine, les Corrésiens furent pris de court. Ce n’est que trop tard qu’ils finirent par mettre de côté la politique interne au profit d’une défense coordonnée; ils purent repousser les envahisseurs du siège de Porte-Chêne non sans subir de lourdes pertes. La seigneur-palatine de l’époque, Cathara Paurroi, voyant en ses voisins une menace digne d’intérêt, écouta la demande d’une Corrésienne pleine de volonté et d’ambition. Abigaël Tesar, alors historienne et artiste de la petite noblesse de Mordaigne, proposa de séparer la très longue frontière orientale du comté de Haute-Tour en deux territoires afin d’en faciliter la protection. Ayant déjà mandé l’un de ses conseillers dans la préparation de documents d’ingénierie légaux, la récemment veuve et nouvelle comtesse d’Esfroy - nommé ainsi en mémoire des terribles faits qui avaient mené à sa création - et son fils mirent pied dans le coeur du Bois-aux-Malverns, où elle fit construire son domaine à l’aube de l’an 318. Déployant rapidement ses plus fidèles proches dans les villages et bourgs locaux afin d’en dresser un portrait, elle mit sur pied un système hiérarchique efficace en distribuant titres et richesses aux nobliaux présents selon leur mérite. Pendant trois ans, le nouveau comté corrésien prit de l’essor. Le réaménagement de l’Académie des Métiers d’Art - qu’avait fondée Abigaël Tesar afin d’offrir aux Désirants une façon de reprendre leur vie en main - dans le Bois-aux-Malverns permit aux producteurs, artisans et académiciens régionaux de faire rayonner et prospérer leur savoir-faire. Toutefois, de 318 à 321, la menace planait toujours sur leur développement et l’effervescence de l’Académie ne suffisait pas à faire perdurer leur économie. C’est dans l’espoir de protéger les siens que la jeune comtesse d’Esfroy scella une alliance, par mariage, avec le chef de guerre sarren Salomon d’Iscar; celui-là même qui avait semé la mort et récolté la destruction de sa patrie. Dans les mois qui suivirent- voire les années, il s’avéra que le comté d’Esfroy profita largement de cette alliance. En effet, Abigamond, qui avait adopté la tradition nominative des clans sarrens pour affirmer son pouvoir aux côtés de celui qui en était devenu seigneur-paladin, s’était montrée fine stratège et avait su garder ses terres de nombreux maux. Si on ne peut en dire de même des comtés voisins, qui furent durement touchés par le déchirement de leurs seigneurs lors de la guerre de l’Avènement, les nombreuses et solides alliances qu’avait tissées Abigamond avaient porté fruits. Mais elles avaient également attiré le regard courroucé de l’ancienne seigneur-palatine Cathara Paurroi, renommée Princesse Théodoria 1re, et des troupes inquisitrices de la Garde Céleste. C’est la position tranchée et «révolutionnaire» de la comtesse Abigamond qui finit par apporter le malheur dans les chaumières corrésiennes. Enlèvements, morts et menaces se répandirent en Esfroy pendant des semaines et on en vint à craindre de sortir le soir venu; conspirateurs et assassins oeuvrant pour les ennemis de leur comtesse firent couler leur sang. Bien qu’occupée à fomenter la rébellion qui mènerait au retour du prince Élémas V dit le Juste sur le trône qu’occupait la princesse corrésienne, la comtesse Tesar respecta ses engagements féodaux envers son peuple. C’est l’avènement d’une horde considérable de sarrens, s’affairant à démanteler les campements et quartiers des oppresseur, qu’elle renversa le règne de terreur qui sévissait dans le comté d’Esfroy. C’est également par cette démonstration de force qu’elle finit d’asseoir l’importance du nouveau comté dans la balance de pouvoir à Corrèse. Ingénieux, prévoyants et fièrement loyaux à toute cause qu’ils portent, les habitants d’Esfroy ont depuis ce temps une confiance aveugle envers la famille Tesar et leur descendant. C’est ce qui explique que le titre comtal d’Esfroy s’est toujours vu remis, malgré la jeunesse des intéressés, à un descendant d’Abigamond. C’est d’abord Émond - nommé Émil Tesar à la naissance, qui en prit le contrôle en 325, alors qu’Abigamond et Salomond soutenaient les troupes d’Élémas V à partir de Lys d’Or contre les Monarchistes. Écoutant les conseils de sa mère et marchant dans ses pas, il offrit au comté corrésien une continuité politique logique. Travaillant de pair avec son oncle Énosh d’Iscar, époux de la seigneur-palatine du Val-de-Ciel, il consolida la défense des terres dont il avait la charge et encouragea les échanges commerciaux à partir des Monts Namori. Lorsque ce dernier rejoignit sa mère, après le décès de son père adoptif, afin de reprendre le bâton de la diplomatie, c’est son frère cadet Casimond qui prit la relève du comté d’Esfroy. Plus adroit aux affaires de la cour qu’Émond, dont la franchise pouvait parfois être déconcertante, il scella une alliance maritale avec la petite fille du comte Krystian Rominski: Lana Rominski. Croyant fermement dans les principes de patience que prônait Abigamond, Casimir considère la paix comme le seul moyen de renforcer les acquis de son comté. Appuyé de plusieurs barons corrésiens et de quelques chefs de guerre sarrens souhaitant décentraliser le pouvoir de Lys d’Or, il est entouré de Corrésiens et de Sarrens attachés au respect des traditions, mais pas aux dépends du développement de leur peuple. Cependant, malgré le fort lien économique qu’il construisit entre l’Arsenal de Mordaigne et l’Académie des Métiers d’Art et l’alliance forte qu’il tira du clan Volund, il ne semble pas avoir autant de soutien populaire que sa soeur jumelle Jaromond la Conciliatrice. Cette dernière, bien que ne possédant pas le titre de comtesse d’Esfroy, sait qu’elle peut compter sur son charisme et son titre de Gardienne du Symposium d’Arianne sous les arches de l’Orrindhas pour s’assurer de la loyauté de plusieurs barons locaux. Son mariage avec Étienne Lacignon, fils unique du héros Élémas V et de la noble Clarté Sanspitié, Gardien protecteur de Gué-du-Roi, renforça définitivement sa place dans le coeur de certains Corrésiens encore fidèles aux idéaux républicains. Toujours porté vers la diplomatie, Casimond accept en 379 d’accueillir une noble assemblée corrésienne réunie en réaction à la destruction du Guet-du-Levant par les forces de l’Orrindhas et leurs alliés patriciens. Contraint par ses barons à défendre les intérêts corrésiens, Casimir d’Iscar y joint sa bannière à un regroupement de comtes et comtesses se réclamant de l’Alliance du Levant. Animée d’un désir d’autonomie et d’un zèle absolutiste, l’Alliance gagne subséquemment Mordaigne pour y ériger les fondations du Marquisat corrésien. Aujourd’hui lié par ses serments à la famille Paurroi, régnant de nouveau sur Corrèse depuis Porte-Chêne, Casimir siège sur l’assemblée législative de l’Alliance du Levant à l’instar des autres comtes corrésiens. Sa participation aux affaires du Marquisat demeure modérée. Elle est par ailleurs plus souvent motivée par les intérêts de ses dépendants que par ses propres désirs. Les habitants du comté d’Esfroy, mais surtout du bourg de Bois-aux-Malverns, sont formés à la fois de Corrésiens et de Sarrens. Vu leur propension naturelle à apprendre les techniques d’attaque et de défense propre à leurs traditions, très peu de troupes armées officielles parcourent le territoire boisé. Les routes toujours bien aménagées et les nombreux gîtes de relais permettent un déploiement rapide des forces du comté si le besoin se fait sentir. C’est d’ailleurs l’un des seuls endroits de Corrèse où on peut apercevoir régulièrement des cavaliers sur le dos de très sacrés sorhinars; pour la plupart des membres influents de clans Sarrens en visite du côté corrésien de leur famille, les chevaucheurs y sont respectés et posent généralement un regard bienveillant sur leurs résilients voisins. |
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Carte d'Ébène - Entre-Gage et la forêt d’Ébène |
Entre-Gage et la forêt d’ÉbèneGénéralEntre-Gage relève plus du village que du hameau. Entouré par une haute palissade de bois et un fossé profond, l’endroit est le dernier rempart du royaume face aux ténèbres de la Forêt d’Ébène. Anciennement un bourg prospère menant vers le mystérieux Lichthaus, Entre-Gage fut complètement détruit lors de la Guerre de l’Avènement, ne laissant aujourd’hui qu’une communauté désolée et maudite. Principalement peuplé de bûcherons et de chasseurs vivant tant bien que mal des rares ressources qu’ils peuvent retirer de la forêt, il y est impossible d’abattre un arbre mature. Trop robustes pour les haches diront certains, ils repoussent le lendemain diront les autres. Les bûcherons se contentent de couper du petit bois pour le chauffage et l’éclairage. Quelques champs à l’est du hameau procurent de maigres récoltes de carottes et de navets, mais celles-ci sont toujours incertaines. La nuit, personne ne sort en dehors des murs sous l’ordre strict du bailli Wolfgang Heissen. Tout individu osant se soustraire à ces règlements et s’aventurer dans les bois une fois le Soleil couché disparaît sans jamais être revu. Cependant, au printemps 380, sous l’impulsion d’une délégation royale, une milice locale fut créée. Gérée par Greta Leitner, ambitieuse et mercantile Maîtresse de la Guilde forestière locale, celle-ci est un sérieux pied-de-nez à l’autorité du Bailli. GéographieLa route qui mène vers Entre-Gage est étouffante. De chaque côté, les arbres semblent vouloir à tout moment la dévorer. Ils se rejoignent d’ailleurs en son sommet, la canopée voilant la voûte céleste des yeux des voyageurs. L’éternelle ombre qui accompagne la longue route de deux jours pourchasse ainsi le visiteur dès le passage de l’ultime auberge à son entrée : l’Auberge du dernier repos. Entre-Gage paraît très chaleureux à la suite de ce pénible voyage. Les chaumières laissent échapper des volûtes de fumée et un grand phare en bois perce celles-ci en illuminant les environs, combattant l’obscurité oppressante de la forêt. La haute palissade est gardée par des soldats aux armoiries de la famille Heissen : le loup gris sur fond noir. Un profond fossé entoure la palissade protégeant ainsi la communauté des créatures de la forêt. Des champs entourent du côté est le hameau. Chétifs et peu luxuriants, ils contrastent avec la forêt qui semble les envahir. Outre la bourgade, peu de points intéressants sont connus dans les environs. L’antique route qui liait jadis Entre-Gage au Lichthaus -la Route de la Lumière-, dans un voyage qui durait aussi peu que deux jours lorsque celle-ci était bien entretenue, a disparu. Engloutie par la forêt, seuls quelques rares érudits -que plusieurs considèrent être fous- prétendent encore pouvoir la retrouver.. Au nord de la forêt, à l’ouest d’Eidelweiss sur la Mer Blanche, se terre un groupe de boucaniers attaquant tous les navires qui croisent le large. Équipés de galères et bien armés, ceux-ci ne semblent pas craindre la peur et massacrent systématiquement tous les marins à bord. Plusieurs épaves peuvent être rencontrées en ces eaux, faisant du commerce et des voyages vers le Silud une aventure suicidaire. HistoireHistoriquement, Entre-Gage fut pendant près de trois siècles le point le plus éloigné du royaume d’Ébène dans la forêt occidentale. Toutefois, lors de la Guerre des deux Couronnes au début du quatrième siècle, le couple palatin de Corrèse, Ludwig Schattenjager et Cathara Paurroi, restaura le mythique château de lumière, le Lichthaus, dans les profondeurs sylvestres. Dès lors, Entre-Gage devint un point de ralliement des voyageurs se dirigeant vers ce bastion spirituel et militaire de la zélote Garde Céleste. Malheureusement, l’attachement d’Entre-Gage à ces fanatiques religieux attira sur le bourg l’attention des ennemis de Corrèse. En 323, une force de l’Est du royaume prit d’assaut les lieux, ravageant l’entièreté des propriétés et y propageant une terrible épidémie qui emporta dans la mort toute la population. Pendant près de dix ans, l’endroit resta inoccupé, objet des pires superstitions. Le tout changea en 333. Après les famines découlant de la Guerre de l’Avènement, Conrad Mensner, protecteur de l’antique capitale corrésienne, ordonna le repeuplement d’Entre-Gage dans l’espoir d’en extirper des vivres. Des colons de Porte-Chêne furent alors amenés de force dans la région pour entreprendre la recolonisation. L’aventure ne fut pas un franc succès, mais confiée aux soins du vieux Engelhart Heissen, le grand-père de Wolfgang, Entre-Gage fut néanmoins reconstruite. Elle resta ainsi dans la famille Heissen comme son fief personnel. Père adoptif de Ludwig Schattenjäger, Engelhart en connaissait déjà beaucoup sur les mystérieux secrets de la forêt. Il fit donc construire un phare, qui n’avait toutefois rien à voir avec le grand phare qui trônait jadis sur le Lichthaus, mais tout de même assez haut pour illuminer plus loin dans la forêt. Les chasseurs et bûcherons purent ainsi toujours retrouver leur chemin, ne s’éloignant jamais plus loin que la lumière bienveillante d’Entre-Gage. Cependant, jamais la communauté ne reprit l’ampleur qu’on lui connaissait lors de ses belles années. Aujourd’hui, c’est le bailli Wolfgang Heissen, descendant de la famille noble corrésienne, qui dirige les lieux. Son autorité ne trouve pour seule opposition que Greta Leitner, Maîtresse de la Guilde forestière d’Entre-Gage. Résolue à exploiter les richesses de la forêts d’Ébène (malgré les menaces mystiques), la dame est à la tête d’une puissante milice locale apte à remplacer le régiment de la Garde forestière en cas de déploiement à l’étranger. Cette tension entre le conservatisme de Heissen et l’ambition mercantile de Leitner ébranle les fondations même de la modeste communauté. Isolés du reste du royaume et en relative autarcie, les forestiers d’Entre-Gage sont renfermés et peu bavards. Plusieurs exilés et criminels ont choisi d’y vivre sous de nouvelles identités. Les voyageurs qui y posent trop de questions se retrouvent rapidement devant le bailli Heissen, voire pire, au cachot. Les gardes de la région sont connus pour leur regard vide de sentiments, comme s’il ne restait plus en eux qu’une haine mortelle. Ceux-ci sont tous équipés d’arcs longs et d’armures de cuir qui leur servent à intimider les nombreux alchimistes et érudits se présentant pour ‘‘étudier’’ la forêt. Diverses rumeurs à l’auberge d’Entre-Gage, le Gîte des Forestiers, font état de sauvages connus sous le nom des “Insoumis” dans les bois à l’ouest. Les témoins affirment qu’il s’agirait d’humains qui vivraient tels des barbares au coeur même des terres et qui auraient refusé les dons de la civilisation. Ils seraient issus des fanatiques de la Garde Céleste que le second Roi expulsa du royaume pour leurs crimes odieux. Ceux qui oseraient braver l’interdit de la famille Heissen et pénétreraient dans les bois ne seraient jamais revus. Les Insoumis s’occuperaient d’eux avec plaisir, exerçant ainsi leur vengeance sur ceux qui les ont bannis. Évidemment, ce ne sont là que des rumeurs...mais qui voudrait en vérifier la véracité? |
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Carte d'Ébène - Havre-Écarlate et le comté des Semailles |
Havre-Écarlate et le comté des SemaillesGénéralAu rythme des saisons, l’agricole comté des Semailles rumine depuis la fin de la Guerre de l’Avènement sa nostalgie d’une époque où ses fiers guerriers luttaient contre les Sarrens et conseillaient les palatins de Corrèse. À partir de Havre-Écarlate, agglomération centrale, Mila Brenmar, fille du grand résistant traditionaliste de Porte-Chêne Klev Brenmar, gère le comté tout étant tenue en laisse par la puissante Union commerciale du Sud. Aujourd’hui une simple halte sans fortification ni point d’intérêt digne de mention, la seigneurie se contente de tirer profit de sa situation et de l’ennuyeuse paix perpétuelle qui l’accable. En 379, un bref soubresaut de fierté local permit la reconstruction du fort de Guet-du-Levant, mais une intervention immédiate des sympathisants de l’Orrindhas réduisit à néant cette ambition, rapprochant dangereusement les seigneurs des Semailles et de Porte-Chêne et menaçant de déclencher un soulèvement corrésien. Joignant sa bannière à l’Alliance du Levant en 379, la comtesse Brenmar est l’une des artisanes de l’avènement du Marquisat corrésien. Bien que fidèle à la mémoire de son père, les années ont su effriter la combativité de la vénérable comtesse. Cynique et réfractaire au changement, elle appuie d’ordinaire les partisans traditionalistes de l’Alliance du Levant. GéographieLe comté des Semailles est considéré depuis des siècles comme le grenier de Corrèse. Depuis les antiques ères où les Enfants d’Arianne dévastèrent l’impénétrable forêt d’Ébène par les flammes, une tradition agricole s’y est implantée. Fournissant le blé et l’orge des marchés de Mordaigne et de Porte-Chêne, les innombrables fermiers de la région profitent d’une relative prospérité comparativement à plusieurs de leurs semblables dans le royaume. De plus, avec la fin des raids du Sarrenhor sur les terres, des dizaines de villages ont vu le jour à l’est des terres. La paix, bien qu’ennuyeuse et méprisée de nombreux habitants nostalgiques des guerres d’antan, a assurément apporté richesse et santé chez ces Corrésiens. Une forte part de cette prospérité nouvelle découle de la création de la Route des Semailles au début de la Guerre de l’Avènement. Initiative d’Abigamond et de ses alliés de l’Orrindhas, l’axe marchand lie directement Lys d’Or et Mordaigne. Tout au long de celui-ci, des comptoirs de commerce de l’Union commerciale du Sud permettent aux producteurs et artisans locaux d’exporter leurs surplus afin d’arrondir leurs fins de mois. Le plus important de ceux-ci est d’ailleurs le comptoir de Guet-du-Levant, anciennement château des comtes des Semailles. Cela dit, en 344, la Route des Semailles fut rebaptisée “Route de la Veuve” lorsqu’Abigamond, celle-là même qui orchestra la “modernisation” de la région, disparut mystérieusement lors d’un voyage. Selon les témoins, c’est sur le tronçon de route séparant Havre-Éclarlate et Guet-du-Levant qu’elle se volatilisa avec son escorte sans laisser de trace. Dans les environs du comptoir, situé sur la rive occidentale de la rivière d’Auban séparant les Semailles des terres sarrens, la vie est toutefois régulée par une communauté de moines ayant élu domicile dans le cloître de l’ancienne comtesse. Veillant au bien-être de la population locale, il se dit dans la région que plusieurs d’entre eux seraient des vétérans en quête de paix guidé spirituellement par le vieux fils de Klev Brenmar, Ardal Brenmar. Les fleurs sauvages issues de leurs jardins sont prisés de par le royaume lorsque viennent les Floraisons. Havre-écarlate (anciennement Le Havre) principale ville de la région et coeur du comté, était autrefois connue comme le pourvoyeur de ressources halieutiques du grenier de Corrèse. Sa position centrale a cependant fait du fief une cible de choix pour les pillages sarrens lors de la guerre sarreno-corrésienne, pendant la Guerre des deux Couronnes, autant lors de l'offensive vers l'intérieur des terres corrésiennes que lors du départ des troupes sarrens. Cette situation a donc donné lieu à plusieurs pillages et massacres sur le fief, occasionnant notamment la destruction des installations de pêches tout au long du seul fleuve du comté, l’Olmstred. On raconte que les violents massacres sarrens qui eurent lieu lors de la guerre auraient été si importants que l'eau du fleuve aurait été teintée de rouge des jours durant, donnant son nom à l’agglomération. Encore aujourd'hui, des reflets cuivrés peuvent être décelés à certains endroits au fond du cours d'eau. C’est sur les bords de celui-ci que se dresse le manoir de Mila Brenmar, comtesse des Semailles. Reconstruit à partir de ruines à la suite de la Guerre de l’Avènement, le bâtiment fait bien piètre mine par rapport aux imposants monuments des cités corrésiennes. Néanmoins, dame Brenmar n’en fait guère de cas, celle-ci préférant entretenir ses vieilles idées guerrières plutôt que sa demeure. HistoireL’ancien comté des Semailles, malgré son statut de marche corrésienne, fut de tout temps le premier à faire les frais des pillages, raids et invasions sarrens. Bien avant le sac de Porte-Chêne par le Sarrenhor en 316 et la création de l’Ordre de l’Orrindhas par Salomond l’Avisé en 323, les Semailles voyaient ponctuellement des cohortes de chevaucheurs s’aventurer en leurs terres afin de s’emparer des récoltes de la région. Afin de répliquer à ces menaces, le fortin de Guet-du-Levant, à l’est, fut construit lors de l’ère de l’Avant. À partir de là, les familles comtales se succédèrent afin de garder un oeil sur leurs frontières menacées. L’omniprésence de la menace des steppes forgea au fil des siècles le tempérament des paysans des Semailles, de même que celui de leurs seigneurs. À plusieurs reprises depuis l’avènement du premier Roi-Prophète, on vit les comtes et comtesses de la marche être élevés au statut de comtes-protecteurs et comtesses-protectrices de Corrèse et mener les armées de tout le palatinat. Entre l’austère réserve des Paurroi de Porte-Chêne et le froid esprit guerrier des meneurs de l’est régnait une concorde qui consolida les politiques corrésiennes. Cette tradition perdura jusqu’à l’éclatement du palatinat au début de la Guerre de l’Avènement avec le partenariat entre la comtesse de l’époque, Mila Chilikov, et la seigneur-palatine de Porte-Chêne, Cathara Paurroi (connue par la population comme la princesse Théodoria). Effectivement, peu avant le déclenchement du conflit, Corrèse, en précurseur des événements à venir, sombra dans une guerre civile fratricide. Entre les partisans de l’ouverture sur l’Orrindhas de Mordaigne et de Bois-aux-Malverns et les conservateurs de Porte-Chêne et des Semailles, il n’y avait guère place au compromis. Tandis que la comtesse des Bois-aux-Malverns, Abigaël Tesar, avait fait le choix d’épouser le chevaucheur sarren Salomon d’Iscar dit l’Avisé, prouvant son désir profond de rapprocher les deux palatinats, les vétérans de guerre forestiers ayant connu la mort et la souffrance lors des raids sur Porte-Chêne les années précédentes s’insurgeaient de la possibilité même d’une paix avec leurs voisins. Cela dit, plus que tout autre, c’est la comtesse-protectrice Chilikov qui fit les frais de ces affrontements lorsqu’elle fut exposée à un rituel obscur accompli dans les tréfonds de la forêt d’Ébène par la zélote Garde Céleste. De l’avis des témoins, la femme ressortit troublée de cette expérience, ce qui la mena, au fil des tragédies, à assassiner de ses propres mains les enfants de la famille Paurroi qu’elle avait pourtant juré de protéger. Peu après, capturée par les Monarchistes du Val-de-Ciel, elle fut exécutée publiquement au palais d’Yr. Au déclenchement de la Guerre de l’Avènement, après la mort de la dernière comtesse Chilikov, la plupart des forces armées de la région, coincées entre les fronts de Mordaigne et du Sarrenhor, quittèrent la marche sous le commandement du baron Klev Brenmar afin de poursuivre la lutte à Porte-Chêne. La “libération” des Semailles donna les coudées franches aux représentants du Protectorat de l’Orrindhas, lors des années suivantes, pour moderniser le comté et neutraliser ses défenses jugées inutiles avec l’alliance des peuples du sud. Ce fut Abigaël Tesar, désormais connue sous le nom d’Abigamond au lendemain de son union avec Salomond l’Avisé, qui supervisa ces opérations. Cette initiative débuta avec le complétion de la Route des Semailles, premier axe reliant directement le Sarrenhor et Corrèse. Effectivement, depuis des siècles, les seigneurs de la marche avaient imposé leur veto sur tout projet de construction d’une voie marchande entre les deux palatinats. Conscients des dangers que représentait la facilitation des transports en cette région, ils refusaient de donner suite aux demandes insistantes des négociants de Mordaigne et d’Esfroy avides d’ouvrir de nouveaux marchés. La création d’une route balisée et soigneusement entretenue à l’est en 325 fut donc un premier revers au pouvoir de la belliqueuse noblesse des Semailles. Par la suite, à partir de 335, au moment où la victoire à venir de l’Orrindhas sur Porte-Chêne ne faisait plus de doute, les ingénieurs d’Abigamond s’affairèrent à démanteler systématiquement toutes les structures défensives du territoire. Le Guet-du-Levant, symbole de la résistance corrésienne, vit ses murailles abattues tandis que son donjon principal devenait un simple poste de commerce de l’Union commerciale du Sud. Lui succéda le fortin de Schwarze, au nord, et les fortifications du Havre-Écarlate. En cas d’invasion future d’un ennemi autre -Felbourgeois ou Valécien, l’entière protection des Semailles reposerait sur le support des armées de l’Orrindhas. En 341, Porte-Chêne affamée rendit finalement les armes devant l’ennemi. Immédiatement, la question de la suzeraineté des Semailles émergea. Mila Chilikov décédée, son capitaine Klev Brenmar exécuté par la plèbe à Port-Casimir quelques mois plus tôt, qui allait régner sur les plaines fertiles? Dans un souci de conciliation et d’apaisement de la population locale, l’attention de Salomond l’Avisé se tourna vers l’innombrable descendance de Brenmar. Stratégiquement, le Grand chevaucheur remis à “la famille Brenmar” la gestion des Semailles, sans spécifier de chef légitime. Pendant des années, Emerek (époux de Katerina Paurroi), Ekleviov, Ezkiel, Ardal, Branral, Elyanne, Mary, Luks, Madalaine, Kartle -décédé à Bas-Cieux en 379- et Mila, tous fils et filles du prolifique capitaine, s’entre-déchirèrent afin de déterminer qui d’entre eux hériterait du prestigieux titre. Ce n’est qu’en 365, après des alliances, des complots, des duels et des batailles circonscrites que les trois derniers survivants, Ardal, Kartle et Mila en arrivèrent à un compromis temporaire : nommer Mila comme comtesse des Semailles. Sans enfant ni mari et vieillissante, elle représentait la moindre menace pour les autres lignées elles aussi fort prolifiques. Jusqu’en 379, le comté des Semailles demeurait extrêmement affaibli. Essentiellement rurale, sans agglomération ou place-forte d’importance et privé de reconnaissance de la part de Lys d’Or et de Mordaigne, la région se contentait de vivre au rythme des saisons. Dans les auberges, les vieillards racontaient avec nostalgie cette époque révolue -qu’ils n’ont guère connue eux-mêmes- où l’on décapitait quelques Sarrens pour le petit-déjeuner avant de retourner aux champs en après-midi. Mila Brenmar, siégeant dans la ville centrale de Havre-Écarlate, était l’incarnation de cette nostalgie guerrière. Fière fille du sanguinaire Klev, elle rêvait du jour où serait reconstruit Guet-du-Levant, ultime boutade à l’endroit de ceux qu’elles considèrent être les envahisseurs des steppes. Lorsqu’à l’automne de cette année la famille Merioro, nouvellement unie par le mariage à la famille Paurroi de Porte-Chêne, proposa aux Brenmar de reconstruire ledit fortin, un vent d’espoir souffla sur la région. Le temps de quelques semaines, le bastion de Guet-du-Levant, désormais affublé d’un grenier et d’un quai, domina de nouveau les Semailles, rappel d’un glorieux passé. Cette initiative attira toutefois l’attention de l’Orrindhas et de ses alliés. Près de deux mille soldats de l’alliance patricienne déferlèrent sur le chantier et réduisirent à néant les prétentions des Corrésiens. Si cette victoire plut à Lys d’Or, elle devait enflammer les passions des Brenmar et autres seigneurs de la province, allant jusqu’à provoquer la mort de Kartle lors d’un assaut vengeur sur le Port royal de Bas-Cieux en 379. |
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Carte d'Ébène - Mordaigne |
MordaigneGénéralPlate-forme commerciale de Corrèse pendant des décennies, Mordaigne a finalement acquis la réputation qu’elle méritait au terme de la Guerre de l’Avènement. Après des siècles de soumission au pouvoir politique de Porte-Chêne et des palatins Paurroi, la cité a acquis le statut de comté autonome et de poumon économique de l’Orrindhas. Plus ouverts sur l’extérieur que leurs compatriotes corrésiens en raison de leurs contacts récurrents avec les marchands étrangers, les habitants de Mordaigne ont développé une fierté exacerbée de leur rôle dans le portrait politique d’Ébène. Succédant à sa mère, assassinée à l’hiver 380, Lana Rominski règne aujourd’hui en tant que comtesse sur la cité et les environs. Elle est déjà forte d’une grande expérience politique, ayant longtemps représenté sa mère auprès du Symposium d’Ariane, ce qui lui vaut le respect de nobles plus longuement établis. Grâce à la proximité de l’Arsenal de l’Union commerciale du Sud et des mariages stratégiques, elle se fait la voix de la modernité au sein de l’Alliance du Levant. Elle a hérité de son père une affection particulière pour les idéaux chevaleresques. GéographieSituée à la frontière nord de ce qui fut jadis le palatinat de Corrèse, la grande cité de Mordaigne est le coeur du comté éponyme. Son territoire s’étend de part et d’autre du grand fleuve de la Laurelanne, son affluent menant au Lac de la Croisée pour être plus exact. C’est l’accès à ce fleuve et son lien direct avec Porte-Chêne qui explique en grande partie le succès économique du comté. Traversée de plusieurs rivières au débit plutôt important et moins densément boisée que ses voisins, la région a pu se développer autour de cinq pôles importants assez urbanisés. Latwy, à l’est, est la porte sur le comté pour les caravanes empruntant la Route de la Croisée et pour les navires arrivant au Port de l’Alliance. La cité se développa en prélevant droits douaniers, tarifs commerciaux et en abritant un grand nombre d’employés manuels de l’Union commerciale du Sud. C’est également en Latwy qu’Edvard Forsberg, ancien maître architecte et baron des terres, fonda le premier collège Forsberg, institution académique dédiée à la formation des ingénieurs civils pour le sud du royaume. Les plaines fertiles du centre de Mordaigne sont majoritairement parsemées de petits hameaux et d’auberges en bordures de route desservant les gens souhaitant rejoindre l’Arsenal situé à Zolynia. Coeur administratif de l’Union commerciale du Sud, Zolynia héberge des marchands des quatre coins d’Ébène et des pages corrésiens issus de la bourgeoisie suivant leur éducation dans l’un des nombreux instituts de la cité. Bien qu’ils ne soient plus à la tête de la guilde commerciale, ce sont toujours les Trifoni qui dirigent la région, héritiers de la dynastie de Vlado Trifoni qui fit ériger l’Arsenal. De l’autre côté de la Laurelanne, formant l’ouest du comté, les terres de Prudel représentent un havre de paix pour tous les traditionalistes corrésiens essoufflé de ce flot cosmopolite parcourant la région. Plus en retrait des activités commerciales effrénées de Mordaigne et de l’Union commerciale, le secteur occidental du comté compte un bon nombre de petites bourgades, de monastères et de forêts sacrées dédiées à la lumière du Céleste. La cité de Prudel des seigneurs Balzareck attire cependant une abondance de conteurs et d’artistes dévoués à la tradition orale des grandes histoires mythologiques traditionnelles de Corrèse. Formant le sud du comté, les terres de Makmira étaient, il y a de cela à peine quarante ans, assez densément boisées. Toutefois, depuis, le baron Anton Borzivoi décida de mener la guerre aux Insoumis de la forêt d’Ébène en fondant plusieurs camps de travail forcés où les prisonniers de la Guerre de l’Avènement étaient envoyés afin de priver les résistants de cachettes. Avec cet afflux de bois de qualité et d’espace à défricher, le sud de Mordaigne se transforma en un multitude de domaines privés vendus à fort prix aux bourgeois - et à certains individus moins recommandables mais tout aussi riches- du Royaume souhaitant avoir leur retraite dans les terres “sauvages” de la forêt corrésienne. Au coeur de la cité même de Makmira, la Haute loge Borzivoi gère les opérations des prêteurs sur gage et usuriers oeuvrant dans les divers maisons de prêt dans le sud du royaume, le tout en association directe avec la Banque libre d’Ébène de Gué-du-Roi. Incontournable monument à la modernisation de Corrèse, la cité de Mordaigne et les terres de Basse-Mordaigne occupent le nord du comté à la frontière de Fel. Second pôle de pouvoir du Marquisat, Mordaigne n’a rien à envier à aucune cité avhoroise ou felbourgeoise. Places marchandes, églises, manoirs, écoles et quais se côtoient à l’ombre de la grande forteresse Rominski d’où la belliqueuse dynastie règne sur une partie importante des richesses de l’ancienne Corrèse. C’est à l’entrée même de cette forteresse que furent jadis fixées les grandes portes de Porte-Chêne lors de leur retour du Sarrenhor en 323, geste qui signa les débuts de l’unification de l’Orrindhas. Rapatriées à Porte-Chêne en 380 lors de la création du Marquisat corrésien, ces portes furent remplacées par les portes du Levant. Confectionnées avec soin par Magdalena Merioro, ces dernières sont parées d’un soleil levant aux motifs végétalisés entouré des armoiries de différents comtés corrésiens; représentation d’une Corrèse nouvellement unifiée. C’est à Mordaigne que se déroulent les événements culturels et économiques d’envergure des territoires gérés par le Marquisat. Qui plus est, la forteresse accueille les rencontres de l’Alliance du Levant: l’assemblée des comtes corrésiens chargés d’élaborer les lois du Marquisat. Ces éléments contribuent à faire de Mordaigne un bastion de la cause nobiliaire en Corrèse. Malgré que les signes physiques du sac de la cité par le général Klev Brenmar au début de la Guerre de l’Avènement ne paraissent plus vraiment sur la région, l’événement laissa un profond traumatisme au sein de la populace. Avant sa mort aux mains de la princesse Théodoria, l’ancien comte de Mordaigne, Krystian Rominski, promis que les armées du comté ne quitteraient plus jamais le territoire. Dans cet optique, sa fille unique Léa, consacra les efforts militaires de la riche cité à améliorer et entretenir ses défenses -ce qui contribua encore davantage à l'essor économique de la région. HistoireLe comté de Mordaigne, au nord de Corrèse, a toujours été le mouton noir du palatinat. Son territoire longeant la Laurelanne et bordant les territoires de Fel en a fait une région ayant plus facilement accès aux produits exotiques du nord du royaume d’Ébène ainsi qu’aux marchands les acheminant. Ce faisant, la cité commerciale de Mordaigne a toujours été une halte naturelle pour les négociants ne souhaitant pas s’enfoncer dans la malicieuse forêt d’Ébène ou voulant limiter le plus possible leurs interactions avec le superstitieux peuple corrésien. Sans dire que les habitants de Mordaigne étaient chaleureux, ouverts d’esprit à la culture du nord et progressistes face aux innovations, la population du comté se montrait au moins plus curieuse ou plus en mesure de feindre un intérêt pour les “frivolités” des palatinats nordistes. Autrefois sous la juridiction de la famille Paurroi, diverses familles nobles se sont succédées à la tête de cette région. Le rôle du comte de Mordaigne a toujours été de maintenir ouvertes les routes commerciales pour l’exportation du bois de Corrèse et de filtrer les produits fastueux pénétrant le territoire, la surabondance de luxe ayant toujours été signe de paresse d’esprit chez les Corrésiens. C’est avec ce mandat que les barons et l’aristocratie du territoire ont organisé leurs terres, toujours pris entre deux mondes : celui de la tradition et celui du progrès. Craignant que les familles nobles ne sombrent dans la corruption avec le temps, le titre de comte de Mordaigne était temporaire; pas plus de trois ou quatre générations d’une même famille occupait profitaient de ce statut. Après quoi, les Paurroi décidaient d’une nouvelle dynastie qui aurait à gérer le commerce du grand fleuve. Le comté ne se mêla jamais réellement de politique ou des affaires de la cour de Porte-Chêne. Aussi longtemps que les revenus des divers impôts et des taxes marchandes allaient dans les coffres Paurroi, Mordaigne bénéficiait d’une certaine autonomie quant à son rôle de protection frontalière de la forêt d’Ébène. En 315, la région étant alors sous la direction du comte Frédérik Garant, une organisation de seigneurs mineurs, d’artisans, de négociants et de lettrés se forma autour de la bannière du jackalope de l’Alliance de Mordaigne. Ce regroupement de Corrésiens était prêt à rejoindre la politique du royaume en Yr afin d’y porter les intérêts commerciaux et culturels du palatinat sylvestre, ses intérêts militaires y étant déjà adroitement représentés par la Garde forestière. La prise de position de l’Alliance dans la Guerre des deux Couronnes fixa le ton de ce qui allait se produire lors des années suivantes. Partisans du prince Élemas IV, mais refusant d’exécuter tous ses opposants tel que prêché par la Garde forestière, l’Alliance de Mordaigne commença créer des frictions à l’intérieur du palatinat et de Mordaigne même. Avec les raids et les assauts sarrens, partisans de la princesse Isabelle Delorme, sur l’est du palatinat, un bon nombre de seigneurs corrésiens perdirent la vie et durent être remplacés. C’est à ce moment, en 321, que la comtesse Chilikov prit les rênes du comté voisin à Mordaigne, les Semailles, et que la comtesse Tesar créa le comté d’Esfroy au sud-est. Cependant, cette prise de pouvoir d’anciens membres de l’Alliance ne profita pas directement à Mordaigne, les intérêts des nouvelles comtesses divergeant maintenant de la réalité du comté du nord. Krystian Rominski, fondateur de l’Alliance resté en Mordaigne, négocia alors à la cour d’Yr une entente de non-agression avec Salomon d’Iscar, leader des raids sarrens sur Corrèse et éventuellement vainqueur du siège de Porte-Chêne. Cette négociation se fit sans l’aval du comte Garant qui n’y vit qu’une habile manoeuvre politique protégeant son comté des incursions du Sarrenhor. Les intentions de Rominski allaient cependant bien plus loin et, par diverses tractations, il réussit à être nommé baron de la Basse-Mordaigne. Il s’assura par la suite que les postes décisionnels du comté soient mis entre les mains de membres encore fidèles à la cause de l’Alliance de Mordaigne. Le baron construisant son influence petit à petit pendant les années suivantes, il réussit à ce que la seigneur-palatine de l’époque, Cathara Paurroi, le nomme comte de Mordaigne en 321 avant que celle-ci ne soit elle-même nommée princesse d’Ébène sous le nom de Théodoria. Un terrible jeu de pouvoir s’installa alors en Corrèse. Une nouvelle faction, du nom de la Garde Céleste, s’installa dans l’ouest du palatinat et en son sud jusqu’au tristement célèbre château du Lichthaus, dans les profondeurs de la forêt d’Ébène. Alors que Mordaigne continuait de jouer son rôle de pourvoyeur commercial pour Porte-Chêne, l’influence des zélotes grandit rapidement et l’Alliance de Mordaigne se tourna, au grand dam de plusieurs corrésiens, vers l’extérieur du palatinat pour se trouver de nouveaux alliés. Profitant des rapprochements créés par la fondation de l’Union commerciale du Sud par le comte, les relations s’adoucirent avec le Sarrenhor ainsi que Fel et Cassolmer. Avec la fusion des Oblats hospitaliers et de la Compagnie du Heaume, d’anciennes congrégations religieuses célésiennes, en une seule organisation, la cité de Mordaigne reçut le statut de lieu sacré par sa grande implication auprès des Oblats durant la Guerre des deux Couronnes. Le comté prospéra alors rapidement et la cité commerciale doubla presque de population. La situation à l’intérieur de Corrèse éclata cependant en un terrible conflit ouvert en 322. Les comtés de Mordaigne, Esfroy et Haute-Tour se rebellèrent contre l’autorité des Paurroi qui étaient, à leurs yeux, manipulés par la Garde Céleste et son étrange rite mystique d’Illumination. La cité de Mordaigne fut saccagée par les troupes fidèles aux Paurroi dirigées par nulle autre que la comtesse protectrice Mila Chilikov. Ce massacre traumatisa profondément la population de la cité qui n’avait pas connu la guerre depuis plusieurs décennies et qui s’était enfoncée dans un mode de vie basé sur la prospérité marchande. À partir de ce moment, Krystian Rominski fit la promesse que les troupes de Mordaigne ne quitteraient plus jamais les frontières du comté et cette doctrine tient encore de nos jours. Ce fut cependant la seule calamité qui frappa la cité qui possédait maintenant sa grandiose forteresse; forteresse à laquelle on apposa les portes de Porte-Chêne, offertes par les Sarrens après moultes négociations. À partir de ce moment il n’était plus question pour l’Alliance de Mordaigne de retourner sous la juridiction des Paurroi et on mit sur papier les bases du Symposium d’Arianne qui rejoindrait le camp des Républicains durant la Guerre de l’Avènement. Par un terrible concours de circonstances, les enfants Paurroi à la tête de Corrèse furent assassinés par une Mila Chilikov en perte de son esprit et la princesse déchue Cathara Paurroi prit plusieurs otages de marque afin de ramener les rebelles sous le giron de Porte-Chêne -et du même coup du Guérisseur couronné. Le comte Rominski s’offrit en sacrifice afin que soient épargnés ces otages où figurait le fils d’Abigael Tesar et Salomond le Grand chevaucheur : Émond. Il fut alors abattu en pleine cour d’Yr et c’est sa fille maintenant orpheline, Léa Rominski, qui hérita du prospère comté et du fardeau de la guerre. Le maître architecte Edvard Forsberg put heureusement assurer son entrée en pouvoir au lendemain du grand deuil qui frappait Mordaigne. Les alliances tissées avec Esfroy, le Sarrenhor et le comté de Mille barons de Cassolmer tinrent, heureusement pour elle, et elle put rapidement donner l’aval à ce que le projet de l’Orrindhas voit le jour. L’Arsenal de Vlado Trifoni fut terminé et pleinement opérationnel lors de l’année suivante; le vicomte de l’Union commerciale du Sud put alors utiliser le plein de pouvoir économique de son organisation pour faire bénéficier au comté de nouvelles routes économiques. Mordaigne tint bon et participa activement à l’embargo sur la partie ouest de Corrèse sous le contrôle des traditionalistes Ristoff Paurroi et Conrad Mensner. Les escarmouches planifiées par la milice des “Insoumis” n’eurent que peu d’impact sur le territoire dû à la grande attention portée au développement d’infrastructures défensives visant à protéger les marchands sous la gouverne de Trifoni et honorer la volonté de l’ancien comte Rominski. Le Port de l’Alliance conçu et développé par le mentor de la comtesse, le baron Forsberg, sur le Lac de la Croisée atteignit le sommet de ses activités aux débuts des conflits de la Guerre de l’Avènement. De concert avec l’Arsenal de l’Union, le contrôle des fleuves et des caravanes de tout le sud du Royaume allait lentement tomber sous le contrôle des marchands corrésiens et le poids du fardeau économique finit par avoir raison des Corrésiens de l’ouest en 341. Avec les négociations visant à constituer le Protectorat de l’Orridhas et le Symposium d’Arianne, le comté de Mordaigne se rapprocha énormément du clan Sarren des Volund, lui également possédant de grandes lignées de familles marchandes. En 330, Léa Rominski scella l’alliance entre les deux comtés en se mariant avec Andrivolund -devenu Andrii Rominski à la mort de son père tel que le souhaite la tradition sarren-, second fils du chef du clan Mirovolund. C’est l’année suivante que naquit Lana Rominski et deux ans après, Daria Rominski. En 341, avec la signature de la paix en Corrèse et la mort de Salomond l’Avisé, la lignée des Mond prit une grande importance dans le Symposium d’Arianne qui tenait toujours tête aux forces monarchistes. Casimir d’Iscar remplaça son demi-frère, Émond, à la tête du comté d’Esfroy, voisin et allié de toujours de Mordaigne. Avec la signature de la paix du royaume en 345, la possibilité d’un retour au pouvoir des Paurroi sur Mordaigne était alors temporairement écartée et Léa Rominski concentra ses efforts à faire de la cité un lieu de rencontre privilégié pour les autorités du Symposium. En 346, on célébra le mariage de Lana et Casimir d’Iscar qui se montra être un adroit diplomate plus sympathique aux Corrésiens qu’à ses souches à demi Sarrens. La triple alliance que formait Mordaigne, Esfroy et les terres Volund s’avéra un tremplin supplémentaire à l’Union commerciale du Sud qui prospéra encore plus rapidement une fois la paix signée avec les Monarchistes. En 351, c’est le mariage de Daria Rominski que l’on célèbre avec Marko Forsberg, héritier du maître architecte et fondateur des collèges d'ingénierie civile Forsberg : Edvard Forsberg. En 357, avec la purge que subit le comté de Haute-Tour et l’Académie du Zanair, un Anton Borzivoi aigri et vieillissant réintègre ses terres de Makmira, constituant autrefois le sud de Mordaigne, au comté des Rominski. L’ancien membre de l’Alliance de Mordaigne, momentanément comte de Haute-Tour, met sa fameuse Haute loge Borzivoi et son réseau de maisons de prêt au service de l’Union commerciale et de la cité forteresse de Mordaigne. Malgré l’animosité ayant pu exister par le passé entre la Couronne et le Symposium d’Arianne, Léa Rominski fait un pèlerinage en Yr en 362 afin d’y contempler le Siège des Témoins et voir pour la première fois le lieu où son père fut assassiné. À sa grande surprise, elle y rencontre le Monarque en personne et revient en Mordaigne convaincue du bienfait du régime monarchique en place. Le comté commence alors à s’impliquer plus d’avant dans les affaires royales, contribuant monétairement au trésor royal et offrant aux Corrésiens la possibilité de rejoindre les rangs de l’armée royale plutôt que les défenses de Mordaigne. Lana Rominski commence alors à représenter le comté dans l’assemblée des seigneurs du Symposium. Aidée de son époux Casimir ils travaillent activement à faire en sorte que l’entité géographique constituée de Mordaigne, Esfroy et les terres Volund reste le coeur économique de l’organisation au grand détriment de Lys d’Or. Compensant pour le côté plus idéologue et l’éducation de lettré de Casimir, Lana se montra rapidement être une femme d’action politique pragmatique à l’image de son grand-père. Elle fit d’ailleurs mettre le jackalope de l’Alliance de Mordaigne sur les armoiries familiales Rominski; famille dont elle comptait bien avoir la charge dans les décennies à venir. Avec les années, un fossé se creusa cependant dans le Symposium d’Arianne et l’accumulation de petits incidents amena des rivalités et des tensions à l’intérieur même de l’organisation politique. En 377, Léa Rominski, âgée de près de 70 ans, dirigeait toujours le comté de Mordaigne, mais elle laissait sa fille Lana s’occuper de la représentation auprès du Symposium envers lequel elle porte peu de crédibilité. Formée en 379 à la suite de la destruction du Guet-du-Levant par les alliés du Protectorat, l’Alliance du Levant était originellement un mouvement de contestation de la noblesse corrésienne à l’égard des Arches de l’Orrindhas. Animés d’un désir d’autonomie et d’un profond zèle absolutiste, les seigneurs de l’Alliance gagnent la cité de Mordaigne dans les mois suivants pour y obtenir la participation du dernier comté corrésien non-signataire. À l’hiver 380, la Grande Charte de l’Alliance du Levant obtient la souscription de l’ensemble des comtes corrésiens, donnant ainsi naissance au Marquisat de Corrèse. Sous la tutelle de la famille Paurroi, seigneurs traditionnels de Corrèse, l’Alliance du Levant subsiste sous la forme d’une noble assemblée législative siégeant depuis Mordaigne. Dirigeant les bannières corrésiennes depuis Porte-Chêne, la marquise Paurroi a le devoir d’administrer la justice sur ses terres, de protéger l’assemblée de Mordaigne, et de veiller à cultiver le support de ses sujets. |
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Carte d'Ébène - Porte-Chêne et le duché du Chêne |
Porte-Chêne et le duché du ChêneGénéral“À l’austérité des steppes succéda la morbidité des routes de Corrèse. Pendus, égorgés, brûlés et décapités jonchaient les champs de part et d’autre des voies que nous empruntions. Si nulle âme qui vive ne daigna nous croiser, nous devinions sans peine qu’un danger incommensurable guettait chacun de nos pas. Sous la guidance du Sage, nous fîmes un arrêt devant les grilles de Porte-Chêne. Du haut des remparts les surplombant, deux soldats nous interpellèrent immédiatement : “Passez votre chemin voyageurs! hurlèrent-ils, vous ne trouverez ici ni allié, ni ami. Le Sang’Noir nous a frappés les premiers, la mort nous emportera les derniers!”” - Gaspard l’Ancien, premier Témoin Bastion de l’Ouest, premier rempart d’Ébène, frontière du monde civilisé, telles étaient jadis les marques de prestige auréolant la plus vieille cité du royaume. Surplombant le lac du Chêne et les campagnes environnantes depuis l’ère de l’Illumination, les hautes murailles grises de Porte-Chêne sont imprégnées de l’histoire de l’humanité depuis ses premiers chapitres et témoignent aujourd’hui encore de la victoire du Céleste et de sa création sur les êtres issus du Foisonnement. Monument issu du défrichement de l’Orrindhas par les Enfants d’Ariane, éprouvée par le Sang’Noir, témoin de la venue du Roi et demeure d’un peuple tout aussi inébranlable que ses fondations, il apparaît que Porte-Chêne survit au temps telle une empreinte du savoir-faire et de la ténacité des Hommes. Longtemps privés de leurs lettres de noblesse, Porte-Chêne et sa famille régnante dominent aujourd’hui le Marquisat de Corrèse. Tantôt contraints de valser au rythme des désirs populaires, les Paurroi savent néanmoins en appeler au devoir de leurs sujets lorsque vient de temps de défendre leurs traditions contre des menaces étrangères. Dans les rues du Bastion de l’Ouest, traditionalisme et misère exercent leur joug dans une atmosphère lugubre où se côtoient vivants, légendes et superstitions issues d’un passé tantôt glorieux, tantôt terrible. Pressés les uns contre les autres dans la pauvreté de leurs bourgs sous le poids d’un exode rural sans précédent, les habitants du Chêne sont un peuple fier et farouche pouvant affirmer, par les armes s’il le faut, être les “seuls vrais Corrésiens”. Gare à celui ou celle qui voudrait suggérer le contraire en leur présence, car il est peu de choses aussi dangereuses en Ébène qu’une foule n’ayant plus rien à perdre. Depuis les dernières décennies, de nombreux efforts ont été déployés pour pallier à cet exode. Élevée comme capitale du Marquisat de Corrèse à l’hiver 380, Porte-Chêne est la demeure de la marquise Paurroi et de sa famille. Dominant le lac du Chêne, la cité accueille fréquemment en ses murs la noblesse des comtés environnants du Chêne et des Cendres. Ces deux comtés, jadis unifié sous une même bannière par une héritière commune en la personne de la marquise Katerina Paurroi, accueillent aujourd’hui les plus fervents partisans du traditionalisme et de l’absolutisme corrésien. D’abord liés à Ébène par leur foi et leurs serments envers la Reine, les Corrèsiens se perçoivent comme l’écu gardant le royaume des Ombres qui émanent de la Forêt d’Ébène et refusent catégoriquement de se laisser dicter leur conduite par d’autres forces que celles du Céleste et de son élue terrestre. GéographieQui empruntait par le passé la route de Porte-Chêne ne pouvait qu’être marqué par la densité des vastes étendues de feuillus qui parsemaient son chemin. En temps de paix, ces forêts riches en gibiers de diverses tailles accueillaient les bûcherons et les trappeurs corrésiens qui y tiraient leur subsistance. Or, lorsque sonnaient les cors de guerre, ces mêmes zones forestières devenaient le premier rempart de la vieille capitale, offrant couvert et protection aux tirailleurs corrésiens. Ce n’est pas sans regret que la marquise (alors duchesse du Chêne), proclamant son édit en la 340e année de l’ère royale, appela au défrichement de la sylve ancestrale et ce n’est pas sans peine que les Corrésiens s'affairèrent à cette tâche ardue et dégradante. Il eût été difficile de faire autrement, la pauvreté du sol et une série de mauvaises récoltes ayant aggravé la dépendance des habitants de Porte-Chêne et des environs envers les sources d’approvisionnement issues des autres régions du Protectorat de l’Orrindhas lors des années précédant l’édit de Mensner -édit qui poussa à la colonisation des terres occidentales du duché. Derrière ces mesures drastiques se perçoivent aujourd’hui encore la peur omniprésente d’un autre blocus commercial meurtrier et le sentiment de mendicité causé par une précarité à même de nourrir une rancoeur grandissante, ce tant entre les murs de la capitale que dans ses campagnes. Ainsi, les forêts denses et abondantes qui faisaient jadis la réputation de l’Ouest corrésien cèdent progressivement leurs places à des arpents de terres agricoles à faible rendement qui ne peuvent qu’évoquer la mélancolie pour quiconque regarde l’horizon. Ultimement, la vie demeure lente et prudente sur les terres entourant l’ancienne capitale corrésienne. Au nord, les pêcheries d’Eidelbourg sont l’une des rares sources de vivres fiables de la région, encourageant la populace des autres hameaux surpeuplés à y chercher refuge et subsistance auprès d’une bourgeoisie mieux nantie. Entre la mer blanche et la métropole, la forteresse de Mensner agit à titre de résidence secondaire pour la famille régnante et assure une présence des Paurroi sur l’ancien comté des Cendres. Depuis quelques années, celle-ci est au coeur du défrichage voué à améliorer le rendement des terres du Chêne. De ces efforts initiaux de déboisement vers la Forêt d’Ébène, il ne reste que des histoires de disparitions subites associées aux habitants de la forêt et des rumeurs de boisés entiers ayant repoussé en une nuité. Sur décret ducal, l’expansion vers l’ouest fut éventuellement interdite au profit des forêts au nord et à l’est du duché. Anciennement un chapitre de la Garde céleste, le hameau Untel figure maintenant au coeur des efforts religieux sur les terres du Chêne. La justice royale y est sévèrement exercée entre les parois de bâtiments d’un bois noir coupé à même l’Ébène, et les effectifs du Glaive qui y sont stationnés sont chargés d’empêcher quiconque, ou quoi que ce soit, d’entrer ou sortir de la Forêt. Aux dépendances d’Untel s’ajoutent les lieux de culte de la vieille capitale, incluant le temple de Porte-Chêne. Intégré aux défenses de la ville, ce dernier prend la forme d’un imposant édifice de bois sculpté couronnant une tour de guet du rempart oriental de la ville. Historiquement, aucun ennemi célésien n’a jamais pris d’assaut cette façade du mur, les risques d'endommager le lieu saint étant trop élevés. Finalement, il y a le monastère de Noirbois, un lieu austère à la lisière de la Forêt d’Ébène. Originellement reconstruit afin d’accueillir les Héritiers et les Vestales des terres du Chêne, Noirbois est l’un des rares monastères attachés à cette tradition qui attire encore des enfants de noble lignage, majoritairement les enfants d’une aristocratie superstitieuse ou zélée. Depuis déjà deux générations, les Paurroi eux-mêmes ont pris pour habitude d’y envoyer l’un des leurs afin d’implorer le pardon du Céleste pour les actes de la princesse Théodoria, anciennement Cathara Paurroi. En retrait de la société, la Voix y forme quelques-uns des prédicateurs les plus critiques du monde séculier au sein du royaume. Depuis la grande chasse du printemps 378, le monastère accueille la célèbre tête du cerf blanc. Ce trophée offert par la marquise Katerina Paurroi confirme le caractère unique de la foi célésienne en Corrèse marqué par la superstition et une complexe relation avec la forêt d’Ébène. Or, chacune de ces agglomérations rayonne par son humilité, lorsque comparée à l’immense cité se dressant en bordure du lac du Chêne. Derrière de hautes murailles de pierres grises érigées pour contenir un ennemi aujourd’hui disparu s’élève fièrement Porte-Chêne. Témoins de l'ingénierie humaine dont les fondations remontent à l’ère de l’Illumination, ces fortifications millénaires tiennent toujours une place d’avant-plan dans la définition du corps social des Portéens. Ainsi, le statut de citoyen n’est accordé qu’à ceux habitant l’intérieur de l’enceinte, ce qui limite par le fait même le développement de faubourgs. Qui plus est, l'entretien du mur relève du devoir de chacun des habitants de Porte-Chêne, lesquels préfèrent vivre dans la misère plutôt que de voir leurs fortifications tomber en ruines. Monument à la résilience et à la témérité du peuple corrésien, un véritable Portéen préfère nettement vivre sous le joug de l’austérité afin de garder sa fierté et son honneur de toute souillure plutôt que d’avoir à subir les affres de l’humiliation qu’imposerait la décrépitude de ses fortifications. Pouvant se targuer d’être la plus vieille cité d’Ébène, l’ancienne capitale corrésienne se démarque aujourd’hui par la multiplication de hautes structures d’habitations ternes en son enceinte, lesquelles sont vouées à loger un nombre toujours grandissant de citoyens fuyant la famine et la misère occasionnées par les disettes régulières en campagne. Semblant rivaliser afin de gagner les cieux, ces grands édifices noient aujourd’hui les merveilles architecturales de la cité dans une marée de bois gonflé et de crépis maussade. Ainsi, les fines sculptures du Palais forestier de la famille Paurroi et son bastion ancestral paraissent aujourd’hui être écrasés par de hautes tours populeuses. Ce qui n’empêche pas la famille régnante de vaquer à ses tractations politiques par des réceptions dans ses jardins, chaque espace vert étant désormais une marque de prestige pour les riches habitants de la ville, ou depuis le confort de sa majestueuse salle de banquets. Cette dernière, prestigieusement surmontée d’une voûte boisée, est cause d’émerveillement pour qui pose le regard sur sa longue broderie mettant en scène l’histoire des Paurroi, et plus encore pour quiconque admire les vestiges des butins passés qui y sont exposés. Pièce maîtresse de cet ensemble, le trône blanc, surmonté de peaux de sorhinars sacrés et construit à même le bois d’une galère blanche ayant jadis orné les bannières Aerann, est un rappel à tous les visiteurs des exploits guerriers qui ont permis aux Paurroi d’asseoir leur règne. Fréquemment prises d’assaut par la brume dense du lac et un froid humide, les rues de la ville, qu’elles soient pavées ou boueuses, vivent au rythme de foules réchauffant leurs humeurs auprès de prédicateurs éloquents et à portée d’âtres de tavernes. Or ces lieux sont source d’une ambiance bien souvent tout aussi glaciale que celle imposée par le climat, alors que les récits d’épouvantes et les superstitions issues de combats contre les forces de la Forêt d’Ébène, de disparitions funestes, et de massacres contemporains du Sang Noir ravivent fréquemment les fantômes d’une sombre époque. Nul ne s’aventure à l’ombre des quartiers portuaires après le couvre-feu sans remettre sa vie entre les mains du Céleste, un avertissement trop souvent ignoré des quelques négociants qui s’aventurent encore jusque dans la cité. HistoireLes érudits s’accordent aujourd’hui, sur la base de récits oraux mis à l’écrit ultérieurement, pour dater la fondation de Porte-Chêne sous l’ère de l’Illumination. Par conséquent, on attribue la fondation légendaire de Porte-Chêne à une matriarche issue de la lignée d’Édarianne lors de la Seconde Guerre des Enfants d’Arianne. Celle-ci, aux prises avec des premières factions dissidentes, aurait ordonné l’érection d’un campement fortifié afin de garder ses arrières contre ses ennemis mythiques tandis qu’elle allait combattre des adversaires d’un même sang. D’abord une simple garnison, l’ensemble fut cerné d’un hameau dès lors que des indigents entreprirent d’y travailler la terre en échange de protection. Progressivement, Fort-de-Chêne s'enracina pour devenir un bourg vibrant sous la garde de son ost, la garnison initiale céda sa place à un fortin et on entreprit d’ériger un mur de pierres tirées d’une carrière locale à même de résister à un ennemi sylvestre aujourd’hui disparu. Comme pour tout ce qui a trait à Corrèse, légende et vérité sont si bien imbriquées qu’il est difficile de les départager. Aux contes fantasques de l’Illumination succèdent toutefois les récits plus fiables de l’Avant, lesquels font déjà mention de la porte écarlate des Paurroi flottant depuis le sommet des remparts de pierres de Porte-Chêne. L’expansion de la cité d’une époque à l’autre laisse entendre qu’ils furent nombreux à gagner le couvert de ses fortifications imprenables, multipliant les habitations dans la capitale et les serments faits à la famille régnante, ce qui permit aux seigneurs de la place forte de garnir leurs rangs de soldats à même de suivre leur bannière à l’arrivée du printemps. Fiers seigneurs en quête de pouvoir et de richesse, l’histoire des Paurroi regorge de grands héros ayant guerroyé afin tenir leurs acquis et pour repousser les limites de leur domaine au dépens des chevaucheurs de l’est et des géants du nord. Aujourd’hui encore, les voûtes du château d’écorce regorgent de trophées non inventoriés issus de ces butins ancestraux, tous jalousement gardés par les marquis en place. Ayant détourné son attention de la Forêt d’Ébène pour combattre des ennemis d’un même sang sous l’Avant, Corrèse renoue brusquement avec les abominations qui ont hanté son histoire lorsque surgit des tréfonds de la Forêt le Sang’Noir. Première victime de ce fléau, Porte-Chêne est emportée par une marée de violences et de massacres qui fait couler des rivières d’un sang de jais dans ses rues tandis qu’un nombre restreint de survivants parviennent à se réfugier derrière les portes du bastion Paurroi. Commence alors un siège pénible, contraignant les survivants à lutter quotidiennement contre les assauts des damnés, siège qui ne prend fin qu’avec la venue du Prophète au terme de la Longue Année. Ployant du genou face à leur sauveur, les Corrésiens demeurent néanmoins tourmentés par des superstitions qui échappent à la raison d’autres Ébénois. S’isolant des autres palatinats sous l’ère des princes et des princesses, Corrèse s’abstint d’implications directes dans les grands conflits qui bouleversent le royaume unifié et devient plutôt une enclave de traditionalisme fermée sur elle-même. Plus occupés à reconstruire ce qui a été emporté par le fléau du Sang Noir qu’à convaincre leurs voisins au terme de tractations exhaustives, les Paurroi de Porte-Chêne se sont dès lors contentés de défendre l’intégrité de ce qu’ils avaient érigé par le passé contre les revendications felbourgeoises et les pillages sarrens dévastateurs. De fait, Ébène n’eut que deux suzerains issus du palatinat sylvestre, tous deux retenus pour leurs politiques d’austérité exacerbée et de discipline rigoureuse incitant à la révolte. Si le premier, Casimir le Sévère, a eu la chance de mourir avant d’être renversé par ses détracteurs, l’histoire fait de la seconde, Théodoria l’Illuminée, la seule princesse chassée du pouvoir par ses sujets. Divisant le Royaume, le règne de Théodoria vient aggraver les tensions internes à Corrèse, ce qui aboutit sur une guerre civile destinée sonnant le glas du palatinat. En effet, en 316, les frictions entre des factions aux visées diamétralement opposées se multiplièrent dès les prémices de la Guerre des Deux Couronnes, notamment en ce qui a trait au traitement de la paysannerie, aux rapports entretenus avec les Sarrens et à l’acceptation des zélotes religieux de la Garde Céleste. Latentes pendant plusieurs années, ces tensions atteignirent un point de non-retour à l’aube de la Guerre de l’Avènement en 323. D’un côté, les partisans d’un palatinat traditionaliste et isolationniste trouvèrent leur champion en la Garde forestière, un regroupement de tirailleurs expérimentés chargés de défendre les frontières de la forêt d’Ébène. De l’autre, les partisans d’une Corrèse ouverte aux échanges avec le reste d’Ébène se rallièrent aux bannières de l’Alliance de Mordaigne, chef-lieu de l’Union commerciale du Sud tournée vers la modernisation et la promotion du savoir-faire corrésien en dehors de ses frontières. Trouvant un allié de taille auprès du Grand Chevaucheur du Sarrenhor Salomond l’Avisé, Mordaigne rejoint en 323 le Protectorat de l’Orrindhas, entité politique visant à unifier les Enfants d’Ariane, dans l’espoir de porter un coup rapide et décisif à ses adversaires. Toutefois, ce qui s'annonçait pour être une guerre armée rapide cède bien vite sa place à un blocus commercial exercé contre les défenseurs de Porte-Chêne et les comtés qui relèvent encore de son autorité. Sous l’impulsion des généraux Klev Brenmar et Conrad Mensner, Porte-Chêne résiste, menant des raids forestiers sanglants et cruels. Il faut attendre l’an 341 pour enfin saisir l’ampleur des conséquences de cette guerre commerciale. À la suite de deux années de mauvaises récoltes, une famine sans précédent s’empare de l’ouest de Corrèse. Toujours sous l’effet du blocus de l’Union commerciale du Sud et du Protectorat de l’Orrindhas, les comtés affiliés à Porte-Chêne sombrent dans l’anarchie. À Port-Casimir, au nord-ouest, une révolte éclate alors que les citadins affamés réclament la reprise du commerce avec les Corrésiens de l’est et les Sarrens. Ristoff Paurroi, seigneur de la cité, décide d’envoyer Klev Bremnar sur place afin de mater l’insurrection, mais les méthodes violentes et sanglantes du commandant de la Garde forestière ne font qu’ajouter de l’huile sur le feu. Au début du printemps, Brenmar est pris pour cible par la foule lors d’une exécution publique et pendu aux murailles de Port-Casimir. La ville est hors de contrôle, alors que le pouvoir échappe aux détenteurs du pouvoir traditionnels pour passer entre les mains du peuple. En l’absence d’une volonté de remettre l’ordre établi en question, la masse armée se contente d’imposer ses désirs à la noblesse en place. À l’été, Ristoff Paurroi, accompagné de Conrad Mensner, accepte finalement de rencontrer Salomond l’Avisé et Abigamond afin de négocier la paix. Une entente est alors conclue : Ristoff accepte d’intégrer ses territoires au Protectorat de l’Orrindhas et d’abandonner ses prétentions palatines sur l’ensemble de Corrèse, mais exige de conserver son autonomie seigneuriale dans la gestion des affaires internes. Promis à être unis sous une même bannière par une héritière commune, les comtés de Porte-Chêne et des Cendres, derniers défenseurs de l’ouest corrésien, profitent du traité de paix pour proclamer la création du Duché du Chêne au sein du Protectorat de l’Orrindhas. Ayant été intégrés de force à cet ensemble, c’est avec une rancoeur avouée que les seigneurs du Chêne siégèrent quarante ans durant sur le Symposium d’Ariane, une assemblée dispersant le pouvoir du Protectorat entre ses nobles. Les Paurroi et leurs vassaux s’y firent fréquemment la voix des Corrésiens rejetant tout effort de centralisation. Qui plus est, un fort ressentiment persista à l’égard des chevaucheurs de l’Orrindhas, et ce malgré les années qui se sont écoulées. Pour les Portéens, le souvenir du grand sac de Porte-Chêne par les Sarrens en l’an 316 et le rapt des imposantes portes qui ont donné leur nom à la cité paraissait toujours frais en mémoire. Réputées pour avoir légué à Corrèse sa bannière unique, ces majestueuses portes furent de tout temps une fierté pour les citadins de la ville. Or, après avoir été traînées à Lys d’Or au Sarrenhor par les chevaucheurs, celles-ci furent remises à Mordaigne qui les exhiba effrontément sous le seuil de sa forteresse pour plusieurs décennies. En 380, leur retour à Porte-Chêne vient finalement confirmer la création du Marquisat de Corrèse et l’entente renouvelée entre le Bastion de l’Ouest et Mordaigne. À cette rancune tenace s’ajoute le spectre de la famine et d’une mort lente et indigne héritée du blocus commercial. Aggravé par un mauvais rendement des terres et la division de celles-ci en parcelles ne pouvant assurer la subsistance de ceux les travaillent, cette crainte donne vie à un exode rural sans précédent vers les centres urbains à même d’offrir un sort n’étant pas nécessairement plus enviable. Les terres environnantes baignent encore dans une crainte constante de voir leur approvisionnement coupé pour servir quelques desseins politiques. Repliés dans un traditionalisme animé, les comtés du Chêne et des Cendres sont le théâtre de pogroms occasionnels contre les partisans de monopoles commerciaux. Bien que les seigneurs locaux protègent les intérêts de l’Union commerciale du Sud, ils tolèrent avec complaisance ces excès de violences populaires adressés aux autres grandes guildes du royaume. De fait, l’exemple de Port-Casimir trouve encore écho auprès des “vrais Corrésiens.” Dans les centres plus populeux, et particulièrement à Porte-Chêne qui croule sous le poids de la mendicité, ce sont les désirs populaires qui exercent leur joug plutôt que l’autorité de quelconques aristocrates, et ce sans qu’il n’y ait pour autant un désir de renverser ces derniers. Jugés comme étant nécessaires, mais redevables au peuple corrésien, les nobles locaux sont contraints à n’exercer qu’un pouvoir de sanction des actions entreprises par la masse. Quant à ceux qui souhaitent encore jouir d’un pouvoir qui n’est pas restreint, ils doivent regagner les terres qu’ils avaient jadis abandonnées au profit de manoirs urbains. Or, pour leur plus grand damn, il ne faut souvent pas plus de quelques récits de mauvais traitements réservés à des serfs ou de collaboration avec des partisans de la centralisation pour que ces sanctuaires aristocratiques se retrouvent à la mercie d’un ost citadin en quête de justice ou de vivres. Sans exception, les criminels du Chêne et des Cendres sont prestement emportés auprès des tribunaux d’Untel pour y être âprement jugés en accord avec les lois du Royaume. Malgré la misère grandissante, les habitants de Porte-Chêne restent fiers et droits. Héritiers des protecteurs du royaume, ceux-ci jugent rigoureusement les actes à même de ternir leur honneur. À cet effet, le rempart de la Faucheuse accueille une potence permanente servant de rappel à quiconque arrive en vue de Porte-Chêne. Quant aux bourreaux, ils jouissent d’un meilleur traitement que leurs pairs dans le reste du royaume, atteignant même parfois une renommée à même d’en faire des courtisans prisés des seigneurs ébénois. Néanmoins, le fragile équilibre entre le peuple et ses dirigeants ne peut en tout temps être maintenu. En 374, le retard inattendu d’un convoi de vivres vers la vieille capitale corrésienne aboutit sur un violent pogrom contre les non-Corrésiens habitant les murs de la cité. Suivant l’impulsion du moment, la populace en armes prit la route d’Eidelbourg et de Port-Casimir afin de s’approprier des vivres par ses propres moyens tandis que les seigneurs des lieux peinent à lever leurs bans. Déjà mobilisé pour aller assister les troupes royales impliquées dans la Guerre des Calcientes à Salvamer, le régiment des Plaines libres est plutôt dépêché au Duché du Chêne pour guider le peuple en armes vers son logis. L’Ost de Porte-Chêne refusant d’obéir aux ordres des cavaliers des steppes, les Vors entreprennent de piller une nouvelle fois les terres du Chêne afin de forcer le retour de l’armée populaire pour défendre ses terres. Arrivant finalement sur les lieux, les autres régiments de l’Orrindhas se heurtent quant à eux à une opposition provenant tant de l’Ost portéen que des forces Vors refusant d’abandonner leur pillage. Les escarmouches s’aggraveront pour ne prendre fin qu’avec l’intervention d’un jeune Dietrich Paurroi, chapelain de la Voix, dont les sermons parviennent à calmer les ardeurs de ses compatriotes. Liés à la famille Brenmar, régnant sur les Semailles par des alliances matrimoniales, les Paurroi saisissent l’opportunité créée par la mobilisation de l’Orrindhas à Bas-Cieux en 379 pour se rapprocher de leurs alliés. Dépêchés sur les lieux, Orellio et Astésia Merioro oeuvrent de concert avec d’autres courtisans yriotes pour reconstruire le Guet-du-Levant. Le fortin ne subsistera que quelques semaines avant d’être rasé par une coalition patricienne à la demande des Arches de l’Orrindhas. Sa destruction entraîne un vent de contestation dans l’ensemble des comtés corrésiens. Réunis à Bois-aux-Malvernes, les seigneurs de la sylve se rassemblent sous la bannière de l’Alliance du Levant pour réclamer l’autonomie de leur patrie. Au terme de tractations politiques orchestrées par l’Avhorois Orellio Merioro dans la cité de Mordaigne, la signature de la Grande Charte de l’Alliance du Levant et le rapatriement des portes de Porte-Chêne viennent finalement clore le sort du Protectorat de l’Orrindhas par la création d’un marquisat corrésien autonome. D’abord lié à Ébène par sa foi envers le Céleste et ses serments à la Reine, le Marquisat de Corrèse se présente comme l’écu gardant le royaume des Ombres qui émanent de la Forêt d’Ébène. Tandis que la marquise Paurroi assure la protection des terres depuis Porte-Chêne, les comtes de l’Alliance du Levant se rassemblent à Mordaigne pour y légiférer. Depuis la création du Marquisat, plusieurs paliers de pouvoirs se superposent dans la capitale sylvestre. D’une part, la cité accueille la marquise Katerina Paurroi, fille vieillissante du défunt duc Ristoff Paurroi et de son épouse Sigrid Mensner, qui règne depuis son palais sur l’ensemble de Corrèse. Menant les bannières du Marquisat, elle veille à la protection des terres, dispense la justice avec le concours de la Foi, et cultive le support de ses sujets. Frêle de corps, mais forte de caractère, la marquise apparaît à tous comme une stratège hors pairs. Malgré la position ténue de la noblesse dans l’Ouest corrésien, elle est auréolée de gloire pour son rôle dans la sécession du Protectorat de l’Orrindhas. Sa succession semble assurée par les fils issus de son mariage à Emerek Brennmar, Karl (25 ans) et Manfred (18 ans). Régnant sur le comté du Chêne depuis la capitale, Karl est le digne héritier de sa mère et porte la voix de cette dernière auprès des instances du royaume. Son frère, le comte des Cendres Manfred, dirige quant à lui les initiatives de peuplement de l'ouest corrésien depuis la forteresse de Mensner. Leur benjamin, Dietrich (17 ans) fut quant à lui remis au monastère de Noirbois à la naissance pour implorer le pardon du Céleste en réponse aux actes de la princesse Théodoria. Détaché des soucis temporels, et assez indifférent par rapport au reste de sa famille, il est connu à travers les terres du Chêne comme étant un prédicateur éloquent. Depuis la chasse au cerf blanc de 379, Karl Paurroi tend toutefois à affirmer sa primogéniture sur ses frères. Après avoir réussi à mater les révoltes populaires alors même que la famine menaçait Porte-Chêne, il remporta la traque et rapporta la prestigieuse proie avec l’aide de l’Avhorois Orellio Merioro. Quelques semaines plus tard, il épousa Astésia Merioro, affirmant sa légitimité en tant que successeur au Marquisat de Corrèse. |
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Carte d'Ébène - Tour du Zanaïr et région de Haute-Tour |
Tour du Zanaïr et région de Haute-TourGénéralDu pied des Monts Namori à l’orée de l’obscure forêt d’Ébène s’étend l’ancien comté de Haute-Tour. Autrefois sous le contrôle de la famille Bogdanov puis des barons de Mordaigne, la région est désormais entièrement sous l’autorité de la maitresse académicienne du Zanaïr, Dame Florence. Alimentant les centaines d’érudits et de gardiens des secrets de la Tour du Zanaïr, les fermiers et bûcherons se tiennent loin de l’imposante structure de pierre. Pour le commun des mortels, les sujets discutés dans “La Tour” relèvent exclusivement de l’Inquisition Céleste et des mystérieux savants et devins. GéographieDes Monts Namori à l’orée de la forêt d’Ébène, l’ancien comté de Haute-Tour est étrangement ignoré des seigneurs du royaume. Pourtant, son territoire est l’un des plus diversifié et riche de Corrèse. Avec le décret royal autorisant la poursuite des activités du Zanaïr dans la région, personne n’ose plus désormais s’en prendre aux fiefs de l’académie. À l’est peut d’abord être visité le bourg de Weinburg. Emplacement de choix en raison de la richesse en minerai de fer de ses sols, Weinburg était dirigé par la très ancienne famille du même nom depuis de nombreuses années. Après la mystérieuse disparition du baron Gustav Bogdanov au début de la Guerre de l’Avènement, l’agglomération minière fut mise en tutelle par les seigneurs d’Esfroy à l’est. Soucieux de l’approvisionnement des armées patriciennes en lingots, ces derniers investirent des fonds respectables dans le développement des mines locales. Après le conflit, l’Union commerciale du Sud mena des tractations avec les négociateurs de la Couronne afin d’acquérir à bon prix ces exploitations de fer, devenant ironiquement des partenaires incontournables du financement du Zanaïr. Au nord, près des frontières de Mordaigne, se dresse la communauté forestière de Faragon. Située aux abords des ultimes bras de la Laurelanne qui traverse d'ouest en est l'entièreté de Corrèse, l’endroit est une plaque tournante pour le commerce des comtés du sud-ouest et pour l'approvisionnement en bois des terres intérieures. Sa position privilégiée à la jonction des affluents lui permet de fournir les fiefs situés à l'orée de la forêt d'Ébène et d'y assurer par la même occasion un renforcement rapide de troupes militaires. Étant lui-même tout près d'être englobé par la forêt légendaire, les produits forestiers sont omniprésents dans l'architecture de ses bâtiments. Des billots gigantesques de troncs d'arbres centenaires ne sont pas rares et plusieurs artisans viennent s'établir à Faragon pour profiter de la qualité de la ressource. Au sud, à l’ombre des Monts Namori et de la redoutable forteresse de l’Antre-du-Loup au Val-de-Ciel, prospèrent les carrières de pierre de Silroc. Auparavant délaissées par manque de marchés profitables dans le sud du royaume, celles-ci décuplèrent leurs activités après la conclusion de la paix du Monarque. Effectivement, que ce soit pour alimenter la rénovation perpétuelle du Mur de Théodas au Val-de-Ciel ou restaurer les châteaux laurois ou felbourgeois endommagés lors de la guerre, on voit quotidiennement d’impressionnants convois chargés de blocs gris prendre la route du nord. Toutefois, c’est la construction et l’entretien de la “Voie du Pénitent”, entre l’Antre-du-Loup et la Tour du Zanaïr qui financent la carrière au quotidien. Effectivement, au lendemain de la purge du Zanaïr, le Monarque commanda la création d’une large route pavée entre les deux points stratégiques. L’intérêt du projet était alors purement militaire ; en cas de fourberie de la part des Sages de la Tour, les forces inquisitrices valéciennes pourraient déferler promptement sur place pour mater les félons. Les froids hivernaux abimant périodiquement cette voie, il revient aux tailleurs et spécialistes de Silroc d’en assurer la maintenance. Cela dit, bien au-delà de ces haltes commerciales, c’est la Tour du Zanaïr qui attire l’essentiel de l’attention dans la région. Émergeant de la canopée de la forêt d’Ébène tel un obélisque hérité d’époques où la magie faisait frémir l’humanité, cette construction d’une soixantaine de mètres de hauteur suscite invariablement l’angoisse chez ceux qui y posent les yeux pour la première fois. Nul ne sait qui édifia ce monument de pierre, ni quand cet exploit fut réalisé. Néanmoins, ce que tous savent, c’est que jusqu’à la purge de 357, rien ni personne n’avait réussi à conquérir par la force l’endroit. Cela pousse d’ailleurs certains détracteurs de l’organisation à affirmer que sa complaisance à l’endroit de la Couronne est l’un des rouages de ses pernicieux plans millénaires. S’il est impressionnant de visiter les multiples locaux, laboratoires et bibliothèques de la tour à huit façades et huit étages, tous savent aujourd’hui que c’est sous terre que les plus grands secrets du Zanaïr sont confinés. Avec le support de l’Inquisition Céleste, les Sages conservent leurs trésors (ou malédiction) dans des voûtes réparties sur un nombre inconnu d’étages creusés et consolidés au fil des siècles. Dans un dédale de corridors obscurs, des alcôves de tailles diverses servent de reliquaires pour des artefacts soupçonnés de contenir des vestiges des arts mystiques pourtant présumés anéantis par le Céleste. Auparavant, c’étaient des Sages aux recherches questionnables qui occupaient les quelques salles de recherche sous la surface. Toutefois, avec la purge, l’exécution ou l’exil de ces derniers laissa les voûtes exclusivement à l’attention des rares individus autorisés par la Foi et l’académie à y pénétrer. HistoirePour toute idéologie dominante, un contre-courant se fait entendre. Aux érudits souvent partenaires des grandes familles nobles et des richissimes bourgeois, quelques mystiques opposent une voix dissonante et agaçante. Depuis bien avant le Sang’Noir, l’antique tradition du Zanaïr subsiste dans la région de Corrèse. C’est en l’an 90 que le prince en place, Orcidias II, officialisa le statut d’académie de l’ordre du Zanaïr. Le suzerain, passionné par les contes et légendes corrésiennes, avait pour conseillers personnels des mystiques plongés dans les arts divinatoires qui, pour d’obscurs services rendus, réussirent à obtenir de leur maître la reconnaissance de leur institution. Les origines du terme « Zanaïr » sont fort contestées. Pour quelques sages du Sarrenhor, il s’agirait d’une ancestrale expression des premiers Enfants d’Arianne renvoyant aux mystères naissant de l’union du vent et des cieux. Pour des érudits pyréens, ce serait le nom d’un mage ardarosien ayant impressionné les anciens ébénois par ses prouesses magiques. Enfin, pour plusieurs autres spécialistes des dialectes étrangers, le Zanaïr serait un concept métaphysique hérité des voyageurs du Firmor, peuple occupant autrefois les terres perdues au sud des monts Namori. Ultimement, toutes ces interprétations se recoupent sur la nature mystérieuse de notre monde et sur la recherche des incantations oubliées. Bien qu’ils se réunissent habituellement en cercles d’initiés, la plupart des membres officiels de l’académie du Zanaïr résident dans la région de Haute Tour, à Corrèse. Effectivement, hors des murs des cités, à proximité de la forêt d’Ébène, les éminences grises de l’ordre habitent depuis des siècles une tour fortifiée -d’où le nom de la région- où peu de visiteurs osent s’aventurer. Effectivement, ce que les érudits du Zanaïr appellent « Sagesse » est hautement controversé dans les communautés savantes ébénoises. La Sagesse n’est ni une science au sens théorique ni une technique au sens pratique. Il s’agit plutôt d’une intuition inexplicable du substrat de l’existence. Celui qui accédera à la Sagesse saura en déduire des formules, des incantations et des gesticulations qui, selon leurs pratiquants, auront un effet sur la matière et l’esprit. En termes plus simples, les adeptes du Zanaïr se prétendirent pendant longtemps magiciens et sorciers. Bien sûr, jamais ils ne l’avouaient en ces mots -la magie étant une impureté enrayée par le Céleste lors de l’ère de l’Illumination-, mais leurs ambitions se résumèrent pendant longtemps à redécouvrir la sorcellerie perdue des premières races. Dès lors, tous les indices suggérant la survivance de vestiges mystiques quelque part dans le royaume furent souvent récupérés par les représentants du Zanaïr qui les rapatriaient en leurs quartiers centraux près de Porte-Chêne. Cependant, en 357 de l’ère royale, la situation du Zanaïr changea drastiquement. À l’automne, quatre régiments royaux commandés par le Connétable d’Ébène de l’époque, Hadrien Visconti, encerclèrent la Tour corrésienne. Par décret royal, l’académie mystique fut sommée d’ouvrir ses portes aux enquêteurs de la Couronne. Sachant que rien n’empêcherait le Monarque d’en arriver à ses fins, les Sages se plièrent à ces demandes. Lorsque les soldats débutèrent leur inquisition, ils découvrirent une Tour à moitié désertée par ses occupants. La plupart des disciples avaient déjà fui vers l’est afin de gagner les rives de la lointaine île de Marbelos, réputée pour être un havre d’hérésie et de recherches blasphématoires. Pour ceux qui choisirent de rester, près de deux cents procès furent tenus afin de départager le bon grain de l’ivraie. Tous ceux ayant fricoté avec les arts mystiques -voire la magie- et les ombres furent condamnés à mort. La vénérable Volinia Varos, grande sage de la Tour, fut elle-même immolée sur le bûcher pour ses nombreux échecs à protéger les artefacts de ses voûtes lors des années précédentes. Une jeune Sage loyale à la Couronne et à la Foi -Dame Florence- fut alors nommée spécialement par le Monarque pour la remplacer. Dans les années qui suivirent, la vocation du Zanaïr changera du tout au tout. La purge du Zanaïr n’était pas un hasard de l’Histoire. Celle-ci découlait directement des innombrables errances des Sages en matière de conservation d’artefacts. En quelques années à peine, des objets qualifiés de maudits consignés dans les voûtes de la Tour tombèrent entre les mains d’ennemis du royaume. Plus encore, au fil des enquêtes, il devint évident que plusieurs chercheurs tentaient de percer le voile séparant la vie de la mort. Reconnaissant néanmoins l’utilité des connaissances du Zanaïr dans le royaume, le Monarque accepta de placer en tutelle les Sages de la Tour sous l’Inquisition céleste. Les dérives des recherches en matière d’occultisme devaient être balisées par des autorités dignes de confiance, plus spécifiquement celles de la Forteresse de l’Antre du Loup au Val-de-Ciel, à quelques lieues de là. Pour cette raison, il est aujourd’hui fréquent d’apercevoir des ecclésiastiques à l’intérieur de la Tour de Corrèse s’enquérant des progrès et sujets d’études des érudits. D’explorateurs des mystères oubliés, les Sages du Zanaïr sont devenus les gardiens sacrés. Il n’est plus question de mener des expéditions dans la forêt d’Ébène ou d’aspirer à activer le potentiel d’un artefact. Les secrets des ères antiques doivent demeurer enfouis et il serait blasphème que de chercher à les révéler au grand jour. Toutefois, si jamais un événement occulte doit survenir dans le royaume, les érudits sont immédiatement convoqués afin d’assister les investigateurs, voire de les guider dans leurs recherches. Par leurs connaissances uniques, ceux-ci sont en mesure de circonscrire les menaces obscures afin de les rapatrier dans leurs voûtes sécurisées. Dans celles-ci, nul ne peut pénétrer sans autorisation personnelle de la maîtresse académicienne de la Tour Dame Florence et du Haut-Inquisiteur de la Forteresse valécienne de l’Antre du Loup. Au contrôle de la Tour du Zanaïr s’ajoute depuis la purge de l’académie la gestion des territoires environnants traditionnellement alloués au comté de Haute-Tour. Afin de s’assurer la loyauté des académiciens en dépit des rigides contraintes leur étant imposées, la Couronne accorda à la maîtresse académicienne l’intendance des forêts et plaines de Haute-Tour. Du village de Weinburg à l’est aux frontières de Porte-Chêne et du pied des Monts Namori à la ville de Faragon au nord, les récoltes et impôts de la région financent les activités du Zanaïr. Dame Florence, actuelle rectrice de l’endroit, et ce depuis la restructuration, est réputée pour sa droiture et son respect de ses engagements envers la Couronne. Contrairement à ses prédécesseurs, celle-ci est souvent aperçue à l’extérieur de la Tour afin d’inspecter l’état de ses terres. Aussi érudite des sciences métaphysiques que consciente des réalités tangibles de ce monde, elle tente d’ouvrir, dans les limites de l’acceptable, le Zanaïr à ceux qui le nourrissent. |
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Carte d'Yr - Palais royal |
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Carte d'Yr - Les confiseries Guglielmazzi |
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Carte d'Yr - La miche niche |
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Carte d'Yr - La Hanse d'Yr |
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Carte d'Yr - Les Halles |
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Carte d'Yr - Le bassin des avocettes |
Le bassin des avocettesGénéralTirant son nom des nuées d’oiseaux survolant ses eaux en temps calme, le Bassin des Avocettes est le point d’arrivée de la plupart des navires jetant l’ancre dans la Cité d’Yr. GéographieLe visiteur posant les pieds dans la cité d’Yr débarquera fort probablement dans le Bassin des avocettes, au port d’Yr, en plein coeur des quartiers commerciaux. Autrefois modeste et articulé autour des besoins des nobles diplomates fréquentant la capitale, les quartiers marchands sont devenus depuis l’avènement du Monarque l’un des poumons économiques du royaume. Afin d’éviter qu’il ne prenne une tangente anarchique, le développement du port et de ses environs fut minutieusement coordonné par les Commissaires royaux spécialement nommés par le Monarque depuis 323. Aujourd’hui, contrairement à la plupart des paysages portuaires du royaume, les berges d’Yr sont des exemples de propreté, de diversité et d’opulence. De la Tour de la Banque libre aux Confiseries Guglielmazzi en passant par les Halles, le visiteur sera inondé de marchandises exotiques et communes. Les entrepôts de la ville, quant à eux, sont habilement rassemblés à l’est de là, à proximité des quartiers pauvres de l’est. Néanmoins, le bourdonnement des quartiers marchands attire aussi son lot de détrousseurs et contrebandiers. Jusqu’à l’automne 379, ceux-ci étaient regroupés sous la bannière du cartel des Armateurs, puissante organisation pan-ébénoise née de la chute des Contrebandiers des Écores avant la Guerre de l’Avènement. Après s’être lancée dans le commerce de l’opium et avoir mené des opérations controversées, la cellule d’Yr fut violemment démantelée par Celestin Front-Maney et ses partenaires de la Garde de Cassel. Avec la mort de la cheffe locale, Evelyn Werryn, et les perquisitions simultanées partout en ville, les Armateurs n’eurent d’autre choix que d’abandonner leurs activités dans le secteur. Histoire |
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Carte d'Yr - Les orfèvres Merizzoli |
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Carte d'Yr - La Dame écarlate |
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Carte d'Yr - Tour de la Banque libre d'Ébène |
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Carte d'Yr - L'Atelier du Maréchal ferrant |
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Carte d'Yr - La Loge des Alchimistes |
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Carte d'Yr - Le pont d'Avhor |
Le pont d'AvhorGénéralFréquenté par les étrangers mélancoliques et les amants en quête de paysages romantiques, le Pont d’Avhor lie les quartiers commerciaux au Siège des Témoins sur le bord de la Baie d’Ambroise. Le jour, ce sont les marchands et transporteurs souhaitant éviter l’affluence du Pont du Damné, au nord, qui traversent cette construction de pierres grises. Toutefois, matin et soir, en dehors des heures de labeur, les peintres posent leurs chevalets en ce lieu afin d’immortaliser tantôt le lever du Soleil, tantôt les navires du port d’Yr dans le crépuscule. Cette forte présence d’artistes découle partiellement d’une longue tradition héritée du constructeur du pont, Fernando Scipii, architecte avhorois, qui y peignit quotidiennement ses oeuvres jusqu’à sa mort, en l’an 63 de l’ère royale. En 380, la Guilde des artisans d’Yr entreprit des travaux d’amélioration sur le Pont d’Avhor. Ce fut Élya Borracho, aubergiste du Geai bleu, qui finança et coordonna personnellement le chantier. Afin de souligner le nom et le cachet de cette construction, dame Borracho fit graver sur les rambardes de pierre des fresques commémorant la fête et la beauté de la tradition avhoroise de la Felicita di Treia. Chacune des sections du pont est aujourd’hui embellie d’une représentation d’une étape de la production d’hydromel sacrée de l’île orientale : entretien des fleurs sauvages essentielles au butinage des abeilles, préparation des ruches, collecte du miel, fermentation du précieux liquide, embouteillement et, bien sûr, célébrations annuelles automnales sur le parvis du Célestaire de la Dame. La Felicita di Treia valorisant l’approfondissement de la spiritualité dans chacun des actes de la vie quotidienne (et les festivités), ces fresques constituent un hommage aux rites célésiens méconnus d’Avhor. GéographieHistoire |
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Carte d'Yr - Entrée des catacombes |
Entrée des catacombesGénéralDeux réseaux de catacombes serpentent sous la surface de la Cité d’Yr. Le premier, aménagé à la demande du Roi-Prophète au début de l’ère royale, se situe sous les quartiers religieux, au sud-est. Réservé aux reliques et ossements des Témoins, Hérauts de la Foi, prêtres et prêtresses et autres ecclésiastiques de renom s’étant montrés dignes des bénédictions du Céleste, elle est toujours sous le supervision des autorités du Siège des Témoins. Le second réseau, pour sa part, s’étend sous les Neufs Jardins. Construit au fil des ans par les nobles familles du quartier huppé, celui-ci est voué à la préservation des héritages et reliquats des illustres dignitaires locaux. Auparavant scindées en une multitudes de caves privées, ces catacombes furent consolidées en 354 à la demande du Monarque qui souhaitait uniformiser les rites funéraires chez ses plus éminents sujets. La surveillance et la protection de ces lieux sacrés fut finalement confiée aux Chapelains de la Foi spécifiquement entraînés à cet effet dans les institutions du Fort-Sentinelle, en Terre des Roses. En 380, à l’initiative d’Alphonse des Mers, la zone sécurisée par les Chapelains fut étendue à l’entièreté des souterrains du nord-ouest de la capitale : Neufs-Jardins, Hôtel-Cieux, Villevieille et le Faubourg des Campagnes. Afin d’éviter que des criminels n’investissent ces tunnels propices aux affaires clandestines comme le fit le terrifiant “Pestilent” l’année précédente, il adjoint aux religieux une cohorte de la Ligue des Gardes de Jéranbourg. Encore aujourd’hui, ces surveillants travaillent de pair pour chasser tout individu s’introduisant sans autorisation dans ces souterrains. GéographieHistoire |
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Carte d'Yr - Agora de la Voix de la Foi |
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Carte d'Yr - Célestaire d'Yr |
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Carte d'Yr - Palais de l'intendance du Siège des Témoins |
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Carte d'Yr - Le pont du damné |
Le pont du damnéGénéralLe Pont du Damné lie l’Allée royale au Siège des Témoins. Son nom réfère aux innombrables exécutions publiques qui y eurent lieu tout au long de l’histoire. Point de jonction entre l’autorité royale et le pouvoir spirituel, il représente un emplacement de choix où pendre au-dessus des eaux du canal les condamnés à mort. Réputé maudit, il fut lentement investi par les vagabonds qui, préférant leur propre survie aux superstitions, élirent domicile sous sa travée et y établirent une misérable et indélogeable communauté mendiante. En 380, la Guilde des artisans d’Yr entreprit des travaux d’amélioration sur le Pont du Damné. Ce fut Joseph Morrigane, alors viguier de Havrebaie, qui finança et coordonna personnellement le chantier. Afin de stimuler la ferveur guerrière des Ébénois à l’approche d’une guerre ouverte avec la Ligue d’Ardaros, il fit élever deux statues de bronze symbolisant la supériorité morale et militaire d’Ébène. La première, représentant une pieuse Célésienne brandissant une épée, dominait une seconde, plus modeste et rappelant un Ardarosien agonisant sur le pavé. Sur une plaque de bronze fixée au socle de pierre blanche soutenant l’oeuvre, une devise confirmait les intentions de l’artisan : “Le triomphe face aux hérétiques”. Véritable représentation des castes et des inégalités ébénoises, le Pont du Damné est au coeur des créations des poètes. Tandis que sur sa travée, sous le ciel d’Yr et à l’ombre des triomphes militaires, les nobles et religieux pompeux se succèdent, la pauvreté subsiste silencieusement dans l’ombre, sous les pieds des illustres dignitaires du royaume. GéographieHistoire |
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Carte d'Yr - Mercenaires des Mille Blasons |
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Carte d'Yr - Les Saveurs Sognarello |
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Carte d'Yr - Le Seigle et la Paume |
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Carte d'Yr - Geôles de Pélidor (entrée ouest) |
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Carte d'Yr - Armurerie royale |
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Carte d'Yr - Grenier d'Yr |
Grenier d'YrGénéralBien à l’abri des voleurs à l’intérieur des quartiers militaires, les greniers d’Yr furent reconstruits en 322 au lendemain du siège d’Yr mené par les envahisseurs du Vinderrhin. Depuis, ceux-ci sont placés directement sous la supervision de l’intendance du Bataillon sacré qui veille à assurer le maintien d’une réserve suffisante de vivres pour résister à une potentielle nouvelle attaque sur la cité d’Yr. GéographieN’ayant initialement qu’un rôle de réserve d’urgence, les greniers furent agrandis lors de la famine de 379. À cette occasion, une section de l’armurerie royale au sud fut annexée afin de servir de poste de commandement en cas de crise. Un conseil de trois superviseurs royaux fut alors créé afin de veiller à la bonne gestion des ravitaillements. Avec la collaboration du Bataillon sacré, ces superviseurs se chargent respectivement de l’approvisionnement, de la préservation et de la distribution des vivres dans la capitale. Malgré une meilleure organisation de la chaîne de commandement des greniers, il s’avéra tout de même nécessaire en 379 d’augmenter les capacités d’entreposage des lieux. Grâce aux efforts acharnés des travailleurs, quatre nouveaux étages de caves furent creusés sous les anciens souterrains où étaient traditionnellement conservés les vases et caisses de nourriture. Ainsi, même si de l’extérieur les greniers d’Yr semblent bien modestes, ce sont d’immenses entrepôts qui s’étendent sous sa surface. Histoire |
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Carte d'Yr - Maréchaussée d'Yr |
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Carte d'Yr - Casernes du Bataillon sacré |
Casernes du Bataillon sacréGénéralVoué à la protection des suzerains d’Ébène depuis des siècles, le Bataillon sacré est un exemple de discipline et d’ardeur au combat. Ses rangs de hallebardiers entraînés selon les anciennes traditions lauroises, une fois formés, peuvent résister à pratiquement toutes les charges, aussi violentes soient-elles ; Pour la Reine, ils sont prêts à sacrifier leur vie. Postés dans les quartiers militaires de la capitale, ces soldats veillent aussi à la sécurité des rues d’Yr et à la lutte à la criminalité. L’actuelle commandante du Bataillon sacré est Charles des Neiges, un officier yriote aux méthodes inflexibles et parfois cruelles. GéographieConstruites sous la forme de baraquements austères, les casernes du Bataillon sacré peuvent accueillir près de quatre cents soldats simultanément. Lorsqu'ils y sont installés, ils sont alors en charge de la protection de la cité d'Yr. Pendant ce temps, le reste du régiment, quant à lui, est démobilisé dans les faubourg de la ville et dans les Neufs Jardins. Au printemps 379, une magnifique statue en bronze représentant le fondateur du Bataillon sacré, le Témoin Galvin le Fier, fut offerte par Célestin Front-Maney aux officiers du régiment. Depuis, celle-ci s'élève dignement à l'entrée des casernes. Histoire |
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Carte d'Yr - L'Échafaud |
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Carte d'Yr - La Rex Hasta |
La Rex HastaGénéralPropriété d'Estelle Faubert Autrefois, la demeure de la Rex Hasta était un modeste atelier de couture ayant pignon sur rue dans les quartiers modestes, la Rose aux Épingles. Après la mort de son propriétaire Vincent Cotnoir lors de la Nuit des Éclopées à l'été 379, la propriété fut rachetée par la famille Cotnoir qui décida d'en céder le contrôle aux officiers de la Rex Hasta. Tout en demeurant indépendante du Chapitre de la Foi, cette organisation armée traque les criminels de la capitale afin de supporter les religieux dans leur lourde tâche. Dans leurs installations, une crèche visant à offrir une seconde chance aux orphelins recueillis lors des missions fut aussi aménagée au fil du temps. GéographieHistoire |
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Carte d'Ébène - Castel-les-Fleurs et le comté de Chêne ardent |
Castel-les-Fleurs et le comté de Chêne ardentGénéralAutrefois constitué des comtés de Chêne d’argent et des Salimes, le comté de Chêne ardent fut rasé par la Comtesse sanglante Astrid Aerann lors de la Guerre de l’Avènement en réponse à une rébellion manquée. Autrefois sous le contrôle des familles de Grise et Delorme, la région a toutefois renoué avec son passé et regagné de son prestige. À l’image du peuple de Casteval dont elle est la descendante, la noblesse de la région entretient de nouveau ses colorés châteaux floraux, champs de lavandes, jardins d’ormes et de chênes et vignes sucrées. Dans la froideur et la grisaille d’un Fel industriel et centralisé autour de la Forteresse du Fils, le comté de Chêne ardent est un vent de fraîcheur pour n’importe quel voyageur. En 378, c’est Gaspard Visconti, fils du Connétable Hadrien Visconti et de la comtesse Arabella Champagne, qui règne sur le comté. Patriote d’Ébène avant d’être un serviteur de Fel, il est le fier porteur des traditions régionales. GéographieLe comté de Chêne ardent est composé des comtés historiques du Chêne d’argent et des Salimes. Celui-ci s’étend des berges occidentales de la Laurelanne jusqu’à la mer blanche, et des limites nord de Jéranbourg au fleuve Augivre. Avec le renfermement de Felbourg la cité sur elle-même, les îles du Delta de Fel sont désormais aussi incluses dans ce domaine. Cela fait de Chêne ardent un territoire aussi vaste que les Banches et Jéranbourg au sud. À l’est se situe la région des Salimes, irriguée par les rivières des Branches se jetant dans la Laurelanne. Le climat y est doux et le paysage plat, exception faite, bien sûr, du piton rocheux de Reval -où se dresse l’ancien fortin de Gaspard de Grise- surplombant les rivières au nord. Contrairement à certaines régions felbourgeoises, le sol des terres y est fertile et permet une production agricole de subsistance. On dénote une importante quantité de vergers où poussent des fruits saisonniers. À travers les champs et les plantations, on trouve quelques hameaux où œuvre une modeste classe d’artisans. Sur les rives, on aperçoit également des villages de pêcheurs et quelques comptoirs commerciaux faisant du commerce avec la Franche cité de Gué-du-Roi et du palais en Hefel sa principale priorité. Malheureusement, la présence d’immenses étendues boisées près des Branches (qui en tirent leur nom) permet encore aujourd’hui à des nombreuses compagnies de coupes-gorges de faire fortune. Près du hameau de Berge-aux-Écumes, certains d’entre eux se plaisent même à se qualifier de “Héritiers de la République”, pillant les voyageurs du duché afin de faire renaître à partir de ces forêts la cause de Gaspard de Grise. Il existe deux catégories de population bien distinctes dans les Salimes. Celles-ci se trouvent divisées par leurs situations géographiques et leurs secteurs d’activités. La première est constituée des habitants des terres situées à l’ouest de la région. Ceux-ci y pratiquent l’agriculture et entretiennent les vergers. On y retrouve également certaines familles d’éleveurs de chèvres et de vaches profitant d’un relief favorable. Cette population rurale n’est toutefois pas en mesure de faire compétition économique aux artisans peuplant les hameaux et bénéficiant des profits du commerce et de la transformation des ressources passant par la route commerciale menant vers les gués de la Laurelanne. C’est cette classe qui, en quelque sorte, constitue l’élite économique de l’intérieur des terres de la baronnie. Sur les rives, l’élite commerciale se trouve dans la classe de marchands profitant du commerce existant le long de la Laurelanne. Au cours des derniers siècles, ils ont fortement contribué à l’établissement de comptoirs commerciaux dans le secteur. Dans tous les cas, malgré les saccages opérés par Astrid Aerann, on retrouve encore dans le comté de Chêne ardent une préséance d’une architecture rappelant les tours effilées et gracieuses de Casteval. Ses élites, plus près du raffinement des Torrense que des massifs et utilitaires constructions du peuple de Vindh, se font un devoir de préserver leurs traditions ancestrales. Futiles occupations pour les seigneurs de l’Ours, la culture de la vigne, l’industrie vinicole qui est rattachée et l’hybridation des fleurs rares ne cessent de monopoliser les discussions des habitants. Ce n’est pas un hasard si les noms de plusieurs hauts-lieux de la région découlent de cette passion : Pierre-Fondant, Castel les Vignes, et bien sûr, le prestigieux Castel les Fleurs au sud des Branches où siège le comte Gaspard Visconti. À l’ouest des Branches, offrant une magnifique vue sur les eaux, la région du Chêne d’argent est redevenue aujourd’hui l’une des plus belles et florissantes campagnes felbourgeoises. Lavande, coton, orge et blé s’étendent à perte de vue, offrant aux abeilles des nombreux apiculteurs qui y résident des sources de butinage diversifiées et constantes. Si les destructions des années 330 laissèrent de profondes cicatrices sur les jardins d’ormes et de chênes argentés caractérisant ces terres, les jardiniers et envoyés du comte de Felbourg la cité Thomas Delorme, soucieux de redorer le blason de ce qui fut autrefois le domaine de sa famille, se sont acharnés depuis trente ans à reconstruire le paysage local du centre du comté. Des hameaux paisibles comme la Seigneurie d’Argent, le Chardon, Roseroc, Mercoeur et Masseau offrent de nouveau des havres de paix vivant au rythme des saisons. Les sujets des plaines de l’ouest sont des gens fiers et chaleureux. On peut souvent entendre dans les rues de Roseroc et dans les champs de lavande que « le bonheur se trouve dans les petites choses » et qu’il « appartient à ceux qui savent le cultiver ». Leurs valeurs se traduisent généralement par les mêmes que la famille régente : éducation, prospérité et hardiesse. Ces gens sont capables de mettre la main à la pâte aussi bien qu’ils savent s’amuser le moment venu. Chaque automne, les marchands ouvrent le Marché estival. Le vendredi soir et deux jours durant, une fête propre à la région est organisée pour rendre grâce au Céleste pour les récoltes cueillies tout le long de l’été. Des feux de joie sont allumés, la bière coule à profusion et de la musique du folklore emplit les rues de son enivrante allégresse. C’est l’événement le plus attendu de l’année et on y accueille même quelques voyageurs. À l’est de ces prairies verdoyantes, la rivière de la Sève se détache des Branches afin d’alimenter ce qu’il reste des Manufactures de Gustaf Aerann qui y opéraient autrefois. Même si la majorité des ateliers et métallurgistes furent déménagés vers les Forges en Vaunes lors des dernières décennies, des artisans locaux s’acharnent à y préserver l’oeuvre du fondateur de la défunte Guilde franche d’Ébène. Étroitement partenaires des érudits de Fulcieu, les forgerons et ingénieurs qui y résident sont souvent même à l’avant-garde des techniques de l’industrie. Les découvertes y méthodes qui y sont développées sont fréquemment vendues aux Forges en Vaunes qui, par la suite, les déploient à plus large échelle. C’est aussi à proximité de Rivesang, prêt à être déployé aux quatre coins du duché, qu’est stationné le Régiment royal de l’Ours. Organisé autour d’une élite chevaleresque issue des traditions guerrières felbourgeoises, il mobilise majoritairement des soldats du peuple ne pouvant s’acheter les services de professeurs de Fulcieu afin de s’éviter le service militaire et des Pyréens aspirant à acheter leurs privilèges en Fel. Ces derniers, privés du droit de servir en tant qu’officiers, sont habituellement regroupés à l’intérieur d’une seule compagnie appelée “Cohorte étrangère” et usant de stratégies propres à leur peuple. Dès l’arrivée des exilés pyréens au lendemain de l’éruption de l’Iniraya en 323, il fut clair pour les Aerann que ces individus ne pourraient combattre sous les mêmes étendards que les “vrais” Felbourgeois. Cela mena quelques années plus tard à la création de cette Cohorte étrangère à la fois renommée par ses exploits et méprisée par les officiers. Finalement, dernières acquisitions du comté, les îles de Jointville et de Nim, deux principaux bouts de terre du Delta de Fel, jouent aujourd’hui un rôle de remparts maritimes de Felbourg la cité. Sur Jointville, un poste de quarantaine fut instauré en 323 au moment du déclenchement de la peste sanglante dans le royaume. Fosse commune pour certains, initiative salvatrice pour d’autres, l’île de Jointville est devenue au fil du temps synonyme d’une immense prison officieuse réservée aux marchands, voyageurs et autres visiteurs indésirables. Si ses installations principales ne sont que peu occupées en 378, les marais qui les encerclent laissent remonter à chaque hiver les squelettes des innombrables victimes de la peste sanglante qui y furent abandonnés. L’île de Nim, quant à elle, héberge le Fort-de-l’Écu où sont stationnés les protecteurs du Delta de Fel. À bord de barques rapides et mobiles, les sentinelles fluviales interceptent quotidiennement des navires marchands afin de mener des inspections surprises en leurs cales. Les autorités du Chêne ardent n’ayant guère confiance dans les gestionnaires parfois corrompus des ports de Felbourg la cité, le déploiement de ces protecteurs est leur manière de contrôler efficacement l’importation et l’exportation de produits de contrebande et hérétiques. Bien sûr, publiquement le comte Thomas Delorme se dit fréquemment outré par ce manque de confiance en ses subordonnés de la métropole, mais, en privé, il ne peut nier l’efficacité des troupes du Fort-de-l’Écu. HistoireLors de la lointaine ère de l’Avant régnait sur la citadelle de Casteval et des environs près de Cassolmer la tristement célèbre famille Torrense, à l’origine de l’un des seuls récits faisant état d’un bris du « pacte du vin » à cette époque. On raconte que, lors d’un banquet tenu en l’honneur de sa fille, un seigneur Torrense de Casteval fit ébouillanter à l’huile chaude en plein repas une délégation de représentants des Mérivar de Salvar. Alors que ces derniers leur prêtaient leur entière confiance, les Torrense trahirent donc le pacte du vin et blasphémèrent contre le Céleste et l’humanité. La rumeur de cette félonie se propagea promptement dans les rues de Salvar et, en l’espace de quelques semaines, une coalition d’armées en provenance des quatre coins des terres se dressait devant les murs de Casteval. Cependant, le Céleste avait déjà jeté son dévolu sur les damnés de la ville ; la peste rouge avait frappé de plein fouet les serfs et les vassaux des Torrense, laissant dans son sillage un cortège macabre. Les seuls qui survécurent au fléau et allèrent s’établir à l’ouest -à Fel et Laure- furent ceux qui fuirent le château lors du banquet dans l’espoir d’obtenir le pardon du Céleste. Nul ne devait plus prononcer le nom des Torrense avant des siècles. Les habitants du sud du duché traditionnel de Fel sont pour la plupart les descendants de ces exilés de Casteval. Contrairement à Laure où ils se fondirent avec une aisance relative parmi le peuple de Vindh occupant déjà le territoire, en Fel leur arrivée donna lieu à une ségrégation presque instinctive de la part des autorités. Au nord, soit à Felbourg la cité, dans les Banches et en Vaunes, le peuple de Vindh demeura tout puissant, tandis que, dans le sud, une nouvelle chevalerie naquit dans les régions de Jéranbourg, Orferac, des Salimes et du Chêne d’argent. Bien sûr, la population elle-même était mixte, mais ses élites tendait à se séparer le territoire selon cette logique. Parmi cette chevalerie nouvelle qui naquit du contact des deux cultures, les familles de Grise et Delorme se démarquèrent rapidement. Les origines de la famille de Grise et de son blason -la double rose- remontent à la colonisation même de l’est de Fel, sur les berges de la Laurelanne et à proximité des rivières des Branches. On raconte qu’à l’époque, le fils du premier baron, Arsène de Grise, escalada la colline du Reval avec un ami. Le malheur l’ayant fait glisser, le jeune seigneur put freiner sa chute en s’accrochant à un rosier poussant à flanc de falaise. Sur le rosier, deux fleurs : l’une rouge, l’autre blanche. On dit que le baron, après avoir entendu l’histoire de son fils, avait promptement décidé d’adopter ce symbole comme blason officiel de la famille. Avec les années, les de Grise s’installèrent confortablement à la tête des terres environnantes à partir de leur palais, aussi nommé Reval. Ceux-ci établirent leur prestige par l’élégance, l’horticulture ostentatoire et la connaissance académique. La collection familiale de parchemins contenue dans la bibliothèque de Reval fut de tout temps considérable et à l’image de cette noblesse raffinée. Cette tendance fit d’ailleurs des petits au cours de l’ère royale en donnant naissance à de nouveaux châteaux et manoirs dans ce qui allait devenir le comté des Salimes : Pierre-Fondant, Berge-aux-Écumes, Castel les Vignes, et bien sûr, le prestigieux Castel les Fleurs. Néanmoins, malgré l’influence indéniable des de Grise dans la région, c’était la famille d’Ambroise qui historiquement occupait le titre de comte des Salimes. Des siècles durant, les vassaux à la double fleurs servirent fidèlement leurs seigneurs. Plus à l’ouest de là, dans ce qui fut connu pendant longtemps comme le comté du Chêne d’argent, la famille Delorme fit valoir son nom. La première Delorme à s’élever dans la bourgeoisie felbourgeoise fut Anne Delorme, une honnête marchande qui fit sa renommée grâce au négoce de textiles. Par la suite, le nom des Delorme fut associé celui de la Banque d’Ébène après l’achat de vastes entrepôts en Felbourg la cité. Égale en raffinement aux de Grise, c’est toutefois par l’argent que la famille Delorme maintint son statut dans le palatinat. Par un audacieux jeu de négociation, d’achats, de ventes et de rachats, elle parvint à acquérir des terres au sud de la métropole. La Seigneurie d’Argent, la baronnie du Chardon, l’île de Jointville, le hameau de Rivesang et même l’île de Nim dans le Delta de Fel tombèrent sous sa coupe. La famille Aerann, refusant avant l’ère royale de récompenser l’acquisition de ces territoires par l’octroi d’un titre nobiliaire, écartèrent pendant longtemps les Delorme du pouvoir. Ce n’est qu’à l’arrivée du Roi-Prophète et à l’avènement de la famille Lobillard comme palatine de Felbourg, que les Delorme furent élevés au rang de comtes du Chêne d’argent. Stables et prospères pendant près de trois cents ans, les comtés des Salimes et du Chêne d’argent furent les greniers du palatinat de Felbourg. C’est au début du quatrième siècle que l’harmonie devait être rompue au moment de la guerre civile de Fel [Pour plus d’information sur ces événements, voir “Felbourg la cité”]. Les Delorme, rejoignant le camp de la famille palatine Lobillard, souffrit énormément du conflit, se voyant forcée d’abandonner précipitamment ses terres en 315 afin d’éviter le couperet des Aerann. Derrière eux, leurs possessions et propriétés furent saccagées et incendiées afin de faire comprendre à la bourgeoisie du palatinat que son règne venait de s’achever. Quant aux de Grise, ils se tinrent en équilibre sur la mince ligne séparant les Aerann des Lobillard. Renversant subtilement la famille comtale d’Ambroise, ils s’approprièrent le pouvoir des Salimes. Par la suite, tandis que les armées du nord et du sud combattaient dans les campagnes, ils s’emparèrent de Felbourg la cité en plaidant des considérations humanitaires. Ce furent leurs principaux représentants -Gaspard, Grégoire, Richard et Godefroy- qui remirent de leurs propres mains les clés de la métropole à Aldrick Aerann lorsqu’il se présenta devant eux avec son armée. Au lendemain de la guerre civile, le comté du Chêne d’argent fut attribué à Astrid Aerann, fille d’Aldrick Aerann, afin qu’elle y rétablisse l’ordre (dans le sang si nécessaire). Au fil des purges et des exécutions publiques, celle qui devait devenir la “Comtesse sanglante” établit son autorité. Pendant ce temps, les Salimes demeuraient étonnamment épargnées par les aléas des conflits du royaume. Gaspard de Grise, désormais influent en Felbourg la cité, fonda une assemblée des nobles visant à faire contrepoids au pouvoir centralisateur des Aerann. Grâce au génie politique de ses dirigeants, le peuple de l’est préserva son mode de vie et ses richesses. Entre les soirées mondaines, le grands crus des vignobles locaux et les jardins fleuris, les Salimes vivaient sur du temps emprunté. En 322, Aldrick Aerann proclama l’indépendance de Fel. Le Chêne d’argent, déjà maté par les soins d’Astrid, entra dans les rangs et contribua à l’effort de protection des frontières malgré la réticence manifeste de la petite noblesse à combattre la Couronne d’Ébène. Dans les Salimes, la situation fut plus tendue. Ne pouvant tolérer que les Aerann accaparent l’entièreté des pouvoirs en Fel et quittant le royaume, Gaspard de Grise s’opposa à la volonté du nouveau duc. Immédiatement, il fut forcé à l’exil vers Laure afin de sauver sa vie. C’est son intendante plus modérée, Arabella Champagne, qui hérita des responsabilités du comte des Salimes. Tout en gardant le contact avec son ancien maître, elle obéit aux volontés de la Forteresse du Fils afin d’éviter à ses terres d’être prises pour cibles par la fureur de l’Ours. Tragiquement, le destin devait à partir de ce moment s’acharner à détruire dame Champagne. En 323, Arabella fut enlevée par certains seigneurs du nord de Fel -Horace Lenoir le premier- pour des raisons inconnues. Il fallut deux mois de recherches pour retrouver la dame qui présentait les signes d’un étrange traumatisme. Face à cette demoiselle en péril, le commandant du Bataillon sacré et réputé Républicain Hadrien Visconti, décida de la prendre sous aile et de veiller à sa protection. Cette relation devait aboutir, moins d’un an après le déclenchement de la Guerre de l’Avènement, sur leur mariage. Cette union sonna immédiatement la fin des prétentions d’Arabella sur les Salimes. Le duché de Fel s’opposant autant aux Monarchistes qu’aux Républicains, il était inconcevable, malgré les bonnes relations personnelles entre le nouveau duc Ulrich Aerann, dame Champagne et Gaspard de Grise, d’ouvrir la porte de l’est du duché à des intérêts ennemis. Afin de maintenir l’ordre, la comtesse Astrid Aerann vit son territoire élargi afin de s’étendre à la fois sur le Chêne d’argent et les Salimes. Pendant une dizaine d’années, cette judicieuse décision permit de garder dans les rangs le coeur du duché. Cependant, Gaspard de Grise, Arabella Champagne et Hadrien Visconti, siégeant à Gué-du-Roi, n’abandonnèrent pas leur lutte. Activant leurs réseaux de contacts, ils fomentèrent une rébellion destinée à ouvrir aux armées républicaines la porte des Salimes et, par la suite, de Fel. En 336, alors que les légions monarchistes assiègeaient la Forteresse du Fils au nord, les partisans républicains se rassemblèrent à Berge-aux-Écumes, sur la rive occidentale de la Laurelanne. Le plan était simple et efficace : grâce à des barils de poudre noire subtilisés aux armées siludiennes de Felbourg la cité, faire exploser la caserne de patrouilleurs locale, assassiner les sentinelles et ouvrir la voie aux barques républicaines attendant sur la rive opposée à Laure. Malheureusement, ce stratagème ne devait jamais se concrétiser. On ignore avec précision comment les événements se déroulèrent (à la suite d’une trahison à l’interne ou d’un vulgaire accident?), mais les barils de poudre explosèrent à l’intérieur même de l’auberge des Écumes, repaire des rebelles. À leur arrivée sur place, les soldats Aerann découvrirent promptement parmi les décombres et les morts les preuves d’un complot financé par l’ennemi de Gué-du-Roi et étendant ses ramifications autant dans les Salimes qu’en Chêne d’argent. La réaction d’Astrid Aerann fut aussi rapide que violente. Des mois durant, elle sillonna les comtés et incendia systématiquement les manoirs, châteaux, champs et dépendances de tous ceux qui avaient un jour entretenu des relations avec Arabella Champagne ou Gaspard de Grise. La comtesse s’empara des vivres dans les greniers, des armes et armures du moindre des chevaliers et même des bannières des seigneurs locaux. Lorsque son entreprise prit fin, le coeur de Fel était en cendres. Ce n’est qu’en 346, au terme de la Guerre de l’Avènement et après des négociations serrées avec le nouveau duc de Fel Enrich Aerann, que le couple Visconti-Champagne put regagner ses terres. Hadrien, désormais Connétable d’Ébène sous le Monarque, se trouvait réintégré à la haute-société du royaume. Quant à Arabella, elle s’était peu à peu repliée sur elle-même, errant et rôdant nuit et jour pendant le conflit sur les fortifications de Gué-du-Roi. Son esprit tumultueux n’avait jamais entièrement guéri de son enlèvement vingt ans plus tôt. Hadrien Visconti, symboliquement épaulé par dame Champagne, succéda donc à Astrid Aerann à la tête du comté unifié du “Chêne ardent” (constitué du Chêne d’argent et des Salimes). En d’autres temps, cette histoire se serait conclue à ce point. Or, la tragédie devait encore frapper le couple. En 358, Hadrien Visconti revint de sa purge de l’Académie du Zanaïr à Corrèse. Ce ne fut point une épouse paisible et aimante qui l’accueillit en sa demeure de Castel les Fleurs, mais une femme en proie à la folie. Soutenant que son époux était allé à l’encontre de la volonté de la “Reine” (non pas celle d’Ébène, mais une autre), qu’il avait compromis des plans éternels et qu’elle ne pouvait tolérer une pareille insubordination, Arabella poignarda son époux en plein coeur devant les yeux de ses enfants Gaspard, Lucrèce et Bérénice. Avant qu’elle ne puisse s’enlever elle-même la vie, la garde comtale maîtrisa dame Champagne et mit sa descendance en sécurité. Deux semaines plus tard, c’est une Arabella muette mais horriblement droite et fière qui était mise à mort du haut des murs de la Forteresse du Fils. Hadrien, quant à lui, devait recevoir les ultimes honneurs nationaux dans la cité d’Yr. Aujourd’hui âgé d’une trentaine d’années, c’est Gaspard Visconti qui règne sur le comté de Chêne ardent à partir du Castel les Fleurs. Marié à Élaine de Grandeherse de Jéranbourg, il est fidèle à la mémoire d’Hadrien et a beaucoup plus à coeur le bien-être du royaume que celui de Fel. Toutefois, les rumeurs rapportent que le spectacle de la folie de sa mère et de l’assassinat de son père l’aurait profondément ébranlé et laissé en proie à des habitudes étranges. Les ragots à ce sujets sont multiples, mais aucun ne fut confirmé. |
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Carte d'Ébène - Felbourg la Cité |
Felbourg la CitéGénéralL’une des plus grandes villes d’Ébène, Felbourg la cité, est à un tournant de son histoire. Anciennement capitale du palatinat de Felbourg sous la famille Lobillard, elle s’est vue reléguée au statut de métropole commerciale et économique du Duché de Fel sous la famille Aerann. Assiégée par des faubourgs pauvres, abandonnés et en proie à la criminalité, la haute-ville fortifiée vit au rythme des nobles politiques de son comte Hubert Delorme. Grâce au support des trois familles aristocrates de la métropole -Föllmer, Ozberth et Fulcieu, le comte Delorme maintient la stabilité de l’agglomération. C’est par un patriotisme exacerbé pour le duché et la Couronne et des investissements constants de la Forteresse du Fils et de la cité d’Yr qu’il parvient à garder unie la turbulente ville. GéographieSituée sur la berge sud du fleuve Augivre, à la naissance du delta de Fel, Felbourg la cité est la ville portuaire la plus imposante de l’ouest du royaume. S’étendant désormais sur les deux côtés de la massive rivière Vauzelle, la ville est une place forte éprouvée contrôlant la Baie de Felbourg. Fondée bien avant le Sang’Noir par le peuple de Vindh, Felbourg la cité n’était à l’origine qu’une foire marchande pour l’ouest du continent. Peu avant le déclenchement du Fléau, des murailles avaient été élevées autour de l’agglomération afin de tenir à l’écart les redoutables pillards du nord. Encore aujourd’hui, ce sont ces fortifications -ne couvrant désormais que la moitié de la superficie de la ville- qui protègent le coeur de la métropole. Effectivement, lorsque survint le Sang’Noir, la ville vit apparaître à ses portes un flot ininterrompu de réfugiés. En quelques décennies, la population de Felbourg la cité doubla. Ses quartiers internes ne suffirent plus à accueillir les hordes d’âmes en quête d’un travail et de sécurité et, rapidement, une seconde ville apparut aux pieds des murailles à l’extérieur. Ces faubourgs devinrent dès lors la marque de commerce la métropole. Pendant plusieurs siècles, Felbourg la cité devait être la plus importante agglomération du royaume d’Ébène. Initialement, l’économie de Felbourg se limita aux activités industrielles ayant lieu dans ses faubourgs. Effectivement, les différents moulins à scie -à eau et à vent- permettaient à Felbourg d’entretenir presque constamment les chantiers navals de son propre port et des ports du royaume. Toutefois, en 270 de l’ère royale, un ouvrier des moulins à scie, Jehan Fulcieu, développa une nouvelle technique utilisant la force de la vapeur afin de mouvoir les turbines des moulins. Non seulement cette découverte permit d’améliorer fabuleusement la production des ateliers, mais elle fit de Felbourg la capitale industrielle d’Ébène. Peu de temps après la trouvaille de Fulcieu, une académie -l’Académie Fulcieu- fut fondée afin d’approfondir le potentiel de la vapeur. Même si elle est essentiellement intéressée par des recherches techniques et pratiques (au détriment des recherches philosophiques et fondamentales), cette académie fait la renommée de Felbourg et modèle le visage de la cité. Hors des murs, le long de la rivière Vauzelle, là où la pollution du charbon ne risque pas d’entraver le confort des élites, une multitude d’ateliers usant de la puissance de la vapeur nourrissent encore quotidiennement les arsenals du port et les machineries des Forges en Vaunes. Moulins à bois, forges et industries lourdes profitent depuis des décennies des lumières de Fulcieu en matière de transformation de matières premières. En 380, le Concile académique de Fulcieu est constitué de onze membres :
D’une à quatre fois par année, ce Concile se réunit afin d’élire un projet qui bénéficiera des investissements de l’institution. Ainsi, en 380, Avaan Raï et Aelios de Grandeherse, par exemple, firent la promotion de greniers réfrigérés pour l’un et de lance-harpons destinés à la lutte contre Ardaros pour l'autre. Dans le cadre de la reconquête de la Lance d’Ardar, c’est le projet de Grandeherse qui obtint une majorité de votes et, donc, le support des ressources humaines et matérielles de l’académie. Jusqu’au quatrième siècle, les richesses de Felbourg furent réservées à un petit nombre de ses habitants. Très rapidement, ces richesses se rassemblèrent à l’intérieur des murs au sein de la haute-ville, des quartiers bourgeois et du campus de l’Académie Fulcieu, ne laissant aux faubourg environnants que la misère et la pauvreté. La famille palatine Lobillard, prédécesseure des ducs Aerann, se conforta dans cette situation, bien à l’abri dans son château fortifié juché au sommet du Mont d’Altara, trônant au coeur de la cité. Or, depuis la chute des Lobillard, les Aerann ont lancé un ambitieux plan de retour à la terre et qui remit à des milliers de serfs et vilains des terres, fermes et animaux d’élevage afin de repeupler les régions moins développées du duché. Cela eut pour effet de vider les rues de la métropole, de diminuer temporairement la criminalité et d’éliminer des faubourgs problématiques. De plus, avec l’exil ou la mort de nombreux bourgeois lors des dernières années, une nouvelle petite noblesse entièrement dépendante des largesses des Aerann émergea. En 322, des milliers de mercenaires siludiens suivant les traces du co-duc Ferval Aerann s’installèrent d’ailleurs dans ces faubourgs désertés. Cependant, lorsque ces légions étrangères furent décimées en 342 à Hefel, les faubourgs se vidèrent de nouveau, créant littéralement des quartiers fantômes en périphérie de la métropole. La haine des Aerann pour la bourgeoisie eut des effets durables sur l’organisation de la métropole lors du quatrième siècle. Autrefois propriétaires de la haute-ville fortifiée, ceux-ci en furent progressivement expulsés afin d’y être remplacés par la nouvelle élite du duché. C’est hors des murs, dans les faubourgs marchands et artisans de l’est et de l’ouest, qu’ils y sont désormais confinés, mêlés aux miséreux. Cette situation les oblige quotidiennement à payer à fort prix les services d’escortes et de gardes personnelles afin de protéger leurs boutiques et commerces. Avec l’avènement d’Isadora Aerann au titre de reine d’Ébène aux côtés du Monarque en 343, ce mépris pour la classe marchande s’est accentué à Felbourg la cité. Le duché de Fel étant dans les bonnes grâces de la Couronne, l’afflux monétaire généré par la bourgeoisie s’avère moins essentiel aux activités quotidiennes et les Aerann ne se gênent pas pour le montrer. Voilà pourquoi, depuis la fin de la Guerre de l’Avènement, la haute-ville est sous l’unique contrôle des élites nobles et intellectuelles du duché. Dans le Château de l’Orme et les quartiers environnants, c’est la famille comtale Delorme et ses courtisans qui font la loi. Toujours à l’intérieur des murs, au sud de la rivière Vauzelle, les académiciens et technologues de Fulcieu veillent au développement rationnel des quelques ateliers et forges oeuvrant à proximité. Depuis la promulgation du Décret sur l’Éducation par Valérian Ronce-Coeur il y a cinquante ans de cela, les savants de Fulcieu ont acquis en Felbourg la cité (et partout dans le duché) un statut équivalent à celui des chevaliers et seigneurs. Tous les Felbourgeois devant recevoir une éducation technique et citoyenne sous peine d’être enrôlés dans les armées ducales, les professeurs sont devenus des spécialistes extrêmement recherchées. Cela eut pour effet de créer deux castes au sein de la population : les Felbourgeois éduqués par des professeurs particuliers, et les gueux enrôlés par l’armée et “éduqués” par des officiers militaires. Ironiquement, les mesures visant à éradiquer les inégalités causées par la mauvaise répartition des richesses tendent aujourd’hui à renaître sous d’autres formes. La rivalité entre les deux équipes de Calcio de la métropole est caractéristique de ce phénomène. Lors des affrontements entre les “Descendants de Vindh” (équipe de la haute-ville) et les “Cent neuf” (équipe des faubourgs), il est fréquent de voir éclater des émeutes violentes entre les partisans dans les rues. En 378, Felbourg la cité est dans une situation précaire. Le port, toujours dynamique, sert autant de chantier naval pour l’armada de Fel que de halte commerciale pour les marchands. Ceints de faubourgs désertés, peuplés d’indigents désespérés et maintenus en vie par des marchands armés jusqu’aux dents, la haute-ville fortifiée et son château semblent vivre en dissonance complète par rapport à la population qu’ils sont supposés diriger. Noblesse et élite intellectuelle oeuvrent de pair afin de préserver le mur séparant les deux mondes risquant à tout instant d’entrer en collision. Des tentatives des Aerann de redynamiser Felbourg la cité selon leurs propres politiques peuvent toutefois être notées. Par exemple, jouissant d’une longue histoire d’échanges commerciaux entre Fel et le Vinderrhin, des navires sont ponctuellement affrétés au port de la métropole avant de prendre la Mer Blanche vers le nord. La dernière expédition de ce type fut levée à l’hiver 379 et visait à troquer des céréales, grains et bétails contre les rarissimes pierres précieuses des terres nordiques. Si l’échange eut bel et bien lieu sur l’Île-aux-Boustrophédons, une violente tempête détourna le convoi de son itinéraire initial et se solda par la perte d’un galion et la mort de plusieurs marins. HistoireAvant l’ère royale, le duché de Fel était aux mains de la famille Aerann, fière héritière du peuple de Vindh. Cependant, dès que le Sang’Noir se déclara dans les duchés du sud et que des masses d’immigrants firent leur apparition devant Fel, les Aerann fuirent leur propre cité pour se réfugier dans les Crocs. Avant même que l’anarchie ne s’empare de la ville, l’un des conseillers personnels du duc Aerann, un bourgeois du nom d’Albert Lobillard, reprit les rênes du pouvoir. Évidemment, après l’épidémie, le courage de l’homme fut récompensé par le Roi-Prophète par le titre de duc de Felbourg et de seigneur-palatin. Ainsi, lorsque les Aerann réapparurent en l’an 2 afin de réclamer le rang qui leur revenait de droit, ils furent remerciés de leurs services passés par un fief dans le nord, dans les actuelles Banches. Des siècles durant, une tension palpable persista entre les Aerann et les Lobillard, les premiers demeurant les vassaux des seconds. En 314 et 315, cette tension dégénéra subitement sous l’influence de la nouvelle génération de la famille Aerann. Sous l’impulsion belliqueuse du fou de guerre Adolf Aerann, petit-fils du comte des Banches Aldrick Aerann, la haine entre la famille Lobillard, ses fidèles vassaux –Delorme en tête- et les Aerann fut exacerbée. En 315, à la suite de rixes incessantes entre ses enfants et petits-enfants et les dirigeants de Felbourg, Aldrick Aerann déclara ouvertement la guerre à Filbert Lobillard, palatin du moment. S’en suivit une guerre civile meurtrière qui menaça d’embraser le royaume d’Ébène en entier. À l’issue de celle-ci, les appuis Lobillard désertèrent les uns après les autres le palatinat en raison des décisions questionnables de Filbert, laissant la famille régnante affronter seule les rebelles gagnant en puissance. À la fin de l’année 315, les armées Aerann franchirent finalement les portes de la métropole. Contrôlée à ce moment par la famille de Grise, désormais à la tête du comté des Salimes, la cité avait été complètement délaissée par Filbert Lobillard et sa garde personnelle. Dès cet instant, il devint clair que la bannière de l’Ours des Aerann flottait désormais sur le palatinat en entier. Au tout début de l’an 316, le prince Élémas IV lui-même confirma le statut de seigneur-palatin d’Aldrick Aerann, mettant officiellement fin au conflit. On ne revit jamais Filbert Lobillard qui, selon les rumeurs, prit la fuite vers une nation étrangère. Dès cet instant, les Aerann déployèrent des efforts colossaux afin de soustraire à la bourgeoisie -sympathique aux Lobillard- ses pouvoirs pour les remettre à une nouvelle noblesse. Pendant cinq ans, Gustaf Aerann, à la tête de la Guilde franche d’Ébène, centralisa les principaux leviers économiques du palatinat afin de faire des ateliers et industries (les “Manufactures Aerann”) de la métropole des outils au service de la famille palatine. En 322, après la révélation de nombreux scandales liés aux partenaires commerciaux de la Guilde franche d’Ébène (celle-ci vendait des fortes quantités de bois au Vinderrhin, qui l’utilisa ensuite pour construire une flotte d’invasion contre Ébène), l’organisation ayant sa maison mère à Felbourg la cité fut démantelée par le duc Aldrick Aerann lui-même. Après s’être emparé du massif trésor de la guilde, il déclara l’indépendance de Fel du trône d’Yr. Lors des mois suivants, la Marine des Mérillons tenta un embargo sur la métropole, allant même jusqu’à en incendier le port et les quartiers pauvres, mais rien ne fit plier le duc autoproclamé. Profitant des conflits générés par la présence de la princesse Théodoria dite l’Illuminée dans la cité d’Yr, Aldrick mit en oeuvre sa réingénierie du duché. Avec les lumières du chancelier Valérian Ronce-Coeur, savant issu des écoles de Fulcieu, Felbourg la cité se transforma : les ateliers des Manufactures Aerann furent déménagés dans le complexe métallurgique en Vaunes, le port fut reconstruit en fonction d’une vocation militaire et, surtout, des dizaines d’écoles gérées par l’Académie Fulcieu et destinées à modeler selon un même moule l’esprit des Felbourgeois furent construites. La métropole ne serait plus un assemblage disparate et chaotique de groupuscules avides de profit, mais un tout uni combattant selon les volontés des nobles âmes du duché. En 324, afin de rallier les vieux sympathisants des Lobillard entretenant toujours un vague espoir de voir ressurgir des morts les palatins “légitimes” de Fel, le duc Ulrich Aerann, fils d’Aldrick, accorda à la famille Delorme, plus fervente alliée des Lobillard à l’époque de la guerre civile, le statut de famille comtale de Felbourg la cité. C’est Thomas Delorme qui, le premier bénéficia du titre de comte de Felbourg la cité, ce qui suscita dans la métropole autant d’acclamations que de méfiance. Toutefois, l’homme se montra étonnamment sage dans ses décisions. Le patriarche, homme rationnel, efficace et diplomate, s’installa dans cette position difficile avec trois autres familles nobles très influentes de la cité : Ozberth, Fulcieu et Föllmer. Avec brio, il répartit les tâches en fonction des spécialités et réseaux d’influence de chacune. La famille Ozberth, en plus de tenir une école militaire directement à Felbourg, est fermement implantée dans les milieux clandestins entre autres dans l’organisation des combats de pugilat. Gérant l’Académie qui lui est éponyme, la famille Fulcieu veille au développement économique et éducatif de la ville. Pour finir, la famille Föllmer, descendante de la lignée de Théo Föllmer dit le Cerbère, est engagée dans la défense et la sécurité. Aussi les responsables de la Forteresse-Prison d’Aiguefosse-en-Vaunes, qui est située dans le delta de Fel, les Föllmer sont restés des nobles fidèles à la famille Aerann même à l’époque du Sang Noir. Finalement, on raconte que le support du dénommé Barthélémy Tyssère, fier révolutionnaire et pugiliste, permit au comte Delorme de tenir tranquilles, ne serait-ce que temporairement, les forces populaires de la métropole. Nul ne sait cependant à quel point le seigneur se lia d’amitié avec Tyssère. Après avoir marié sa fille Charlotte au deuxième fils Aerann, Enrich, Thomas Delorme eut pour but premier de faire écho à l’idée de nationalisme felbourgeois. Bien appuyé par les aides financières de la Reine Isadora. il fut l’un des piliers dans la continuité du plan de la famille Aerann pour un Felbourg plus fort. Laquais des Aerann pour les rebelles à la cause de Fel, seigneur loyal et efficace pour les vrais Felbourgeois, Thomas Delorme réussit à faire de sa métropole la concrétisation du rêve d’Aldrick Aerann. Aujourd’hui, Felbourg la cité est menée par le fils de Thomas, Hubert Delorme. Âgé de 54 ans, celui-ci s’est marié à Lucrèce Visconti du comté des Salimes afin de consolider l’unité du duché. Aussi fidèle aux Aerann que son père, il est toutefois le produit des conflits de castes de la région. Né dans l’opulence et profitant d’une éducation poussée -il est même détenteur d’un doctorat honorifique de l’Académie Fulcieu, il regarde de haut les gueux qui s’amoncellent aux portes de la ville, ne comprenant pas pourquoi ces derniers refusent obstinément d’aller chercher leur pitance dans les champs des Salimes et les camps de travail des Crocs. Si autrefois c’était l’argent qui divisait les masses, ce sont aujourd’hui le sang et les honneurs qui le font. |
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Carte d'Ébène - Forges en Vaunes |
Forges en VaunesGénéralDepuis 323, les Forges en Vaunes alimentent les armées felbourgeoises en équipements de qualité. Construites par l’ancien chancelier de Fel Valérian Ronce-Coeur au milieu des tourbières du comté en Vaunes, les dizaines de forges, de fonderies, d’ateliers et de manufactures tirent judicieusement avantage de la puissance hydraulique des rivières environnantes. Tandis que ce complexe industriel fonctionne nuit et jour pour répondre aux besoins croissants des seigneurs du duché, la prison d’Aiguefosse-en-Vaunes sur l’île de Cap-Gardien, au nord-ouest des côtes, sert de dernier lieu de résidence aux plus dangereux criminels de Fel (et même du royaume), le plus souvent des captifs politiques encore utiles aux autorités du pays. C’est Lydie Beauclaire qui coordonne les activités économiques de la région à partir des Grandes Forges situées près du hameau de Massilia, sur les bords du Delta de Fel. En 378, celle-ci doit toutefois faire face à plusieurs problèmes écologiques générant une profonde insatisfaction chez ses sujets. GéographieMême si les Forges en Vaunes elles-mêmes n’occupent qu’une fraction de ce territoire, la région sous le contrôle de l’Intendante Lydie Beauclaire s’étend de la lisère de Vertelande-la-Vieille et du Delta de Fel à la mer blanche, incluant la minuscule île du Cap-Gardien au large au nord-est et la plus vaste île du Roc. Le complexe industriel des Forges en Vaunes est tout d’abord composé des forges, fonderies et ateliers des hameaux de Scire, Valombre, Revac, Cerberus et Massilia, tous contenus à l’intérieur des tourbières en Vaunes. C’est à Massilia que se trouvent les Grandes Forges où furent construites les cuves en acier rosé permettant d’émuler presque à la perfection l’art des anciens forgerons pyréens. Reliées aux autres centres par un réseau de routes aménagées à même les marais asséchés, ces Grandes Forges permettent la coordination des activités régionales selon les plans originaux de Valérian Ronce-Coeur. Grâce à un partenariat étroit avec les bûcherons des Banches, un flot constant de bois destiné à alimenter les brasiers des machines à vapeur du complexe parvient de Vertelande-la-Vieille. La ressource a d’ailleurs donné naissance à un prospère -mais polluant- commerce de charbon de bois trouvant ses brûleries près de la forêt. L’île du Roc, plus grande île au nord-ouest des forges, est la principale défense du duché sur la mer blanche. Celle-ci s'élève en plateaux rocheux surplombant la mer. S'érigeant en forteresse naturelle, l’île repousse aussi bien les intempéries que les navires hostiles qui viennent s'y échouer depuis aussi longtemps que l’on puisse se souvenir. Le très ancien château d'Évron sur Roc y siège sur la rive occidentale, en première ligne. Les âges ont passé et l'origine de sa construction demeure inconnue, mais on estime qu’il aurait pu être l’un des premiers bastions de Vindh lui-même. Trop aride et exposée aux vents pour que des forêts y poussent, l’île du Roc ne possède que quelques champs stériles et rocailleux, une poignée d’arbres tordus par le vent et de misérables hameaux à l’ombre du château principal. Ses habitants -pour ceux qui ne servent pas en tant que défenseurs du bastion- sont pour la plupart des pêcheurs et éleveurs vivant au ralenti, insouciants des périls politiques du royaume. Ce n’est d’ailleurs qu’en 348, soit trois ans après la fin de la Guerre de l’Avènement, qu’il apprit l’avènement du Monarque sur le trône d’Ébène. C’est au quai de Parné-sur-Roc que le visiteur posera le pied, pour ensuite réaliser qu’il n’a rien à faire en ces lieux. Finalement, sur la lointaine île du Cap-Gardien, complètement oubliée du reste du royaume, s’élève la sinistre forteresse-prison d’Aiguefosse-en-Vaunes. Sous la charge de la famille Föllmer, celle-ci est le lieu de détention des prisonniers dangereux -surtout politiquement- du duché. Bien sûr, la plupart des comtes et seigneurs felbourgeois appliquent leur propre justice sur leurs fiefs. Les voleurs, meurtriers et autres criminels communs sont châtiés publiquement afin de servir d’exemples à la populace. Cependant, il arrive que des prisonniers politiques soient à ce point controversés ou détiennent tellement d’informations sensibles qu’on ne puisse se permettre de les amener à la potence. Dans la forteresse-prison d’Aiguefosse-en-Vaunes, ces individus seront mis sous les soins des tortionnaires et geôliers. Si leur esprit n’est pas brisé par les techniques musclées des bourreaux, leur corps le sera tôt ou tard. Dans une cage pendue au-dessus des falaises, balayée par les vents du nord et agressée par les oiseaux marins, ces résistants au règne légitime des Aerann espéreront la fin de leurs souffrances. HistoireLongtemps délaissé par les seigneurs de Fel en raison de ses tourbières impraticables, l’ouest de l’ancien comté en Vaunes au nord du duché ne gagna sa place à la table des dirigeants de Fel qu’au début du quatrième siècle de l’ère royale. Pendant des siècles, seules quelques centaines de familles éparses se nourrissant de racines, poissons boueux et fruits sauvages osaient vivre (ou survivre) dans la région. Qualifiés de “Torbeux” par leurs compatriotes, ils vécurent des générations durant hors des systèmes féodaux en vigueur. En 314, un jeune et farouche soldat de la famille Aerann, désireux de prouver sa valeur aux siens, se vit accorder le contrôle des tourbières de Vaunes. Son grand-père et comte des Banches, Aldrick Aerann, entretenait une méfiance légitime envers lui et il était hors de question de lui confier un fief stratégique. Cette nouvelle baronnie serait un test pour Adolf Aerann. Rapidement, ce dernier manifesta une passion dévorante pour la guerre. Recrutant n’importe quel individu apte à porter une arme et à la planter dans le ventre d’un ennemi, il se réclama du droit de guerre et se lança à l’attaque des prospères terres des familles Delorme et Souard, sympathisants des palatins Lobillard. Sous le regard impuissant des Lobillard qui, par devoir de réserve envers leurs vassaux, Adolf exacerba les tensions entre le nord et le sud de Fel, jetant les bases de la guerre civile qui devait éclater en 315. Néanmoins, le fruit des pillages permit au belliqueux baron de transformer définitivement le paysage des tourbières en Vaunes. Là où de vulgaires cabanes de croûtes se dressaient, il draina la terre et fit élever des maisons de bois, des palissades et même un fortin. Même s’il n’avait pas encore vingt ans, il se découvrit une passion pour l’éducation d’orphelins. Autant dans les Banches, en Vaunes que dans les territoires conquis, il recueillait les garçons et les filles sans parent et les intégrait à son armée sous le nom de “Cerbères”. Graduellement et contre toutes les conventions nobiliaires, il accorda à ces enfants de rien des titres, devenant lui-même le comte en Vaunes. Certains de ces enfants devinrent des personnages illustres -comme Victor Cerbère qui prit le nom Casielli et fut nommé général des armées d’Avhor- tandis que d’autres sombrèrent et devinrent des monstres hérétiques -comme Allan Cerbère, chien de guerre au service du Vinderrhin. Peu avant la Guerre des deux Couronnes, Adolf, considéré par la majorité du royaume d’Ébène comme un psychopathe sanguinaire, commit l’irréparable et rompit le Pacte du vin au palais d’Yr. Par la suite, il prit la fuite vers le Vinderrhin, devenant avec plusieurs de ses laquais Cerbère un seigneur hérétique. Celui-ci devait revenir chercher vengeance en Ébène en 322, mais c’est là une autre histoire. Pendant plusieurs années, Vaunes fut sous le commandement des Cerbères. Toutefois, un à un, prouvant leur folie et leur félonie envers l’Ébène, ils chutèrent et moururent. En 322, ce fut finalement Valérian Ronce-Coeur, un ambitieux érudit de Fulcieu, qui se hissa à la tête de la région. Encore une fois, le duc Aldrick Aerann souhaitait vérifier la valeur du prétendant avant de lui attribuer des tâches plus importantes. Ronce-Coeur releva le défi avec brio. Avec l’aide de son entourage, il mit sur pieds plusieurs projets révolutionnaires qui allaient changer le visage de Fel en entier. Le premier fut l’instauration d’un système d’éducation obligatoire. Croyant profondément en la capacité de l’éducation à modeler les esprits, Valérian persuada Aldrick Aerann de lui accorder l’autorisation de construire partout sur le duché des écoles destinées à accueillir tous les habitants de Fel. Même s’il oeuvrait de pair avec la Sage du Zanaïr Ananké Ivarsson, les professeurs embauchés dans ces institutions adhéraient aux idéaux de Fulcieu, leur permettant d’être eux-mêmes chapeautés par la prestigieuse académie de Felbourg la cité et par Yazhid Nazem, renommé savant d’origine pyréenne. Certes, les élèves -enfants ou adultes- de ces écoles devaient y apprendre à lire et compter, mais on en faisait d’abord et avant tout de bons sujets de Fel. Bien sûr, un tel projet nécessita plusieurs années pour être mis en branle et connut certaines dérives. Éventuellement, un manque criant de professeurs se fit sentir, laissant uniquement les Felbourgeois les mieux nantis se prévaloir de ce décret et laissant les plus pauvres dans l’illégalité. Afin de résoudre ce problème, la duchesse Isadora Aerann, promulgua en 340 un édit offrant un choix simple aux Felbourgeois : recevoir l’éducation de Fulcieu à l’école, ou servir dans l’armée de Fel. Malgré ces ratés imprévisibles, l’éducation nationale de Fel est encore en 378 un puissant outil stimulant le patriotisme et l’unité de Fel. Le second fut la création d’une cohorte de spécialistes multidisciplinaires oeuvrant à la “Recherche, Étude et Contre-mesure” des sujets touchant à l’occulte. Au début de la Guerre de l’Avènement, ce regroupement collabora étroitement avec les Sages du Zanaïr afin de débusquer les phénomènes inexpliqués dans le royaume afin d’en contrôler et combattre les effets. Leur premier chantier fut un mystérieux tertre découvert dans les profondeurs de la forêt d’Ébène après un assaut contre le château du Lichthaus. Percé d’un puits depuis longtemps inutilisé, le monticule de terre et d’humus semblait dissimuler un réseau de souterrains d’une taille et d’un âge indéterminés. Pendant des mois, Valérian lui-même, accompagné du chercheur corrésien Freudriech Franckowiak et de l’éclaireuse Gaëlle Aeby y menèrent des fouilles avec leurs associés du R.E.C. Or, un beau jour, Ronce-Coeur revint seul en ses terres. Jamais plus on ne revit Franckowiak et Aeby se terra dans les Crocs pour le reste de sa vie. On ne sut jamais avec précision ce que la cohorte avait trouvé là-bas et, avec l’apparition des dangereux “Insoumis” -des brigands- dans la forêt d’Ébène, on ne put mener de nouvelles fouilles. Néanmoins, lors des années qui suivirent, la cohorte mena plusieurs autres recherches avec l’aide du Zanaïr, même si nul ne sait exactement quelle fut leur nature. Après le départ de Valérian et encore en 378, c’est Éléonore Wissen Ronce-Coeur, sa fille, qui est à la tête de l’organisation aux côtés de son époux, l’alchimiste Nye Ronce-Coeur. Le troisième et plus imposant héritage légué par Valérian Ronce-Coeur fut définitivement les Forges en Vaunes. Après avoir prouvé sa valeur à la famille Aerann en 323, Valérian obtint le prestigieux titre de Chancelier de Fel. Usant de ses nouveaux et importants pouvoirs de gestionnaire suprême du duché, il fit rapatrier en Vaunes, sur les bords du Delta de Fel, la plupart des industries lourdes de Felbourg la cité et des environs. Autour du bourg de Massilia, situé au milieu de dizaines de courtes mais tumultueuses rivières, il fit construire le coeur des Forges. Par la suite, il harnacha plusieurs autres cours d’eau afin d’en capter la puissance motrice. Grâce à l’énergie hydraulique de ces rivières et aux infinies étendues sylvestres de Vertelande-la-Vieille, il décupla les capacités des machines à vapeur développées par Fulcieu. La Grande Forge, fabriquée à partir d’un mystérieux acier rosé importé de contrées situées au-delà de la Ligue d’Ardaros, constituait le haut-lieu de ce complexe industriel. En somme, l’exploit de Ronce-Coeur ne fut pas de créer une seule et unique fonderie, mais de transformer l’entièreté des tourbières de Vaunes en un incroyable réseau de forges, ateliers, manufactures et routes se renforçant les uns les autres. Dès le début de la Guerre de l’Avènement, des quantités colossales d’équipements militaires -épées, piques, plastron, fers à cheval, boulets, canons, etc.- sortaient à chaque semaine de l’endroit, fournissant l’entièreté des légions de Fel et leur offrant l’avantage face à n’importe quel adversaire. Seul l’approvisionnement en métal pouvait mettre fin aux opérations des industries. Malgré ces exploits administratifs et techniques, Ronce-Coeur ne reçut jamais réellement les honneurs qui lui étaient dus. En 338, l’homme quitta Felbourg la cité à la tête d’une flottille de cinq navires. Il prit la mer afin d’établir une colonie dans une nation lointaine connue sous le nom de « Heyeraq ». Dans les corridors des palais, on racontait toutefois que celui-ci avait été l’objet de fortes pressions internes l’incitant à quitter Fel. Valérian étant l’époux d’Isadora Aerann, ces insinuations paraissaient plus que suspectes. Cependant, jamais le chancelier ne fut revu après son départ, laissant croire à la véracité de ces dires. À savoir s’il atteignit son objectif chez les Heyeraq, nul ne pourrait le dire. Sans enfant, Ronce-Coeur laissa le comté en Vaunes privé de comte. Isadora Aerann en profita pour fusionner au territoire des Banches les forêts de Vertelande-la-Vieille, confiant à Lydie Beauclaire, fille d’un proche partenaire de Valérian, Claus Beauclaire, l’intendance des Forges en Vaunes. Privé d’armées qui lui sont propres, la protection du complexe métallurgique repose entièrement sur les forces de la Forteresse du Fils et sur la flotte de Felbourg la cité. Personne ne souhaitant voir le poumon industriel de Fel tomber entre les mains des ennemis, rares sont les endroits aussi bien surveillés et défendus dans le duché. En 378, l’intendante Beauclaire est toujours à la tête de la région. Cependant, les incessants déversements de déchets en provenance des diverses fonderies et forges combinés aux fumées noires et étouffantes des cheminées consommant le charbon de bois ont fait naître récemment de nouvelles considérations chez les habitants des environs. La pollution, corrompant les tourbières et empoisonnant les rivières, prive peu à peu les sujets de l’endroit de leur santé, créant des tensions entre les industriels à la tête des ateliers et les travailleurs locaux. Après tout, à quoi bon fournir les armées en équipement si c’est pour mourir empoisonné par son propre environnement? |
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Carte d'Ébène - Forteresse du Fils, comté des Banches et duché de Fel |
Forteresse du Fils, comté des Banches et duché de FelGénéralAu pied des montagnes des Crocs au nord de Fel se profile loin à l’horizon la colossale Forteresse du Fils. Merveille d’architecture et d’ingénierie militaire, ce bastion est depuis le début du quatrième siècle la résidence personnelle de la famille ducale Aerann. À partir de ces fortifications, c’est l’entièreté du duché qui marche au pas, de gré ou de force. Des forêts de Vertelande-la-Vieille à l’ouest à la Baie d’Ambroise à l’est, le comté des Banches donne le ton au plus puissant duché d’Ébène. Depuis le mariage d’Isadora Aerann, duchesse de Fel, au Monarque en 343, la Forteresse (et le duché) est passée successivement aux mains d’Aldrich et de Friedrich Aerann. Chacun à leur manière, ceux-ci confirmèrent la position de Fel en tant que pilier du royaume et consolidèrent les politiques visant à créer chez leur peuple un profond sentiment de fierté nationale. En 378, c’est Friedrich Aerann, veuf puis remarié depuis l’été 380 à la duchesse de Laure Vilda Lacignon, qui règne sur l’imposant territoire felbourgeois. GéographieLe comté des Banches, terres personnelles du duc de Fel, s’étend de la Laurelanne à l’est à la lisière occidentale des forêts de Vertelande-la-Vieille à l’ouest. Au nord, celui-ci se perd dans les montagnes des Crocs tandis qu’il s’arrête sur les berges du fleuve Augivre au sud. Ayant englobé l’entièreté de la forêt de l’ancien comté en Vaunes (désormais connu comme les Forges-en-Vaunes), il occupe presque l’entièreté de l’île de l’Ours, immense bout de terre au nord de l’Augivre. Le coeur des Banches est assurément la colossale Forteresse du Fils, au pied des Crocs. La majestueuse place-forte, joyau architectural de l’ère royale, est le siège du pouvoir ducal. La construction fut lancée par Aldrick Aerann en l’honneur de son fils, Ulrich, aux termes de la reprise de ce qui, jadis, était le palatinat de Felbourg. Elle célèbre, en quelque sorte, le retour de la famille à la tête de ce qui, à son avis, fut la pire injustice de l’Histoire d’Ébène. Sa grandeur et sa solidité sont aussi témoins des traditions familiales qui remontent jusqu’au peuple de Vindh. Depuis le début de son chantier en 315, jamais les travaux d’agrandissement, de rénovation et de fortification ne s’arrêtèrent. Utilisant les contreforts des montagnes des Crocs comme remparts naturels sur ses flancs nord et ouest, la forteresse se dresse tel une masse sombre et surveille la région. Derrière ses deux remparts successifs ponctués de dizaines de tours de garde plus d’un millier de soldats aptes à repousser un siège pendant plusieurs mois peuvent se rassembler. C’est pour cette raison qu’il est prévu dans les plans d’urgence de la Couronne que, advenant une invasion de la capitale d’Ébène, la cour royale se replie dans le bastion de Fel pour poursuivre la lutte. En dehors des innombrables appartements, écuries, salles de réception et foyers, la Forteresse du Fils abrite le mystérieux Mausolée des Dormeurs. Gardé en permanence par les “Veilleurs de l’Oracle”, une maigre troupe de zélotes dévoués corps et âmes à la protection de l’héritage du Témoin Ferval, cette construction de marbre noir est scellée depuis des années. On raconte que, au moment du dernier voyage de Ferval, près de deux cents “dormeurs” y reposaient. Les dormeurs, adeptes de la spiritualité du Témoin, croyaient fermement pouvoir échapper à ce monde afin de gagner une sphère d’existence supérieure et parfaite où ils entreraient en contact avec la Vérité. Fondées ou non, ces croyances eurent des résultats réels. Les fidèles entreprenant ce voyage, couchés dans les ténèbres du mausolée, s’endormirent pour des décennies. Jamais ceux-ci ne s’éveillèrent, mais jamais leurs corps ne se décomposèrent. Tout comme le corps de Ferval qui vint les rejoindre plus tard, ils semblaient être en “stase”. Aujourd’hui, personne ne détient l’autorisation d’entrer dans le mausolée. Néanmoins, avant la fermeture définitive des portes, une clochette fut installée à l’intérieur du bâtiment ; si jamais les dormeurs revenaient de leur périple onirique, ils pourraient en avertir le monde extérieur. Sur une montagne esseulée, le pic de Guttfried, se tient le château que l’on surnomme la Tombe des Jumeaux. Nommé en l’honneur de trois batailles qui eurent lieu à Selbourg entre les forces Aerann et les assaillants de la famille Der Vaast de Laure, la bataille vit l’annihilation de deux légions de cent hommes nommées en l’honneur de deux jumeaux de l’histoire Aerann; la Légion d’Endralphyrr et la Légion d’Endrollmer. Lorsqu’il fit reconstruire le château, Ulrich décida de faire ériger deux statues, aux effigies des deux jumeaux : le premier un redoutable guerrier et le second un ingénieur et créateur d’armes de siège très ingénieux. Assez grand pour abriter l’ensemble de la famille Aerann, plusieurs membres de la famille Maetzelder ainsi que plusieurs autres nobles de diverses familles, la Tombe des Jumeaux est la petite soeur de la Forteresse du Fils. Au sud et à l’est de la Forteresse du Fils prospèrent les bourgs de Selbourg, Rive-Roi et Guet d’Ambroise. Le premier, toujours voué à l’extraction de pierre et de sel, fut pendant des années la chasse-gardée du duc Ulrich Aerann. Le second, embrassant la Laurelanne, est le principal point de passage entre Laure et Fel. Traditionnellement utilisé au début de l’ère royale par le Roi-Prophète afin de franchir la Laurelanne entre Gué-du-Roi et Felbourg, il fut l’objet de plusieurs affrontements militaires entre Laurois et Felbourgeois. Enfin, le troisième est à la fois un point de rencontre des émissaires d’Yr et un port donnant sur la Baie d’Ambroise et la capitale d’Ébène. En permanence, une flottille y mouille, prête à prêter assistance à la Couronne ou à venir en aide aux représentants officiels de Fel sur la baie. Dans les trois cas, ces villes ont su tirer profit de l’élévation des Banches au statut de fief ducal. À l’abri des raids grâce aux armées de la Forteresse du Fils, jouant le rôle de halte pour les riches dignitaires allant remettre leurs doléances au duc de Fel, elles sont devenues des agglomérations respectables où, malgré la faible présence de ressources de valeur, il fait bon vivre. Notons d’ailleurs l’existence du bourg spirituel de Valcourt, anciennement haut-lieu de la congrégation de l’Ordre de l’Illumination sous le Primat Gilbert Fallières. Réputé pour ses vergers et ses cloîtres paisibles, Valcourt est l’une des rares villes religieuses des Banches. Toutefois, en 379, l’harmonie de cette communauté fut compromise lorsqu’une dénommée Vahessa l’Ancienne, une vieille religieuse réputée pour son amour du peuple et son dévouement envers la cause des indigents, fut célébrée par la petite noblesse régionale et les ecclésiastiques de la cité d’Yr. Si l’événement plut grandement aux dignitaires en présence, il fut perçu par la population de basse extraction locale comme une instrumentalisation de la vie de la vénérable femme (qui soutenait elle-même que la richesse et la vie urbaine étaient des portes ouvertes sur la corruption). La nuit suivant la célébration, Vahessa mourut dans son sommeil, laissant planer un malaise parmi les fidèles envers leurs prêtres locaux. À l’ouest, ce sont les vastes étendues sylvestres de Vertelande-la-Vieille qui recouvrent la majorité du comté des Banches. Forêt de conifères subissant année après année les dures tempêtes hivernales, celle-ci est encore en 378 réputée pour être fort périlleuse. C’est dans ses profondeurs que le duc Ulrich Aerann trouva la mort aux mains de brigands il y a quelques décennies. Depuis, des purges et razzias furent organisées sur les camps de renégats qui s’y trouvent, mais ceux-ci ont su développer avec le temps de redoutables tactiques de guérillas. Néanmoins, la Route de la Reine, traversant d’est en ouest les bois, est jugée la plupart du temps sécuritaire grâce aux efforts constants de l’armée ducale. C’est une chose essentielle car il s’agit là de l’unique chemin terrestre permettant aisément de rejoindre les Forges-en-Vaunes, coeur de l’industrie felbourgeoise. Finalement, il convient de mentionner dans la Forteresse du Fils la présence de l’Ordre du Sceptre d’Ébène, tirant ses origines de cette place-forte et du règne de la Reine Isadora. Effectivement, peu après son mariage avec le Monarque, Isadora sélectionna parmi ses meilleurs soldats des armées felbourgeoises des guerriers lui étant fidèles jusqu’à la mort. N’ayant guère confiance envers les gardes valéciens constituant l’essentiel des protecteurs du Monarque, ces vétérans de Fel allaient former sa propre garde personnelle. Rapidement, ceux-ci furent organisés en un ordre chevaleresque entièrement dévoué à la protection des reines d’Ébène. Hors du palais d’Yr, ces chevaliers portent l’épée, mais dans l’enceinte des appartements de la souveraine, ils brandissent plutôt des sceptres (ou masses) taillés à même le bois de la forêt d’Ébène. Bien sûr, lorsqu’Isadora trépassa, l’Ordre du Sceptre d’Ébène se voua à la protection de sa fille Adrianna. Plus par habitude que par tradition, la nouvelle Reine décida de conserver cet ordre comme protecteur de ses appartements privés en supplément du Bataillon sacré de la capitale. Histoire[Pour davantage d’informations sur la fondation de Fel, l’arrivée au pouvoir des Aerann et la création du duché, consultez “Felbourg la Cité”]
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Carte d'Ébène - Jéranbourg et le sud de Fel |
Jéranbourg et le sud de FelGénéralLa cité de Jeranbourg et les terres qui lui sont soumises sont sous la gouverne du plus riche marchand de la ville, Médéric de Grandeherse. Neveu du célèbre Hector de Grandeherse, Médéric a grandi dans la ville marchande de Jeranbourg avec la branche de la famille de Grandeherse n’ayant pas quitté pour la colonie de la Terre des Roses. Élevé dans l'opulence générée par le commerce d’armes et d’armures, il est reconnu pour rentabiliser n’importe quel investissement, faisant souvent fi de la sécurité des gens impliqués. Bien que les affaires familiales s’articulent toujours autour de l’armement, il a fait sa fortune dans le commerce de l’Orferac. Boisson forte sucrée faite à base de vin, l’Orferac est produite dans les terres du comté d’Orferac, désormais soumises à l’autorité de Jeranbourg. Populaire auprès des nobles et riches commerçants, cet alcool est rapidement devenu la principale source d’exportation de la région. Flairant l’affaire, plusieurs autres marchands se sont associés au fil du temps avec le riche bourgmestre. À la suite d'une entente avec la maison Mandevilla, dans la cité d'Yr, l'Orferac est exclusivement vendu à l'Emporium des Alcools libres d'Ébène. La gestion politique de la ville marchande est devenue par nécessité un autre secteur d’influence de Médéric de Grandeherse. Déclaré bourgmestre de la ville, il oeuvre sans s’appuyer sur les grandes organisations commerciales du royaume. Prônant le libre-marché, le bourgmestre tente toujours d’exploiter de nouveaux filons en s’associant avec n’importe quelle personne intéressée, ce qui en fait la bête noire des guildes ébénoises d’envergure telles l’Union commerciale du Sud et la Banque d’Ébène. Cependant, depuis que le duc Friedrich Aerann a unilatéralement remis en 380 en guise de cadeau à la Reine près du tiers du comté d’Orferac -soit la baronnie de Lotec-, de Grandeherse se montre distant de son seigneur. On raconte que celui-ci rongerait son frein en silence, outré de ce manque flagrant de respect. Cette passion pour les profits a rendu la ville riche, mais elle est également devenue la proie de malandrins. Peu intéressé à investir de fortes sommes importantes pour “simplement” assurer la sécurité du petit peuple, Médéric a été plus d’une fois accusé d’oisiveté en ce qui a trait à la lutte aux brigands et aux divers criminels qui pullulent sur ses terres. Il répond toujours à ses détracteurs que c’est au Roi d’assurer la paix et non à lui. Or, la sécurité des riches, et des de Grandeherse, est assurée par la Ligue des Gardes. Basés à Haut-Rivage, les mercenaires protègent les installations marchandes monnayant de fortes sommes de ducats. Les bourgeois et nobles sont régulièrement vus se promenant avec leur escorte de la Ligue des Gardes et ces derniers se fraient souvent violemment un passage dans les ruelles bondées de la cité. Les cargaisons d’armes, d’armures et d’Orferac sont systématiquement protégées par des dizaines de ces gardes suréquipés. Les visiteurs, principalement les alchimistes et les herboristes, les engagent pour chaque visite dans les forêts luxuriantes du sud de Jeranbourg dans la région de Jarnac. Foisonnants d’herbes rares et d’éléments d’alchimie réputés, ces boisés sont régulièrement exploités malgré les menaces d’animaux dangereux, ours et loups, et de brigands. GéographieLa cité de Jeranbourg regroupe plusieurs environnements très variés dans ce qui furent jadis les comtés de Jeranbourg et d’Orferac. Sur la côte de la Mer blanche se trouve la grande cité marchande de Jeranbourg. Coeur économique et politique des landes environnantes, le port est devenu un incontournable du commerce dans l’ouest du royaume. Au large de celle-ci, dans l’archipel qui la protège des grandes marées, se situe la ville de Haut-Rivage. Centre de formation militarisé de la Ligue des Gardes, l’endroit s’est grandement enrichi grâce aux lucratifs contrats de protection obtenus par ces mercenaires réputés. Au sud s’étend la courte chaîne de montagnes du Liais -connue pour ses pierres prisées par les sculpteurs- et les boisés de Jarnac. Réputés pour leur variété et leur grande utilité alchimique, ces bois regorgent également d’animaux et de brigands. À l’est de Jeranbourg s’étendent les plaines fertiles de l’Orferac. Les vignobles y sont légions et les conditions de vie fort agréables. La grande majorité de ceux-ci sont protégés par les gardes des divers marchands de Jeranbourg. Les attaques brigandes sur ces grands champs fortifiés sont toutefois étonnamment rares, ce qui fait dire à certaines mauvaises langues que les autorités ont tendance à acheter les larrons plutôt qu’à les affronter par les armes. Sur toute la frontière méridionale se dresse le terrible mur de Fel, construit par Horace Lenoir et financé par le chancelier Valérian Ronce-Coeur et son entourage. Défense impénétrable protégeant les marchands, celle-ci a cependant le désavantage de garder les brigands à l’intérieur des terres. Son principal point d’accès est le château d’Augasque, à quelques lieues à l’ouest du Lac de la Croisée. Plusieurs hameaux et villages parsèment les plaines, notamment Bouvreuil, Androsace et Montpetit, pour ne nommer que ceux-ci. Désormais politiquement liés à Jeranbourg, seuls les marchands détenant des fermes dans ces environs et leurs journaliers y résident. La grande majorité de ces villages sont plutôt peuplés de fermiers qui travaillent aux vignes de Jeranbourg. Cependant, en 380, le duc de Fel, Friedrich Aerann, décida unilatéralement d’offrir en cadeau à la Reine, à l’occasion de sa propre union avec la comtesse Vilda Lacignon de Laure, l’est du comté d’Orferac. La baronnie de Lotec et la région de la Fourchue, jusqu’alors sous le contrôle de Jeranbourg, passèrent sous le contrôle de la Couronne et se greffèrent au Domaine royal du Coeur d’Ébène. Cette privation de près du tiers du territoire d’Orferac déstabilisa l’économie locale. Les routes terrestres commerciales principales vont vers Felbourg, la grande métropole de la famille suzeraine Aerann, et vers Gué-du-roi grâce au pont de la Laurelanne à Rive-Roi. Autrement, il s’agit principalement de commerce maritime vers Yr et les autres ports de la côte. Face à la main mise de la Ligue des Mérillons sur plusieurs de ceux-ci, les débouchés restent limités à l’ouest du royaume. HistoireL’administration de la cité de Jeranbourg et de ses environs se fait par enchères aux dix ans. Le plus riche marchand de la ville peut ainsi acheter son élection et devenir bourgmestre. Ce dernier, qui a office à Jeranbourg, veille ensuite à la direction marchande de la région et scelle les accords nécessaires pour le bien-être financier de ses confrères et consoeurs. Jeranbourg fut de tout temps tiraillé entre son zèle religieux envers le Roi et ses lois et la famille Aerann fréquemment en conflit avec ceux-ci. Au début de l’ère royale, la région fut une grande partisane du Roi-Prophète malgré ses alliances avec les Aerann des Banches, même à l’époque où leur nemesis Lobillard régnaient sur Felbourg. La partie Est, en Orferac, était alors dirigée par la famille Maetzelder, très proche des Aerann par mariage et établie depuis longtemps dans les traditions felbourgeoises. Au quatrième siècle, quand débuta la Guerre de l’Avènement, Jeranbourg se trouva de nouveau déchiré entre ses appuis au second Roi et ses allégeances aux Banches. Ainsi, lorsqu’Isadora Aerann épousa le souverain d’Ébène, autant les de Grandeherse que les Maetzelder poussèrent un soupir de soulagement. Depuis, alors que les de Grandeherse poussent leur hégémonie sur la cité de Jeranbourg, les Maetzelder veillent au maintien de l’est de la région. L’actuel bourgmestre, Médéric de Grandeherse, est toutefois contesté et son enchère arrive bientôt à terme. Sans nouveaux comptoirs pour ses produits phares -l’Orferac et l’armement- il y a fort à parier qu’il perdra son élection. Plusieurs gens contestent sa gestion de la sécurité en ville et dans les campagnes. Le recours systématique à la Ligue des Gardes est moralement questionnable par rapport aux traditions miliciennes développées dans plusieurs autres cités du royaume. Certaines mauvaises langues affirment même que la Ligue est de mêche avec les brigands. D’autres familles marchandes telles les Gramont -proches de l’Union commerciale du Sud- et les De Bouvreuil -sympathisants de la Banque d’Ébène- talonnent ainsi jour et nuit De Grandeherse. La perte de l’est d’Orferac aux mains de la Couronne en 380 ne fit qu’accentuer les tensions déjà importantes dans la région. Fondée par Rosival de Traque, la Ligue des gardes a été reconnue pour avoir protégé le Roi-Guérisseur pendant une grande partie de son règne. Irréprochable dans tous ses contrats, l’organisation a acquis une solide réputation. La Compagnie du Griffon, extension combattante de la Ligue, est souvent engagée lors d’opérations à grands déploiements. Tous aussi réputés, ils oeuvrent généralement sur les convois marchands de longue distance. Au niveau religieux, on retrouve peu d’installations notables dans la région. Plusieurs villages et une partie de la cité ont été abandonnés dans le grand exode qui a suivi le départ d’Adonis Argenteuil et d’Hector de Grandeherse vers la Terre des Roses. Les pieux Célésiens de cette époque retournèrent volontiers en terre célésienne alors que Fel vivait à ce moment une période sombre sous la férule de l’hérétique Ferval. Laissées en décrépitude pour la plupart, les diverses chapelles n’ont que récemment eu un regain de popularité grâce aux oeuvres de la famille Tyssère. |
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Carte d'Ébène - Le comté de Vallon |
Le comté de VallonGénéralLe comté de Vallon est un ensemble hétéroclite de populations aux cultures diversifiées. Pyréens, Felbourgeois, Laurois et Cassolmerois furent historiquement confinés à quatre régions -les cantons- caractérisées par la culture dominante qui s’y trouvait. Plutôt que de privilégier la mixité des communautés culturelles, la famille comtale opta au cours des dernières décennies pour une séparation agressive de celles-ci. GéographieDes berges orientales de la Laurelanne aux flancs des monts du Val-Follet, le vaste comté de Vallon occupe le coeur géographique du royaume. Historiquement divisée en deux comtés bien distincts -Vallon et Vilem-, cette entité politique est le résultat direct des tractations politiques et des conquêtes militaires qui survinrent au début de la Guerre de l’Avènement. Ainsi, dès 324, ce territoire fut sous la dépendance directe du duché de Fel, scindant littéralement l’ancienne province lauroise en deux régions -nord et sud-.
Le zèle des Rai ne s’arrêta toutefois pas à la division administrative des cantons. À la frontière entre chacun de ceux-ci, des tours de guets et casernes militaires furent installées tout au cours de la Guerre de l’Avènement. Prétextant initialement la sécurité des lieux face à l’ennemi républicain, les seigneurs de Vallon ne purent cacher après la fin du conflit que ces points de contrôle visaient à limiter au maximum les déplacements des populations ; si les sujets pyréens, felbourgeois cassolmerois et laurois ne se rencontraient pas, ils ne pouvaient pas s’entretuer. Cette interdiction s’étendit même aux activités artisanales et commerciales. HistoireJusqu’à l’été 380, Vallon faisait partie du comté de “Casteval et Vallon” et était le résultat de l’amalgame improbable de trois comtés historiques du coeur du royaume : Vallon et Vilem en Laure, et Cellryn en Cassolmer. Par les infatigables mécanismes de la Guerre de l’Avènement, ces territoires tombèrent l’un après l’autre sous la coupe du duché de Fel, laissant pendant un demi-siècle cette vaste région comme une dépendance du puissant duché occidental. |
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Carte d'Ébène - Franche cité de Gué-du-Roi |
Franche cité de Gué-du-RoiGénéralBastion de la cause patricienne en d’Ébène, la franche cité de Gué-du-Roi a regagné au fil des années son statut de coeur du royaume. Par le contrôle du négoce sur les fleuves Augivre et Laurelanne, ses privilèges uniques et son influence incontestable sur la politique ébénoise, Gué-du-Roi se positionne perpétuellement en contre-pouvoir face à la dynastie royale. Nul juge, inspecteur ou soldat royal ne peut y poser les pieds sans invitation préalable, ce qui en fait une exception surprenante dans le paysage ébénois. GéographieConfinée à l’île des Deux-Fleuves, la franche cité de Gué-du-Roi jouit d’un positionnement de choix au confluent de la Laurelanne et de l’Augivre. Quotidiennement, les barques marchandes sillonnant le royaume d’est en ouest et du nord au sud y transigent, contraintes par les douanes du Symposium des Braves d’y effectuer une halte et d’y payer les taxes douanières. Utilisant judicieusement les Écluses du Griffon construites à la hâte au début de la Guerre de l’Avènement, les autorités de la ville s’assurent un contrôle permanent et efficace sur le commerce national, abusant selon certains Monarchistes des privilèges qui leur sont accordés par les décrets du Monarque en 345.
Le Symposium d’Ébène n’est guère à confondre avec le Symposium des Braves, assemblée décisionnelle gérant quotidiennement les affaires de Gué-du-Roi et des seigneuries lauroises ayant accepté son autorité. Afin de rappeler à tous la mission divine de protection des institutions qui leur incombe, la centaine d’hommes et de femmes de cette assemblée se concertent quotidiennement à l’intérieur même du célestaire de Gué-du-Roi en dehors des périodes de célébrations religieuses. Annuellement, le Symposium des Braves élit un “Gardien protecteur” agissant à titre de médiateur entre les factions opposées et de chef de la garde advenant une urgence militaire. Cette procédure est toutefois plutôt symbolique, Étienne Lacignon étant systématiquement réélu année après année. Ce sont d’ailleurs les compagnies mercenaires de la ligue des Mille Bannières qui, depuis des décennies, jouent le rôle de gardes de la ville aux côtés des quelques cohortes de miliciens volontaires. Moins mercenaires que soldats à la solde fixe, ceux-ci mènent parfois des missions hors des murs afin d’arrondir leurs fins de mois. HistoireLe palatinat de Laure fut initialement colonisé par le peuple de Vindh. Gué-du-Roi, dans les temps anciens, portait le nom de Vaer et ne constituait qu’une foire marchande prospère. Toutefois, lorsque Casteval -forteresse du Val-Follet à l’Est- sombra dans la déchéance, un flot ininterrompu d’exilés cogna aux portes de Vaer. Malgré leurs cultures distinctes, hôtes et invités parvinrent à cohabiter harmonieusement afin de hisser Vaer au rang des cités d’envergure du continent, le tout sous l’autorité de la famille ducale Torrig.
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Carte d'Ébène - Geôles-aux-Martyrs et le Bleu-Comté |
Geôles-aux-Martyrs et le Bleu-ComtéGénéralComté ayant conservé -en apparence du moins- sa neutralité lors de la Guerre de l’Avènement, le Bleu-Comté est un vaste territoire servant de zone tampon entre Laure et l’est du royaume. Même si la région est sous le contrôle du Conseil des Treize et de la comtesse et duchesse de Laure Vilda Lacignon, petite-fille du défunt prince Élémas V, à partir de la ville de Savagne, c’est Puy-aux-Martyrs et la prison de Geôles-aux-Martyrs, au sud, qui attirent l’attention des seigneurs du royaume. GéographiePlus grande région géographique unifiée de Laure, le Bleu-Comté entretient des frontières avec trois provinces : Avhor, Salvamer et Cassolmer. En raison de ce statut de marche, les autorités de Gué-du-Roi laissèrent historiquement les seigneurs du secteur gérer leurs propres affaires. Celles-ci ayant intérêt à représenter dignement Laure afin d’éviter une invasion qui franchirait nécessairement leurs terres, les nobles du Bleu-Comté ont appris à entretenir avec l’étranger des relations pacifiques empreintes de neutralité. Malgré tout, au fil des siècles, plusieurs modestes tours de garde en bois furent élevées à l’est. Les verts pâturages du Bleu-Comté empêchant toute résistance face à une armée d’invasion, les protecteurs optèrent pour un réseau de surveillance efficace. Ainsi, même si les armées du Bleu-Comté peuvent sembler bien dégarnies, leur connaissance du terrain et des mouvements adverses leur accorde une capacité de réaction rapide. HistoireLe Bleu-Comté est dirigé depuis plus de trois siècles par la famille Sanspitié, autrefois Tranchebranche, qui fut récompensée pour ses sacrifices par la famille Lacignon après la Longue Année du Sang Noir. Initialement composée d’une trentaine de membres, l’ancienne famille forestière de Vaer grandira jusqu’à compter un peu moins de cinq cents individus répartis dans les baronnies du territoire. Traditionnellement et en respect pour l’autorité palatine de Gué-du-Roi, le contrôle de la baronnie centrale, Savagne, fut laissé au choix de la famille Lacignon. Toutefois, en 323, le Conseil des Treize l’offrit au Prince Élémas V lui-même comme refuge potentiel à la suite de perte de la cité d’Yr. Aujourd’hui, le domaine central et le titre symbolique de comtesse sont entre les mains de sa petite-fille, Vilda Lacignon, fille d’Étienne Lacignon, Gardien protecteur de Gué-du-Roi, et de Jaromond, Gardienne du Symposium d’Arianne sous les arches de l’Orrindhas. |
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Carte d'Ébène - Château de la Pointe |
Château de la PointeGénéralD’abord construit à mi-chemin entre Yr, Vêpre et Gué-du-Roi dans une optique défensive au début de la guerre civile, le Fort de la Pointe fut converti en Château de la Pointe après la signature de la grande paix du Monarque en 345. Les lieux ne sont pas conçus pour accueillir des assemblées patriciennes officielles, mais on y retrouve presque continuellement des visiteurs des quatre coins du royaume venus discuter de projets politiques communs et consulter les minutes des réunions de divers symposiums ébénois. Effectivement, depuis plusieurs décennies maintenant, la place-forte joue le rôle d’archives fortifiées pour les documents des patriciens du pays. GéographieConstruit dans les premières années de la Guerre de l’Avènement sur les berges de la rivière Orellia près d’Avhor, le Château de la Pointe est un grand aménagement aux allures défensives, avec fortifications de pierres ceintes de douves, tracé sur un plan en forme d’étoile. À l’intérieur, une petite ville paisible avec en son centre un grand édifice octogonale ceinturé de quatre tourelles et doté d’une cours centrale permettant à la lumière d’y entrer à profusion par une multitude de verrières donnant autant sur l’extérieur que sur l’intérieur de l’édifice haut de trois étages. Moins achalandé que la populeuse et dynamique Franche cité de Gué-du-Roi, le Château de la Pointe a réussi au fil des années à devenir la bibliothèque des patriciens et symposiums du royaume d’Ébène. Dans ses voûtes souterraines solidement construites et soigneusement protégées des intempéries, les nobles et bourgeois du pays viennent fréquemment entreposer des copies de contrats majeurs. Ce sont d’ailleurs des chercheurs et érudits directement issus de l’académie Rozella, près de Salvar, qui veillent à l’entretien des lieux et des documents. HistoireLa construction du Château de la Pointe (d’abord nommé Fort de la Pointe) commença sous l'initiative de Chagrine Sanspitié, alors membre honoraire du Conseil des treize (organisation familiale gérant le Bleu-Comté) en l'an 323. Avec l'application de la fermeture des frontières de Bleu-Comté à la suite de l'apparition de la Peste sanglante cette année-là, il lui apparut évident que la force milicienne des Sanspitié avait besoin d'être restructurée et renforcée et que la construction d'un fort digne de ce nom permettrait la centralisation de ces efforts. |
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Carte d'Ébène - Guethier et le nord laurois |
Guethier et le nord lauroisGénéralEnfant pauvre du royaume, le nord laurois a épouvantablement souffert lors du quatrième siècle. Fanatisme religieux, invasions sarrens, champ de bataille de choix pour les affrontements entre Royalistes et Républicains, Peste sanglante ; il n’y a pas un malheur que les Nord-Laurois des anciens comtés de Hanem et de Rivelm n’ont éprouvé lors du dernier siècle. Un malheur ne venant jamais seul, au terme de la Guerre de l’Avènement, une ligue de capitaines mercenaires a massivement investi les lieux afin d’y installer ses armées. La Table des Dix soutient dans la région un régime oppressif et impitoyable dépouillant éhontément les serfs de leur pain afin d’enrichir les artisans, marchands et soldats. Malgré l’implacable et cruelle justice qui y règne, la ville de Guethier -où est établie la Table des Dix- et les barons-mercenaires parviennent à maintenir les apparences grâce aux efforts diplomatiques constants de leur porte-parole, le baron Frederick de Mettenheim. Charismatique et rationnel, l’homme sait entretenir ses relations afin d’éviter les interventions étrangères. GéographieSi Gué-du-Roi représente le principal point de rencontre de Laure, les campagnes longeant la Laurelanne jusqu’à la Baie d’Ambroise sont tout de même ponctuées d’une multitude de hameaux cherchant à profiter des rares routes commerciales subsistant à ce jour. Le plus important de ces hameaux est Guethier, à l’embouchure de la Laurelanne et à une heure de navigation à peine des îles d’Yr. À la fois bastion et lieu de négoce, cette communauté fortifiée sert de relais pour les commerçants transigeant dans la région. Cet achalandage fait de Guethier un nid à rumeurs fabuleux où les informateurs des seigneurs ébénois peuvent se renseigner au sujet d’événements de toutes sortes, et ce à faible prix. Bien sûr, les artistes et philosophes n’apprécient que peu l’endroit en raison des lois strictes qui y furent instaurées à l’arrivée de la Table des Dix. Toutefois, depuis quelques années, les marchands et négociants, profitant du bas prix des propriétés et des terres et de la protection assurée par les autorités, ont recommencé à y investir. Entre les couvre-feux et les exécutions publiques, il n’y a que peu de place pour les libertés individuelles. Dans les campagnes, l’économie toute entière est tournée vers la satisfaction des appétits insatiables des barons-mercenaires. En échange de leur protection, ceux-ci ne laissent que le strict minimum aux serfs extrayant les matières premières du territoire. Carrières de pierres au nord-ouest, camps de bûcherons à l’est et fermes au sud sont donc saignées à blanc à chaque mois, leurs ouvriers n’ayant ni les moyens, ni l’éducation pour s’exiler. Afin de maintenir leur règne, ces seigneurs gavent cependant les artisans et spécialistes : forgerons, maçons, teinturiers, ébénistes, menuisiers, etc. La compétition étant forte dans le royaume pour ces corps de métier essentiels, la Table des Dix sait leur faire miroiter des conditions de travail alléchantes...même si celles-ci sont directement alimentée à partir du désespoir de leur main-d’oeuvre. En raison de ces inégalités sociales flagrantes et exacerbées, pauvreté et richesse se côtoient sans gêne hors de Guethier. Du plus petit village aux communautés élargies de Rosefranche et Vesteliam, de misérables masures de pailles et d’argile s’appuient sur des manoirs érigés à grands frais par les “chevaliers” (plus reîtres amoraux que guerriers chevalesques) des armées de Guethier et les désormais opulents artisans locaux. Dans n’importe quelle autre région d’Ébène, cette situation aurait eu tôt fait de mener à la révolte, mais la terreur des récents massacres hante toujours les Nord-Laurois, leur faisant préférer la soumission à la mort. Néanmoins, ces inégalités flagrantes n’empêchèrent pas la Guilde royale des Artisans d’ériger au port de Guethier, à l’hiver 379, une gigantesque grue permettant le chargement et le déchargement de matériaux de construction sur les navires circulant sur la Laurelanne. Ponctué d’émeutes déclenchées par les travailleurs souffrant des hauts prix de la nourriture dans la région, le chantier fut difficilement mené à terme. Il fallut à la guilde investir massivement dans l’érection de logements temporaires pour persuader les constructeurs de reprendre le travail. Lors des semaines qui suivirent l’érection de la grue royale, Guethier connut un renouveau économique malgré la famine qui frappait le royaume. Mahaut Ferrand, assistée des factions patriciennes, fut l’une des figures de proue de ce regain de vitalité. Rassemblant les ressources des commanditaires de Gué-du-Roi et de Laure et malgré quelques rixes avec les autorités locales, elle fit ériger l'Académie Royale Patricienne du Fer-Martyr à l’ouest des murs de Guethier. L’entreprise, reconnue par la Reine Adrianna, fut soulignée par la Table des Dix qui, en guise de remerciement, accorda à la directrice Ferrand le titre de capitaine en son sein. HistoirePeu de régions du royaume ont autant souffert des affrontements de la Guerre de l’Avènement et de ses prémisses que les territoires situés au nord de Gué-du-Roi. Autrefois, le nord de Laure était divisé en deux comtés bien distincts : Hanem et Rivelm. À l’abri de tout scandale pendant des siècles, ceux-ci furent propulsés à la fin de la Guerre des deux Couronnes, en 321, à l’avant-scène de la politique d’Ébène sous l’influence de comtes aux ambitions dévorantes. Tout d’abord à Hanem, une église s’affublant du nom de “Cariannistes” profita de la ferveur religieuse des Laurois associés à la rigide congrégation du Haut Pilier pour prendre le pouvoir. Après une réorganisation rapide et implacable lors de laquelle des dizaines d’opposants idéologiques furent expulsés, emprisonnés ou éliminés subtilement, les Cariannistes menés par les prêtres Emeric de Hanem, Clemens de Hanem et Julius de Hanem tissèrent des liens étroits avec le trône d’Yr occupé par Elemas IV, puis obtinrent le prestigieux statut d’intendants du Siège des Témoins de la capitale. En quelques mois à peine toutefois, il apparut à tous que la doctrine inflexible et dogmatique des Cariannistes ne pouvait que mener à son autodestruction. Bannissant du célestaire d’Yr les fidèles des congrégations critiques de leur règne et manipulant les décrets du Conseil de la Foi du palais princier afin de contraindre les libertés individuelles des Célésiens, ils s’attirèrent des ennemis par centaines. En 322, face à la colère grondant en leur fief, Clemens et Emeric se retirèrent en Hanem pour étouffer les germes de révolte. Cela laissa le champ libre à Julius dans la cité d’Yr afin de mener à bien ses projets. D’une nature profondément troublée ne trouvant ses balises que dans une foi indubitable envers le Céleste, il rejoignit à l’avènement de la princesse Théodoria la Garde Céleste et en devint l’un des inquisiteurs. Se succédèrent alors les crimes contre les sujets d’Ébène : meurtres au Siège des Témoins, purge de Gué-du-Roi, tortures publiques d’innocents, tentative de coup d’état à Haut-Dôme, etc. Par milliers, des guerriers piétinèrent les champs de Hanem en guise de représailles, tuant indistinctement les serfs et les protecteurs des lieux. C’est au printemps 323 que Julius fut enfin arrêté par Fidel Guglielmazzi qui l’étrangla dans la chapelle du palais d’Yr, entraînant de ce fait sa propre condamnation. Au début de la Guerre de l’Avènement, les Cariannistes étaient enfin disparus du paysage laurois, mais ils laissaient derrière eux un comté saccagé. Le comté de Rivelm, plus au nord quant à lui, fit les frais des mésaventures tragiques de son seigneur, Fidel Guglielmazzi. Ancien comte en Avhor, l’officier émérite du Bataillon sacré fut jeté dans le tourbillon des intrigues politiques et criminelles qui menèrent à l’implosion du coeur du royaume peu avant la Guerre de l’Avènement. Tout débuta en 322 lorsque le Grand chevaucheur du Sarrenhor, Sigismond le Vif, en proie à des querelles intestines, décréta une grande course allant de Lys d’Or jusqu’à Guethier, à l’extrême nord de Rivelm. Contrairement aux compétitions équestres bien mesurées des palatinats dits civilisés, les courses sarrens entraînent le déplacement de milliers de chevaucheurs -participants ou spectateurs- cherchant à contribuer à la nomination du prochain Grand chevaucheur. Au début de l’hiver 322, une véritable horde se présenta donc aux frontières lauroises. Un à un, les chevaliers et leurs armées furent brisés devant cette marée de chevaux et de guerriers. Ce n’est qu’aux portes de Guethier, après que le comte-protecteur du moment Théodor Lacignon ait opté pour le repli stratégique dans les bastions du territoire, que les troupes furent arrêtées à la vue de Fidel Guglielmazzi et de ses forces. La perspective d’une guerre ouverte officielle ne plaisant à personne, mieux valait trouver un terrain d’entente. Néanmoins, le mal avait été fait : des centaines de fermes avaient été pillées, la confiance de la population était ébranlée et la famine pointait à l’horizon. Lorsque la famille palatine lauroise -les Lacignon- fut lâchement assassinée par Théodor Lacignon peu après ces événements, Guglielmazzi hérita du titre de comte-protecteur des terres. Peu à peu, au fil des combats, des changements de régimes à Gué-du-Roi, des trahisons et des catastrophes naturelles, il sombra dans un état de dépression intense. Celui-ci atteignit les bas-fonds lorsque Mila Chilikov, comtesse-protectrice de Corrèse chère à Fidel, subit le rituel d’Illumination aux mains de la Garde Céleste. Celle-ci en revint alors changée. Afin de ramener la lumière en la femme perturbée, Guglielmazzi commandita un contre-rituel aux tendances hérétiques qui entraîna la mort d’une Vestale innocente et de la toute nouvelle seigneur-palatine de Laure, Constance Lacignon. Tandis que le comte-protecteur subissait son procès pour hérésie et meurtre, il scella sa destinée lorsqu’il rompit le Pacte du vin du palais d’Yr et étrangla Julius de Hanem, responsable de l’Illumination de Mila Chilikov. Le comté de Rivelm, à feu et à sang et privé de seigneur, rejoignait dans la pauvreté et la précarité son voisin de Hanem. Lors de la Guerre de l’Avènement, le nord de Laure fut pour ainsi dire une terre morte. Prises entre les feux des royalistes d’Yr et les républicains de Gué-du-Roi et privées de seigneurs protecteurs coordonnant la résistance, les populations de Guethier et des environs vivaient dans la peur perpétuelle des pillages et rapts. Cet état de fait dura près de vingt ans, aucun des belligérants ne souhaitant s’embourber dans la gestion de ce territoire malsain. Ce n’est qu’en 345, au lendemain de la signature de la paix, que la région connut de nouveau la stabilité. Malheureusement, celle-ci ne devait pas être synonyme de prospérité. Effectivement, après la conclusion de la guerre, Gué-du-Roi remercia bon nombre des mercenaires engagés lors des années précédentes. Ces cohortes de guerriers farouches avaient trouvé leur utilité lors des violents affrontements en Casteval et Vallon ou même à Mons, mais elles ne pouvaient s’acquitter des travaux de reconstruction et de maintien de la paix qui incombaient désormais aux patriciens de la cité. Sans solde et privées d’employeurs pour des années en raison du nouveau règne absolu du Monarque, plusieurs compagnies décidèrent de prendre leur dû et de se forger leur propre avenir. À l’automne 345, près de deux mille guerriers suivants les ordres de dix capitaines investirent les anciens comtés de Hanem et Rivelm. À Vesteliam, Branderband, Rosefranche et Guethier (entre autres), ils matèrent les baillis choisis parmi le peuple lors des vingts années de guerre et s’autoproclamèrent barons des terres. Procédure irrégulière s’il en est une, personne n’intervint toutefois ; rien de bon ne pouvait être tiré du nord laurois et il valait mieux un ordre cruel qu’un chaos incontrôlable. Lors des décennies qui suivirent, la “Table des Dix” de Guethier, comme ces barons-mercenaires se faisaient appeler, imposa à son peuple un régime draconien afin d’éliminer toute trace de criminalité et de désordre. Bien sûr, certains cartels survécurent, mais ceux-ci étaient normalement sous leurs ordres. Par dizaines, des exécutions publiques sanglantes et exemplaires achevèrent de soumettre les serfs déjà rompus par les aléas du destin. Avides de richesses et privés de toute tradition nobiliaire élevant leurs pratiques, les barons-mercenaires remirent sur pied l’économie locale par des techniques se rapprochant de l’esclavage et centralisèrent autour de la Table des Dix les maigres impôts et taxes générées annuellement. Aujourd’hui, Guethier et le nord de Laure ne sont pas plus riches, paisibles ou accueillants qu’ils ne le furent lors de la Guerre de l’Avènement. Néanmoins, la Table des Dix y assure quotidiennement l’ordre par la force et la répression. Le porte-parole de ce conseil de barons est Frederick de Mettenheim, ancien capitaine des Frelons d’argent. Beau-parleur, charismatique et diplomate, on raconte de lui qu’il est dépourvu de toute compassion. Derrière son sourire de façade s’active un esprit calculateur conscient de la mauvaise réputation de son organisation. Afin d’assurer ses amitiés et bonnes ententes avec l’extérieur, la Table des Dix accepte encore parfois de louer à bas prix ses soldats à titre de mercenaires. En 379, les dix capitaines de la Table sont les suivants :
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Carte d'Ébène - Mons |
MonsGénéralLa cité de Mons, plutôt modeste en taille, fut le théâtre de l’une des plus grandes batailles de la Guerre de l’Avènement en 345. La famille en place, menée par Eric Der Vaast, s’est depuis entièrement mise au service de la Couronne, maintenant un contrôle sur la région. Avec l’indépendance de la Franche Cité de Gué-du-Roi, Mons a pris une importance stratégique indéniable, puisque c’est par ses terres que passent la majorité des routes menant à la capitale, ainsi qu’une bonne partie du commerce reliant l’est et l’ouest du royaume. De multiples tours de guets ont été installées alentour, offrant protection et vigilance à celui qui contrôle la cité, ainsi qu’une surveillance efficace sur les allées et venues des visiteurs de Gué-du-Roi. Malgré cette puissance économique et militaire certaine, Mons porte une bien triste réputation. Les massacres perpétrés sur les collines alentours, ainsi que l’Ossuaire de Mons qui se veut un rappel des batailles de la Guerre de l’Avènement, ont donné au lieu la réputation d’être maudit. Les légendes racontent que quiconque y passe la nuit sait qu’il mourra un jour par le feu ou le fer. Les débâcles de la famille Der Vaast -dont ceux de leur actuel représentant Eric Der Vaast- et leur triste réputation ne font que renforcer ce sinistre sentiment. GéographieSertie le long de la Laurelanne, entourée de collines et de vallons, la ville de Mons est le chef-lieu de l’antique comté de Vallon. Il s’agit d’une ville ancienne, dont l’architecture moderne et les constructions récentes, bâties lors de la reconstruction de la communauté il y a trente ans de cela, côtoient les murs et les maisons de pierre et de terre d’un autre siècle. L’endroit est sinistre et, malgré sa relative richesse au vu de son positionnement commercial et stratégique indiscutable, les légendes racontent que quiconque écoule une nuit en ces lieux est maudit, condamné au même sort que les soldats qui y ont péri. À l’extérieur des murs de la ville est établi l’Ossuaire de Mons, l’un de plus grands d’Ébène en dehors du marquisat du Val-de-Ciel, nourri par les batailles de la Guerre de l’Avènement. Il s’agit d’un énorme mausolée construit à même les entrailles des collines environnantes. Les fondations de l’endroit semblent bâties directement à partir d’ossements et les murs et plafonds sont couverts des crânes de milliers d’hommes et de femmes, témoins de la fureur et de la grandeur du Céleste. Certains racontent que les collines auraient tant bu le sang des morts que celui-ci s’écoulerait parfois entre les os, traçant dans la poussière des pavés souterrains la forme des corps oubliés. Au nord, suivant la Laurelanne, s’étend la jeune forêt de “Chute-du-Prince” qui fut en grande partie brûlée lors des batailles et n’a que récemment recommencé à croître. Par-delà cette forêt s’étend Gué-du-Roi, la cité franche patricienne. Cette proximité a fait de Mons un emplacement de choix pour le contrôle et la surveillance des routes d’approvisionnement, que ce soit pour la capitale, mais aussi pour Gué-du-Roi elle-même. À l’est et au sud s’étendent les innombrables collines et vallons donnant leurs noms au vieux comté, autrefois riche en arbres fruitiers, pommiers et poiriers. La campagne fut néanmoins ruinée par la guerre et il ne reste désormais en ces terres que des arbres morts et du vent, de même que des routes désertées convergeant inutilement vers cet endroit. Depuis peu, de nombreuses tours de guets, contrôlées depuis la cité, se sont étendues dans ces directions afin de contrôler le commerce, les approches militaires et les potentielles rébellions susceptibles de secouer le turbulent comté de Casteval et Vallon à l’est. HistoireDu plus loin que le relatent les récits, Mons fut le lieu du pouvoir de la famille Der Vaast, l’une des plus anciennes familles à avoir jamais siégé en Ébène. En témoignent d’ailleurs l’architecture antique qui y subsiste encore, caractérisée par ses murs épais, ses plafonds bas et ses statues représentant des chevaliers aux noms depuis bien longtemps oubliés. Selon les érudits de la famille, les Der Vaast font partie des descendants directs du peuple de Vindh, même s’ils étaient établis bien plus à l’est que la majorité de leurs compatriotes. Les légendes racontent que Mons, fondée le long de la Laurelanne, servait alors de place-forte pour surveiller les invasions venant de l’est par les Enfants d’Arianne et les Mérillons. Le Beffroi de Mons, d’ailleurs, aurait à l’origine été une tour de garde immense avant d’être reconvertie à des fins religieuses par la suite. La famille Der Vaast a pu subsister à travers le temps par une résilience féroce et, il faut l’avouer, par des loyautés changeantes lors des temps de crises. Alors qu’ils étaient anciennement inféodés à la maison Torrig de Vaer (désormais Gué-du-Roi), ils la trahirent lors de l’arrivée du Sang’Noir pour prêter allégeance à la famille Lacignon, nouvellement bénie par le Roi-Prophète. Lors de l’avènement du Second Prophète, la famille brisa de nouveau ses voeux envers la lignée Lacignon, presque éteinte, pour porter allégeance au nouveau Roi, offrant plusieurs fiefs à ses chevaliers et à son entourage. Au plus haut de la Guerre de l’Avènement en 345, Mons fut le lieu de la dernière grande bataille entre les fronts royalistes et républicains. À la première fonte des neiges au début du mois d’avril, les éclaireurs royaux près du fief de Mons annoncèrent l’approche d’une vaste armée en provenance du sud et de l’est. À sa tête, le prince Élémas V chevauchait fièrement, ceint d’Émond fils de Salomond l’Avisé, de Conrad Mensner, d’Umberto Casielli, de Philippe IV d’Ambroise et de François Lebouthilier. Le souverain avait profité de l’hiver afin de rassembler à Lys d’Or ses partisans en les persuadant de mener une ultime bataille à l’ombre de Gué-du-Roi. Si les Royalistes pouvaient être vaincus à Laure, leurs places-fortes dans le royaume tomberaient peu après. C’est dans les plaines au sud des forêts de Mons que les deux factions se firent face le 8 avril 345. Au total, plus de 50 000 fantassins, chevaliers et auxiliaires issus de toutes les castes de la société ébénoise et des neuf palatinats étaient présents sur le champ de bataille. Si les Républicains étaient légèrement supérieurs en nombre, les armées royales disposaient de l’avantage du terrain et d’équipements fraîchement fabriqués dans les Forges en Vaunes. Après plus de vingt ans de guerre, les chefs de guerre s’abstinrent de parlementer avant la bataille. Peu avant midi, les cors de guerre résonnèrent au nord comme au sud. Sur plusieurs lieues, les cavaleries se déployèrent en espérant percer les flancs de l’ennemi tandis que les artilleries bombardaient les positions des infanteries. Les affrontements ne cessèrent que le lendemain matin aux premières lueurs du jour. Effectivement, une fois le Soleil couché, les combats rangés et ordonnés par les généraux et stratèges cédèrent leur place à des guérillas nocturnes vicieuses. Ce n’est qu’après cette nuit d’horreur que les lieutenants firent leurs comptes-rendus aux états-majors. Plusieurs généraux de part et d’autres avaient été abattus, ce qui laissait déjà présager de difficiles lendemains pour le royaume. Toutefois, c’est dans les bois de Mons que la bataille se joua. Après que les protecteurs de Gué-du-Roi sous Hadrien Visconti et Vassili de Vignolles aient tenté une sortie afin de joindre l’effort de guerre, l’élite des forces royales commandée par le Valécien Henri DuCrâne s’enfonça dans la forêt afin de protéger les arrières de l’armée. Dans les sous-bois encore tapis de neige, ils se heurtèrent aux chevaliers du prince républicain Élémas V. Dans le feu de l’action, DuCrâne et le prince croisèrent le fer sous les yeux de leurs fidèles soldats. Au terme de ce duel, Élémas V planta sa lame dans le cœur de son adversaire, mais reçut un puissant coup de masse d’arme sur son heaume. Il fut immédiatement protégé par ses épées-liges et extrait de la forêt. Lorsqu’on lui retira son casque une heure plus tard, l’homme ne réussit qu’à balbutier quelques mots cryptiques avant de rendre l’âme : « Je suis celui qui n’a jamais été. » Le déferlement de 50 000 soldats sur les terres de Mons laissa le vallon gorgé de sang et les villages alentours ravagés. L’Ossuaire du Vallon fut construit en l’honneur des milliers de personnes mortes en ces terres, donnant à l’endroit une réputation sinistre tandis que le bois où décéda le prince Élémas V fut renommé “Chute-du-Prince”. Encore aujourd’hui, on raconte que des épées et des armures rongées par la rouille pourraient être trouvées dans les forêts et que le dégel annuel ferait remonter à la surface des champs des crânes de guerriers oubliés. Chaque année au printemps, et ce malgré les réticences du seigneur Der Vaast, des “pèlerins” affluent par centaines dans ces bois afin d’honorer la mémoire du défunt prince, réputé pour sa bravoure, sa noblesse et sa dignité. Considéré comme un Témoin inavoué par certains patriciens, le lieu où se déroula l’affrontement mortel entre le chef rebel et le Valécien DuCrâne est délimité par un modeste jardin où fleurissent roses et marguerites à l’été. Eric Der Vaast, l’un des derniers survivants de la famille, tente aujourd’hui de reconstruire la ville ancestrale. Travaillant directement pour la Couronne, il a pour mission de faire l’impossible à partir de peu. Celui-ci investirait la plupart de ses ressources dans la restauration authentique des héritages de l’ère d’Avant. Ces efforts auraient d’ailleurs été récompensés récemment lorsque les ouvriers auraient dévoilé de vieux souterrains condamnés aux origines inconnues sous le Beffroi de Mons. Vu sa proximité avec Gué-du-Roi au nord et sa position géographique à l’affluent de plusieurs routes commerciales, Mons devint rapidement un lieu de transit important et, surtout, une position stratégique indéniable où de nombreux contingents royaux se stationnent ponctuellement. Les dernières années permirent donc de redorer le blason de la famille Der Vaast qui, bien que ternie par les scandales de ses membres au début du siècle, est maintenant bien positionnée comme une alliée puissante - certains diront servile- de la Couronne. |
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Carte d'Ébène - Domaine royal en Hefel |
Domaine royal en HefelGénéralMiroitant les lueurs scintillantes du fleuve de la Laurelanne, le blanc Palais d’été et le village de Hefel qui le ravitaille sont scrupuleusement dirigés par une intendante royale nommée il y a des décennies de cela par le Guérisseur couronné, Emma de Apfel. Affectueusement surnommée “La Vieille”, celle-ci est toujours à l’écoute des autres, mais ne sort jamais bien longtemps de l’enceinte du prestigieux domaine. La dame y entretient les immenses jardins, le labyrinthe Apfel ainsi que les centaines de pièces et pavillons extérieurs qui composent la majestueuse résidence secondaire de la Reine. GéographieBordée à l’ouest par la Laurelanne et à l’est par son affluent le Gris-Cours, cette région de l’ancien comté de Hessifiel forme une péninsule dont l’unique accès terrestre passe par le modeste village de Hefel. Soigneusement préservés de la fonte des neiges jusqu’aux premières tempêtes d’hiver par une légion de jardiniers et forestiers, les boisés y sont touffus et la côte riveraine y est peu accessible en raison de la rareté de ses plages. HistoireLe Domaine royal en Hefel est gouverné par l’intendante Emma de Apfel, que plusieurs appellent affectueusement “La Vieille”. Intendante du Siège des Témoins d’Yr pendant quelques années, la religieuse reçut l’honneur de superviser la construction et le développement du Palais d’été à la fin de la Guerre de l’Avènement. Première partisane du Guérisseur couronné en 323, c’est dame Apfel qui remit la couronne royale au souverain dans les jungles de Pyrae. Cependant, au déclenchement de la guerre, la femme disparut de l’espace public sans laisser de trace. Elle n’y revint que beaucoup plus tard, débusquée dans un manoir du Val-de-Ciel par les émissaires d’Yr. Malgré ses airs distants et mélancoliques, la Vieille a toujours un moment pour écouter les visiteurs de passage. Résidant dans le Pavillon Girimov dont elle a elle-même payé la construction, sa porte est réputée n’être jamais verrouillée. Ses allées et venues se concentrent cependant aux environs du château principal, laissant à d’autres jardiniers, ingénieurs et domestiques le soin d’aller négocier des denrées ou services à Hefel. |
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Carte d'Ébène - Fort d’Ambroise |
Fort d’AmbroiseGénéralSitué à l’est du lac de la Croisée à la jonction entre Corrèse, Fel et Laure, le comté de Fort d’Ambroise supervise les allées et venues des marchands sillonnant la Laurelanne. Divisé en deux seigneuries - Namur et Fort d’Ambroise-, celui-ci est sous le contrôle d’Eber Branderband. Érudit et religieux populaire en Namur pour sa piété et en Fort d’Ambroise pour sa faible implication dans les affaires locales, il est un homme observateur et timide. Néanmoins, sous la gouverne de sa famille, la région prospère depuis plusieurs décennies. Les hérésies de l’ancienne famille régnante, les de Corail, étant maintenant choses du passé, les nouveaux accords commerciaux et la proximité des Branderband avec la Couronne d’Ébène ont ragaillardi l’économie dans le secteur, spécialement dans le domaine du transport fluvial et de la confection de savons. Le territoire dépendant de Fort d’Ambroise fait donc figure d’exception dans le paysage laurois par la stabilité qui y règne. Ses habitants, fuyant les scandales comme la peste, apprécient la valeur du silence. Cependant, sous cette apparence d’apaisement et de commerce honnête avec le reste de l’ouest ébénois se dissimulent de nombreuses entreprises de contrebande sur le lac de la Croisée. GéographieLe comté de Fort d’Ambroise est délimité au nord par le grand lac Rouge, célèbre pour ses eaux grouillant de carpes écarlates et ses hauts fonds. Ceints par des marais étouffants, les hameaux du lac Rouge sont isolés du reste de la région. Les locaux y récoltent la salicorne, une plante aux multiples usages leur permettant de fabriquer plusieurs produits essentiels. De leur célèbre ragoût -la corne rouge- à la production presque industrielle de savons, ce végétal est la pierre d’assise de la survie de ces populations. Cette économie de subsistance est complétée par les activités piscicoles des quelques villages de pêcheurs qui parsèment les rives de la Laurelanne. Malgré leurs ventes aux voyageurs et sur les marchés de Hefel et de Fort d’Ambroise, les habitants du lac Rouge sont pauvres, mais toujours souriants, le Céleste étant constamment au centre de leurs préoccupations. La Laurelanne débouche éventuellement sur le lac de la Croisée avant de suivre son lit vers le sud en Corrèse et au Sarrenhor. Les eaux de la Croisée sont déterminantes pour le contrôle des voies fluviales de tout l’ouest du royaume. Avec le duché de Fel sur la rive occidentale et la cité franche de Gué-du-Roi et la cité d’Yr au nord, il s’agit d’un emplacement stratégique pour les marchands de l’Union commerciale du Sud -majoritaires dans le secteur- et militaires. Sur une île rocheuse au milieu du lac de la Croisée se dresse le phare fortifié de Fort d’Ambroise. Guidant les navires à bon port, ce bastion abrite désormais quelques batteries de canons et de trébuchets visant à éloigner les indésirables. Autour des murailles, une ville unique en son genre dans le royaume s’est développée sur pilotis lors du dernier siècle. Ne pouvant rejoindre la terre ferme qu’à l’aide de leurs embarcations, les Ambrosiens écoulent l’essentiel de leur vie sur les eaux noirâtres du lac. Les maisons, construites avec l’autorisation du conseil marchand de l’endroit -la Ligue du Phare-, sont faites de bois et de roseaux, tout comme les rues et les quelques grand’places. Cette tradition centenaire se perfectionne toujours et les habitants espèrent un jour pouvoir y élever des maisons à plusieurs étages, comme le firent dans les temps immémoriaux les Mérillons de Salvar. Sur la rive est du lac de la Croisée s’étend la vaste région des Prés-du-sud. Territoire agricole riche et parsemé de villages et de fermes, la seigneurie est dirigée depuis le siège familial des Branderband à Namur. Les ateliers de gravures et d’enluminures y sont fort prospères, autant sur le métal que sur bois et parchemins. Les nombreuses chapelles de la ville, sobres dans leurs apparences, rivalisent d’élégance grâce aux magnifiques inscriptions et sculptures sur bois qui en tapissent les murs et y racontent l’histoire de Namur. Dans le grand beffroi situé au centre de la communauté, les Branberband ont aménagé une bibliothèque religieuse importante, non par le nombre de volumes qui la composent, mais par la qualité et la beauté de ceux-ci. Héritier des traditions du Haut Pilier, Eber Branderband apprécie d’abord et avant tout l’art et la beauté dissimulés dans les textes saints, parfois même au détriment des messages véhiculés par ceux-ci. Finalement, quelques boisés accessibles au public séparent le lac de la Croisée des Prés-du-sud. Habituellement réservés aux seigneurs et riches bourgeois dans le reste du royaume, ces forêts sont ainsi exceptionnellement exploitées par les serfs, bûcherons et chasseurs des environs. Les arbres y sont de taille modeste, mais les petits animaux y pullulent et rendent la chasse profitable. HistoireLa famille Branderband, dont la membre la plus connue fut la dernière Oratrice du Haut Pilier, Alianne Branderband, reçut en cadeau du Roi en 346, en remerciement pour sa piété et sa loyauté, la région des Prés-du-Sud et de Fort d’Ambroise. Le fils adoptif d’Alianne, Eber Branderband, prit le titre de comte de Fort d’Ambroise à la mort de sa mère quinze ans plus tard et établit son siège à Namur, ville religieuse plus proche de ses intérêts que la cité commerciale et militaire de Fort d’Ambroise. Eber écoule d’ailleurs la majorité de son temps dans la bibliothèque du beffroi à étudier les livres sacrés, au grand dam des marchands de Fort d’Ambroise. Critiqué pour ses absences prolongées, l’homme continue son oeuvre sacrée de recopier certains ouvrages menacés par le passage du temps. Proche du chapitre de la Foi, plus spécifiquement de la branche de la Voix, plusieurs estiment qu’il aurait fait un meilleur théologien que haut seigneur. Les marchands de Fort d’Ambroise, malgré les critiques peu vigoureuses qu’ils formulent à l’endroit de leur comte, se trouvent fort aisés de pouvoir agir à leur guise sur la ville-piloti. Ils ont formé entre eux une ligue de bonne gestion qui s’occupe de surveiller les structures de la cité et de prévoir son agrandissement afin d’y vendre davantage d’habitations. La Ligue du Phare, comme on l’appelle, profite donc grandement du désintérêt de la famille Branderband pour sa plate-forme fluviale. La ville du Fort d’Ambroise accueille la garnison royale des patrouilles fluviales de la Laurelanne. Alimentant le phare et entretenant les canons, les sentinelles présentes font quotidiennement des aller-retour vers le nord et le domaine royal de Hefel. Les voies méridionales de la Laurelanne sont ainsi laissées la plupart du temps sans surveillance, au grand profit de contrebandiers cachant à peine leurs activités et s’enrichissant grâce aux frontières entre Corrèse, Fel et Laure. Les patrouilleurs fluviaux sont accompagnés d’une mince délégation de l’Inquisition céleste qui s’acquittent toutefois davantage d’un rôle d’observation que d’une réelle mission d’intervention. Les Ambrosiens comme on les appelle sont avant tout des survivants et les follets que les voyageurs sont prêts à leur confier sont toujours bons à prendre peu importe qui les donne. C’est pourquoi les auberges qui ponctuent les eaux ceinturant le phare du lac de la Croisée rivalisent d’ingéniosité pour attirer à elles les marins transitant par la région. Les habitants du lac ont de plus développé un marché fort populaire qu’ils surnomment le “Marché aux perchaudes”. Endroit de prédilection pour échanger des denrées en provenance de tout l’ouest du pays, celui-ci est fort achalandé. Une forte odeur de poisson y emplit l’air sans incommoder les marchands assoiffés de bonnes affaires qui s’y trouvent. Les fumoirs à poisson accrochés aux devantures des maisons de ce quartier ne laissent aucun doute sur la nature des échanges qui se font sur place. Sur terre, bien qu’une garde armée de cavaliers protège la famille Branderband et son manoir à Namur, ces derniers ne sortent jamais des Prés-du-sud. Le secteur agricole de la région est ainsi beaucoup plus sécuritaire que la partie fluviale. Cette disparité entre les deux seigneuries du comté du sud laurois se reflète par ailleurs dans le comportement de leurs habitants respectifs. Deux identités bien distinctes caractérisent donc cette région. Si les Ambrosiens sont bons vivants, mais réputés comme cupides, les Namuriens sont plutôt méfiants envers les étrangers, mais généreux de leurs richesses. En somme, c’est cette dualité qui fait la force de cette région essentielle au ravitaillement des marchés de Gué-du-Roi, Hefel et même Yr. |
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Carte d'Ébène - Coeur-de-Sel et la marche des Saulnières |
Coeur-de-Sel et la marche des SaulnièresGénéralSiège de la famille Sognarello, prospère commerçante d’épices et protectrice de la marche des Saulnières, Coeur-de-Sel et sa forteresse surveillent le Fleuve en Saulne au nord. Point tournant du commerce d’épices en Ébène, l’endroit contribue à la réputation de la flotte commerciale de la Pieuvre Rouge et lui fournissant de nombreuses marchandises. C’est Livia Sognarello, marquise des Saulnières, qui dirige en 378 Coeur-de-Sel et ses armées. Bien qu’officiellement Cornilles-sur-les-Crânes ait toujours été une baronnie rattachée aux Saulnières, tout comme les marais de Marmagne perdus à Salvamer lors de la Guerre de l’Avènement, la marche se veut un lieu encore rempli de légendes, de produits rares et d’individus étonnamment joyeux malgré leur environnement. On dit toujours que dans les marais des morts-vivants errent la nuit et que, si vous avez le malheur de vous y perdre, vous deviendrez l’un d’entre eux. GéographieTraversé d’une centaine de rivières se jetant dans le Fleuve en Saulne, le territoire de la marche des Saulnières s’étend de ce cours d’eau jusqu’à la Baie des Crânes et aux Dépendances de Peyguevan, au sud. En bien des aspects, le sud des Saulnières ressemble à la marche de Marmagne, au nord. L’extraction de sel, à l’aide de marais salants tirant leur eau du fleuve à proximité, assure un revenu quotidien au petit peuple de la région. La ressource, une fois extraite, est directement envoyée dans les ateliers de salaison du duché des Crânes et préserve les viandes et poissons nourrissant les corsaires et navigateurs de la Baie des Crânes. Cela dit, contrairement à ses voisins du nord, la famille Sognarello a développé au cours des siècles une expertise en herboristerie lui permettant de cultiver certaines plantes prisées en tant qu’épices dans le royaume. Ce sont les divers dérivés des piments, doux ou forts, qui font leur spécialité. De l’amer piment royal au doux piment commun en passant par le puissant et décapant piment Sognarello, ces légumes sont séchés et broyés afin de créer des poudres agrémentant les plus fades repas. Même en Salvar, officiellement en guerre froide contre le duché des Crânes, ces produits sont subtilement importées et trouvent leur chemin jusque sur les tables des hauts seigneurs. Cette maîtrise des herbes et légumes des marais fut une bénédiction pour Coeur-de-Sel qui, sans ce commerce, aurait connu une misère profonde. Effectivement, quelques années après la reconquête de la mine d’émeraudes du Noble Cercle, les filons souterrains s’épuisèrent, rendant difficile le financement et l’entretien de la forteresse la protégeant. Tel une coquille vidée de sa substance, le bastion devint purement et simplement le point de surveillance des frontières du nord. Située sur une minuscule île au milieu du Fleuve en Saulne, cette forteresse est désormais le centre de la nouvelle communauté de Coeur-de-Sel, déménagée sur place lors de la Guerre de l’Avènement. Profitant à la fois des marécages, des eaux du fleuve et de ses fortifications de pierre, Coeur-de-Sel est considérée comme l’une des communautés les mieux protégées de Salvamer, voire du royaume. Personne ne veut réellement se lancer dans une guerre sale, putride et sanglante dans cette région. Si les récits parlant de créatures étranges rôdant dans les Saulnières sont tenaces autour de Coeur-de-Sel, elles font partie du quotidien des habitants des marais de Complaigne, au sud-ouest du territoire. Région modeste trouvant sa pitance, comme les autres, dans l’exportation du sel, ses habitants se trouvent à être d’hardis travailleurs qui vivent du commerce marin. Constituée de grandes étendues de marais, de mangroves et de champs de hautes herbes, on peut comprendre la réticence de certains voyageurs à l’explorer. Ceux qui osent s’y aventurer rapportent systématiquement avoir observé une épaisse brume s’élevant des eaux stagnantes au petit matin, emportant avec elle des ombres et apparitions indistinctes. HistoireConsidérées comme l’arrière-cours de Salvar, les Saulnières furent de tout temps dédaignées des illustres dirigeants de Salvamer. Jusqu’au début du quatrième siècle, les marécages ne retenaient l’attention que pour deux raisons : les exploitations de sel et les légendes récurrentes de créatures mortes-vivantes rôdant dans ses bayous. Sa petite-noblesse, méprisée et tenue à l’écart des hauts conseils du palatinat, se contentait de ses nauséabonds manoirs et de ses gueux sans éducation. Or, en 314, le destin des Saulnières changea du tout au tout lorsqu’une apprentie de Rozella et fille de baron fit la découverte d’un ancien document familial. Cette demoiselle, c’était Isadora Aerann, future reine d’Ébène. Dans les archives de l’Académie Rozella, la Felbourgeoise exhuma un vieux manuscrit confirmant que, bien avant le Sang’Noir, la famille Merizzoli possédait une mine d’émeraudes en plein coeur des marais. Confrontée à des émanations de gaz toxiques dans les entrailles de l’exploitation, les orfèvres l’abandonnèrent, ce qui eut pour effet de la faire disparaître de l’Histoire. Par un jeu de négociation, ce fut Zeryab Nazem de Pyrae qui acheta cette information à Isadora et élit de prendre possession de la région où devait théoriquement se situer la mine. Il approcha le baron salvamerois de l’endroit, un dénommé Alphonzo Titto, et lui promit mer et monde en échange d’un mariage avec sa protégée, Tali Belkassem, et de la cession de ses terres. Ignorant tout des richesses dissimulées sous son fief, Titto accepta et déménagea à Pyrae la cité où il vécut dans une opulence crasse. Après avoir restauré en catimini l’exploitation minière, la famille Nazem régla les problèmes d’émanations toxiques dans les souterrains et redémarra l’extraction d’émeraudes. Afin de dissimuler ses opérations et s’éviter les foudres des seigneurs salvamerois, Zeryab fit ériger autour de la mine une forteresse et un complexe pénitentiaire servant de quartiers généraux à la guilde politique du Noble Cercle. Pendant des années, les émeraudes des Saulnières remplirent discrètement les coffres des Nazem, leur permettant de se hisser jusqu’au sommet du pouvoir politique pyréen. Près de là, ignorant tout des opérations se déroulant dans les quartiers du Noble Cercle, le hameau commercial de Coeur-de-Sel tira grandement profit de la présence des subordonnés et soldats étrangers. C’est un certain Osvaldo Sognarello, bailli du village, qui gérait les lieux à ce moment et parvint à en faire un intermédiaire commercial entre Salvamer et les Pyréens. Pendant plusieurs années, il développa le commerce local, allant même jusqu’à faire naître une industrie liée à la production d’épices uniques aux Saulnières en supplément des exploitations des marais salants de la région. En 316, à l’aube de la Guerre des deux Couronnes, Osvaldo, déjà fort âgé, s’éteint, cédant sa place à son fils Carmelo Sognarello. Confiant et plein de volonté, il s’aligna sur les positions politiques pyréennes et prit la décision d’appuyer le camp des Désirants et de la princesse Isabelle Delorme, le tout malgré les conseils de Roselyne et Rosa, sa mère et la plus vieille de ses deux sœurs. Il prêta plusieurs troupes de volontaires recrutées un peu partout dans les marais à l’effort de guerre des Désirants, camouflant comme il le pouvait l’origine de celles-ci. Effectivement, le seigneur-palatin salvamerois avait pour sa part pris le parti du prince Élémas IV et il relevait de la félonie que d’aller à l’encontre de ses volontés. Néanmoins, à la suite d’interceptions successives de plusieurs informateurs, les hauts seigneurs finirent par découvrir l’implication de la famille dans l’autre front de la guerre. Lorenzo Acciaro vint personnellement conduire le procès du bailli de Coeur-de-Sel. Dans un discours qui rappelait les plus grands lecteurs du Haut Pilier, il condamna la famille Sognarello à abandonner tout titre dans la région. Carmelo fut exécuté et, pour la peine, Lorenzo proposa un mariage entre sa jeune fille Julia Sognarello -l’aînée et la plus sujette à hériter- et Ernesto Sonta, un jeune noble militaire de la cours de Salvar, afin de raffermir son contrôle sur les marais et déstabiliser les Sognarello. Ce fut le plus jeune frère, Joachim Sognarello qui prit la tête de la famille, dépossédé de son autorité et surveillé de près par les Sonta. Joachim était déjà marié et voulait plus que tout vivre une vie de marin en mer, mais il se trouvait paralysé dans les marécages. Après la Guerre des deux Couronnes, Ernesto Sonta, voyageant entre Salvar et Coeur-de-Sel, remarqua les étranges convois qui entraient et sortaient de la forteresse du Noble Cercle dans les Saulnières. Promptement, il fit mener des enquêtes et, sans difficulté, il découvrit l’existence de la mine d’émeraudes. Lorsque le palatin Acciaro prit note du rapport, il céda à une colère noire. Non seulement le désormais comte-protecteur de Pyrae volait le territoire salvamerois, mais il le dépouillait de ses trésors. Acciaro somma alors Joachim de prendre action contre le Noble Cercle afin de regagner son statut, voire même d’être élevé au titre de baron. Toutefois, l’économie de Coeur-de-Sel étant étroitement dépendante de ces installations et Joachim étant déjà dépassé par les événements, le jeune homme décida de tout abandonner. Il avait déjà deux enfants avec une femme du coin et souhaitait s’installer en homme heureux en d’autres lieux. On lui fit alors une proposition qu’il ne pouvait refuser. Ladislao Anghiari, comte de Villeroc à l’époque, prenait en charge les demandes d’Acciaro en échange du territoire, lui permettant ainsi d’étendre son empire jusqu’à cette ville des Saulnières. C’est à ce compte qu’il laissa l’endroit au dénommé Amédéo Anghiari tandis que Joachim disparaissait en mer, mettant fin temporairement aux prétentions des Sognarello dans la région. Forcés de quitter leurs terres natales, les Sognarello finirent leur errance dans les bas quartiers de Salvar, à Lagune-sur-Mer. Hébergés dans une auberge du nom de « La Belle Lamproie », ceux-ci firent la connaissance d’un généreux parrain, Federico Cicero, qui les mit en contact avec le capitaine Isidore Renault. Les événements se précipitèrent alors. Amédéo Anghiari se complaisant dans l’inactivité et refusant à son tour de s’en prendre à la forteresse du Noble Cercle, ce furent les armées des Émeraudes qui attaquèrent la place-forte. Après de violents combats où tous les coups étaient permis, les corsaires de la baie des Crânes, auxquels se joignirent les guerriers Sognarello menés par une dénommée Agnès, expulsèrent les Pyréens menés par Vahya Lazhiri de leur bastion, redonnant l’entier contrôle de la région aux Salvamerois. Après les combats, Carolyn Lucini, comtesse d’Émeraude, hésita à remettre le contrôle de Coeur-de-Sel à Agnès Sognarello. Ne connaissant que peu la demoiselle, elle préféra accorder les terres à Isidore Renault le temps que la jeune femme se fasse un nom. Jusqu’en 323, Renault, considérant la demoiselle Sognarello comme sa propre fille, effectua des recherches généalogiques intensives afin de remonter la lignée de la famille des Saulnières. Le capitaine avait l’intuition que les Sognarello, étrangement influents dans les marais, possédaient une histoire cachée. Cette intuition s’avéra juste car, peu après le déclenchement de la Guerre de l’Avènement, des documents oubliés dans les voûtes de Salvar révélèrent que les ancêtres Sognarello n’étaient nul autre que les comtes légitimes des Saulnières avant le Sang’Noir. Fort de ces preuves, Renault prit les dispositions nécessaires afin de céder à sa protégée Coeur-de-Sel et les marais, restaurant l’antique pouvoir de la famille déchue. Un an plus tard, la comtesse Agnès prenait pour époux l’ancien chambellan du palais d’Yr, Rupert Ripois, confirmant son statut de grande dame du royaume. En 331, les combats entre la Ligue des Mérillons et le duché des Crânes menèrent à la perte de Coeur-de-Sel, puis à sa reconquête grâce au support de Fel [Pour davantage d’informations sur l’histoire des Saulnières et leur scission, voir “Fort de Marmagne et sa marche”]. Dès lors, Agnès acquit le titre de “marquise des Saulnières” et protectrice de Coeur-de-Sel. Son modeste hameau, ravagé par les affrontements, fut reconstruit au pied des murailles de l’ancienne forteresse du Noble Cercle de sorte que la femme puisse désormais surveiller les mouvements de l’ennemi au nord du Fleuve en Saulne. Sur le plan familial, il fut convenu entre Rupert et Agnes que les filles de la lignée porteraient le nom de Sognarello et que les garçons porteraient celui de Ripois. Trois enfants émergèrent de cette union, Livia et Antonine Sognarello, et Lazare Ripois, qui, tous trois, devinrent des membres influents et du duché des Crânes et de sa flotte. En 346, après la fin de la guerre, Livia fut mariée à Prospero Cicero, un jeune corsaire prometteur, fils de Federico. Les deux familles, alliées contre les menaces aux Saulnières, allaient maintenant être liées par le mariage de leurs enfants. En 357, Livia succéda à sa mère, décédée d’une pneumonie dans ses appartements de Coeur-de-Sel. Il lui incomba alors de poursuivre la protection de la marche. Effectivement, jamais la Ligue des Mérillons, au nord, et le duché des Crânes, au sud, ne conclurent de traité de paix. Théoriquement, ceux-ci sont donc toujours en guerre ouverte, même si aucun affrontement direct n’a été recensé depuis des décennies. Néanmoins, les Sognarello gardent l’oeil ouvert, châtiant sévèrement tous ceux et celles qui osent franchir le Fleuve en Saulnes vers le sud. |
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Carte d'Ébène - Cornille-sur-les-Crânes et le Duché des Crânes |
Cornille-sur-les-Crânes et le Duché des CrânesGénéralDirigé depuis Cornilles-sur-les-Crânes par le duc Scarletin de Fern, le duché des Crânes est une entité politique relativement jeune dans l’histoire du royaume d’Ébène. Formé il y a cinquante ans de cela par Carolyn Lucini et l’équipage de la Pieuvre Rouge, le duché résulte de l’union entre le comté des Saulnières, le comté d’Émeraude et la dépendance coloniale de Peyguevan, longeant ainsi le pourtour de la Baie des Crânes. Le peuple des Crânes, héritier d’une longue lignée de navigateurs et de corsaires, est probablement le moins salvamerois du palatinat. Prêt à se salir les mains lorsque nécessaire tout en entretenant une passion pour le luxe gagné à la sueur de son front, il est à mi-chemin entre l’aristocrate de Salvar et le rustre de Cassel. En 380, le duc de Fern est appuyé par la Livia Sognarello et Cassandre Lucini, respectivement comtesses des Saulnières et d’Émeraude. Installées à Coeur-de-Sel et Cuoro Verde, elles sont les deux lignées de sang qui gouvernent toujours les deux comtés, bien que l’assemblée des capitaines ait une importance capitale dans les prises de décisions du duché. Toutefois, récemment, une mystérieuse femme ramenée de l’Île de Marbelos, joue un rôle de conseillère à la cour ducale. Néréia, telle qu’elle est nommée, semble mêlée à toutes les décisions prises par le duc de Fern. GéographieSituée à l’est du continent, au nord de Cassel et au sud de Salvar, la Baie des Crânes est une étendue d’eau entièrement sous le contrôle de la flotte de la Pieuvre Rouge. Bordé au sud par la Dépendance coloniale de Peyguevan ainsi qu’à l’ouest par les Saulnières, le duché occupe la péninsule et trouve sa capitale à Cornilles-sur-les-Crânes. Entièrement tourné vers la mer, ce territoire est potentiellement l’un des seuls à pouvoir concurrencer l’Escroix de Salvar et la flotte marchande de la Marine des Mérillons sur la Vaste-Mer. Cornilles-sur-les-Crânes, ancienne forteresse restaurée à grands frais au début de la Guerre de l’Avènement par sa baronne Wendy Rosenberg en l’honneur de qui une statue fut érigée au coeur de la ville, se dresse sur les bords de la Baie des Crânes. C’est de là que le duc coordonne les activités marchandes et militaires du duché. Le port de Cornilles, au cours des dernières décennies, n’a cessé de prendre de l’ampleur, ses entrepôts regorgeant de marchandises uniques à la région. Des épices de la famille Sognarello des Saulnières au miel de Médérice de Peyguevan en passant par certains produits fort probablement importés illégalement de la Lance d’Ardar et d’Ardaros, les négociants savent débusquer dans les quais de la capitale régionale l’objet de leurs convoitises. On y observe surtout des navires cassolmerois et felbourgeois, mais aussi, et malgré l’état de guerre froide perdurant, de téméraires Avhorois et Salvamerois. C’est principalement en ces eaux, à l’ombre de la forteresse ducale, que mouille l’essentiel de la flotte de la Pieuvre rouge, prête à être déployée partout sur les mers de l’est. Entité commerciale et militaire actionnaire de la Banque libre d’Ébène siégeant à Gué-du-Roi, la Pieuvre rouge est une force extrêmement agressive envers ses compétiteurs en haute mer. Ce sont Alfredo Zocchi et Narcisse Renault, deux amis d’enfance, qui sont désormais à la tête de l’organisation tout en occupant les rôles d’intendants de la Dépendance de Peyguevan. De loin, ceux-ci coordonnent donc, de pair avec le duc et ses comtesses, la flotte tenant à la fois le rôle de transporteur, armada armée et régiment royal en certaines occasions. Plus encore, au cours des dernières décennies, ils ont investi dans un réseau d’auberges installées partout dans l’est du continent et servant à héberger et recruter des marins locaux. Tous savent que ce sont des lieux où le prêt sur gage, les transactions d’informations et le recel foisonnent, mais nul ne veut réellement s’attaquer à ces “problèmes”. Ainsi trouve-t-on comme établissements :
Au nord de Cornilles-sur-les-Crânes se trouve, à la fois sur les berges de la Baie des Crânes et sur un îlot au large, la baronnie d'Ocrebutte. L'île, elle-même nommée Ocrebutte en raison de la couleur de son sable tirant sur le rouge, est un lieu visité par les marins naturellement depuis des siècles déjà. Sur celle-ci se tient le Poulpe Scintillant, une auberge où l’on retrouve moult services et qui sert de lieu de rencontre pour les marins de la Baie. Les pêcheurs ocrebuttois vivent de trois pêches importantes pour le continent. D'abord, la pêche aux homards y est quelque chose de très rentable. On le cuisine passionnément au Poulpe Scintillant et c'est un met recherché et raffiné pour les continentaux. Ensuite, l'aiglefin, pêché plus au nord dans les eaux près de Pyrae, est fort apprécié dans le village pêcheur. Enfin, Gilberto Rodrigo, renommé navigateur, tire des eaux à proximité un précieux hareng qui détient le fameux goût algué typique de la Baie des Crânes. Entre Cornilles et Ocrebutte, le massif port de Bellafonte, second plus grand dans le duché après celui de la capitale, s’élance sur les eaux de la Baie. En dehors de son statut de halte de ravitaillement pour la Pieuvre rouge, Bellafonte est un hameau évité de la plupart des marins et voyageurs. Entre les chaumières décrépies au bardeau pourri et les entrepôts désertés, le visiteur se sentira constamment observé par des regards invisibles. Une odeur âcre de poisson flotte dans l’air en permanence, donnant l’impression que le peuple lui-même semble émerger des mers. Ancien fief du mystérieux et terrifiant Cornelius Felton, les légendes racontent que c’est dans ses eaux troubles qu’auraient nagé, il y a moins d’une siècle de cela, des créatures ténébreuses connues sous le nom de Capisthéons. Si Felton a abandonné ses terres il y a longtemps de cela à bord du Léviathan, son gigantesque galion de guerre, on murmure à couvert qu’un jour il reviendra afin de réclamer l’âme de tous ceux qui auront osé maudire son nom. HistoireÀ mi-chemin entre la flamboyante Salvar et la rustre Cassel, le comté des Émeraudes occupant les pourtours occidentaux de la Baie des Crânes est, du point de vue de plusieurs nobles aristocrates du nord, la moins salvameroise des seigneuries du palatinat. L’histoire des Émeraudes fut étroitement liée, depuis le début de l’ère royale, aux conflits ébranlant la Baie des Crânes. En l’an 22 de notre époque, la guilde commerciale de l’Assemblée des Mérillons fut fondée par Horacio le Flamboyant, influent marchand et marin de Salvamer. Se targuant de respecter la volonté de ses camarades capitaines de navires, Horacio déclara ouvertement la guerre aux marchands renégats orientaux qui refusaient l’autorité de la nouvelle guilde. Parmi ces rebelles commerçants, certains luttèrent farouchement afin de défendre leurs droits acquis au fil des années tandis que d’autres décidèrent de voguer vers le Sud pour échapper à la réglementation des palatinats d’Avhor et de Salvamer. Au début de la quatrième décennie, c’étaient une dizaine de caravelles qui jetaient ainsi l’ancre au large des côtes de Cassolmer afin de fuir les combats. La flotte de l’Assemblée des Mérillons tenta pendant plusieurs années d’écraser ces quelques rebelles à leur cause. Horacio, ne pouvant gérer les affrontements à partir de Salvar, fonda le port de Cormilles afin d’accueillir ses navires. Toutefois, les innombrables récifs mortels qui ponctuent la Vaste-Mer à proximité de Cassolmer offraient aux renégats une chance de survie et, surtout, une échappatoire au triste sort de leurs confrères du Nord. Au pied des falaises du palatinat défavorisé, les capitaines des boutres marchands s’emparèrent des écores naturelles formées par les vagues déferlantes de la Vaste-Mer et y établirent leurs quartiers généraux. Ne pouvant rivaliser avec l’influence commerciale des Mérillons, les capitaines rebelles décidèrent de faire fortune grâce aux affaires illicites et immorales. Après tout, jamais la demande en produits rares et illégaux n’allait cesser de croître et quelqu’un, en dehors des compagnies marchandes officielles, allait devoir satisfaire les besoins de la populace et des seigneurs. Pendant près de deux siècles, ceux qui allaient devenir les Contrebandiers des Écores gagnèrent lentement en importance et en moyens. La dizaine de navires devint une vingtaine, puis une cinquantaine. Chaque semaine de chaque saison, au moins une caravelle amarrait dans l’un des havres clandestins des falaises de Cassolmer pour y débarquer de précieuses cargaisons en provenance d’Ardaros, du Vinderrhin ou du Silud. Chaque mois, de nouveaux récits de batailles maritimes entre des combattants des Écores et des voyageurs des Mérillons étaient chantés dans les tavernes ébénoises. Inévitablement, l’influence de ces marins s’ancra profondément dans la culture du Sud-Est du royaume. Par de généreux dons en ducats aux paysans et pêcheurs, les receleurs s’assuraient que personne ne remette en question leurs activités ou ne dévoile les accès secrets menant à leurs quartiers généraux. En raison de cette puissance indéniable, ceux qui se disaient Marchands libres furent qualifiés par beaucoup de « contrebandiers » et de « pirates ». À force de blessés, de morts et de noyés, la baie dans laquelle ces capitaines oeuvraient pris le nom de “Baie des Crânes”. Face à ces criminels sans foi ni loi, les successeurs de l’amiral Horacio durent adapter leurs techniques de traque. Aux pirates financés par l’argent de la clandestinité, les seigneurs de Cornilles-sur-les-Crânes et des environs opposèrent des corsaires engagés spécialement par l’Assemblée des Mérillons et Salvar. Parfois, un même capitaine pouvait servir les Écores au printemps, puis se faire corsaire officiel à l’automne. Au final, ces luttes n’étaient que des questions d’argent et de profit. Afin de s’assurer de la loyauté de ses engagés, la famille Acciaro de Salvar, sous les conseils des amiraux des Mérillons, décida d’officialiser le statut de Cornilles-sur-les-Crânes en faisant pleuvoir les titres. Ainsi furent créés en l’an 189 de l’ère royale le comté d’Émeraude et les baronnies de Cornilles-sur-les-Crânes, Corantine, Ocrebutte, Cuore Verde et Bellafonte. Cependant, contrairement aux traditions féodales du nord, les titres des seigneurs et dames d’Émeraude ne se transmettaient pas par le sang : à chaque génération, les barons et comtes devaient prouver leur valeur aux côtés des flottes salvameroises. Cette politique eut des effets inattendus sur le tempérament des élites du comté. Estimant que tous les moyens étaient bons pour en arriver à leurs fins, ils en vinrent à célébrer les exploits de capitaines aux exploits controversés et aux fréquentations controversées. Afin de combattre les contrebandiers, les guerriers d’Émeraude en vinrent eux-mêmes à fricotter avec les techniques propres à ces brigands des mers. À chaque génération, un fossé idéologique se creusa entre l’élite aristocratique de Salvar et les rudes traqueurs du sud. C’est finalement au quatrième siècle que la scission définitive eut lieu. En 321, pour l’une des premières fois de la région, les capitaines d’une seule et unique flotte marchande et guerrière monopolisèrent l’entièreté des fiefs et titres d’Émeraude. Les navigateurs de la Pieuvre rouge, corsaires au service du pouvoir de Salvar depuis des décennies, obtinrent le privilège, face à la montée en puissance sur la Vaste-Mer de la nouvelle organisation terroriste de l’Ordre, de coordonner la protection de la Baie des Crânes. Sous la comtesse Carolyn Lucini, plusieurs personnages illustres se firent un nom : Isidore Renault, Cornelius Felton, Wendy Rosenberg, Agnès Sognarello, Iris Abisso, Brigitte et Tristan Dubois, etc. Ironiquement, plusieurs de ceux-ci devaient plus tard devenir des ennemis publics du royaume, mais c’est là une autre histoire. Pendant deux ans, la Pieuvre rouge augmenta son influence sur la Vaste-Mer, allant jusqu’à étendre ses tentacules dans les Saulnières et dans le nord de Cassolmer. Cependant, en 323, il lui parut évident que l’ennemi mortel des Salvamerois, l’Ordre, s’était infiltré dans le palais de Salvar lui-même. Plusieurs seigneurs et dames du nord de Salvamer et d’Avhor prouvaient par leurs actes qu’ils obéissaient aux préceptes de cette faction et, pour la comtesse Lucini, c’était là une situation inacceptable. Le seigneur-palatin Lorenzo Acciaro fut donc acculé au pied du mur, devant choisir entre des corsaires aux méthodes “flexibles” et ses vassaux fidèles à l’Ordre. Loyal à l’extrême envers la Couronne d’Yr et à son code d’honneur, il repoussa les deux factions à la fois. Cela devait le mener, quelques mois plus tard, à son renversement au profit de sa fille Ezzra Acciaro. Un Symposium des Justes fut alors formé par les seigneurs du nord. Pour les capitaines d’Émeraude, ce Symposium n’était qu’une vulgaire blague. Plutôt que de se rallier à lui, ils firent officiellement sécession de Salvamer et fondèrent le duché des Crânes. Peu après, ne pouvant faire face seuls au nouvel ennemi de Salvar, lui-même allié à Avhor, ni aux Monarchistes du Guérisseur couronné qu’ils refusaient aussi de suivre, les seigneurs du duché conclurent un pacte avec le duché de Fel et les Plaines libres du Sarrenhor, de même qu’une trêve avec les Gwenfrynn de Cassel. Grâce à une flotte redoutable et, selon les rumeurs, le support de forces surnaturelles, le duché réussit à tenir à l’écart ses ennemis pendant une dizaine d’années. Or, en 331, après avoir pillé l’un des plus précieux galions de la Ligue des Mérillons, le duché subit les foudres concertées de ses adversaires. Wendy Rosenberg, alors intendante et baronne de Cornilles-sur-les-Crânes, fut elle-même capturée et exécutée comme une vulgaire brigande. Ce ne fut qu’avec le support des légions de Fel, ayant traversé le royaume en entier, qu’il put repousser les ennemis du nord en leurs terres [Pour plus d’informations sur les batailles des Saulnières, voir “Fort en Marmagne et sa marche”]. Après la Guerre de l’Avènement, jamais Salvar et la Ligue des Mérillons n’acceptèrent de conclure une paix avec le duché des Crânes. Selon les dires des représentants du Symposium, les seigneurs du sud n’étaient que des rebelles sans légitimité occupant un territoire résolument salvamerois. Cela n’empêcha pas la duchesse Carolyn Lucini, vieillissante, de se pencher sur la question de la prospérité économique de ses terres. La flotte s’étant enrichie grassement lors de pillages en mer et ayant, contre tous les ordres de la Marine des Mérillons, poursuivi ses relations avec la Lance d’Ardar, elle disposait des coudées franches pour faire contrepoids à l’hégémonie commerciale du nord sur la Vaste-Mer. De plus, avec Agnes Sognarello, comtesse des Saulnières, mariée à monsieur Rupert Ripois d’Yr, le duché profitait d’un certain rayonnement politique dans le nouveau royaume. Forte de ses alliances avec Fel, Lucini obtint audience devant le Monarque et lui fit accepter le maintien du duché. Cependant, si la duchesse conservait le contrôle de son territoire, elle devait en échange mettre à la disposition des armées royales une flottille -la Pieuvre rouge- et accepter l’hégémonie totale du trône d’Yr sur ses propres vassaux. Cependant, Lucini fit rapidement face aux écarts de conduite de plusieurs de ses vassaux. Cornelius Felton et Brigitte Dubois, officiellement reconnus par les enquêtes royales comme des adorateurs d’un dieu hérétique du nom de “Hors”, quittèrent les rivages d’Ébène et gagnèrent l’île de Marbelos, loin au sud-est. Iris Abisso, suivant les doctrines de Ferval Aerann, fut pourchassée et brûlée sur le bûcher par l’Inquisition Céleste aux côtés d’Ananké Ivarsson. Isidore Renault, près de certains cercles moins recommandables de la Vaste-Mer, disparut sans laisser de traces quelques années après la Guerre de l’Avènement. Carolyn Lucini elle-même, rongée par l’alcool et l’air humide de Cornilles-sur-les-Crânes, décéda en 351. En quelques années à peine, une nouvelle génération de seigneurs et dames dut prendre le flambeau du duché. Néanmoins, avant sa mort, la duchesse instaura un nouveau système politique inspiré des équipages de navire. Lorsqu’on nomme un capitaine (équivalent du chevalier ou du baron en d’autres landes), d’un commun accord entre le duc et les comtes, il doit être présenté devant le peuple. Au terme d’une élocution, il doit convaincre ce dernier de sa nomination. Bien que cela soit souvent une formalité, on s’assure qu’un capitaine sera toujours respecté de son équipage et de son peuple. Plus encore, cela le rendra redevable envers ce peuple, faisant de lui l’une des personnes capables de contredire la noblesse, un peu à la façon d’un quartier-maître de bateau. Le duc ou la duchesse, pour sa part, est choisi parmi les capitaines ou la noblesse, au vote de tous les officiers. Il peut être de descendance noble ou pas, mais, au final, il guidera le duché qui, comme un bateau, se doit de respecter tout l’équipage et non pas seulement le capitaine. Finalement, les comtes et comtesses sont à la fois choisis par le duc ou la duchesse, conseillés des capitaines des comtés respectifs (même si les lignées des Sognarello aux Saulnières et Lucini en Émeraude sont hautement respectées et préservées). En somme, comme ce fut le cas lors des siècles précédents, nul dirigeant n’est à l’abri d’une destitution. En 378, c’est Scarletin de Fern, fils de l’ancien comte-protecteur de Laure Enguerrand de Fern et de l’aristocrate Madame Scarlett, qui occupe le titre de duc des Crânes. À sa majorité, en plein milieu de la Guerre de l’Avènement, il devint rapidement capitaine sous les recommandations de Carolyn Lucini. Au décès de la femme, Philippe Renault, fils d’Isidore, proposa le jeune homme comme successeur et, à la surprise générale, tous acceptèrent. Fougueux, stratège et brillant, Scarletin savait se faire apprécier des siens (et craindre de ses ennemis), même s’il n’eut jamais de femme ou d’enfants. En 371, après les multiples propositions de mariage entre le duché des Crânes et le duché de Fel, il fut convenu qu’une démonstration politique était de mise. C’est symboliquement que Scarletine de Fern, soeur de Scarletin âgée de plus de 50 ans, maria le jeune Friedrich Aerann, duc de Fel. Bien qu’elle mourut seulement six ans plus tard, elle reçut des funérailles nationales à Fel et à Cornilles-sur-les-Crânes. Son rôle avait été entier et une nouvelle alliance entre les deux duchés, acoquinés pendant la guerre, avait été scellée. Le décès de cette dernière vint toutefois créer un doute sur l’alliance, rendant précaires les relations entre les deux ducs incarnant l’esprit même de leurs territoires. De nos jours, la hiérarchie des Crânes, hautement dépendante de la volonté de son peuple, est la suivante :
Capitaine libre : Quentin Levoisier |
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Carte d'Ébène - Domaine Rozella |
Domaine RozellaGénéralRésultat de l’effort concerté de milliers d’érudits et de scribes afin de préserver et étudier l’histoire de l’humanité, l’académie Rozella attire des chercheurs avides de connaissances de partout en Ébène. Histoire, philosophie, architecture, sciences humaines, géographie linguistique et études de l’esprit humain et de ses oeuvres constituent l’essentiel du cursus de ses académiciens. Située sur l’île de Venezia, tout juste au nord de la glorieuse cité de Salvar, l’institution plusieurs fois centenaire a aujourd’hui regagné son prestige d’antan malgré les controverses du début du siècle. C’est Violetta Vincentini, autrefois responsable du chantier des ruines d’Ambroise, qui agit en 378 à titre de rectrice de l’académie. GéographieLe domaine de l’académie Rozella, bien que d’une majesté fabuleuse, se limite à l’île de Venezia. Ancienne dépendance de Salvar puis, plus récemment, partiellement propriété du grand amiral Umberto Casielli jusqu’à sa mort en 348, Venezia fut entièrement confiée aux soins de l’institution. Depuis, les cohortes de savants prennent soin d’organiser stratégiquement l’exploitation de sa magnifique forêt. Effectivement, depuis un siècle, celle-ci diminue en superficie en raison des incessantes coupes visant à alimenter les chantiers navaux salvamerois. Il revient donc aux spécialistes de l’économie et de l’aménagement de Rozella de concilier la soif insatiable des marchands du port de Venezia, au nord de l’île, et le souci d’esthétique romantique des autorités de l’académie. Si plusieurs arbres modestes issus de plantations sont donc fauchés régulièrement, les hauts chênes sont préservés afin de donner naissance à de nombreux sentiers où l’esprit peut vagabonder. Le port de Venezia, ancienne demeure du héros de guerre Umberto Casielli, est le principal point de débarquement des visiteurs de l’île. Bouillonnant d’activité pendant la Guerre des deux Couronnes en raison de son chantier naval fournissant plusieurs des galions de la flotte républicaine, il a changé de vocation avec l’arrivée de la paix afin de ne plus être qu’une porte d’entrée de Venezia. Certes, plusieurs boutres d’une qualité exceptionnelle y sont toujours construits, mais ceux-ci vivent au rythme des demandes des seigneurs de la côte est. Néanmoins, son peuple tourné vers la mer demeure ouvert aux étrangers, accueillant et étonnamment honnête. Au sud du port de Venezia, indiquant le début d’une large route pavée de pierres blanches menant à l’académie Rozella, une immense arche se dresse vers les cieux, héritage des ingénieurs Casielli. Autrefois érigée au-dessus des eaux à une centaine de mètres des quais, cette arche fut endommagée lors d’une violente attaque du Duché des Crânes au début de la Guerre de l’Avènement. Craignant son effondrement, celle-ci fut récupérée et apportée sur la terre ferme afin d’ouvrir la porte des forêts de Venezia pour le plus grand plaisir des yeux. Des hippocampes dorés sont gravés le long de ses deux colonnes principales. Son sommet, quant à lui, prend la forme d'une oie s'envolant vers le nord, gravée dans d'exquises pierres blanches. L'oie est ornée d'un énorme phare, faisant office de couronne. Au pied de chaque colonne s’étend une vaste place publique où philosophes, marchands et pêcheurs peuvent échanger et discuter, encombrant souvent la route de Rozella. Cette route, serpentant dans les bois aménagés de l’île, aboutit éventuellement sur le domaine de l’académie Rozella enfoui au coeur de la forêt. Contrairement à son homologue du Zanaïr, l’institution de Rozella se démarque par la noblesse des traits architecturaux de son campus principal. Au milieu de jardins de haies ponctués de fontaines à l’image des grands découvreurs de l’ère royale, un manoir de trois étages abrite l’essentiel des oeuvres humaines connues dans le royaume d’Ébène. Au rez-de-chaussé, des bibliothèques accueillant des centaines de milliers de documents, parchemins, recueils et autres textes sont à la disposition des invités. Ce trésor de connaissances rivalise en richesses avec les archives de la cité d’Yr, elles-mêmes construites avec l’aide des savants de Rozella il y a un siècle de cela. Souhaitant rompre avec le stéréotype des érudits renfermés sur eux-mêmes, les architectes multiplièrent les fenêtres laissant filtrer à toute heure du jour le Soleil dans les rayons des archives ou dans les salles de travail. De l’extérieur, le curieux peut observer les chercheurs et étudiants sillonner les étages du manoir d’est en ouest et du nord au sud. Toutefois, la consultation des oeuvres s’arrête rapidement à la tombée de la nuit quand la lecture devient impossible sans flamme vive. Effectivement, selon un décret du premier recteur et par souci de sécurité, il est strictement interdit de traverser, ne serait-ce que temporairement, le premier étage de l’académie avec une chandelle ou une quelconque flamme. Ainsi, lorsque la luminosité baisse, les cohortes estudiantines se replient en leurs chambres et dans les salles communes des étages supérieurs pour s’adonner à leurs tâches personnelles. Quant aux visiteurs, ils reprennent la route de Venezia où ils trouveront nombre d’auberges prêtes à les accueillir. HistoireL’Académie Rozella naquit du rêve de Detterio Rozella, brillant Salvamerois qui vécut des années 128 à 184 de l’ère royale et qui occupa le poste de haut conseiller pour la famille palatine Acciaro. Avant l’arrivée de Rozella, l’éducation et la recherche dans les palatinats côtiers orientaux dépendaient du bon vouloir de chaque famille noble. Dans la plupart des maisonnées détenant une richesse suffisante, un précepteur et un archiviste veillaient à la conservation et à la transmission des registres familiaux en partenariat avec les beffrois célésiens, assurant par ces faits la préservation des savoirs passés et présents. Or, il suffisait d’un seul aristocrate au tempérament bouillonnant ou d’un vulgaire incendie pour que les efforts de générations d’érudits soient réduits à néant. Dès que Detterio Rozella accéda aux officines privées des Acciaro de Salvar en 162, il s’appropria le devoir de mémoire des sages du palatinat. Rozella avait lui-même travaillé en tant que scribe d’un baron de l’ouest de Salvamer pendant plusieurs années et avait une haute estime des prouesses des ancêtres. Après tout, comment ne pas admirer ceux qui, par des techniques désormais disparues, creusèrent et consolidèrent les impressionnants tunnels sous-marins servant de fondations à la glorieuse cité de Salvar? Comment ne pas rester bouche bée devant la Voie des géants, cette large route pavée sinuant à travers les Monts Namori? Ces secrets oubliés, afin de refaire surface, nécessitaient une concertation des énergies académiques, une alliance entre les divers esprits savants du territoire. En dépit des efforts de la congrégation religieuse du Haut Pilier qui tenta de discréditer le projet de Rozella afin de conserver sa mainmise sur les archives populaires de Salvamer, Detterio récolta les appuis d’une cinquantaine d’érudits du palatinat. Lors d’un sommet historique qui se tint en 165, ces dizaines de savants s’accordèrent pour transcrire les documents qu’ils détenaient afin d’en déposer une copie dans les archives de Salvar. Le projet, en raison de la somme colossale de temps de transcription qu’il exigeait, s’échelonna sur près d’une décennie. Néanmoins, en 174, les archives de Salvar regorgeaient de manuscrits relatant autant la généalogie des anciennes familles que des contes et poèmes du petit peuple. L’académie Rozella vit véritablement le jour en 179 sur les îles de Corail, alors dépendances de Salvar au nord de la ville, quand Detterio accepta -en échange d’une contribution financière- d’ouvrir les portes des archives à des maîtres et précepteurs de confiance. Graduellement, les voûtes furent agrémentées de dortoirs, de salles de classe, de réfectoires et d’autres commodités permettant une vie académique normale. Avec la permission princière, Detterio prit officiellement le titre de maître académicien et se voua jusqu’à sa mort à faire prospérer la nouvelle académie. Comme on peut s’en douter, l’efficacité des recherches de l’institution de Salvar reposa historiquement essentiellement sur la quantité et la diversité de manuscrits qu’elle détenait. Afin d’accroître la richesse de ses archives, l’académie a conclu dans le passé un pacte avec le port de la capitale salvameroise. En échange d’un financement continu des infrastructures portuaires, les douaniers exigeaient de chaque navire visiteur -qu’il soit marchand ou non- le droit de copier au moins un recueil à son bord. La copie de ce tome était par la suite remise aux autorités de Rozella qui l’ajouteraient à leurs bibliothèques. Par ce partenariat unique, l’académie s’assura un flot continu de nouveaux documents dans ses voûtes. Cela dit, la propension des chercheurs de Rozella à déterrer les secrets oubliés du passé leur attira de nombreuses controverses depuis le début du siècle. Tout d’abord, ce fut Balzème Desfontes, ancien étudiant devenu Gardien du Pacte du Vin au palais d’Yr, qui attira les regards sur l’académie. L’homme, fanatique religieux discret, était le chef d’une organisation religieuse extrémiste du nom du Verbe. Ce n’est que difficilement que les autorités purent remonter sa trace et l’incarcérer dans un cloître de Pyrae. Quelques années plus tard, ce fut au tour de Rhéa de Corail, exploratrice se vouant corps et âme à un un faux dieu du nom d’Assaï, qui mina la réputation de Rozella. Après avoir kidnappé et tué des enfants innocents, elle fut capturée et mise sur le bûcher d’Yr. Enfin, ce fut Cornelius Felton, capitaine de navire du Duché des Crânes, qui fit frémir les Ébénois lorsqu’il s’associa à un culte hérétique désireux de servir des monstres marins. Les légendes racontent que Felton naviguerait toujours dans les eaux près de l’île de Marbelos, mais aucune preuve tangible ne l’a confirmé encore. À la suite de ces événements troublants, Rozella se replia sur elle-même tout au long de la Guerre de l’Avènement afin d’éviter une purge similaire à celle subie par le Zanaïr en 357. Pendant près de trente ans, les érudits se contentèrent de menus travaux à gauche et à droite : recensements, restauration d’archives, support à l’Ordre médical d’Ébène à Haut-Givre, entretien des bibliothèques de Salvar, etc. C’est en 358 que le Monarque, pour une raison inconnue, fit soudainement appel aux érudits de Rozella afin de superviser les chantiers d’une ruine ayant lentement émergé des eaux de la Baie d’Ambroise lors des années précédentes. Encore immergées sous plusieurs mètres, ces ruines exigeaient une expertise particulière afin de les isoler et excaver. Il fallut près de vingt ans de chantier -mis en place avec l’aide du désormais célèbre scaphandre des Émeraudes- aux travailleurs de l’académie pour que la zone soit de nouveau accessible aux archéologues. Pendant tout ce temps, les Ébénois purent observer de loin les barques et caravelles de Rozella près de la capitale, ce qui leur permit de regagner de leur prestance aux yeux du public en général. En 378 de l’ère royale, la rectrice de Rozella est Violetta Vincentini, une Avhoroise ayant elle-même supervisé les travaux des ruines d’Ambroise pendant des années. Proche de la Couronne, elle se tient loin des affaires politiques. |
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Carte d'Ébène - Fort de Marmagne et sa marche |
Fort de Marmagne et sa marcheGénéralConstitué aux trois quarts des lugubres marécages des Saulnières, la marche de Marmagne surveille les frontières méridionales de Salvamer. Faisant face à la forteresse de Coeur-de-Sel sur le Fleuve en Saulne, le Fort de Marmagne fut érigé afin d’empêcher toute incursion du duché des Crânes au nord du cours d’eau. Aucun traité de paix entre le nord et le sud de Salvamer n’a été signé à l’issue de la Guerre de l’Avènement et les tensions quotidiennes qui perdurent près de Marmagne en sont les meilleurs exemples. La marquise de Marmagne, Floriana Brezra, fille de l’ancien comte de Villeroc Bartolomeo Brezra, voue une haine tenace envers les habitants du sud et veille jour et nuit à ce qu’aucun de ses soldats ne s’aventure en ses terres. Les prisonniers -inconscients voyageurs ou espions officiels- sont choses fréquentes sur la frontière et dame Brezra n’entend pas céder une parcelle de territoire à ses ennemis mortels. GéographieLa marche de Marmagne est constituée du territoire compris entre le Fleuve en Saulne au sud, la lisière du fief cassolmerois de Derwon à Cellryn à l’ouest, du début des dépendances du château de Villeroc en nord et des forêts de Côte-Rouge à l’est. Recouvert en majorité de marécages, ce comté n’est que faiblement exploité ou convoité par les guildes bourgeoises et nobles familles de Salvamer. Il s’agit essentiellement d’une zone tampon permettant de garder à l’écart la menace potentielle du duché des Crânes. Deux types de Salvamerois habitent les marais des Saulnières. Le premier est le journalier trouvant sa pitance dans l’extraction du sel des marais salants. Effectivement, tout au long du Fleuve en Saulne, l’eau de la Vaste-Mer peut aisément être filtrée par des vannes et canaux de conception humaine. Cette industrie du sel, directement liée à la salaison des viandes et poissons consommés par les marins salvamerois, assure un revenu quotidien aux pauvres âmes qui acceptent de travailler dans les marécages nauséabonds. Comme si les conditions de vie n’y étaient pas suffisamment malsaines, les Salvamerois du nord méprisent ouvertement ces travailleurs du sel, les qualifiant “d’Édentés” en raison de leur dentition souvent malmenée. Néanmoins, sans la précieuse ressource des marais, aucune des glorieuses expéditions navales des héros de Salvar ne pourrait voir le jour. Le second type d’habitant de la marche est le Chasseur. À la fois sentinelle des frontières, pourvoyeur de gibier et traqueur d’espions et de criminels, le Chasseur est une nouvelle caste de Salvamerois né des besoins militaires inhérents au combat en milieu hostile. Plutôt que de protéger le Fleuve en Saulne exclusivement à partir du Fort de Marmagne et à l’aide d’armées lentes et balourdes, Floriana Brezra autorisa ses forces à se disperser partout sur le territoire et de s’approprier -en tant qu’ermites ou communautés restreintes- des zones spécifiques. Nul seigneur salvamerois ne souhaitant s’empêtrer dans la possession d’un fief dans la région, personne ne vit dans l’application de cette politique une offense aux lois vassaliques. Après trente ans de décentralisation des armées dans le secteur, des dizaines de modestes hameaux (parfois constitués de deux ou trois chaumières à peine) ont vu le jour dans les profondeurs du milieu humide. Chaque mois, les Chasseurs sont invités à se rassembler au Fort de Marmagne afin de remettre leurs rapports au commandement de la marche. Dans ce bastion labyrinthique de bois et de pierre, ils trouvent alors la marquise Floriana Brezra prête à écouter leurs doléances et nouvelles. Fréquemment, certains soldats lui rapportent de malheureux voyageurs en provenance du duché des Crânes et ayant malencontreusement franchi les frontières sans en connaître les conséquences. Brezra prend alors plaisir de faire un exemple public de ces individus en les gratifiant du fouet, de la potence ou même de la décapitation pure et simple. Finalement, seule parcelle de bonheur dans la région, on retrouve au nord des marais, sur les berges de la lagune d’Émeraude, la ville de Crete Senesi et sa presqu'île de Chianti. Caressé par la douce brise de la Vaste-Mer tout au long de l’année, on y profite d’un climat exceptionnellement clément. Les pauvres hères tendent à y pêcher l'anguille alors que les plus prospères des hommes libres cultivent le sarrasin sur des terres irriguées environnantes. Dignes de mention sont le beffroi central du hameau de Chianti, fort ancien et désormais occupé par une communauté religieuse érémitique, ainsi que le lieu-dit de Coupe-Gorge, ferme-forte faisant office de manoir seigneurial du fief. HistoireLe comté de Marmagne est une création politique d’à peine une trentaine d’années. Composé de la moitié sud de l’ancien comté de Villeroc [Voir “Hurlemer et le comté des Hautes Plaines”, Salvamer] et du nord des marais des Saulnières [voir “Coeur-de-Sel et le sud des Saulnières”, Salvamer], il est résultat direct des combats qui eurent lieu entre les Républicains et les Royalistes lors de la Guerre de l’Avènement. Jusqu’en 316, le comté de Villeroc était sous le contrôle de la Marche des Hautes Plaines. Toutefois, entre 316 et 345, craignant une rébellion par la famille Di Ontano, le seigneur-palatin Lorenzo Acciaro scinda le territoire en deux et fit de Villeroc l’une de ses dépendances personnelles le temps d’y nommer un nouveau gouverneur. Or, le déclenchement de la Guerre des deux Couronnes devait bouleverser ses plans. Résolument fidèle à ses serments et loyal au prince Élémas IV malgré des désaccords profonds avec ses politiques, Acciaro décida de prendre les armes contre la félonne princesse Isabelle Delorme. Lors du conflit, les armées populaires, bien implantées au Sarrenhor et à Cassolmer, parvinrent à percer une brèche à Villeroc et à établir un camp temporaire d’où ils pourraient mener leurs opérations vers Salvar. C’est un chevalier de la capitale salvameroise, Ladislao Anghiari, qui, dans un désir aveugle de redorer le blason de sa famille, mena la contre-attaque. Pendant deux ans, il lança sur les envahisseurs des assauts brutaux se rapprochant davantage du raid que du combat chevaleresque et, en compagnie de ses frères d’armes Disard de Macario Anghiari et Bartolomeo Brezra, il réussit à libérer la place-forte de Villeroc et à la tenir jusqu’à la fin du conflit en 321. Il parut naturel pour le palatin Acciaro de récompenser le courage d’Anghiari par le titre de seigneur et comte de Villeroc. Malheureusement, un mal profond tenaillait l’ancien chevalier. Rongé par les horreurs de la guerre et incapable de retourner à une existence pacifique, il sombra dans un alcoolisme maladif qui le rendit inapte à régner. L’année suivante, c’est son fidèle homme de main, Bartolomeo Brezra, qui lui soutira son titre avec l’autorisation palatine. Après avoir mis son proche ami en sécurité dans un bucolique manoir de Crete Senesi, sur la côte de la lagune d’Émeraude, il s’attela à diriger le comté. Bien rapidement, il fut plongé dans un tourbillon de complots et de coups d’état. Lorenzo Acciaro, pour qui l’honneur, la chevalerie et les serments étaient des concepts sacrés, se heurtait violemment à plusieurs de ses comtes et comtesses aux tempéraments plus machiavéliques. Hautes Plaines, Coraux, Émeraudes et même des alliés Avhorois aspiraient à le renverser afin de le remplacer par sa fille Ezzra, jugée plus modérée. Lors d’une ultime bataille au nord de Salvar, c’est Brezra, dernier vassal d’envergure fidèle à Acciaro, qui mena les armées palatine et subit un violent revers. Après les affrontements, il vit son seigneur remettre son titre à sa fille tandis que le sien était temporairement suspendu le temps que le Symposium des Justes ne s’organise. L’attente ne devait être que de courte durée. À l’été 323, la Guerre de l’Avènement fut déclenchée et Salvamer prit le parti des Républicains. Cependant, au sud des Saulnières, le comté d’Émeraude, renforcé des dépendances de Peyguevan et d’une poignée de fiefs disparates, déclara son indépendance du pouvoir de Salvar et adopta le vocable de “Duché des Crânes”. Plus encore, niant à la fois l’autorité du Monarque et celle du Symposium des Justes, il tissa une alliance avec le duché de Fel et l’Oracle et co-duc Ferval Aerann. En Salvamer, la Guerre de l’Avènement prit alors la forme d’une lutte à finir entre le nord et le sud, entre Salvar et les Crânes. C’est dans les marais des Saulnières que les combats devaient être les plus rudes. En 331, le Glorieux, galion marchand affrété par la Ligue des Mérillons et Benito Di Ontano des Hautes Plaines, fut capturé alors qu’il revenait d’un voyage vers Ardaros. À son bord, l’équivalent de centaines de carats en rubis, diamants et émeraudes furent saisies par les corsaires du duché des Crânes. Malgré la lourde escorte dont il disposait, le navire ne put repousser la flotte ennemie informée de ses déplacements et renforcée d’un gigantesque bâtiment de guerre commandé par Cornelius Felton. En réaction à ce pillage historique et avec l’accord unanime du Symposium des Justes -seul Philippe IV d’Ambroise d’Avhor s’abstint en raison de ses liens maritaux avec la duchesse des Crânes Carolyn Lucini, la Ligue des Mérillons déploya massivement ses armées dans les Saulnières. Depuis 323, les affrontements s’étaient enlisés dans les marécages, les deux fronts hésitant à s’entretuer en terrain aussi hostile. Maintenant, l’assaut reprenait de plus bel. Derrière Victor et Umberto Casielli, six mille soldats déferlèrent autour de Cornille sur les Crânes, à l’est. Ceux-ci furent accueillis par la moitié moins d’ennemis. Malgré le déséquilibre des forces, les corsaires firent chèrement payer chaque mètre de ce marécage à leurs adversaires. Néanmoins, ils ne purent empêcher l’avancée de la Ligue des Mérillons qui s’empara graduellement de Cœur-de-Sel, des marais de Marmagne et, finalement, de Cornille sur les Crânes. Au plus fort des combats, Wendy Rosenberg, baronne des Saulnières, fut capturée lors d’une razzia nocturne et exécutée promptement au milieu de Salvar. En riposte à cet affront, Florence Casielli, la fille de Victor, fut kidnappée par les corsaires. Le général accepta alors d’échanger sa place contre la sienne. L’homme fut exécuté peu après dans les marais par le capitaine des Crânes Isidore Renault. Pendant quelques mois, l’État-major de la Ligue des Mérillons crut que la victoire totale sur le duché des Crânes lui appartenait. Or, apparurent rapidement à l’ouest les armées de Fel ayant annexé un à un les comtés qui les séparaient de Salvamer. Menacés d’être pris entre le marteau et l’enclume, les forces salvameroises et avhoroises durent battre en retraite dans les marais et trouver refuge dans la forteresse de Coeur-de-Sel. C’est là que se déciderait l’issue de cette guerre régionale. Succédant à Victor Casielli au titre de général des armées avhoroise, c’est le commandant Puig de Pallars, un chevalier issu de la vieille noblesse, qui reçut le mandat d’empêcher l’avancée des armées de Fel et des Crânes. À ses côtés et représentant Salvamer, Bartolomeo Brezra, devait le supporter dans cette tâche. Lors de la bataille de Coeur-de-Sel, alors qu’ils étaient hautement dépassés en nombre et en équipement, de Pallars résista à quatre assauts consécutifs contre ses positions. Le commandement de Fel lui offrit, à lui et aux siens, de reprendre le chemin de Vêpre avec leurs armes et leurs bannières. Clamant qu’il valait mieux mourir que de retourner à Vêpre défait et déshonoré, Puig invita simplement les Felbourgeois à faire mieux que lors des quatre danses précédentes. Impressionnés par la bravade du jeune homme, et calculant que les gains n’en valaient pas le sacrifice, ce furent les forces Aerann qui élirent de battre en retraite en ce jour. Tragiquement, après une semaine de combats et des milliers de morts et blessés, c’est Brezra qui perdra la vie sur les murailles. Pouvant encore tenir la place pendant des mois, Puig estima néanmoins que la supériorité des armées Mérillons avait été démontrée et décida de laisser Fel et ses alliés hisser leur bannière sur les marais sanglants. La reconquête de Coeur-de-Sel par le duché des Crânes fut la dernière avancée notable des armées du sud dans les Saulnières. S’arrêtant au Fleuve en Saulne, celles-ci ne purent jamais espérer franchir le cours d’eau et poursuivre leur avancée vers Villeroc. Les Salvamerois, quant à eux, élirent de construire à quelques lieues au nord du fleuve un nouveau fortin -Fort de Marmagne- destiné à surveiller les déplacements ennemis. Officiellement, et malgré la fin de la Guerre de la l’Avènement en 345, jamais la paix ne fut signée entre le nord et le sud, le Symposium des Justes refusant de reconnaître la légitimité des Crânes. Au lendemain de la guerre, le siège du pouvoir de Villeroc fut déplacé au Fort de Marmagne qui devint du même coup une nouvelle marche. Surveillant autrefois les frontières occidentales, les troupes stationnées dans la région avaient maintenant pour tâche de garder à l’oeil les régions méridionales. Héritant de cette délicate tâche, c’est la fille de Bartolomeo Brezra, Floriana Brezra, qui détient désormais le titre de marquise de Marmagne. Si celle-ci ne possède qu’une faible expérience militaire sur le terrain, elle fut formée dans les cercles de stratèges de l’Académie Rozella. Plus encore, nul ne peut douter de sa haine farouche envers les autorités des Crânes, celles-ci ayant causé la mort de son père il y a un demi-siècle de cela. Son manque d’expérience est donc amplement compensé par un zèle inouï à empêcher un quelconque intru de traverser le Fleuve en Saulne ou de s’aventurer dans “ses” marais. |
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Carte d'Ébène - Hurlemer et le comté des Hautes Plaines |
Hurlemer et le comté des Hautes PlainesGénéralMarche de Salvamer pendant des siècles, les Hautes Plaines sont reconnues pour leurs châteaux et bastions ancestraux. Puissamment gardée par la famille Di Ontano depuis l’épreuve du Sang’Noir, cette ligne de fortifications visait à empêcher tout envahisseur de pénétrer au coeur du palatinat et de s’attaquer à la perle de Salvar. Le judicieux règne de la première marquise, Anna-Maria Di Ontano, et la vigueur des rapides Cavaliero -cavaliers légers et vifs comme le vent- permirent le développement d’une agriculture et d’un élevage diversifié malgré l’âpreté du climat. En 378, c’est Giulianno Merizzoli, héritier de la richissime famille d’orfèvres gardant farouchement le secret de la conception de carats, qui dirige le comté à partir de Hurlemer. Amoureux de ses terres et adepte des folles chevauchées, il a délaissé les affaires étrangères pour se concentrer sur la protection de son propre peuple, constamment menacé par ses voisins. GéographieLoin des brises fraîches de la Vaste-Mer et des infinis marécages des Saulnières, les Hautes Plaines occupent le nord-ouest du territoire salvamerois. Ses champs de terre d’un ocre jaune constamment balayés par les vents du nord ne sont que d’une fertilité limitée. L’absence de rivières et de fleuves susceptibles d’irriguer les sols causent des sécheresses répétées. La chaleur pesante écrase végétaux et bétails pendant la moitié de l’année. Autant de caractéristiques qui font des Hautes Plaines une région hostile à la présence humaine. Néanmoins, grâce aux efforts de la marquise Anna-Maria Di Ontano au début de l’ère royale, plusieurs puits furent creusés au coeur du territoire, donnant la chance à des hameaux de voir le jour loin des fortins principaux. Ces communautés sont souvent articulées autour de l’élevage de chèvres et de moutons, ou encore de la culture de vignes, d’oranges, de citrons et de liège. Les vins et spiritueux en provenance de la région sont toutefois connus pour leur acidité, l’eau faisant défaut et empêchant la production suffisante de sucre dans les fruits. Six principaux châteaux font des Hautes Plaines la marche fortifiée de Salvamer. D’est en ouest, nous rencontrerons donc Verdelago, Villeroc, If, Hurlemer, Haut-Bois et, finalement, Castel-Noir. Chacun est ceint d’un modeste faubourg facilitant l’approvisionnement des forces armées logées à proximité. Sous le contrôle du comté de Villeroc entre 316 et 345, Verdelago et Villeroc devinrent officiellement des dépendances des Hautes Plaines au terme de la Guerre de l’Avènement quand l’ancien comté fut scindé en deux. Tandis que le nord et ses deux fortins furent cédés aux Hautes Plaines, le sud fut remis au comté de Marmagne, nouvellement installé dans les Saulnières. Ces deux places-fortes, bénéficiant des ressources de forêts et rivières, sont fort distinctes du reste du comté. Son peuple, jugé plus “flexible” sur le plan moral, a souvent été la cause de bien des inquiétudes chez les hauts seigneurs salvamerois. Le château d’If, sur les flancs des montagnes du Val-Follet, est, pour sa part, peu habité. Construit afin de surveiller les potentielles incursions sarrens ou cassolmeroises à travers les montagnes, ses défenseurs réalisèrent bien vite qu’il n’y avait aucune crainte à y avoir en ce sens ; les lourds cavaliers Ferres ne pouvaient se frayer un chemin dans les sentiers sinueux tandis que les Cassolmerois n’avaient aucune ambition expansionniste. Bien avant le Sang’Noir, plusieurs de ses légions furent donc déplacées vers Castel-Noir, à la frontière occidentale, où ils durent essuyer de nombreux assauts et tentatives d’invasion. Des barons laurois cherchant à étendre leurs propriétés aux saccageurs sarrens avides de pillages, Castel-Noir fut à plusieurs reprises assiégé, incendié et reconquis. Son nom, inspiré par l’épaisse suie recouvrant ses murailles depuis des siècles, est un efficace rappel de son passé tumultueux. C’est dans les casernes de ce bastion de pierre que résident la majorité des Cavaliero du comté, prêts à intervenir à tout instant à l’est comme à l’ouest. À la limite orientale du comté se trouve le château de Haut-Bois. Situé à la lisière de la forêt de Côte-Rouge, il est entièrement construit à partir du bois des arbres environnants. Effectivement, en dehors de quelques brigands se terrant sous la canopée de l’est, aucune menace frontalière n’est parvenue à se rendre jusque là. Les comtes et comtesses des Hautes Plaines, jugeant futile d’investir davantage d’énergies dans un fief éloigné, près d’une forêt giboyeuse et alimenté par une rivière -la Rivière aux Freux, délaissa les fortifications des lieux et se contenta d’en faire une source d’approvisionnement en bois. Le fortin, jamais éprouvé par la guerre, s’y dresse donc toujours, davantage comme un symbole du pouvoir du baron local que dans une optique utilitaire. Enfin, au nord, juché au sommet de l’une des rares collines de la région, se dresse le château de Hurlemer. Rappel ironique de la distance qui le sépare de la mer la plus proche, ce bastion surplombe les plaines aux alentours et accueille depuis cinquante ans la famille Di Ontano (auparavant logée à Castel-Noir). Bourg modeste jusqu’au quatrième siècle, Hurlemer devint une véritable ville fortifiée à l’arrivée des ateliers et investissements Merizolli, associés professionnellement et maritalement aux Di Ontano en 323. Le facettage de carats qui débuta entre ses murs y transféra tout un commerce de gemmes et de produits de luxe d’orfèvrerie autrefois réservé aux marchés de Salvar. En 378, les Merizzoli y oeuvrent encore, préservant jalousement le secret de leur art et conservant leur monopole de fabrication de cette monnaie précieuse. L’Université de Hurlemer naquit peu après l’arrivée des orfèvres. Associée à l’Académie Rozella et accueillant de temps à autre des chercheurs de Fulcieu, cette institution devint un haut lieu de formation des négociants et orfèvres de la région (en plus des formations générales en Histoire et autres études politiques). Plus encore, à la demande spécifique de sa fondatrice Mirabella Di Ontano, une chaire spéciale de recherche sur les poisons fut instaurée. Au sein de celle-ci, les concoctions mortelles sont étudiées afin d’en faire ressortir des remèdes et antidotes toujours plus efficaces. C’est Cédrick de Grandemaison, un sage vieillard ayant côtoyé Mirabella dans sa jeunesse, qui dirige encore ses activités (bien que des réserves aient été émises par rapport à sa santé mentale). HistoireDe tout temps, la région des Hautes Plaines fut considérée comme l’unique point faible des duché et palatinat de Salvamer. Confinée entre les marécages des Saulnières, la Vaste-Mer et les denses forêts de Côte-Rouge, la majestueuse cité de Salvar n’était exposée aux invasions ennemies que sur un seul de ses flancs : celui du nord-ouest. La famille Mérivar, régnant autrefois sur le duché de Salvamer, décida alors de construire dans ces plaines vulnérables une série de fortins visant à surveiller les frontières lauroises et avhoroises. Ainsi apparurent les châteaux de Verdelago, Villeroc, If, Hurlemer, Haut-Bois et, finalement, Castel-Noir. Cette ligne de fortifications rendit dès lors pratiquement impossible toute agression sur la capitale à partir de l’ouest. À plusieurs reprises dans l’Histoire, les armées avhoroises des Vhorili et de Vespéra se brisèrent sur les murs de ces bastions, incapables de mater leurs vaniteux voisins multipliant les offenses diplomatiques à leur endroit. On ignore aujourd’hui quelle fut la première famille à régner sur la marche des Hautes Plaines. Il est même fort probable que, ne souhaitant guère donner le contrôle de la porte de l’ouest à un seul comte, les Mérivar aient multiplié les seigneurs-capitaines. Ce que l’on sait toutefois, c’est que cette tradition ne survécut guère au Sang’Noir et à ses Damnés. Les fortins, points de rassemblement des populations fermières environnantes, succombèrent à l’épidémie maudite qui déferla sur le continent. Un à un, ils ouvrirent leurs portes aux malades et virent les assiégés, seigneurs comme miséreux, être décimés. Cependant, après la Longue Année, l’Avènement du premier Roi-Prophète et l’ascension des Acciaro en tant que palatins de Salvar, une femme reçut la mission de restaurer les Hautes Plaines : Anna-Maria Di Ontano. Courtisane à la cour de Salvar lors du Sang’Noir, Anna-Maria Di Ontano était réputée pour son audace et sa créativité. Au plus sombre de la Longue Année, elle subtilisa la galère royale des Mérivar mouillant à Salvar, rassembla des centaines d’orphelins menacés de mort de la cité et fonda un camp forestier clandestin sur l’île de Venezia. De là, elle repoussa par elle-même tout intru osant poser le pied sur l’île, n’hésitant pas à faire couler le sang si nécessaire. Le courage de la jeune femme lui valut, après ces événements, d’être envoyée dans l’ouest du palatinat pour reconstruire la ligne de fortifications des Hautes Plaines et recréer une garde frontalière digne de ce nom. Pendant vingt-cinq ans, la priorité de la marquise Anna-Maria fut d’assurer à ses terres une indépendance alimentaire. Les plaines de l’ouest, bien que fertiles comparativement aux rocailleux sols de Cassolmer, n’avaient jamais été adéquatement cultivées. Le territoire étant vaste et vulnérable aux raids, les hameaux se développaient à l’ombre des fortins, délaissant les régions éloignées. De plus, en l’absence d’une volonté centrale, le climat sec de la région, causé par une absence de cours d’eau dignes de ce nom et un éloignement de la mer, empêchait toute expansion agricole. La première réussite de la marquise fut d’assurer la sécurité de l’entièreté de la marche. Dédaignant les traditions militaires chères à la haute noblesse salvameroise et articulées autour d’une chevalerie lourde et lente à mobiliser, elle forma plusieurs contingents de cavalerie légère et rapide. Les “Cavaliero”, comme on les appelait, n’avaient que deux objectifs : intercepter des raids sournois et rabattre sur les fortins les armées ennemies mieux organisées. Ceux-ci ne combattaient que rarement de front leurs adversaires, se contentant plutôt de les harceler avec leurs javelots et de les repousser (ou attirer) vers des régions plus aisément défendables. Encore aujourd’hui, chaque château des Hautes Plaines dispose d’une compagnie de Cavaliero apte à disperser des cohortes brigandes sévissant dans les campagnes. D’ailleurs, avec l’avènement du Monarque au quatrième siècle, un Régiment royal constitué exclusivement de l’élite de ces cavaliers rapides a été créé. Le second exploit d’Anna-Maria fut de quintupler le nombre de hameaux et de communautés agricoles. Faisant toujours preuve d’une audace inouïe, la dame invita en sa demeure plusieurs devins, astrologues et autres Sages du Zanaïr. À ceux-ci, elle leur confia une unique mission : trouver les nappes phréatiques de son territoire. Des années durant, Di Ontano se ruina à suivre les recommandations -parfois étonnamment précises, souvent ridiculement erronées- de ses conseillers mystiques. Cependant, au décès de la marquise, vingt-cinq nouveaux puits avaient été creusés dans les arides plaines de l’ouest, donnant naissance à autant de hameaux de fermiers et de communautés d’éleveurs. Ce renouveau économique supporta la restauration des places-fortes et leur assura une certaine autonomie face au pouvoir de Salvar (ce que les Mérivar cherchaient justement à éviter). Jusqu’au quatrième siècle, la famille Di Ontano occupa donc la marche, protégeant vaillamment le palatinat des incursions étrangères. Cependant, peu avant la Guerre des deux Couronnes, une rupture ébranla la dynastie comtale. À Fel, une guerre civile opposant les bourgeois Lobillard et les aristocrates Aerann se solda par la défaite des premiers et de leurs supporteurs. Fuyant l’extermination, tout un pan de la famille Delorme, fidèle aux Lobillard, s’exila vers Salvamer et Avhor. L’une de ses membres, Francesca Delorme, décida de s’établir à Castel-Noir tandis que certains de ses compatriotes optaient pour le comté de Côte-Rouge. Lorsque ce flot de réfugiés débarqua en leurs terres, Fino et Dinella Di Ontano, seigneurs de la marche, eurent une rixe avec Lorenzo Acciaro, palatin savalmerois. Pour eux, il était tout à fait inconcevable, voire dangereux, de laisser de tels étrangers s’établir aussi aisément sur la frontière salvameroise. Acciaro, lors de l’un de ses rares excès de colère (qu’il regretta amèrement ensuite d’ailleurs), décida de donner une leçon à la “prétentieuse” famille Di Ontano. Il la destitua, lui redonnant la seule baronnie de Hurlemer au nord, puis offrit à Francesca Delorme, auparavant comtesse en Fel, le statut de comtesse des Hautes Plaines. Cela lui permit du même coup de scinder la marche en deux et de créer le comté de Villeroc, au sud. Les Di Ontano avaient été remis à leur place et la marche, toujours solide militairement, avait été affaiblie politiquement. La suite des événements devait donner tort à Acciaro. Lorsqu’éclata la Guerre des deux Couronnes, les Felbourgeois des Hautes Plaines et de Côte-Rouge refusèrent de combattre les forces de la félonne Isabelle Delorme (leur parente). Le seigneur-palatin dut multiplier les menaces, se créant de nombreux ennemis au sein de son propre ban. Au terme du conflit, Francesca Delorme elle-même déserta ses terres après avoir menacé directement Lorenzo Acciaro pour l’avoir forcée à combattre sa propre soeur. Satisfaits, les Di Ontano purent reprendre possession du comté des Hautes Plaines tandis que Bartolomeo Brezra se voyait remis le comté de Villeroc. Les Di Ontano avaient leur territoire réduit de moitié, mais ils regagnaient leurs titres. Ce fut Benito di Ontano qui hérita du statut de comte de ses parents en 322. Avec sa soeur Mirabella et sa cousine Cassiopea de la Brise, il entreprit de faire rayonner les Hautes Plaines pour autre chose que ses châteaux et ses Cavaliero. Intégrant les rangs de la Marine des Mérillons, la famille tissa de solides alliances avec les Casielli des Coraux et les Avhorois. On ne sut jamais si celle-ci était impliquée dans les folles ambitions de l’organisation terroriste de l’Ordre, mais, en absence de preuves solides, on lui laissa le bénéfice du doute. Grâce à ce réseau de contacts, les Di Ontano financèrent cinq expédition vers la Ligue d’Ardaros, en rapportant à chaque fois des trésors et richesses incommensurables. Forte de ces exploits, Cassiopea de la Brise épousa Alessandro Merizzoli, membre de la puissante famille de facetteurs de carats de Salvar. Quelques mois plus tard, au printemps 323, tandis que Salvar était en proie à la guerre civile et que les comtes unifiés renversaient Lorezno Acciaro, les Merizzoli déménageaient incognito leurs ateliers et marchandises jusqu’en Hurlemer où ils oeuvrent encore aujourd’hui. L’afflux de richesses généré par l’arrivée des richissimes orfèvres Merizzoli acheva s’élever le comté des Hautes Plaines au rang d’acteur incontournable du commerce dans l’ouest. Afin de répondre aux besoins de la nouvelle élite de la région, Mirabella di Ontano, à laquelle succéda rapidement l’érudit Cédrick de Grandemaison, fonda l’université de Hurlemer. Jusqu’à sa mort en 348, Benito, quant à lui, représenta les intérêts de son comté au sein de la Ligue des Mérillons. Ardent défenseur des politiques républicaines, il combattit bec et ongles contre les tendances centralisatrices du nouveau Monarque. Malheureusement, il fut porté disparu lors d’un énième voyage en mer près de la Lance d’Ardar (avec qui il n’avait jamais cessé de commercer). C’est le fils de Cassiopea et Alessandro, Giulianno Merizzoli, qui succéda à Benito, mettant de nouveau fin à une succession de Di Ontano à la tête des Hautes Plaines. Représentant l’alliance intime, voire charnelle, entre les deux familles, Giulianno a accepté comme condition à sa nomination de nommer sa première fille “Anna-Maria Di Ontano” et de lui confier le pouvoir à sa mort. Ainsi, le contrôle de la région serait en alternance entre les mains des Merizzoli et des Di Ontano. Âgé aujourd’hui d’une cinquantaine d’années, le comte a déjà dû protéger ses terres à trois reprises : En 359 lors d’une tentative d’annexion par Jordi Filii de Vespéra d’Avhor, en 363 lors d’une évasion de malfrats des Geôles-aux-Martyrs du Bleu-Comté en Laure, et en 371 d’une incursion coordonnée des chevaucheurs Ferres du Val-Horde au Sarrenhor. Plus replié sur lui-même que ne l’était son prédécesseur, Giulianno prend plaisir à chevaucher aux côtés de ses Cavaliero dans les plaines dorées. Sans nier l’importance du commerce intérieur et de son héritage d’orfèvre, il préfère de loin prendre soin de ses terres que d’entreprendre de lointains voyages à l’étranger. Au printemps 379, Hurlemer fut au coeur des scandales lorsqu’un peintre local -Henri Desmares- devint le symbole de la lutte entre le domaine artistique et la noblesse de guerre dans le royaume. L’homme, supporté par les marchands de la Compagnie des Trois Mains, elle-même affiliée à la Banque libre d’Ébène, contesta la succession d’un défunt baron local du nom de Georgio Pellegrino. Ce dernier, ayant acquis lors d’une querelle armée des oeuvres de Desmare, cédait dans son testament ses butins de pillage. S’appuyant sur des lois locales et palatinesques, le peintre fit valoir ses droits à récupérer ses créations. Ce précédent poussa même la Couronne ébénoise à interdire tout nouveau pillage d’oeuvres d’art lors des guerres seigneuriales. Peu après, l’atelier de Desmares fut incendié par la petite noblesse de Hurlemer tandis que son propriétaire fuyait vers la cité d’Yr. |
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Carte d'Ébène - Port-de-l’Anse et son comté |
Port-de-l’Anse et son comtéGénéralComté né de l’union de deux grandes familles salvameroise, les Visconti de Côte-Rouge et les Casielli de Coraux, le comté de Port-de-l’Anse occupe tout le nord-est de l’ancien palatinat de Salvamer. Riche de nombreuses ressources naturelles et lieu de naissance de plusieurs personnages illustres de l’histoire récente d’Ébène, Port-de-l’Anse constitue le lien entre Salvar et Avhor, entre la Vaste-Mer et le continent. Malgré la centralisation du royaume, son influence économique, politique et culturelle demeure non-négligeable. Anastasia Visconti, fille adoptive d’Antonin Visconti et de Luciano Casielli, mène la branche salvameroise de la famille Visconti. Mécène des arts à Salvar, elle est aussi derrière plusieurs entreprises commerciales menées par la famille Casielli, et ouvre les ports du comté aux explorateurs et navigateurs désireux de braver de nouveaux horizons ou de remplir un peu plus la Galerie Visconti d’Histoire naturelle, musée en l’honneur des curiosités rapportées des quatre coins de Célès. GéographieLe comté de Port-de-l’Anse est une création relativement nouvelle, née de la fusion de deux entités historiques plus anciennes : le comté de Côte-Rouge, formant la partie continentale du domaine, et l’archipel y faisant face (l’île de Venezia exclue), anciennement connu sous le nom de comté des Coraux. L’ensemble constitue maintenant l’un des fiefs les plus prospères de l’Est du royaume, en raison notamment de l’exploitation des ressources naturelles y étant associées. L’ancienne Côte-Rouge représente le nord-est de Salvamer, une région remarquablement plus boisée que la majorité des fiefs salvamerois et avhorois, qui est tout proche. Une qualité du sol relativement défavorable à l’agriculture, une multitude de petites collines rocheuses et d’impressionnantes falaises ocres, auxquelles la région doit son nom, ont découragé l’établissement de cultures céréalières ou maraîchères à large échelle. Les établissements humains s’y concentrent en deux secteurs principaux : la côte elle-même, ponctuée de villages de pêcheurs et de deux seules villes dignes de ce nom, et les rives de la modeste Rivière aux Corbeaux, dont les origines se trouvent en Avhor. Larçis-sur-Mer, cité de taille modeste nichée entre la côte escarpée et la mer, est la principale ville du comté de Port-de-l’Anse. Elle s’étale en de multiples paliers aux escaliers innombrables et aux terrasses où s’entassent des bâtiments aux tons pastel, chapeautés de coupoles dorées et argentées, et ceints de jardins parfois minuscules, mais toujours entretenus impeccablement. Le climat doux y permet la culture d’agrumes, particulièrement d’oranges. On notera aussi, en bord de mer, un port encore aujourd’hui bien prisé par les explorateurs et navigateurs en route vers Salvar. Joyau culturel, on y retrouve plusieurs musées et galeries d’art, la plus importante étant de loin la Galerie Visconti d’Histoire naturelle. S’y trouvent, entre mille autres curiosités, un squelette de boustrophédon entier et une gigantesque fresque narrant les événements de la Guerre des deux Couronnes réalisée sous le règne du prince Élémas IV. Sous la galerie et désormais ouverts au public, se trouvent cavernes et tunnels où furent cachés de nombreuses oeuvres d’art pendant la guerre, dissimulés des partisans des Désirants ayant brièvement occupé l’endroit. Plus tard, les partisans de la famille Casielli se servirent du réseau lors de leurs escarmouches locales contre les forces de la Garde Céleste, qui maintenait une base d’opérations à Larçis-sur-Mer dans les quelques mois suivant la mise à mort de l’ancien baron des lieux, l’hérétique Auguste Visconti. Légèrement plus au sud se situe la ville Port-de-l’Anse (officiellement connue sous le nom un peu long de Port-de-l’Anse-la-Cité). Établie sur les côtes un peu moins abruptes aux abords de l’estuaire de la Rivière aux Corbeaux, c’est, depuis la création du nouveau comté, le siège officiel du territoire. On y retrouve, dès la fondation de la ville, la Villa Visconti, un ensemble de bâtiments peu fortifiés incluant un vignoble et deux bassins ornementaux. Domaine nobiliaire salvamerois typique, on y remarque une recherche esthétique évidente, mais qui ne s’égare pas dans l’excès. Un modeste verger de citron y fut planté par la malheureuse première épouse du premier Connétable d’Ébène Hadrien Visconti, Farabella Cuccia, pendant son bref séjour dans les lieux. En bas de la colline où se dresse le domaine seigneurial, Port-de-l’Anse elle-même se démarque principalement par son industrie de coupe du bois: scieries et entrepôts y traitent le bois coupé un peu plus dans les terres, en amont de la Rivières aux Corbeaux. Doublé d’une route, cette modeste rivière navigable par certains navires à fonds plat remonte jusqu’à Caliamo en Avhor, et constitue donc la voie d’accès principale entre Vêpre et Salvar. Quant à l’archipel des Coraux, séparé du continent par un bref canal, il s’agit d’un lieu plutôt sauvage. Les îles côtières sont en effet peu peuplées, hormis par quelques pêcheurs profitant des eaux chaudes et foisonnantes de la Vaste-Mer à longueur d’année. On y retrouve quelques lieux fortifiés, hérités de l’époque de la famille Casielli, qui y maintenait une partie de ses activités avant la chute de plusieurs de ses membres associés à l’organisation terroriste de l’Ordre. Effectivement, autrefois, les bourgs côtiers de Madréport, Aurelino et, surtout, de l’Anse-aux-Oursins y prospéraient. La clémence des courants, en raison de la topographie des hauts-fonds, donnait à l'île des airs de véritable havre de paix. On raconte qu'aucune guerre ni tourment ne pouvait y perturber la quiétude des eaux, où s'amusaient joyeusement les filles et les fils des marchands et pêcheurs qui s'arrêtaient pour profiter des commodités du lieu avant de poursuivre leur route vers Salvar. L'arrivée de la famille Casielli dans le comté avait alors été le signe d'un renouveau pour l'endroit. Après la Guerre des deux Couronnes, les canons et balistes mobilisés pour l'effort de guerre avaient cédé leur place à des étals commerciaux attirant moult voyageurs venus se ravitailler, octroyant à l'endroit une ambiance chaleureuse parfois euphorisante. Malheureusement, la déchéance de plusieurs Casielli -dont la célèbre Delfina- causa un exode transformant ces communautés en de modestes hameaux où l’odeur de poisson flotte en permanence. HistoireFiefs historiques respectifs des familles Casielli et Visconti, les comtés des Coraux et de Côte-Rouge ont fusionné à la suite des aléas de la Guerre de l’Avènement. Côte-Rouge, demeure des Visconti depuis le 2e siècle de l’ère princière, fut brièvement usurpé des mains de cette vieille famille lors du passage des grandes familles felbourgeoises exilées à l’aube de la Guerre des deux Couronnes, les Delorme et les Souard chassés de leur terre d’origine après le triomphe de la famille Aerann à l’ouest. Ayant parié sur le mauvais prétendant lors des deux conflits -Lobillard lors de la guerre civile de Fel et la princesse Isabelle lors de la Guerre des deux Couronnes, ces familles furent à nouveau expulsées de leurs fiefs lors de la restauration de l’autorité du prince Élémas IV sur le territoire salvamerois. Loyalistes du palatin Acciaro et d’Élémas IV, les Visconti, menés par Cesare (qui mourut rapidement, potentiellement assassiné par d’anciens partisans des Désirants) puis par son fils Hadrien, sont rétablis en 321 sur leur fief ancestral. Confronté d’une part au désintérêt croissant du comte Hadrien et de l’autre à l’hérésie rapidement révélée de son cousin Auguste Visconti, le comté connaît ensuite des temps troublés. Siège d’un éphémère chapitre de la Garde Céleste et d’affrontements entre les partisans de la princesse Théodoria et les forces de l’Ordre, le comté échappe de peu à l’anarchie. Ce sont les deux ressortissants les plus discrets de la famille Visconti, Antonin (le demi-frère bâtard d’Hadrien légitimé par lui-même) et son oncle Claude qui rétablissent un semblant de stabilité sur les lieux. Comptable de profession, Antonin assure une gestion rigoureuse et sobre du fief, prospérant en évitant les scandales et en misant sur l’export de bois d’oeuvre aux chantiers navals de Salvamer, toujours avides de ressources premières pendant les longues années de la Guerre de l’Avènement. Les Coraux, juste en face, développent à cet effet une synergie avec son voisin continental. Siège d’Umberto Casielli, l’un des amiraux les plus renommés du conflit, l’archipel est témoin d’une activité frénétique pendant toute la durée des hostilités. De nombreux navires militaires ou marchands y sont construits, grâce entre autres au soutien matériel de Côte-Rouge, aux connexions financières et marchandes des Casielli et au génie maritime des ouvriers de Rozella dans les chantiers de Venezia, à proximité. La fin de la guerre se déroule sous de mauvais auspices au comté des Coraux. La défaite du camp patricien, de graves difficultés économiques et le décès du comte Umberto en 348, alors octogénaire, sonnent la fin du comté insulaire. L’île de Venezia, de loin la plus développée de l’archipel, est léguée à l’Académie Rozella. Le reste de l’archipel fait office de dot pour l’un des dernier Casielli, Luciano, qui épouse Antonin Visconti lors d’une noce fort discrète. S’en suit l’unification des deux comtés, la nouvelle entité politique devant être gouvernée de la ville de Port-de-l’Anse prenant le nom de cette petite ville relativement jeune. Les deux comtes adoptent plusieurs filles, dont l'aînée, Anastasia Visconti, comtesse de Port-de-l’Anse-en-Salvamer lors du décès du Monarque. Figure politique salvameroise importante, on remarquera l’appui inébranlable de celle-ci à la faction patricienne de la politique ébénoise. On dit aussi ses connexions financières inextricablement liées à celles de la famille Casielli, toujours bien active en Vaste-Mer, et au réseau commercial dépassant de loin, semble-t-il, les frontières du royaume. |
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Carte d'Ébène - Salvar |
SalvarGénéralPoint de rencontre des explorateurs en quête d’aventures, des navigateurs aux mille récits de batailles et des courtisans voués au Vrai et au Beau, l’ancestrale cité de Salvar est le lieu de départ de la plupart des exploits de notre temps. Le voyageur remarquera les majestueuses architectures de la “Perle de la Vaste-Mer”, le marchand sera séduit par ses ports et l’aristocrate y trouvera le renom, mais que reste-t-il pour le Salvamerois? Derrière les ports grouillants et les manoirs cossus se cachent en effet des jeux que peinent à dissimuler les pouvoirs de la vieille cité. Si la grandiose Salvar a su demeurer imperturbable à travers les guerres, c’est d’abord par le biais d’un habile jeu de négociation, d’échanges, et surtout, de vastes richesses rendant en provenance des quatre coins de Célès. Cité abritant le Symposium des Justes avec Vêpre, assemblée des hauts seigneurs d’Avhor et de Salvamer sous l’alliance de la Ligue des Mérillons, Salvar est dirigée par la comtesse Dondalla Acciaro. Descendante de l’antique lignée palatine, son pouvoir est toutefois davantage symbolique que réel. Après le renversement du seigneur-palatin Lorenzo Acciaro en 323, ce sont désormais les grandes familles de Salvamer qui dirigent en commun la capitale régionale. GéographieVéritable cité portuaire, Salvar s’est développée par et pour la mer. Fière d’une architecture ancestrale héritée du peuple des Mérillons qui encore à ce jour fascine les architectes du continent, Salvar dresse fièrement ses phares, principaux repères pour quiconque voyageant vers les côtes de l’Est ébénois. Nichée au coeur de la lagune d’Émeraude -dont le nom découle des reflets cristallins sur ses eaux- donnant sur la Vaste-Mer, la vieille cité bénéficie d’un climat doux et tempéré. Les brises estivales et les parfums marins qui l’enveloppent la rendent particulièrement attrayante autant pour les marchands de la côte est et même de la Ligue d’Ardaros, qui viennent y transiger leurs exotiques marchandises. Si les bas-fonds irréguliers des eaux du delta rendent la navigation en ces lieux particulièrement délicate, les voyageurs peuvent compter sur les réputées cartes dessinées de la main de Lorenzo Acciaro lui-même pour s’orienter. Sans ces précieux outils, nul doute que Salvar ne serait pas devenue la “Perle de la Vaste-Mer”, telle que la surnomment certains érudits. Le territoire de Salvar est réparti sur quatre îles et une péninsule. L’essentiel de ce que l’on appelle “la Vieille Salvar” se situe sur les deux îles de l’ouest, Meria et Vara. Par des prouesses architecturales étonnantes, les fondateurs de Salvar sont parvenus à élever une ville de pierres sur les eaux de l’enclave marine à cheval entre ces deux îlots. C’est à l’aide de ponts et de tunnels, respectivement façonnés au-dessus et au-dessous des canaux de la cité, que les différents bâtiments furent reliés entre eux. Malheureusement, les secrets de cet art de l’architecture lacustre furent perdus au cours des siècles et, de nos jours, nombre de passages sous-marins sont abandonnés et inondés. Or, n’entre pas au coeur de la vieille capitale qui veut. C’est bel et bien pour les mieux nantis et les étrangers que Salvar fut pensée. Pour quiconque n’ayant pas le luxe de posséder un galion, voire même une humble frégate, l’accès même aux portes relève de l’utopie. Dans un désir pleinement assumé d’éradiquer toute contrebande, les autorités salvaroises exercent un contrôle serré des déplacements autour de leurs installations ancestrales et réputées. La situation n’est pas bien différente au coeur de la ville. Les canaux faisant office de rues ne rendent que plus évident le clivage entre les quartiers nantis et les lieux populaires, quelques follets suffisant à distinguer ceux pouvant se payer les services d’un gondolier de ceux qui ne le peuvent pas. Pour ceux qui accèdent à la cité maritime, toutefois, les merveilles sont de mise. Villas cossues, théâtres, musées, chaque bâtiment de la vieille Salvar se présente tel une oeuvre à la gloire des explorateurs et érudits des temps anciens ayant foulé la pierre de ses sols. C’est également dans l’ancienne cité que se trouvent l’ancien palais des Acciaro, désormais hôte du Symposium des Justes, ainsi que plusieurs ambassades destinées aux dignitaires de tous horizons. Pour le peuple commun, c’est cependant dans l’arrière-ville continentale, à Lagune-sur-Mer sur la péninsule, que se déroule la vie quotidienne. Pâle copie de ce qu’aspire à être la vieille cité, les extensions terrestres de Salvar n’ont pas su profiter des héritages Mérillons de leur métropole. L’absence de garde de ces frontières continentales rend le lieu propice aux pillages de tout acabit. En effet, la très haute, voire extrême sécurité des ports salvarois qui existe à l’est a pour conséquence de déplacer la criminalité extérieure vers les quartiers ne bénéficiant pas de cette protection. Automatiquement pillées et sabotées, les oeuvres de Lagune-sur-Mer ont dès lors vite été abandonnées par leurs commanditaires au profit d’installations misant sur la sécurité et l’utilité. Tandis que les riches galions transportant les dignitaires et marchandises de l’étranger convergent directement vers les ports de la Vieille ville, Lagune-sur-Mer se contente d’accueillir les pêcheurs, récolteurs de crustacés et négociants de matières premières. Néanmoins, contrairement à bien d’autres populations citadines où le clivage entre bien nantis et indigents mène à des frictions parfois violentes, Salvar a su historiquement faire naître, à grands coups de parades militaires, de défilés festifs et de marches triomphantes, dans le coeur du petit peuple une fierté exacerbée pour ses élites. Artisans de l’ombre de la création du Vrai et du Beau, les gueux se savent porteurs des exploits de leurs élites. Au nord-est de la lagune, bordées par la Vaste-Mer, les îles sauvages d’Alvar et Lydia font office de frontières orientales au comté de Salvar. Si celles-ci n’accueillent aucune agglomération remarquable, bien fou serait celui qui oserait les qualifier d’abandonnées. Sur Lydia, la plus petite île, se trouve en effet le phrase-forteresse de Cap-de-l’Écu. Cette place-forte fut construite avant le début de l’ère royale par les ducs Mérivar afin de prévenir les incessants raids pirates en provenance de Pyrae et des îles d’Elfeand. Après le Sang’Noir, celui-ci devint le principal point de ralliement de l’Escroix, armada de Salvar, dans sa lutte contre les puissants Contrebandiers des Écores. Cependant, en 323, une bonne partie de la flotte palatine fut coulée par de mystérieuses créatures marines. Lors des années suivantes, la Guerre de l’Avènement, battant son plein, la Ligue des Mérillons investit des ressources colossales dans sa reconstruction. C’est à Cap-de-l’Écu que l’alliance décida de construire son nouveau port militaire, contrôlant alors encore plus fermement l’entrée dans la lagune d’Émeraude. Entre la Vieille Salvar et l’îlot de Lydia s’étend enfin l’île d’Alvar, boisé seigneurial à l’usage exclusif de la haute-noblesse de la cité. Recouverte d’une dense forêt, Alvar était destinée avant le début de l’ère royale à servir de réserve de bois pour les chantiers navaux. Or, lorsque le premier palatin Acciaro monta sur le trône salvamerois, celui-ci proclama que la porte de Salvar devait être telle un boîtier de velours contenant une perle : magnifique, mystérieuse et romantique. En l’honneur de son épouse Allia Mérivar, Sebastian Acciaro transforma l’île d’Alvar en un immense jardin romantique où, sous la canopée verdoyante, se dressaient au hasard du regard des chalets, manoirs, fontaines, statues et autres odes à l’amour et à la beauté. Fidèles à la tradition initiée par leur ancêtre, les Acciaro suivants agrémentèrent tous les boisés d’une oeuvre ou d’une construction nouvelle sujette à combler l’oeil du visiteur. Encore aujourd’hui, on raconte que les “Bois de la Passion”, comme on les surnomme, peuvent raviver n’importe quelle flamme amoureuse vacillante. HistoireL’histoire de Salvar est intimement associée à celle de la côte est du royaume. Dans les temps anciens, alors que les Enfants d’Arianne descendaient des Monts Namori et que le Peuple de Vindh débarquait sur les côtes de l’actuelle Felbourg la cité, des marins firent leur apparition au large des plages orientales. N’ayant aucune filiation avec les Ardarosiens, ils ne révélèrent jamais leur origine véritable, se contentant de se présenter comme les « Mérillons ». Dès leur arrivée, ils s’approprièrent l’actuelle lagune de Salvar et en bannirent les mythiques Néréides qui y nichaient. Nous n’avons que peu de traces des affrontements qui suivirent en ce lieu, mais les comédiens d’Avhor se plaisent encore à mettre en scène la « Tragédie d’Orée », prestation théâtrale dans laquelle les légendaires Néréides quittent volontairement leur lagune à la suite du décès bouleversant d’un enfant innocent. La fin des hostilités entre Mérillons et Néréides permit aux envahisseurs d’étendre leur hégémonie vers l’ouest pour fonder, entre autres, la ville de Vêpre. Avant le déclenchement du Sang’Noir, ce fut la famille Mérivar qui régna sur Salvar et son duché. Or, lorsque la maladie atteignit la lagune, les Mérivar insistèrent pour gérer par eux-mêmes la crise et entrèrent directement en contact avec les damnés s’entassant à leurs portes. Lorsque la délégation noble entama ses négociations avec les gueux, une violente émeute se déclara, submergeant la garde ducale. À la fin de cette triste journée, les corps des dirigeants Mérivar gisaient au fond des canaux de Salvar tandis que le chaos s’emparait de la ville. Afin d’extraire la région de ce marasme, Sébastian Acciaro, amiral de la flotte de Salvar et puissant noble sans terre, offrit à l’ultime survivante des Mérivar, une jeune demoiselle nommée Allia, d’unir leurs deux familles dans les liens sacrés du mariage. En échange de l’argent et des contacts militaires des Acciaro, la Mérivar acceptait d’associer son nom à celui de Sébastian et de donner le nom de son époux aux éventuels héritiers. Évidemment, la conséquence directe d’un tel contrat était l’assimilation des Mérivar à sa moindre contrepartie. Néanmoins, cette alliance permit à Salvamer de survivre jusqu’à l’arrivée du Prophète. Ce n’est qu’en l’an 7 de l’ère royale, lorsqu’Allia décéda d’un souffle au coeur, que le nom des Mérivar s’éteignit définitivement. Succéda au rang de seigneur-palatin Sébastien puis, à l’âge de sa majorité, son fils, Vittario Acciaro. Pendant près de trois siècles, Salvar, sous le règne éclairé des Acciaro, sut tirer son épingle de la scène politique d’Ébène. Relativement épargnée par les guerres continentales à travers les époques, Salvar doit sa situation actuelle à un habile jeu d’équilibre entre traditions et modernité. C’est avant tout sur mer que se déploya la puissance des palatins de l’est. Grâce aux dizaines de galions, caravelles et galères de l’armada de l’Escroix, les seigneurs de Salvar monopolisèrent pendant longtemps le commerce sur la Vaste-Mer et furent les instigateurs d’expéditions outre-mer. Si les érudits débattent encore de la question, on leur attribue la “découverte” des îles de la Ligue d’Ardaros, de même que la position exacte de l’île de Marbelos menant dans les anciennes terres de la république du Firmor. Deux d’entre eux parvinrent même à obtenir le statut de prince d’Ébène, le dernier en date étant Ferrinas II dit l’Explorateur, reconnu pour son ouverture sur le monde et ses audacieuses -et ruineuses- expéditions. Le règne des Acciaro devait toutefois prendre une nouvelle orientation au quatrième siècle. Lorenzo Acciaro, pour qui l’honneur, la chevalerie et les serments étaient des concepts sacrés, se heurta violemment à plusieurs de ses comtes et comtesses aux tempéraments plus machiavéliques. La première rixe, fort tragique, survint lorsque Lorenzo, informé d’une attaque imminente des chevaucheurs Vors sur sa cité, insista pour protéger sa cité plutôt que d’en brûler une partie pour affaiblir l’ennemi tel que suggéré par ses vassaux. Lors des combats aux portes de Lagune-sur-Mer, le seigneur-palatin chuta de sa monture et perdit l’usage de ses jambes. En proie à une colère sourde, il renvoya de son palais les émissaires de ses “félons” subordonnés. Peu après, Hautes Plaines, Coraux, Émeraudes et même des alliés Avhorois débarquaient sur l’île de Vara afin de le renverser et de le remplacer par sa fille Ezzra, jugée plus modérée. Lors d’une ultime bataille au nord de Salvar, c’est Bartolomeo Brezra, comte de Villeroc et dernier vassal d’envergure fidèle à Acciaro, qui mena les armées palatine et subit un violent revers. Après les affrontements, il vit son seigneur remettre son titre à sa fille tandis que le sien était temporairement suspendu le temps que le Symposium des Justes ne s’organise. Au lendemain du renversement, le nouveau Symposium des Justes, chapeauté par Ezzra, rassemblant Avhor et Salvamer à l’intérieur de l’alliance de la Ligue des Mérillons accepta d’accorder le contrôle de l’Escroix à Lorenzo en guise de remerciement pour son dévouement à son palatinat. Tandis que le royaume sombrait dans le chaos de la Guerre de l’Avènement, Salvar débuta une valse périlleuse de transformations politiques. Veillant à ce que les combats avec le duché des Écores et les Monarchistes restent loin de ses terres, Salvar préserva son capital afin d’établir une véritable cité-état émancipée (autant que faire se peut) des conflits externes à ses murailles. Vêpre n’étant plus que l’ombre d’elle-même après la trahison de la famille palatine Filii, c’est à Salvar que le Symposium des Justes prit racine. Comtes, représentants de nobles familles et héros de l’est furent dès lors invités, sous le regard d’Ezzra, à se rassembler mensuellement dans la cité maritime afin de décider des politiques de l’alliance. Tant que la Guerre de l’Avènement dura, il fut aisé pour les vétérans de guerre et illustres personnages comme Umberto Casielli ou Philippe IV d’Ambroise de préserver l’unité de la ligue. La menace immédiate représentée par un duché des Crânes au sud ou des légions felbourgeoises à l’ouest empêchait un quelconque questionnement des institutions politiques républicaines. Cependant, après la signature de la paix entre Monarchistes et Républicains (Salvar ne signa aucune paix avec le duché des Crânes, refusant d’en reconnaître la légitimité), les premières brèches apparurent dans l’étincelante alliance. Sans ennemi pour resserrer les rangs et avec la mort des principaux héros fondateurs que furent Victor et Umberto Casielli, Benito Di Ontano et Philippe IV d’Ambroise, il ne resta que bien peu d’enthousiasme chez la nouvelle génération de seigneurs et de dames pour maintenir le pouvoir centralisé de la Ligue des Mérillons. Le Symposium des Justes, supposé rassembler l’élite d’Avhor et Salvamer, ressemble en 378 davantage à un “club privé” qu’à une véritable assemblée républicaine. Lors de ses réunions mensuelles, seuls les plus hauts dignitaires -les Tribuns- y ont une voix. Ce qui n’empêche pas le peuple de venir leur soumettre leurs doléances. Les Tribuns de Salvamer :
Les Tribuns d’Avhor :
Bien sûr, depuis quelques années, ces illustres personnages ont commencé à se faire représenter lors des assemblées par des émissaires et diplomates. Les réunions cessèrent peu à peu d’être porteuses de décisions fermes et les pouvoirs se décentralisèrent. Néanmoins, il est prévu que, en cas de guerre commune, des généraux et amiraux seront spécialement nommés par le Symposium afin de mener les troupes des comtés. Néanmoins, à l’automne 379, à l’initiative des Avhorois Mandevilla, la charte du Symposium fut révisée afin d’offrir une représentativité équitable entre Avhorois et Salvamerois, de même que pour renforcer les pouvoirs de l’assemblée. L’adoption de cette charte fut toutefois réalisée dans la controverse alors que plusieurs Salvamerois ne purent se déplacer à temps pour se prévaloir de leur vote. Ironiquement, le renforcement de l’union entre les provinces de l’est avait mené à sa fragilisation. En 373, cette alliance fragile fut d’ailleurs mise à l’épreuve lors de la Guerre des Calciente. Au milieu de l’été, ce qui devait être une simple partie de Calcio entre Salvar et Cuero Verde dégénéra en affrontements armés entre les deux entités salvameroises suivant la mort suspicieuse sur le terrain de Giliano Verdi, fils de Shoshanna Verdi. Les landes séparant les deux cités devinrent rapidement rouges de sang, les soldats autant que les civils se livrant des batailles complètement insensées. Progressivement, le Duché des Crânes et le nord de Salvar entama la mobilisation de leurs troupes tandis que des guerriers de la région désertaient leurs régiments royaux pour se joindre aux combats, le tout menaçant d’emporter une part importante du royaume dans le conflit. Y voyant un péril pour la stabilité de l’Est du royaume, la Reine dépêcha sur les lieux les régiments avhorois et cassolmerois afin d’y imposer la paix. Il fallut deux années aux armées royales pour atteindre leur objectif de pacification, chaque tentative de retrait étant suivie par une reprise des hostilités par la population elle-même. En 380, le Symposium des Justes frôla de nouveau l’implosion lorsque la Couronne exigea de ses représentants qu’ils élisent en leur sein l’état-major de la reconquête de la Lance d’Ardar. La lutte fut féroce afin de déterminer qui d’entre les adeptes de la Caliamana avhoroise et les navigateurs de Salvar allaient prendre le commandement des armées de l’Est. Dans les forêts du comté du Port-de-l’Anse, de vicieuses embuscades furent même tendues à l’endroit de dignitaires avhorois afin de les tenir à l’écart des assemblées décisionnelles tenues à Salvar. Heureusement, le vénérable héros de la Guerre de l’Avènement Puig de Pallars fut l’une des cibles de ces guet-apens, mais parvint à en réchapper afin de proposer que cette querelle soit résolue dans le cadre d’un match de Calcio tenu à l’ombre du château de Haut-Bois. Au terme d’un affrontement sportif sanglant, les Avhorois furent sacrés vainqueurs, évitant une nouvelle fois l’éclatement de l’alliance orientale. Depuis, la flotte salvameroise n’a cessé de se renforcer, peut-être en dépit des stratégies avhoroises davantage axée sur les manoeuvres terrestres. Au port de Salvar, deux colossales embarcations se côtoient fréquemment, prêtes à se lancer à l’assaut des ennemis de la Vaste-Mer. Le “Bouclier d’Ébène”, un ancien Atak’Ebunaï ardarosien reconverti sous la bannière de la 1re Division de l’Escroix, jure dans le paysage de la lagune d’Émeraude. Non loin de là, l’imposante frégate blindée “La Gloire d’Adrianna”, gracieusement donnée comme effort de guerre par le Viguier de Havrebaie Joseph Morrigane, l’accompagne. Merveille d’ingénierie apte à tirer des projectiles de horstanium,, la Gloire d’Adrianna est en 380 l’apogée de la technologie navale ébènoise. À la tête de la cité de Salvar règne présentement la comtesse de Salvar et Gardienne du Symposium des Justes Dondalla Acciaro, occupant cependant un rôle plus symbolique que réel. Effectivement, si le pouvoir salvamerois a su contenir les ferveurs républicaines des nobliaux en misant sur la négociation, les fondements du pouvoir n’en demeurent pas moins précaires. Hormis en temps de guerre, la famille régnante s’en remet habituellement à son conseil rapproché afin de prendre les décisions qui affectent la cité. Outrepasser ce pouvoir, bien que possible en théorie, résulterait en une situation de crise, voire de guerre, qu’aucun Salvamerois ne souhaite connaître. C’est donc dans un jeu de pouvoirs quotidien que les conseillers de Dondalla Acciaro tentent de faire pencher la puissante balance de l’Est vers leurs propres intérêts. |
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Carte d'Ébène - Les Arches de l’Orrindhas |
Les Arches de l’OrrindhasGénéralLes arches de l’Orrindhas sont les témoins du lien qui existe entre les dépendances autrefois sous le règne de Salomond l’Avisé et son Protectorat. La première de celles-ci -la plus grande et majestueuse- fut érigée près de Lys d’Or, mais, au fil des années, plusieurs reproductions furent réalisées partout sur le territoire de l’Orrindhas. Bien que la mort du Grand chevaucheur en 341 aie amené certaines dissensions au sein du territoire, les arches qui se dressent un peu partout restent encore des lieux de rencontre pour le Symposium d’Arianne, entité politique qui tente tant bien que mal de maintenir l’unité de la puissante alliance du sud. C’est Jaromond la Conciliatrice, fille de Salomond et épouse d’Étienne Lacignon de Gué-du-Roi, qui incarne actuellement cette union de fait. Ayant réussi à rassembler de nombreux Sarrens et Corrésiens sous sa gouverne, elle est l’une des figures politiques emblématiques de l’Orrindhas et tente jour après jour de briser les dissensions. Tant qu’elle reste en contrôle des arches de l’Orrindhas et par le fait même capable de maintenir le Symposium d’Arianne dans une forme relative, l’héritage de son père Salomond sera conservé. Néanmoins, avec la montée des traditionalistes sarrens et la force économique de certains comtes corrésiens, rien n’est moins certain. GéographieL’Arche de l’Orrindhas fut construite à l’origine en 323 par Salomond l’Avisé afin d’y placer la porte de Porte-Chêne, renommée Porte de l’Orrindhas pour l’occasion. Bien que la porte elle-même n’y soit aujourd’hui plus présente (subtilisée par les Corrésiens tradionalistes en 323 avant d’être donnée à Mordaigne en guise de compromis), l’arche est encore en place, guettant l’entrée de Lys d’Or avec une magnificence rare pour une construction sarren. Depuis cette première arche, d’autres bâtiments similaires furent construits un peu partout sur les grandes routes de l’Orrindhas, normalement plus petites et modestes. Nommons notamment l’Arche Grise qui ouvre le chemin vers les Plaines libres à l’est, ou l’Arche du Céleste qui marque la frontière du Val-de-Ciel et le début de Porte-Sainte. Notons que l’Arche de Mordaigne, où se trouvait la Porte de l’Orrindhas, n’est plus investie de cette fonction depuis la création du Marquisat de Corrèse. Chacune des arches mineures est à l’image de la première, à quelques différences près. Effectivement, l’originale, construite par les artisans du clan Folker et leurs associés, arbore à son sommet les gigantesques statues de deux Sorhinars sacrés braqués. Au-dessus de leurs têtes respectives, une Lune et un Soleil d’argent et d’or rappellent à tous la proximité des Sarrens avec le cycle des saisons. De leurs flancs, des entailles laissant s’écouler des gouttes de sang gravées dans la pierre symbolise le passé belliqueux du peuple sarren et sa nouvelle devise : “Ciel et Sang”. Sous cette arche se tient la grande tente du Conseil des clans et du Symposium d’Arianne. Conçue à partir de milliers de peaux de cerfs, ours, loups et autres bêtes sauvages, elle abrite une table de pierre circulaire capable d’accueillir une centaine de convives. Sous le toit vibrant au rythme des vents balayant les steppes, l’immuable table des chefs du Sarrenhor et de l’Orrindhas rappelle le socle solide sur lequel repose l’apparente volatilité des chevaucheurs. Les arches secondaires élevées à partir de 327 sont à l’image de la précédente, à l’exception près que chaque seigneur acceptant de chapeauter leur construction peut intégrer les symboles régionaux qu’il juge appropriés. Par exemple, l’Arche de Mordaigne, accueillant aujourd’hui les portes du Levant, est coiffée d’une impressionnante balance pesant un chêne d’or et une flamme d’argent. Rappels des armoiries de la famille Rominski, ces statues surplombent la devise familiale gravée dans la pierre : “Faisons rayonner notre héritage”. Aux pieds de l’arche, une agora à ciel ouvert susceptible d’accueillir des centaines de convives porte même ombrage à la première tente du Symposium d’Arianne. Bien que l’Arche de Mordaigne ne soit plus intégrée au réseau des arches du Protectorat, sa confection demeure le glorieux vestige d’un pan de l’histoire corrésienne. Par leurs différences et similitudes, les arches rappellent à la fois aux voyageurs la puissance de l’Orrindhas et sa fragilité. HistoireJamais les Enfants d’Arianne ne furent unis sous une même bannière depuis les antiques ères de l’Illumination. Corrésiens, Sarrens et Valéciens, malgré leurs indubitables points communs, vivaient isolés les uns des autres. Toutefois, au début du quatrième siècle, grâce à un judicieux mélange de diplomatie et de guerre, Salomond l’Avisé accomplit l’exploit de rassembler temporairement les seigneurs de ces régions. À l’issue de la Guerre des deux Couronnes, lors de son élection comme Grand Chevaucheur de l’Orrindhas, il signa tout d’abord un traité avec les clans du Sarrenhor garantissant un respect de leurs droits de justice et de conseil. Par la suite, il institua le Conseil des Clans, une rencontre où les chefs de chacune des régions sarrens pouvaient participer aux décisions concernant les steppes. Quelques années plus tard, avec l’instauration de l’Orrindhas, ce Conseil des clans fut étendu à l’entièreté des terres couvertes par l’Orrindhas, incluant donc les clans originaux en intégrant plusieurs comtes et nobles corrésiens. Le Symposium d’Arianne devint alors le centre du pouvoir politique du sud. Initialement, c’est à Lys d’Or que les rencontres des steppes et, à plus forte raison, du Protectorat de l’Orrindhas au complet avaient lieu. Cependant, en 326, avec l’aggravement de la Guerre de l’Avènement et l’obstination des résistants de Porte-Chêne à refuser de plier le genou devant l’alliance du sud, la décision fut prise de faire élever sous la première arche une gigantesque tente permanente destinée à accueillir le Symposium d’Arianne. Certes, celle-ci se situait encore au coeur des plaines sarrens et à quelques lieues à peine du caravansérail ancestral, mais le déplacement symbolique du Symposium rassura temporairement les détracteurs modérés du projet de l’Orrindhas en Corrèse qui commençaient à suggérer que l’alliance tenait davantage de l’annexion que du partenariat équitable. En 327, le mariage du lieutenant de Salomond l’Avisé, Enosh d’Iscar, avec la seigneur-palatine valécienne fit naître de nouveau des questions au sein de la population de l’Orrindhas. Conscient qu’il ne pouvait rallier trois palatinats autour d’un unique lieu de pouvoir, le Grand chevaucheur ordonna la construction de plusieurs plus petites arches à proximité des axes routiers les plus achalandés du sud. À l’image de la grande tente au pied de la première arche, des agoras couvertes ou à ciel ouvert furent érigées en divers points du territoire. Désormais, les représentants des quatre coins de l’Orrindhas pouvaient convoquer des rencontres en leurs propres terres et donner l’impression à la populace que les provinces étaient aussi importantes que le coeur du Protectorat. Jusqu’à la mort de Salomond l’Avisé en 341, le système décentralisé du Symposium d’Arianne sous les arches fut efficace. Fort d’une réputation sans faille, le Grand chevaucheur détenait l’autorité nécessaire pour accepter ou refuser des convocations et propositions, de même que pour préférer une agora à une autre pour une rencontre particulière. Nul n’osait contester le jugement de l’homme qui, somme toute, portait dignement son nom. Cependant, l’avènement d’Emond, son fils, créa une brisure dans le Protectorat. Incapable de rallier diplomatiquement ceux et celles que son père avait unifiés, il froissa peu à peu ses subordonnés ; refus d’une assemblée à Corrèse, tenue d’une autre près de Porte-Sainte, etc., son manque d’expérience politique et de prestance militaire servait d’armes à ses détracteurs pour lui reprocher chacune de ses décisions. En 354, la faiblesse d’Emond mena l’Orrindhas sur le bord du gouffre. Benjamin, son demi-frère dirigeant les clans Ferres, leva au début de l’hiver une vaste armée afin de marcher sur les Arches de l’Orrindhas et affirmer par la force l’unité du protectorat. Sur son chemin, le belliqueux seigneur de guerre rencontra une résistance mitigée, les factions corrésiennes et sarrens ne parvenant pas à s’entendre sur la répondre à donner à cette agression. Au milieu de l’été, c’est l’arrivée des régiments royaux du Bataillon sacré et de la Garde d’Arcancourt qui empêcha les hordes de Benjamin de s’écraser sur celles d’Emond devant la grande arche. Le Monarque, menant lui-même ses légions, parvint de justesse à faire reculer le chef Ferres et à l’empêcher d’infliger au sud du royaume une nouvelle guerre. Après ces événements, Emond céda à sa soeur, Jaromond, l’autorité nécessaire pour agir en tant que Gardienne du Symposium d’Arianne. Tandis que le Grand chevaucheur resterait en Lys d’Or à ruminer l’état du monde actuel, Jaromond la Conciliatrice, d’ailleurs épouse du fils d’Élémas V Étienne Lacignon de Gué-du-Roi, sillonnerait l’Orrindhas afin de tenir à bout de bras l’héritage de Salomond. En 378, la femme d’âge vénérable approche de la fin de sa vie. Les partisans d’un Protectorat unifié craignent que, avec son trépas prochain, l’alliance connaisse une nouvelle crise interne qui mènerait à son démantèlement permanent. Personne n’est en lice pour lui succéder et, un peu partout parmi les Enfants d’Arianne, des décentralisateurs oeuvrent en coulisses afin de mettre fin au Symposium d’Arianne et au règne représenté par les arches. En 380, l’avènement du Marquisat de Corrèse sonne le glas du rêve de l’Orrindhas tel qu’envisagé par Salomond et ses proches. Bien que le Symposium d’Ariane subsiste, il n’accueille aujourd’hui plus les seigneurs forestiers de l’ouest ébénois. Cela ne marque pas pour autant la fin du Protectorat, qui regroupe toujours les chefs de clans sarrens sous une même bannière. Délestés de participants difficilement accommodants, le Protectorat est désormais libre de développer de nouveaux partenariats qui lui soient plus profitables. Ainsi, des rapprochements s’opèrent déjà avec le Symposium des Braves de Gué-du-Roi, et l’élévation d’une nouvelle cheffe à la tête des Plaines libres est de bonne augure pour une réunification éventuelle des steppes. |
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Carte d'Ébène - Haut Givre et le clan Sannor |
Haut Givre et le clan SannorGénéral“Qu’importe les apparats! Qu’importe la noblesse du sang ou la callosité des mains! Tous nous sommes créatures du Céleste, du bambin drapé de soie au vieux loup de mer. Nous sommes un corps requérant soins et attentions, nous sommes un cœur aspirant à l’amour et à la compassion. Alors que la santé est nôtre, tendons la main à ceux qui, un jour, pourraient nous la tendre en retour.” Éloïse d’Ardor, fondatrice des Oblats hospitaliers Situé au coeur du royaume, le temple-hôpital de Haut Givre est le plus grand complexe hospitalier d’Ébène. Siège du campus d’herboristerie de l’Ordre Médical d’Ébène depuis quelques décennies, ses murs sont la demeure d’un nombre grandissant d’hospitaliers, d’apprentis et de malades tandis que les vastes étendues vierges qui l’entourent laissent place à un bourg vibrant entre les branches du fleuve Augivre, lesquelles emportent au loin le sang des tables de chirurgie. Sous la tutelle du Sénéchal Erwin Bois-Blanc et de la Rectrice Lianne Prévent, il s’agit également de l’un des rares centres urbains de l’Orrindhas, en faisant une halte commerciale prisée des Laurois et des cavaliers des clans du nord et de l’ouest. Quant au clan Sannor, il est mené par Abrasannor dit le Pieux, autrefois connu sous le nom d’Abraham Azraki. Vu comme un allié fervent de la foi célésienne et des installations en Haut-Givre, Abrasannor est un chef de guerre qui sait être violent, répressif et inflexible, mais qui, vieillissant, a tendance à opter pour la paix et à ménager les forces de son clan. GéographieAlliant une architecture de matériaux modestes à la richesse des ornements du clan Sannor, Haut Givre est l’un des très rares centres urbains des steppes de l’Orrindhas et possède un style qui lui est propre. Ses bâtiments de bois et de crépis, tantôt renforcés de pierres importées des Monts Namori, sont surmontés de toitures parées de motifs colorés aux formes géométriques variables. Le bourg trouve en son coeur le temple-hôpital de Haut Givre, un gigantesque complexe de pierres noircies par trois cents ans d'existence où cohabitent édifices religieux et académiques. Trônant jadis seul entre les branches de l’Augivre en tant que chef lieu de la congrégation des Oblats hospitaliers, il s’agit du plus grand et plus ancien centre médical en Ébène. En plus de ces édifices antiques, les cinquante dernières années ont vu l'éclosion de la courtille d’Adèle, vaste réseau de jardins irrigués richement diversifiés et entretenus par les herboristes de Haut Givre qui ne tarda pas à recevoir des éloges de toute part. Profitant du climat tempéré offert par la position centrale du fief dans le royaume, on parvient à y faire pousser des plantes importées d’un peu partout en Ébène, et parfois même d’au-delà des frontières. Occupant les terres septentrionales du clan Sannor, le fief entretient des liens serrés avec ces cavaliers semi-sédentaires tournés vers l’horticulture et le commerce auprès des Laurois. Peu belliqueux en raison de leurs contacts prolongés avec les Oblats et familiers avec leurs terres ancestrales, les chevaucheurs viennent régulièrement échanger des vivres avec les herboristes de Haut Givre, en plus de profiter de la présence de Laurois dans le bourg pour acquérir des biens manufacturés provenant du nord. Ces échanges ont lieu au Carré de la Colombe, grande place publique orbitant autour d’une statue à l’effigie de Théonia 1re, qui sert depuis plusieurs générations déjà de terrain d’entente entre ces ennemis de naguère. Le pacte du vin y est quotidiennement célébré par le Sénéchal afin de placer le lieu sous le regard du Céleste et d’encourager les commerçants qui y montent leurs échoppes à se garder de toute effusion de sang. En plus de ceux qui viennent s’adonner à des activités mercantiles, nombreux sont les chevaucheurs du clan Sannor à opter pour la sédentarité dans l’agglomération en plein développement. Si cette pratique n’est pas critiquée par les Sannor, ce n’est un secret pour personne qu’elle attire l’ire des clans plus traditionalistes des steppes de l’Orrindhas. HistoireLe premier siècle de l’ère royale aboutit sur un conflit de grande ampleur opposant les palatinats du nord à ceux du sud. De ces luttes fratricides, qui prendraient plus tard le nom de Première Guerre du Givre, devait naître l’histoire d’Éloïse d’Ardor et des Oblats hospitaliers. Veuve roturière de la frontière septentrionale du Sarrenhor, Éloïse entreprit d’offrir soins et réconfort aux victimes des deux camps après que les affrontements lui aient tout enlevé hormis sa foi. Au terme du conflit, sa réputation était telle que la princesse Théonia Ire, qui ne pouvait prendre parti dans les luttes opposant ses vassaux, décida néanmoins de faire une généreuse donation afin de se porter garante des bonnes oeuvres de la première prieure hospitalière. De ce don naquit Haut Givre, premier temple-hôpital d’Ébène, qui porte depuis le leg d’Éloïse d’Ardor et veille à prodiguer soins et rites funèbres à tous ceux et celles qui, peu importe leur rang ou leurs allégeances, cherchent remède aux mots de leurs corps et de leur âme en des heures difficiles. Servant d’abord de quartiers généraux aux pieux médecins qui succédèrent à Éloïse d’Ardor, Haut Givre s'affirme rapidement en tant que haut lieu de savoir religieux et académique dans le royaume. Bénéficiant de généreuses donations, le siège du prieur croît rapidement pour devenir la première instance en terme de savoir médical du royaume. Ce n’est qu’en 322, au terme du conclave historique tenu en ses murs, lequel vient sceller l’union de la Compagnie du Heaume aux Oblats hospitaliers, que le temple-hôpital d’Haut Givre perd son titre de chef lieu congrégationnel au profit d’Arcancourt. Néanmoins, ce chapitre de la Compagnie hospitalière conserve une valeur symbolique significative en tant que lieu d’union des congrégations, devenant un lieu de pèlerinage prisé de ses fidèles. Soucieux de la pérennité du fief et de la conservation de son savoir médical, Rosanne Lonfroy et Childéric des Martial, tous deux des artisans de l’union de leurs congrégations, ouvrent en 323 les portes du temple-hôpital aux herboristes laïques d’Adèle Chevignard afin de faire d’Haut-Givre le plus grand campus de l’Ordre Médical d’Ébène. Jouissant de sa position centrale au coeur d’un réseau de cloîtres de quarantaine, du don d’une part significative de la dîme recueillie par le Conseil de la Foi, et des efforts communs déployés par clercs et laïcs, Haut-Givre sut assurer sa primauté médicale en plus de jouer un rôle d’avant-plan dans l’endiguement de la Peste sanglante. Aujourd’hui, Haut Givre accueille en ses murs des herboristes issus de tous horizons. Clercs ou laïcs, riches ou pauvres, tous doivent d’abord prouver leur dévouement en se faisant apprentis. Durant cette période, l’herboriste en devenir doit parfaire ses connaissances médicales et prouver sa valeur à un hospitalier qui acceptera de le prendre sous son aile. Sous la supervision de ce dernier, l’apprenti devra montrer sa maîtrise des arts médicaux et apporter une contribution nouvelle au savoir académique de Haut Givre. Ce faisant, il pourra prendre le serment d’Ardor, vouant sa vie au soin des indigents sur les saintes reliques d’Éloïse d’Ardor, un rite marquant son accession au titre d’hospitalier. Le conclave des hospitaliers, se réunissant fréquemment au chapitre du temple-hôpital, peut discuter des nouvelles avancées médicales, rejeter des théories et élir un Recteur parmi ses membres. Ce dernier est chargé de la supervision des activités académiques, et il est responsable de l'entretien des relations diplomatiques avec les autres entités du royaume. Bien que le Recteur ne soit pas à proprement parler le dirigeant de l’Ordre Médical d’Ébène, il jouit d’un prestige supérieur à celui de ses pairs de par l’importance du temple-hôpital. Si les écoles de pensées sont nombreuses au sein du conclave des hospitaliers, deux d’entre elles ont su se distinguer lors des dernières années. Les Ardoristes, aux tendances cléricales, soutiennent que le serment d’Ardor doit être modelé sur les voeux du paladin pour être garant de la véritable vocation des docteurs de Haut Givre. Les Converts, regroupant davantage de laïcs, maintiennent quant à eux que la foi ne doit pas obstruer la promotion du savoir médical. Chacune de ces écoles trouve respectivement des appuis non-négligeables auprès des médecins de Fondebleau et de Gué-du-Roi. De plus, le conclave reçoit annuellement la grande disputation de l’Ordre Médical d’Ébène, lors de laquelle les médecins des autres campus sont appelés à venir défendre le fruit de leurs recherches auprès de leurs pairs. Si cette rencontre annuelle parvient à affirmer la place de Haut Givre dans les activités de l’Ordre, elle ne fait rien pour atténuer les divisions entre ses propres membres. Jusqu’en 380, la Rectrice fut Radya du clan Sannor, une ancienne chevaucheuse dont la jambe droite fut amputée lors d’une bataille et qui a élu de se faire hospitalière après avoir été soignée à Haut Givre. Malgré son infirmité, elle était connue comme étant une savante hyperactive. Dotée d’un tempérament aventureux, la Rectrice fut à l’origine de nombreuses expéditions visant à découvrir de nouvelles plantes en des endroits reculés du royaume. Si certains lui reprochaient ses absences fréquentes, clamant qu’elle ne faisait que fuir les débats du conclave, aucun ne pouvait remettre en cause son apport au savoir médical. En 379, dame Radya accepta toutefois l’audacieuse approche des Pharmacies de Sabran qui aspiraient à établir dans le temple-hôpital un comptoir marchand. N’empiétant aucunement sur les prérogatives traditionnelles de la Rectrice, ce comptoir offrait aux nombreux amputés de la région des prothèses nouveau genre susceptibles de révolutionner la médecine ébénoise. Cependant, au printemps 380, envoûtée par les discours mystiques d’une herboriste du nom de Dorottya, Radya abandonna son poste afin de s’adonner à un pèlerinage sacré au Mont Oti, au Sarrenhor. Plusieurs tentèrent de la dissuader de cette entreprise, mais la dame se butait à suivre les voies métaphysiques héritées des écrits du Témoin Ferval. À la suite de tractations entre les Pharmacies de Sabran et l’intendante du comptoir de la Banque libre à Haut-Givre, Lianne Prévent, Radya fut alors officiellement destituée et remplacée par un nouvel organe du pouvoir. Dame Prévent, élue Rectrice, devrait oeuvrer de pair avec un conseil de soigneurs et de spécialistes de l’Ordre médical d’Ébène, les champs de compétence de chacun étant désormais méticuleusement définis. Le Temple-Hôpital abandonnait les traditions anciennes au profit du progrès rationaliste. Bien que la Rectrice soit à la tête des activités de l’Ordre Médical d’Ébène à Haut Givre en compagnie du conseil d’experts, la gestion du fief est toujours assurée par le Sénéchal du chapitre de la Foi de la région, lequel veille à la bonne conduite des académiciens, au respect des moeurs célésiens et à l’administration des rites funéraires. Travaillant de près avec les autres chapitres du royaume, le Sénéchal de Haut Givre est à même d’approvisionner le campus d’herboristerie en ressources issues des quatre coins d’Ébène, faisant jouir l’académie du réseau tentaculaire de la Foi. Celui-ci a également à sa charge un certain nombre de pieux-médecins itinérants, tradition issue des anciennes pratiques hospitalières, lesquels sont fréquemment déployés auprès de l’armée royale. Le Sénéchal actuel est Erwin Bois-Blanc, un ancien paladin errant d’origine cassolmeroise reconnu pour son âme charitable et son manque d’étiquette. |
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Carte d'Ébène - Île-aux-Ancêtres et le clan Edar |
Île-aux-Ancêtres et le clan EdarGénéralHéritiers directs d’Edarianne, fille de la mythique Arianne qui colonisa le sud d’Ébène, les chevaucheurs du clan Edar semblent vivre hors du temps. Depuis des siècles, leur existence s’écoule au gré des saisons dans les plaines confinées entre le grand lac des îles vierges et les Monts Namori. Entre ciel, terre et eau, ces cavaliers préfèrent la contemplation mystique des astres aux pillages et tractations politiques. Le voyageur ne trouvera que peu d’alliés et de sources de financement dans cette région, mais il fera la connaissance d’hommes et de femmes profondément spirituels et près des éléments. En 378, c’est Emdar, fils de Maedar, qui guide le clan et les sous-clans du territoire à travers les épreuves d’un royaume en pleine mutation. S’il retient de l’esprit farouche de sa mère, il semble aussi faire preuve d’une soif de savoir insatiable probablement léguée par son père inconnu. GéographieCe n’est que par la rigueur et la férocité de leur caractère que le clan Edar en vint à contrôler l’une des plus fertiles vallées de l’Orrindhas cachée entre les monts Namori et le grand lac des iles vierges. Cette vallée revêt un caractère sacré pour ce clan qui y voit la double présence des astres qui guident leur chevauchée. L’élancement vers les cieux des pics escarpés des Monts Namori au sud, et le reflet de la voûte céleste dans les eaux du lac aux îles vierges au nord, sont à leurs yeux des symboles spirituels reliés par la rivière au mille reflets qui divise la plaine en deux. Pour eux, cette dernière crée un lien entre ces deux lieux saints, entre la terre qu’ils chevauchent et ciel où cavalent leurs étoiles et aïeux qui guident leur course. Ils en sont donc venus à nommer l'île qui borde l’embouchure de la rivière aux mille reflets “Île-aux-Ancêtres”. C’est en cet endroit qu’ils s’y rassemblent à chaque grande célébration des Sept Chevaucheurs Céleste et à toutes autres occasions dignes d'être marquées dans la mémoire du clan. C’est aussi là que se rassemblent les représentants des sous-clans du territoire pour y tenir conseil chaque fois que jugé nécessaire par le seigneur des Edar. Bien que quelques bosquets épars bordent la vallée de la rivière aux mille reflets, c’est à l’est de celle-ci que l’on retrouve les terres les plus fertiles et giboyeuses réservées au chef du clan, Emdar fils de Maedar, qui y établit son imposant bivouac de tentes rondes en perpétuel mouvement selon la saison, tel que le veut la tradition. Sur la rive ouest s'étendent des plaines plus clairsemées et ce jusqu’au bras le plus méridional de l’Augivre, idéales pour l’élevage du Sorhinar sacré. Sur la pointe ouest de la plaine est érigé la modeste abbaye de la Rédemption ayant jadis appartenu à Abraham dit le Gardien, ancien zélote de la Garde Céleste ayant renié son ordre puis ayant été condamné au bûcher. L’abbaye demeure néanmoins visitée par nombre de fidèles, ne serait-ce que pour sa proximité d’avec la route menant vers Haut-Dôme. Ce sobre temple est en partie construit sur un promontoire rocheux naturel et a ceci de particulier que son dernier étage ne comporte pas de toit afin, dit-on, de faciliter la communion avec le Céleste et de mieux se laisser guider par l’éclat des astres. Ces mêmes astres, selon les Edar, sont les cadeaux du Très-Haut qui seraient les lumières des âmes de leurs ancêtres censées guider leur chevauchée aux heures les plus sombres. Les Edar sont davantage renommés pour la droiture de leur morale et leur profonde spiritualité que pour leur commerce. L’une des rares exceptions à cette généralité est le fameux élevage de Sorhinars sacrés appartenant à la horde de Theodar Ivarson, premier fils adoptif de Maedar Ivarson. Celui-ci tient ses techniques et son art du dernier Oracle aurésien lui-même, Nuro Ivarson, qui avait été dégoûté par les fourbes manoeuvres de la cour princière et s’en était détourné pour vivre une vie pieuse et paisible de prêcheur dans les plaines. C’est d’ailleurs dans ces mêmes plaines à l’est de la rivière aux mille reflets que le vieil homme maintenant entouré de ses propres disciples a habitude de faire chevaucher sa fière horde de Sorhinars. Partageant ses profits avec le reste du clan, il ne garde que peu pour lui-même, suivant l’exemple de son maître. HistoireChérissant leur liberté de chevaucher où bon leur semble, les descendants d’Edarianne ont grandi dans l'âpreté d'une vie rude et austère où les dons du ciel et de la terre, père et mère de la race sarren, sont autant de grâce qui se doivent d'être honorés par les plus méritants. Ainsi se doivent-ils d'être chèrement gagnés puis ardemment défendus par chaque membre du clan. Telle est la philosophie du clan Edar qui, au fil des siècles, acquit une réputation de rectitude morale et spirituelle sans égal dans l’Orrindhas. Réclamant par la seule férocité de sa volonté les précieux dons des terres qu'il domine, il est parvenu à contrôler depuis bien avant le Sang’Noir et l’ère royale la fertile et fort convoitée vallée cachée entre les Monts Namori et le grand lac des îles vierges, au sud des steppes. Très attachés aux anciennes traditions sarrens, les Edar n’ont jamais vu d’un très bon oeil le métissage. Ainsi ont-ils d’abord rallié en 322 la cause des Plaines libre menées par les Vors lorsque Salomond l’Avisé choisit de s'allier à Corrèse. Finalement, à la suite de ce qu’il considérait être comme de multiples trahisons des Vors, le clan se tourna vers le Protectorat de l’Orrindhas l’année suivante. Effectivement, en 333, directement concernés par la présence de contrebandiers de la drogue du Crépuscule à Haut-Vignoble, les chevaucheurs des Plaines libres organisèrent à l’automne un assaut coordonné sur les criminels. Supportés par Maedar du clan Edar et les milices Hirondelles installées chez les Ferres, Xalos dit le Tatou et Vera dit le Carcajou prirent la tête d’un millier de cavaliers pour raser les quartiers généraux des malfrats. Ceux-ci se heurtèrent après quelques jours à peine à une résistance inattendue de la part de mercenaires embauchés à grands frais aux quatre coins du royaume. Parmi eux, on comptait même ironiquement des guerriers renégats siludiens ayant déserté la cause de Ferval. À l’issue de quelques escarmouches coûteuses, Xalos et Vera conclurent une entente avec les contrebandiers : si ceux-ci cessaient la distribution de drogue dans les Plaines libres et accordaient un tribut annuel aux communautés de la région, ils pourraient rester sur place. Les meneurs du cartel acceptèrent évidemment l’offre, au grand déplaisir de Maedar. Trahie par ses voraces alliés, la chevaucheuse regagna Lys d’Or afin de combattre politiquement les criminels avec l’aide du Protectorat de l’Orrindhas. Après ces événements, Maedar utilisa ses contacts et ses ressources pour mener une traque sans pitié envers les trafiquants. Sa lutte fut poursuivie par son fils Emdar. Ses efforts furent récompensés à la suite de plusieurs exécutions publiques exemplaires de part leur brutalité, tant pour les consommateurs que pour les revendeurs, qui firent chuter drastiquement son trafic. Fier de ce succès, il entreprit jusqu’en 345 de harceler les quelques bandes du clan des Vors vivant sur la frontière est des plaines des Edar et sympathiques au duché Fel et Ferval. Au lendemain de la Guerre de l’Avènement, la menace directe d’une invasion repoussée, les Edar connurent l’une des rares crises de succession de leur histoire. Jusqu’à ce moment, Emdar avait pris sur lui de mener les hordes hors des frontières. Toutefois, celui-ci avait un frère -Théodar le prêcheur éleveur de Sorhinars- et trois cousins sujets à prétendre au statut de seigneur du clan. En 347, honorant les anciennes traditions de primauté du sang, les cinq prétendants menèrent donc une course qui les mena jusque dans les Gorgias, à l’extrême-limite sud des territoires ébénois dans les Monts Namori. Après des semaines de chevauchées et une difficile ascension des montagnes, ce fut Emdar qui, sans bavure, remporta la compétition et prouva que son sang bâtard était tout aussi teinté de la férocité de sa mère Maedar. Plus encore, non seulement fut-il le plus rapide à compléter le trajet proposé, mais il rapporta avec lui à l’Île-aux-Ancêtres le majestueux panache d’un cerf blanc rencontré sur sa route. Lors des décennies suivantes, Emdar eut deux fils et une fille. Le benjamin, Olidar, choisit de suivre les enseignements de Théodar et devint un éloquent prêcheur vantant les mérites d’une vie ascétique et pieuse au service du Céleste et de l'élévation des âmes perdues. Sa fille, Vaedar, quant à elle, partit visiter sa grande tante Ananké, disciple toujours fervente des Vérités originelles de Ferval. Malgré la colère que cela déclencha chez son père qui craignait que les théories blasphématoires de cette disciple de Ferval n'attirent des ennuis à sa fille, Vaedar se mit sous la tutelle d’Ananké. Toutefois, en 357, sentant venir la grande purge, c’est une Ananké vieillissante qui convainquit sa nièce de retourner avec ses vieux amis dans les plaines des Edar où ils pourraient poursuivre leur authentique oeuvre de contemplation des vérités métaphysiques de ce monde. En 378, le clan des Edar, fidèle à l’extrême aux traditions ancestrales, semble être figé dans le temps. Toujours mené par Emdar fils de Maedar, il refuse, malgré sa sympathie envers les idéaux du Protectorat de l’Orrindhas, d’ouvrir ses frontières et d’altérer ce qui constitue selon ses chevaucheurs la mémoire de leur mère Edarianne. Certes, le monde change : la poudre à canon transforme les champs de bataille, les machines à vapeur rendent supplantent les chevaux et les seigneurs de guerre cèdent leurs place à des comtes et ducs. Cependant, la voûte étoilée, unique source de vérité en cette existence, continue guider inlassablement, de saison en saison, les rites et contemplations des Edar. |
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Carte d'Ébène - Lys d'Or et le coeur des plaines |
Lys d'Or et le coeur des plainesGénéralLieu du pouvoir d’Émond, Grand Chevaucheur de l’Orrindhas, Lys d’Or est le centre historique du Sarrenhor. Grande cité de tentes, de maisons longues et de tours de gardes, les chevaucheurs sarrens et les guerriers corrésiens y côtoient des voyageurs de partout. Autrefois centre politique et économique du Sarrenhor, Lys d’Or a perdu beaucoup de sa grandeur lors des dernières décennies. Les routes commerciales qui la traversent ne sont plus maintenant que des haltes avant Mordaigne et son Arsenal, et les rencontres politiques se déroulent sous les Arches, non plus sous la tente du Grand Chevaucheur. Néanmoins, la cité reste une capitale d’importance, symbole des forces républicaines d’autrefois et de la puissance militaire des Fils et des Filles d’Arianne. La présence de l’Ordre de l’Orrindhas, des chevaliers répondant directement aux ordres du Grand Chevaucheur, confirment que Lys d’Or ne se laissera pas oublier. GéographieEn bordure des eaux noires du Grand Lac des Îles vierges bourdonne nuit et jour l’ancestral caravansérail des plaines, Lys d’Or. Plus vaste cité du Sarrenhor reconnue comme le lieu du pouvoir de l’Orrindhas, Lys d’Or trouve ses origines dans les ères précédant l’arrivée du premier Roi-Prophète, au début de l’ère royale. De tout temps, les Sarrens furent en grande partie nomades, leur territoire étant parsemé de lieux de repos, de relais, de havres marchands et de fortins. Lys d’Or est tout cela, et plus encore. Véritable forêt de tentes, de maisons longues et de tours de guets, Lys d’Or est une vision étrange pour qui vient d’ailleurs. Les habitations permanentes y sont rares bien que certainement présentes, et quiconque revient dans la cité quelques années après l’avoir quittée verra ces rues redessinées au fil des arrivées et des départs. Seul le Fort des Vents trône tout au centre de la cité. Place forte et demeure des palatins depuis toujours, il s’agit d’un grand fort de bois et de pierre, peint aux couleurs du clan des Monds. Haut de plusieurs dizaines de mètres, il surplombe la cité aux alentours avec une majesté certaine. L’Oasis d’argent, équivalent d’un quartier marchand et centre de négoce, est le seul endroit qui semble bâti pour durer, outre le Fort des Vents. Établi non-loin de l’Arche, il s’agit d’un énorme caravansérail où l’on retrouve des produits des quatre coins d’Ébène, et parfois d’au-delà. Autour de cette énorme place, des maisonnettes de marchands côtoient les tavernes et les lieux de fêtes. Bâties par les habitants des autres palatinats venus s’établir pour affaires, il s’agit d’une ville dans la ville, où les architectures diverses se côtoient en créant un paysage coloré et disparate. Bien sûr, il est impossible de parler de Lys d’Or sans mentionner l’Arche de l’Orrindhas qui trône fièrement à l’entrée sud-ouest de la ville. Érigée par l’architecte Rodérik Folker du Clan Ferres à l’époque de Salomond l’Avisé il y a plus de cinquante ans de cela, il s’agit d’une énorme arche de pierre finement ouvragée marquant l’entrée de la cité. De fines gravures en parcourent les murs, retraçant l’histoire des Sarrens à travers les âges. Finalement, depuis l’avènement du Grand Chevaucheur Salomond l’Avisé au début du quatrième siècle de l’ère royale, les communautés des îles d’Arar, sur le Grand Lac des Îles vierges, ont officiellement rejoint le giron de Lys d’Or en tant que dépendances de la capitale de l’Orrindhas. Le principal haut-lieu de la région est le hameau de Plage-aux-Vierges, une vaste étendue sablonneuse bordant l'île d'Orislav et débouchant sur de grandes plaines fertiles où poussent la lavande et le fenouil. Contrairement aux autres chevaucheurs des steppes, les habitants du Grand Lac sont plus réticents à quitter leurs terres pour aller vagabonder et se concentrent sur le travail de la terre et la récolte. C'est sur les rives de cette plage que fut bâtie le château de Sarah-sur-Mer, une modeste construction en place depuis des générations et dont les origines sont perdues dans les livres d'histoire. Les légendes locales racontent qu'elle fut érigée avant le Sang Noir, de la main d'un noble fou amoureux. Vivant lui-même une idylle amoureuse avec la corrésienne Abigaël Tesar, Salomond l’Avisé restaura le bastion afin d’en faire la principale place-forte du sud des plaines. HistoireLys d’Or est depuis toujours le chef-lieu du Clan des Monds. Capitale du Sarrenhor, elle est l’une des rares villes permanentes d’une telle ampleur présente sur les plaines et fut de tous temps le lieu de rassemblement des chevaucheurs des différents clans. Sous le règne de Salomond l’Avisé et tout au long de la Guerre de l’Avènement, la cité crut en taille et en puissance, devenant l’un des principaux bastions de la force républicaine. Instaurant l’Ordre de l’Orrindhas, Salomond réussit en effet à rassembler une force militaire certaine, plus stable que ce que le Sarrenhor n’aie jamais connu. Sous les ordres de Karislav le Maelstrom, puis de Léandre de Haute-Sève, l’Ordre était composé de soldats corrésiens comme sarrens, chargés de maintenir la sécurité des frontières de l’Orrindhas ainsi que la paix intérieure. À la suite de la mort de Salomond et d’Abigamond, c’est leur fils aîné, Émond, qui fut nommé Protecteur de l’Orrindhas. Reprenant les rênes de la guerre, il dut éventuellement plier le genou devant les forces royalistes d’Yr. Négociant de près les traités, Émond réussit tout de même à sauvegarder l’Orrindhas en tant qu’entité politique et l’Ordre de l’Orrindhas en tant que force militaire. De nos jours, c’est encore Émond, fils du célèbre Salomond l’Avisé et âgé de plus d’une soixantaine d’années, qui règne en théorie sur l’Orrindhas. Néanmoins, son pouvoir est divisé. À Mordaigne, les descendants de Lana Rominski et de Casimir d’Iscar, autre fils de Salomond, contrôlent le commerce, soutirant les importantes richesses qui transitaient auparavant sur Lys d’Or. Politiquement, les clans et les comtes des steppes ne le soutiennent plus, ceux-ci étant rassemblés autour de Jaromond, fille de Salomond, ou étant davantage intéressés par leurs querelles et leurs terres que par leurs voeux envers le Grand Chevaucheur, clamés il y a si longtemps, bien avant la guerre. Enfin, quelques traditionalistes sarrens rassemblés autour d’une cheffe de guerre du nom d’Aliyah reprirent il y a quelques années les pillages en remettant en cause les descendants de Salomond. Issue de Benjamin, enfant bâtard du fondateur du Protectorat, et d’une alliance avec les Aerann, elle tente de reprendre le contrôle de ce qui reste de l’Orrindhas, soutenue par la monarchie d’Yr. Seul l’Ordre de l’Orrindhas, l’une des grandes puissances militaires du royaume après l’armée royale, reste entièrement sous le contrôle du Protecteur, gardant encore en vie les espoirs d’un vieux républicain. Dans la cité d’Yr, l’existence de cette “garde personnelle” de grande ampleur est d’ailleurs un tabou parmi les courtisans. En raison de sa taille et de sa puissance latente, aucun souverain ne souhaite réanimer la flamme de l’unité de l’Orrindhas. Même si, théoriquement, toutes les légions ébénoises se doivent d’être parties prenantes des armées royales, Yr préfère laisser le vieil Emond cuver sa nostalgie avec ses chevaliers d’antan. Néanmoins, de temps à autre, afin de satisfaire la soif de gloire et de pillage de ses chevaucheurs, le Grand Chevaucheur accepte de mettre sous les ordres de la Table des Stratèges de la cité d’Yr ces guerriers, apaisant de ce fait les monarchistes centralisateurs. **Résumé des liens entre PNJ de l’Orrindhas**
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Carte d'Ébène - La Rencontre du Scorpion et les Plaines libres |
La Rencontre du Scorpion et les Plaines libresGénéralLa Rencontre du Scorpion est un énorme caravansérail fortifié servant de lieu de rencontre et de pouvoir aux clans des Plaines libres. Fidèle aux traditions de pillages des Vors et de leurs alliés, on y retrouve nombre de chevaucheurs préparant leurs raids, mais aussi plusieurs marchands cherchant à acquérir à bon prix les butins de guerre. S’opposant toujours farouchement à l’idéal unificateur -et contraignant- du Protectorat de l’Orrindhas, les Plaines libres maintiennent fermement leurs traditions guerrières. Au-delà de l’appât du gain, cette soif de pillage témoigne surtout d’un profond besoin de liberté. Guidées jusqu’en 380 par Friedvors, petite-fille d’Askavors, les Plaines libres étaient relativement prospères considérant l’âpreté de leurs territoires. Fournissant un Régiment royal au pays, elles avaient la légitimité pour mener en parallèle leurs raids et servir en tant que mercenaires dans les divers conflits régionaux d’Ébène. Or, cette même année, Narantse Sukhbataar, cheffe d’un sous-clan des Vors, se souleva contre l’autorité de Friedvors et la vainquit sur le champ de bataille et s’empara de son titre, s’attribuant le nom de Narantvors. Depuis, la seigneuresse de guerre tente de faire sortir les Plaines libres de leurs traditions de pillards, allant jusqu’à entreprendre des rapprochements avec le Protectorat de l’Orrindhas. Son mariage avec Lauryavolund, fille du chef de clan Volund, et son interdiction de pillage à l’intérieur des frontières du Sarrenhor et auprès des caravanes protégées par le clan ne sont que quelques indices de cette volonté. GéographieLes Plaines libres sont à la fois constituées de frontières immuables et flexibles. Au nord-ouest, c’était invariablement à la Rivière Rouge -qui tire son nom des rixes sanglantes entre les clans- que s’arrêtaient leurs terres. Ne souhaitant pas courroucer le Protectorat de l’Orrindhas débutant au-delà de ce cours d’eau, les chevaucheurs Vors se gardent bien de le franchir. Toutefois, depuis quelques décennies, plusieurs clans mineurs du sud du clan Ferres, au-delà de la rivière, ont confirmé leur adhésion aux Plaines libres, étendant au-delà de l’affluent leurs zones d’action. La situation est la même au sud où quelques cohortes du clan Edar à l’est se sont jointes aux Vors. Ainsi, désormais, la frontière occidentale des Plaines fluctue entre la Rivières rouge et le grand lac aux îles vierges. À l’est, ce sont les plaines de Caderyn et les forêts de l’Académie populaire en Findest qui freinent la progression des chevaucheurs. Cependant, celles-ci n’ayant ni rivière, ni montagne, pour indiquer clairement la fin des terres des Plaines libres, il n’est pas rare que les deux peuples se querellent violemment pour des questions frontalières. Heureusement, au sud, le pied des Monts Namori ne laisse aucun doute sur la fin des possessions Vors. Le lieu central des Plaines libres est assurément à la Rencontre du Scorpion, au coeur des terres et siège du pouvoir de Narantvors. Les voyageurs sillonnant la région sont toujours impressionnés, et vaguement surpris, qu’un tel endroit ait été établi au beau milieu des Plaines Libres. Effectivement, la région est reconnue pour ses terres marécageuses, ses pluies régulières et, de manière générale, son ambiance inhospitalière. Pourtant, sertie au milieu d’un amas de collines comme un grenat dans la boue, se trouve cet énorme caravansérail. Bâti comme un grand fortin ouvrant sur une cour pouvant accueillir plus d’un millier de guerriers et leurs chevaux, des tentes y sont installées à l’année, et quelques rares marchands ou bandes y entretiennent des baraques permanentes enfoncées dans les murs. Une énorme tour faisant presque cinquante mètres de haut trône au beau milieu de la cour. Servant à la fois de tour de guet pour surveiller les alentours et de phare permettant de guider les voyageurs, il s’agit de l’une des rares constructions de pierre des Plaines Libres. On raconte que les gardiens de cette tour y vivent en permanence, de génération en génération, et qu’aucun d’entre eux n’en est jamais sorti depuis plusieurs centaines d’années. Ponctuellement et au gré des saisons, la “Caravane” comme on l’appelle s’installe plus ou moins près de la Rencontre du Scorpion. Constituée essentiellement des cavaliers du Régiment des Plaines libres, la Caravane ne reste jamais en place. Ce nomadisme librement choisi vise à garder les soldats à l’affût, de même qu’à éviter de parasiter de façon permanente l’une des régions des plaines. Initialement composée exclusivement de guerriers, cette Caravane a gagné en importance au fil des années lorsque des forgerons, palefreniers, négociants, marchands de plaisirs et autres marchands et artisans de la guerre s’y greffèrent. Au sud du territoire, seule trace d’une quelconque religiosité chez les Vors, se situe le Bois des Serres. Celui-ci est l'un des rares emplacements ayant une forte densité végétale. Plus près de la savane que du terrain désertique habituel des Plaines Mortes -autre nom attribué aux terres des Vors, le Bois des Serres porte son nom en raison de ses longs arbres secs et tordus aux branches acérées rappelant des serres cherchant à agripper les cieux. Les Vors étant un clan résilient et combatif, un tel environnement ne semble toutefois point leur faire peur. Au contraire, au fil des siècles, ils aménagèrent dans les bois l'Oasis de l'Unification, un hâvre de verdure et de "paix" où les premiers clans sarrens furent unis sous la bannière du Roi-Prophète contre le Sang Noir, sonnant ainsi la création du palatinat du Sarrenhor. En ce lieu, la vie y est austère et simple, mais nul n'y est malade ou malheureux. La rigueur et le sacrifice faisant partie du mode de vie hérité de l’ancienne congrégation des Aurésiens, ce sont essentiellement des ascètes et ermites à la recherche d’une quelconque vérité contemplative qui fréquentent le Bois des Serres. Enfin, à l’ouest de la Rencontre du Scorpion gisent les ruines de l’ancien clan Sukhbataar, ravagé par le clan Ferres lors de la guerre de succession de 380. Si les tentes calcinées et les corps démembrés furent dégagés et immolés selon les rites célésiens, Narantvors, pourtant héritière de ce regroupement, ordonna l’érection symbolique de dolmens en l’honneur des défunts. Sur les pierres grises importées des Monts Namori, au sud, des gravures relatent le récit des affrontements et soulignent le sacrifice des victimes des massacres. HistoirePeuple renfrogné et sévère, la clan des Vors hante les cauchemars de nombreux Ébénois. Confrontés aux rigueurs de plaines beaucoup moins fertiles et hospitalières que celles trouvées à l’ouest de la Rivière Rouge, ces chevaucheurs n’eurent d’autres choix au cours de leur histoire que d’aller chercher leur pitance chez leurs voisins. Au fil des siècles, l’agressivité et le pillage imprégnèrent chaque sphère du mode de vie des Vors, faisant d’eux de véritables bêtes de guerre. S’il ne conviendrait pas de recenser l’ensemble des outrages qui écorchèrent ses relations avec ses voisins, il est intéressant de noter que le clan a toujours entretenu des liens houleux avec ses propres frères et soeurs sarrens. Tour à tour vassaux, indépendants ou ennemis, les Vors n’ont que rarement été à leur place au sein du peuple des steppes, et ceux-ci leur rendaient bien. On raconte que tous les Grands chevaucheurs du Sarrenhor auraient un jour espéré ramener ces farouches guerriers en leur giron pour de bon, mais que tous s’y seraient cassé les dents. On ne peut maîtriser la bête sauvage, et bien sot est celui qui s’en approchera trop. Au début du quatrième siècle, le schisme entre Vors et le Sarrenhor devint néanmoins plus marqué. En 285 survint la Deuxième Guerre du Follet opposant le Val-de-Ciel au Sarrenhor et ayant pour objet de litige une taxe d’un follet pour tout pèlerin passant sur les terres des Vors afin de se rendre dans les Monts Namori. Les Vors, confrontés aux armées de la congrégation de la Compagnie du Heaume et d’une partie du Val-de-Ciel, menèrent alors une campagne d’attrition sanglante. C’est sur les berges de la Rivière Rouge que le meurtrier conflit se termina lors d’un duel entre Hugues des Martial -Commandeur de la Compagnie du Heaume- et Xoriavor, seigneur des Vors. Des Martial parvînt alors à occire son adversaire, mais mourut peu après de ses blessures. Néanmoins, l’issue de la guerre était scellée et les Vors, humiliés, devaient abandonner leurs prétentions sur les routes de pèlerins. Après cette tragique guerre, la fragile paix dans le Sarrenhor fut maintenue par un homme valeureux aux idéaux chevaleresques : Wenceslas des Plaines. Des années durant, il sillonna les steppes, tel un paladin de légende, afin d’empêcher tout nouveau conflit fratricide. Or, les bonnes oeuvres du chevalier errant atteignirent leurs limites lorsque son écuyer, Zygfry dit le Vautour, lui-même un Vors, décida de relancer les hostilités à la demande du nouveau seigneur du belliqueux clan Yvors. En 316, alors que la Guerre des deux Couronnes débutait, les Vors délaissèrent le ban du Sarrenhor qui prenaient d’assaut Corrèse pour plutôt attaquer par surprise le Val-de-Ciel et les quartiers généraux de la Compagnie du Heaume à Porte-Sainte et Arcancour. Ceux-ci en revinrent riches et puissants alors que le reste du palatinat s’épuisa dans une interminable guerre contre les Corrésiens. Ce bris de leurs serments d’honneur heurta profondément les chevaucheurs de l’ouest qui, dès cet instant, se méfièrent des chaotiques cavaliers de l’est. En 322, après plusieurs tractations en apparence cordiales, ils renouèrent avec leur félonie pour fomenter une rébellion contre Lys d’Or. S’alliant temporairement aux clans Edar et Ferres, ils renversèrent et assassinèrent le Grand chevaucheur de l’époque, Sigismond le Vif. À sa place, ils proclamèrent unilatéralement comme seigneur de guerre un prétendant au trône des steppes, Ghoran, tandis que les Sarrens de l’ouest nommaient leur propre chef en la personne de Salomond l’Avisé. Cette double nomination acheva de sceller la destinée du Sarrenhor en scindant les steppes en deux : Sarrenhor à l’ouest de la Rivière Rouge et Plaines libres à l’est. Au fil des ans, cette autonomie fut cultivée, au travers des efforts d’Askavors, dit le Scorpion. Cheffe du Clan des Vors depuis plusieurs années, elle se bâtit une réputation de guerrière impitoyable, de mercenaire redoutable et d’ennemi implacable. Lors de la Guerre de l’Avènement, préférant rester en ses terres afin d’assurer le moral des troupes et de la populace, elle confia à Xalos dit le Tatou et Vera dit le Carcajou, deux impitoyables chefs de guerre, le commandement des armées Vors à l’extérieur. Des années durant, ceux-ci enchaînèrent les victoires contre les forces royalistes et républicaines au nom de Fel et de Ferval. Ce n’est qu’en 345 que Vera fut enfin arrêtée à la Bataille de Mons, y perdant la vie sous les coups des forces du Monarque. Quant à Xalos, en fin négociant, il voyagea entre le Sarrenhor et la Terre libre de Bois-Blancs à Cassolmer afin de mener des raids et vendre à profit ses butins. Au lendemain de la Guerre de l’Avènement, les Plaines libres, se résumant désormais aux territoires des Vors, au sud des clans Ferres et à une portion du clan Edar au nord-est, fit face à un choix déchirant. Ne pouvant affronter les Régiments royaux et l’Ordre de l’Orrindhas commandé par le Protectorat de Salomond l’Avisé, Askavors, accompagnée de ses enfants Yvan et Askaria. prit la route de la cité d’Yr afin de plier le genou devant le nouveau Monarque. Le suzerain fit alors une offre à la femme : remettre son titre de seigneur de guerre des Plaines libres à Yvan -sous le nom d’Yvors- et constituer un Régiment royal dans la région, le tout en échange de l’autorisation de maintenir les traditions de raids et pillages -au nom du droit de guerre- des Vors. En d’autres termes, si les Plaines libres acceptaient de contribuer à la protection du royaume, elles pourraient maintenir leur mode vie. N’étant guère en mesure de refuser une telle proposition, Askavors accepta. Lors des décennies qui suivirent, les Plaines libres, fidèles à leurs habitudes, tirèrent un maximum de profits de leur situation. Spécialistes des raids et beaucoup plus efficaces en combat lorsque l’appât du gain se fait sentir, leurs chevaucheurs furent fréquemment, en tant que Régiment royal, engagés dans des conflits internes au royaume. Pendant ce temps, les bandes isolées de pillards oeuvrant hors des armées officielles se découvrirent une nouvelle cible en Caderyn, au sud de Cassolmer. Les nouvelles richesses de la région à la suite de l’installation de l’industrie de l’opium attirèrent la convoitise des chevaucheurs qui, depuis, ne cessent de mener des assauts dans ces campagnes. Jusqu’en 380, ce fut Friedvors, fille d’Yvors et petite-fille d’Askavors, qui régna sur les Plaines libres à partir de la Rencontre du Scorpion. Fière à l’extrême de ses origines et éduquée pendant de longues années par son “oncle” Xalos, elle ne manquait pas une occasion de tirer profit des situations qui s’offraient à elle. Or, cette même année, un clan mineur des Vors -les Sukhbataar- résolument tourné vers le commerce et une approche pacifique des relations extérieures se dressa contre les méthodes de Friedvors. S’alliant avec les patriciens de Gué-du-Roi, les chevaliers du clan Volund et Lys d’Or, Narantse et Batu Sukhbataar menèrent la rébellion et parvinrent à tuer Friedvors lors d’un affrontement nocturne. Narantse -désormais Narantvors- acquis par ce fait d’arme le titre de seigneuresse des Vors. Cependant, au même moment, son propre clan périssait sous les lames du clan Ferres, venu venger le scorpion trépassé. Officiellement victorieuse de la guerre de succession, la cheffe de guerre est aujourd’hui isolée parmi les vautours. |
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Carte d'Ébène - Haut-Vignoble et Val-Horde |
Haut-Vignoble et Val-HordeGénéralVal-Horde est une vallée située au confluent de quelques collines, au nord-est du Sarrenhor. Territoire grandement déserté pendant une bonne partie de l’année, serti fièrement de pierres dressées et d’un drapeau solitaire flottant au vent, il s’anime une fois par mois pour quelques jours, lorsque tous les chevaucheurs du clan Ferres se rassemblent pour y festoyer et marchander. Historiquement, il était le lieu du pouvoir du clan, même s’il était presque abandonné pendant la majeure partie de l’année. Jusqu’en 380, soit au lendemain du démantèlement de l’empire du Crépuscule, c’est à Haut-Vignoble que se prenaient les décisions quotidiennes des terres.. Dans les dernières années, le clan Ferres est devenu le lieu de rassemblement des Sarrens les plus traditionalistes au sein du Protectorat de l’Orrindhas. Menés jusqu’en 380 par Aliyahferres, fille d’un bâtard de Salomond d’Iscar et de Katarina Aerann, ils étaient largement financés par la Couronne et par les pillages réguliers des chevaucheurs. Le clan Ferres contestait alors inlassablement les visions progressistes et indépendantistes d’Émond par la vigueur et la force des traditions sarrens. Or, avec la mort d’Aliyaferres, le clan est aujourd’hui déchiré par une querelle de succession dont le contrôle de Haut-Vignoble est le symbole. GéographieVal-Horde se trouve au confluent de plusieurs collines, niché non-loin des frontières au nord du Sarrenhor. On y retrouve un relief laurois, constitué de vallons et d’arbres fruitiers, cédant tranquillement sa place à une plaine à la végétation clairsemée à mesure que l’on descend vers le sud. Au nord, c’est au pied du Val-Follet que les terres s’arrêtent, les Sarrens n’ayant aucun intérêt à convoiter des montagnes de ce type. Enfin, au sud, les frontières sont plus floues, les sous-clans des Ferres dans la région ayant prêté serment aux idéaux des Plaines libres représentés par les Vors. En fonction des parcours des nomades, les territoires changent d’année en année. Néanmoins, les Ferres en général entretiennent d’excellentes relations avec les Plaines libres, ceux-ci jouant même souvent le rôle d’intermédiaires entre la Rencontre du Scorpion et l’Arche de l’Orrindhas. Val-Horde n’est ni une ville, ni même un village. Il s’agit simplement d’un lieu de rencontre pour les clans du nord qui arpentent les régions avoisinantes. On y retrouve habituellement quelques campements épars, constitués de blessés, de marchands et de chevaucheurs au repos. Néanmoins, une fois par mois, tous les chevaucheurs du clan Ferres se rencontrent au confluent des collines. Une forêt de tentes apparaît alors, l’air résonant sous les cris, les chants et les rumeurs les plus diverses. Les chefs de guerre rassemblés préparent les prochaines campagnes, discutant des pillages récents, échangeant butins et histoires, avant de se préparer pour le mois suivant. Des festins couronnent habituellement ces rencontres. Puis, du jour au lendemain, les tentes disparaissent et les chevaucheurs repartent chacun de leur côté après avoir coordonné leurs raids afin de s’assurer qu’ils ne se nuisent pas les uns les autres. Ancré au coeur des vallons situés au nord de Val-Horde se trouve Haut-Vignoble, une petite ville marchande ayant réussi à conserver sa position par de solides fortifications, doublées d’échanges commerciaux réguliers avec le clan Ferres, évitant ainsi les pillages et les vols. Servant à la fois de comptoir commercial et de siège du pouvoir d’Aliyahferres au lendemain de la mort de son père Benjamin d’Iscar, cette communauté articulée autour de la culture de la vigne était à l’image de plusieurs autres modestes hameaux sédentaires du nord des terres. Depuis longtemps, les Ferres ont compris qu’une légère dose de sédentarité permettrait aux nomades et chevaucheurs de financer beaucoup plus aisément leurs entreprises. Pour cette raison, ces havres de paix échappaient à la convoitise des pillards, certaines organisations clandestines vouées au trafic de la “Drogue du Crépuscule” y faisant leurs choux gras. Cependant, en 380, les armées patriciennes de Laure conquirent le bourg, y installant un gouvernement d’occupation siégeant lui-même au Symposium des Braves de Gué-du-Roi. Peu après, ils quittèrent la ville aussi rapidement qu’ils étaient venus, la laissant à la merci des cartels criminels y pullulant en absence d’autorité légitime. HistoireDe mémoire de Sarrens, Val-Horde fut le territoire du clan Ferres. Chevaucheurs féroces, leur proximité avec les terres lauroises et cassolmeroises en a fait un clan riche et largement militarisé. Alors que les pillards du sud préféraient les chevaux légers et les arcs, les guerriers du clan Ferres se targuaient de posséder des chevaux de guerre massifs bardés de fer, des lances de trois mètres et des sabres acérés, ainsi que d’imposantes armures de lattes représentant souvent divers prédateurs. Certains allaient même jusqu’à greffer à l’arrière de leurs armures de larges bannières verticales garnies de bandelettes de tissu et parfois même de plumages battant au vent. Ces apparats, en plus d’avertir l’ennemi de l’arrivée des hordes, effarouchaient les chevaux peu habitués à un tel vacarme. Ce ne fut pas par des attaques éclairs que les Ferres firent leur renommée, mais par leurs charges dévastatrices que même les hallebardiers laurois ne parvenaient pas à arrêter. Sous les sabots de leurs destriers, le sol lui-même paraissait s’effondrer sous les pieds de leurs victimes. Pendant longtemps, les Ferres furent des alliés réticents du clan des Monds. Comme ils représentaient l’une des forces militaires d’importance du Sarrenhor, les Grands Chevaucheurs fermèrent souvent les yeux sur leurs attaques incessantes hors des terres sarrens, leur laissant une importante marge de manoeuvre malgré les pressions politiques venant de l’extérieur. Le clan s’est donc fortement enrichi avec les années, profitant à la fois de sa propre puissance et de l’hésitation des autres palatinats à entreprendre des représailles dans les steppes. Fort de cette accumulation de richesse, certaines communautés Ferres en vinrent à abandonner le nomadisme afin de se lancer dans des entreprises agricoles rentables. Le plus célèbre est la communauté de Haut-Vignoble où, depuis des siècles, des chevaucheurs ont troqué le sabre au profit de la faucille du vigneron. En 322, les Ferres connurent toutefois une série de revers militaires qui scella leur destinée. Sympathiques aux prétentions du clan des Vors, le seigneur de l’époque, Horriferres, rejoignit l’initiative des Plaines libres sous le prétendant au trône de l’Orrindhas Ghoran. Inévitablement, cela devait les mettre en opposition contre le pouvoir de Lys d’Or représenté par Salomond l’Avisé. Lors d’une bataille dans les collines de Salvamer, les armées des Plaines libres furent embusquées par les forces coalisées salvameroises et sarrens. Cette défaite, qui entraîna des pertes importantes chez les Ferres, fut hautement symbolique pour eux. Leur chef Horriferres avait été abattu et leur prétendant Ghoran mis en déroute. Le mode de vie de pillage du clan était soudainement menacé. Quelques mois plus tard, une nouvelle drogue fit son apparition dans le Val-Horde : la drogue du Crépuscule. Initialement propagé dans la cité de Gué-du-Roi puis à Avhor, le Crépuscule était un produit tel qu’on n’en avait jamais vu dans le royaume. Fabriqué de toutes pièces dans les laboratoires d’herboristes et d’alchimistes peu scrupuleux, il entraînait une forte dépendance exacerbant le zèle, la fanatique ou la folie pure et simple des consommateurs ; les criminels perdaient tout sens moral, les religieux croyaient tuer au nom du Céleste, les militaires menaient des meurtres gratuits, etc. Après avoir été banni de Fel et d’Avhor, le créateur et promoteur de cette drogue, le Felbourgeois Vladimir Volsky, décida d’installer ses quartiers généraux à Haut-Vignoble. Les chevaucheurs, pour plusieurs déjà victimes de cette drogue stimulant leurs capacités au combat, accueillirent ce riche négociant aux méthodes controversées. Rapidement, la corruption des Ferres sous Volsky et sa drogue eut des conséquences graves. Les pillages augmentèrent drastiquement en nombre, les nombreuses routes traversant le territoire Ferres devinrent impraticables et des rixes avec les alliés du clan des Vors se multiplièrent. En 323, dégoûtés par la dégénérescence de leurs frères et soeurs d’âmes, des seigneurs des Plaines libres menés par Maedar des Edar se levèrent afin d’éradiquer les trafiquants de Haut-Vignoble. Malheureusement, ceux-ci furent repoussés une première fois par de nombreux coupe-gorges embauchés pour l’occasion. Un second assaut plus important eut lieu en 333, mais Maedar connut encore une fois un coûteux échec. Effectivement, à l’issue de quelques escarmouches coûteuses, Xalos et Vera des Vors conclurent une entente avec les contrebandiers : si ceux-ci cessaient la distribution de drogue dans les Plaines libres et accordaient un tribut annuel aux communautés de la région, ils pourraient rester sur place. Dès ce moment, les trafiquants de Val-Horde eurent les coudées franches pour agir. Épargnés par les chevaucheurs des Plaines libres et ignorés par le Protectorat de l’Orrindhas trop occupé à combattre les forces monarchistes, ils doublèront leurs exportations dans le royaume, causant la déchéance de nombreuses familles. L’empire criminel de Volsky, oeuvrant désormais en plein jour, ne semblait plus pouvoir être combattu. Certes, Maedar et son fils parvenaient ponctuellement à arrêter quelques revendeurs à gauche et à droite, mais jamais ils ne touchaient au coeur de l’entreprise tentaculaire. En 343, toujours à la recherche d’alchimistes de renom afin de l’aider à satisfaire à la demande de sa clientèle, Volsky embaucha un homme d’âge mûr affirmant avoir été éduqué par nul autre que l’ancien alchimiste royal Macrin Visconti. Pendant quelques mois, l’alchimiste multiplia les exploits scientifiques, raffinant les recettes de Volsky et économisant efficacement sur les coûts de production. Or, lors d’un banquet tenu la même année, celui-ci, désormais proche de Volsky, empoisonna sournoisement le vin de Haut-Vignoble, causant la mort de Volsky et de bon nombre de ses conseillers et assistants. Quelques jours plus tard, un contingent d’une centaine de chevaliers de Fel déferla sur la région, dispersant les associés désorganisés de l’empereur du Crépuscule. Ce n’est qu’à ce moment qu’on découvrit l’identité de l’alchimiste empoisonneur : Benjamin d’Iscar, fils bâtard de Salomon l’Avisé, ayant été éduqué à la Forteresse du Fils sous les soins de Ferval et de Macrin Visconti. N’ayant aucunement hérité de la noblesse d’esprit de son père, Benjamin n’eut aucun scrupule à démanteler à coups d’exécutions publiques et de tortures sanglantes ses détracteurs. Derrière ce désir de remettre de l’ordre chez les puissants Ferres, une intention beaucoup plus égoïste se dissimulait dans l’esprit du traître. Infiltré dans les rangs de Volsky, il savait que ce dernier, paranoïaque, cachait à chaque semaine une partie de ses profits dans un lieu secret. Ce trésor, amassé sur des années, représentait un immense pactole susceptible de financer n’importe quel seigneur pour des années. Or, bien qu’il apprit que plusieurs associés de Volsky s’étaient dispersés aux quatre vents afin de refaire leurs vies ailleurs dans le royaume, il ne découvrit jamais l’emplacement du trésor du Crépuscule. Se proclamant fils aîné -malgré sa bâtardise- de Salomond l’Avisé, Benjamin commença dès la fin de la Guerre de l’Avènement à multiplier ses prétentions au trône de l’Orrindhas. Réorganisant les Ferres brutalement, il reprit les pillages sur les territoires environnants, n’ayant qu’une faible compassion envers la cible de ses raids. En quelques années à peine, Val-Horde, théoriquement réintégré au Protectorat de l’Orrindhas, regagna sa prestance d’antan. En 346, pour ajouter un poids politique à ses armées, Benjamin épousa Katarina Aerann, représentante de la puissante famille ducale de Fel désormais associée au trône d’Yr. Quelques mois plus tard, il promit sa fille Aliyah à la petite-fille du défunt chef du clan Ferres Horriferres, Oriaferres, confirmant de façon durable son hégémonie sur la région. Certes, le sud des terres demeurèrent sympathiques aux Plaines libres des Vors, mais la majorité du territoire de Val-Horde rejoignit Benjamin. En 378, c’était Aliyahferres, succédant à son père décédé en 365, qui régnait légitimement sur le Val-Horde. Si le statut de famille bâtarde l’empêchait d’avoir une forte représentation au Symposium d’Arianne, la fougue et la force de la femme, ainsi que les appuis de la Couronne d’Yr, lui donnaient une place incontestable au sein de l’Orrindhas. Voix dissonante, les Ferres restaient persuadés de la supériorité militaire et morale de leur cause dans les steppes. Par contre, en 380, dans le cadre de la guerre de succession des Vors, les légions lauroises s’emparèrent aisément de Haut-Vignoble afin de venger un raid mené sur la baronnie de Lindenbourg, en Casteval et Vallon, et affaiblir les Ferres, alliés des Vors. Aliyahferres ne daigna pas fortifier ses positions, préférant déserter la ville afin de mener une longue campagne de pillage et de saccage dans les terres environnantes. Cependant, quelques saisons à peine après la conquête de Haut-Vignoble, la situation devint intenable pour les forces d’occupation. Dans les rues, une résistance inattendue s’embrassa. Chaque jour, des vols d’armes, des assassinats d’officiers laurois et des campagnes de diffamation minaient l’autorité des Laurois sur la cité. Finalement, au milieu de l’été 380, le Symposium des Braves céda sous la pression et, à la suite de tractations royales, abandonna ses positions. Au même moment, l’un des principaux adversaires sarrens d’Aliyahferres, Batu Sukhbataar du clan des Vors, exécuta la cheffe Ferres après qu’elle eut perdu un duel contre la Légate de Gué-du-Roi, Gaudérique de Sauvergne. Trois camps prétendaient alors au contrôle de la cité et du clan sarren. Le premier était représenté par Oria (ou Oriaferres), veuve d’Aliyahferres et petite-fille de l’ancien chef de clan Horriferres. Le second obéissait aux ordres de Tobias Radko, frère d’Aliyahferres, commandant reconnu et époux de Pavel Zheko, intendant en contrôle de Haut-Vignoble et fortement soupçonné d’être à la tête du cartel de drogue local. Enfin, le troisième camp, minoritaire, suggérait de laisser Narantvors, cheffe des Vors, s’emparer du titre et recréer les glorieuses Plaines libres. Au 45e jour d’automne, c’est dans la salle d’assemblée du Chapitre de la Foi désormais décapité de Haut-Vignoble que le sort de la ville et du clan se décida. Autour de la table, plusieurs des plus influents seigneurs de guerre des steppes devaient trouver un compromis sous peine de voir la guerre perdurer malgré les résultats mitigés de l’acclamation populaire : Narantvors des Vors, Abrasannor des Sannor, les anciens prétendant et intendant Tobias Radko et Pavel Zheko et, bien sûr, Oriaferres des Ferres. Coincée entre deux forces implacables se détestant profondément, la jeune guerrière Oriaferres demeurait muette. C’est à ce moment qu’Abrasannor dit le Pieux, vénérable chef du clan Sannor réputé pour sa fermeté, offrit sa sagesse à la tablée : Oriaferres en tant que cheffe des Ferres devrait reconstituer le Chapitre de la Foi à son goût afin de maintenir la justice telle qu’elle la conçoit. Tobias Radko devrait être nommé Intendant de Haut-Vignoble, et il aura tout intérêt à maintenir ses Zheko en laisse. L’année 380 s’achevait enfin. Pour le clan Ferres, elle devrait rester dans les mémoires comme une période sombre marquée par les trahisons et les morts : assaut surprise sur Lindenbourg, occupation de Haut-Vignoble par les Laurois, changement de camp des Sukhbataar, décès tragique d’Alyahferres, montée en pouvoir des Zheko et, finalement, avènement d’Oriaferres. Toutes les cartes avaient été jouées et nombre d’acteurs avaient payé leurs choix de leur vie ou de leur position. Le clan Ferres ne ressortait ni plus fort, ni plus faible, de cette épopée. |
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Carte d'Ébène - Val-Bois et le clan Volund |
Val-Bois et le clan VolundGénéralEntre bourgeoisie et chevalerie, le clan Volund est le moins sarren des peuplades du Sarrenhor. En contact avec les pèlerins, voyageurs et marchands étrangers depuis des siècles, il s’est graduellement accoutumé aux idées “progressistes” du royaume d’Ébène. Plusieurs de ses membres, installés à Chambourg, ont opté depuis longtemps la sédentarité et ont intégré les rangs de la puissante alliance commerciale formée par Mordaigne et de l’Arsenal. Toutefois, d’autres s’attachent au nomadisme et embrassent toujours fièrement des valeurs héritées de la chevalerie romantique d’antan. En 378, Orval d’Irras, marchand de Chambourg, et Austevolund, chef du clan à Val-Bois, représentent les deux tendances du territoire. Cependant, depuis quelques années, les tensions entre les bourgeois et chevaliers se sont accrues dangereusement, culminant en 379 avec le siège de Chambourg lors duquel les chevaliers Volund durent battre en retraite après avoir partiellement pillé la ville. GéographieBordé par Corrèse à l’ouest, Laure au nord et Porte-Sainte au sud, le clan Volund fut historiquement le point de convergence d’une multitude de cultures ébénoises. Comme le clan Ferres, au nord-est des steppes, il aurait pu tirer profit de cette situation afin de lancer des raids incessants sur ses voisins et développer des traditions guerrières. Or, il opta plutôt pour la voie de la diplomatie et du commerce. Bien avant l’avènement du premier Roi-Prophète, les chevaucheurs de l’ouest tendaient la main aux négociants et voyageurs étrangers. Dans ce qui allait devenir un jour Chambourg et Val-Bois, les visiteurs étaient chaleureusement accueillis et invités à partager leurs histoires. Parmi eux se trouvaient de nombreux chevaliers errants sillonnant les terres en quête d’exploits à réaliser et d’innocents à secourir (ou tout simplement d’argent à empocher). Au fil des siècles et des contacts, les Volund s’ouvrirent à cette forme de chevalerie et l’adaptèrent à leur propre réalité des plaines. À la mort du premier Roi-Prophète en l’an 25 de l’ère royale, le corps de ce dernier fut apporté dans les Monts Namori, au sommet du plateau de la Main Céleste, afin d’y être immolé. Ce rite spécifiquement exigé par le souverain donna ensuite lieu à de nombreux pèlerinages vers les montagnes sacrées du sud. Cela entraîna la fondation de Haut-Dôme quelques décennies plus tard, mais aussi la création de plusieurs routes de pèlerinage traversant l’Ébène vers la Main Céleste. Le territoire des Volund, situé en plein coeur du pays, fut dès lors sillonné par des cohortes incessantes de pèlerins. Contrairement aux Vors de l’est qui virent dans le début de ces périples religieux des occasions d’enrichissement par la taxation, les Volund décidèrent de se dresser comme des protecteurs et gardiens des routes. Ainsi, lors des deux Guerres du Follet -en 212 et en 285, plusieurs chevaliers du clan, par pure bonne volonté, rejoignirent les rangs de la Compagnie du Heaume afin de combattre les Vors qui s’en prenaient aux pèlerins innocents des steppes. En dehors de ces situations où les chevaucheurs devaient se porter à la défense de la veuve et de l’orphelin, les Volund veillèrent minutieusement à se tenir éloignés des ambitions expansionnistes des Sarrens de Lys d’Or. L’Orrindhas, ce territoire sacré ancestral dont tant de cavaliers souhaitaient la reconquête, n’était à leurs yeux qu’une lubie apportant guerre et pauvreté. Systématiquement, lors de chacune des tentatives des Grands chevaucheurs de se lancer dans de folles cavalcades, les Volund firent entendre leur voix dissonante. Les steppes avaient beaucoup plus à apprendre des étrangers -en matière de technologie, de traditions politiques et de stratégies commerciales- que l’inverse. Au grand désespoir des esprits les plus conservateurs du Sarrenhor, les Volund refusèrent donc constamment de se joindre aux conquêtes et continuèrent d’ouvrir leurs portes aux “dangereux étrangers”. Ce n’est qu’en 323 que les Volund sortirent enfin de leur neutralité afin de rejoindre l’ambitieux Salomond l’Avisé dans sa libération de Corrèse. Certes, en Lys d’Or, les seigneurs de guerre contemplaient avec passion la perspective d’un Orrindhas renouvelé par l’annexion -militaire ou diplomatique- des territoires corrésiens. Cependant, par cette guerre, les Volund cherchaient à atteindre deux autres objectifs : la création d’un vaste ensemble marchand avec Mordaigne et la libération du sud d’Ébène des griffes de la terrible Garde Céleste de la princesse Théodoria. Leur première ambition fut aisément atteinte grâce aux excellentes relations entretenues entre le nord corrésien et Lys d’Or. Avec les négociations visant à constituer le Protectorat de l’Orridhas et le Symposium d’Arianne, le comté de Mordaigne se rapprocha énormément des Volund. En 330, Léa Rominski, comtesse de Mordaigne, scella l’alliance entre les deux comtés en se mariant avec Andrivolund -devenu Andrii Rominski à la mort de son père tel que le souhaitait la tradition sarren-, second fils du chef de clan Mirovolund. C’est l’année suivante que naquit Lana Rominski et deux ans après, Daria Rominski. De plus, grâce à la proximité de l’Arsenal, complexe marchand de l’Union commerciale du sud située près du Lac de la Croisée, c’est un triangle commercial qui naquit dans cette région : Mordaigne à l’ouest, l’Arsenal au centre et Chambourg à l’est. Les négociants, rassemblés autour d’une même table, maîtrisaient alors l’entièreté des routes -marchandes comme de pèlerins- de la région. La seconde ambition, quant à elle, ne fut atteinte qu’en 341 lorsque, au terme de près de vingt ans de guerre, les forces de l’Orrindhas firent plier le genou aux résistants de Porte-Chêne. Initialement, les militaires, majoritaires dans l’entourage de Salomond l’Avisé, tentèrent d’imposer leur volonté à l’ennemi replié à l’intérieur des hauts murs de la vieille cité corrésienne. Or, après une multitude d’assauts infructueux, le Grand chevaucheur tendit l’oreille aux suggestions de ses conseillers Volund et de Mordaigne. C’est grâce à eux que vint l’idée d’imposer un blocus commercial ferme aux opposants, ce qui mena éventuellement à une victoire éclatante. Cela dit, cette stratégie causa certaines frictions à l’intérieur du ban des Volund lui-même, plusieurs chevaucheurs aux idéaux chevaleresques estimant indigne d’affamer le peuple afin de remporter une guerre. Entre la sagacité des marchands et l’honneur des chevaliers, il y avait tout un monde de différence chez les Sarrens. Depuis la fin de la Guerre de l’Avènement, le clan Volund, fort de ses alliances et victoires lors du conflit, a renoué avec la paix. Du moins, jusqu’à tout récemment. Effectivement, en 376, le Conglomérat de Chambourg, mené par Orval d’Irras, a multiplié les initiatives commerciales controversées dans les plaines traditionnelles du clan. Acquérant à prix forts (et justes selon l’homme) les terres les plus fertiles aux petits seigneurs, expulsant des serfs de leurs fermes et pâturages et acceptant le transit de marchandises légales mais controversées (ex : opium de Caderyn), il s’attira les foudres des franges nobles attachées aux idéaux chevaleresques de la communauté. Ces dernières, menées par le chef de clan et petit-fils du héros de guerre Mirovolund, Austevolund, refusent de se laisser imposer l’avenir des Volund par le pouvoir de l’argent et du commerce. Rassemblant autour de lui des chevaliers charismatiques, mais trop souvent sans le sou, le chef tente de freiner les ambitions des influents négociants du nord. Ce fut d’ailleurs le cas lors du Siège de Chambourg de 379 où Austevolund, appuyé de nombreux alliés laurois et sarrens, prit pour assaut la ville marchande. Le seigneur accusait alors Orval d’Irras d’affamer son peuple en accumulant terres et vivres. Grâce au support de négociants d’un peu partout en Ébène et de la famille Morozov, la cité parfois toutefois à repousser l’attaque. Elle n’échappa malheureusement pas à un pillage en règles. Cet épisode affaiblit considérablement les partisans de la noblesse Volund, laissant une victoire morale à leurs opposants de la bourgeoisie. Rappelant la lutte acharnée du paladin Wenceslas des Plaines, originaire de cette région, au palais d’Yr afin d’interdire le commerce de la controversée poudre à canon en 316, l’issue de ce conflit risque de définir l’identité du clan Volund pour les siècles à venir. HistoireBordé par Corrèse à l’ouest, Laure au nord et Porte-Sainte au sud, le clan Volund fut historiquement le point de convergence d’une multitude de cultures ébénoises. Comme le clan Ferres, au nord-est des steppes, il aurait pu tirer profit de cette situation afin de lancer des raids incessants sur ses voisins et développer des traditions guerrières. Or, il opta plutôt pour la voie de la diplomatie et du commerce. Bien avant l’avènement du premier Roi-Prophète, les chevaucheurs de l’ouest tendaient la main aux négociants et voyageurs étrangers. Dans ce qui allait devenir un jour Chambourg et Val-Bois, les visiteurs étaient chaleureusement accueillis et invités à partager leurs histoires. Parmi eux se trouvaient de nombreux chevaliers errants sillonnant les terres en quête d’exploits à réaliser et d’innocents à secourir (ou tout simplement d’argent à empocher). Au fil des siècles et des contacts, les Volund s’ouvrirent à cette forme de chevalerie et l’adaptèrent à leur propre réalité des plaines. À la mort du premier Roi-Prophète en l’an 25 de l’ère royale, le corps de ce dernier fut apporté dans les Monts Namori, au sommet du plateau de la Main Céleste, afin d’y être immolé. Ce rite spécifiquement exigé par le souverain donna ensuite lieu à de nombreux pèlerinages vers les montagnes sacrées du sud. Cela entraîna la fondation de Haut-Dôme quelques décennies plus tard, mais aussi la création de plusieurs routes de pèlerinage traversant l’Ébène vers la Main Céleste. Le territoire des Volund, situé en plein coeur du pays, fut dès lors sillonné par des cohortes incessantes de pèlerins. Contrairement aux Vors de l’est qui virent dans le début de ces périples religieux des occasions d’enrichissement par la taxation, les Volund décidèrent de se dresser comme des protecteurs et gardiens des routes. Ainsi, lors des deux Guerres du Follet -en 212 et en 285, plusieurs chevaliers du clan, par pure bonne volonté, rejoignirent les rangs de la Compagnie du Heaume afin de combattre les Vors qui s’en prenaient aux pèlerins innocents des steppes. En dehors de ces situations où les chevaucheurs devaient se porter à la défense de la veuve et de l’orphelin, les Volund veillèrent minutieusement à se tenir éloignés des ambitions expansionnistes des Sarrens de Lys d’Or. L’Orrindhas, ce territoire sacré ancestral dont tant de cavaliers souhaitaient la reconquête, n’était à leurs yeux qu’une lubie apportant guerre et pauvreté. Systématiquement, lors de chacune des tentatives des Grands chevaucheurs de se lancer dans de folles cavalcades, les Volund firent entendre leur voix dissonante. Les steppes avaient beaucoup plus à apprendre des étrangers -en matière de technologie, de traditions politiques et de stratégies commerciales- que l’inverse. Au grand désespoir des esprits les plus conservateurs du Sarrenhor, les Volund refusèrent donc constamment de se joindre aux conquêtes et continuèrent d’ouvrir leurs portes aux “dangereux étrangers”. Ce n’est qu’en 323 que les Volund sortirent enfin de leur neutralité afin de rejoindre l’ambitieux Salomond l’Avisé dans sa libération de Corrèse. Certes, en Lys d’Or, les seigneurs de guerre contemplaient avec passion la perspective d’un Orrindhas renouvelé par l’annexion -militaire ou diplomatique- des territoires corrésiens. Cependant, par cette guerre, les Volund cherchaient à atteindre deux autres objectifs : la création d’un vaste ensemble marchand avec Mordaigne et la libération du sud d’Ébène des griffes de la terrible Garde Céleste de la princesse Théodoria. Leur première ambition fut aisément atteinte grâce aux excellentes relations entretenues entre le nord corrésien et Lys d’Or. Avec les négociations visant à constituer le Protectorat de l’Orridhas et le Symposium d’Arianne, le comté de Mordaigne se rapprocha énormément des Volund. En 330, Léa Rominski, comtesse de Mordaigne, scella l’alliance entre les deux comtés en se mariant avec Andrivolund -devenu Andrii Rominski à la mort de son père tel que le souhaitait la tradition sarren-, second fils du chef de clan Mirovolund. C’est l’année suivante que naquit Lana Rominski et deux ans après, Daria Rominski. De plus, grâce à la proximité de l’Arsenal, complexe marchand de l’Union commerciale du sud située près du Lac de la Croisée, c’est un triangle commercial qui naquit dans cette région : Mordaigne à l’ouest, l’Arsenal au centre et Chambourg à l’est. Les négociants, rassemblés autour d’une même table, maîtrisaient alors l’entièreté des routes -marchandes comme de pèlerins- de la région. La seconde ambition, quant à elle, ne fut atteinte qu’en 341 lorsque, au terme de près de vingt ans de guerre, les forces de l’Orrindhas firent plier le genou aux résistants de Porte-Chêne. Initialement, les militaires, majoritaires dans l’entourage de Salomond l’Avisé, tentèrent d’imposer leur volonté à l’ennemi replié à l’intérieur des hauts murs de la vieille cité corrésienne. Or, après une multitude d’assauts infructueux, le Grand chevaucheur tendit l’oreille aux suggestions de ses conseillers Volund et de Mordaigne. C’est grâce à eux que vint l’idée d’imposer un blocus commercial ferme aux opposants, ce qui mena éventuellement à une victoire éclatante. Cela dit, cette stratégie causa certaines frictions à l’intérieur du ban des Volund lui-même, plusieurs chevaucheurs aux idéaux chevaleresques estimant indigne d’affamer le peuple afin de remporter une guerre. Entre la sagacité des marchands et l’honneur des chevaliers, il y avait tout un monde de différence chez les Sarrens. Depuis la fin de la Guerre de l’Avènement, le clan Volund, fort de ses alliances et victoires lors du conflit, a renoué avec la paix. Du moins, jusqu’à tout récemment. Effectivement, en 376, le Conglomérat de Chambourg, mené par Orval d’Irras, a multiplié les initiatives commerciales controversées dans les plaines traditionnelles du clan. Acquérant à prix forts (et justes selon l’homme) les terres les plus fertiles aux petits seigneurs, expulsant des serfs de leurs fermes et pâturages et acceptant le transit de marchandises légales mais controversées (ex : opium de Caderyn), il s’attira les foudres des franges nobles attachées aux idéaux chevaleresques de la communauté. Ces dernières, menées par le chef de clan et petit-fils du héros de guerre Mirovolund, Austevolund, refusent de se laisser imposer l’avenir des Volund par le pouvoir de l’argent et du commerce. Rassemblant autour de lui des chevaliers charismatiques, mais trop souvent sans le sou, le chef tente de freiner les ambitions des influents négociants du nord. Rappelant la lutte acharnée du paladin Wenceslas des Plaines, originaire de cette région, au palais d’Yr afin d’interdire le commerce de la controversée poudre à canon en 316, l’issue de ce conflit risque de définir l’identité du clan Volund pour les siècles à venir. |
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Carte d'Ébène - Fondebleau et l'Assemblée des Vaux |
Fondebleau et l'Assemblée des VauxGénéralLa cité de Fondebleau est avant tout le siège du pouvoir du Légat Wilfred Pure-Laine. Héritier de la célèbre famille Pure-Laine des Gorgias, il a suivi le déménagement de l’Assemblée des Vals à Fondebleau afin de se distancer du pouvoir des Arhima à Haut-Dôme. Wilfred est un jeune homme d’apparence soignée et élégante, mais également impulsif. Il est reconnu pour être passionné dans ses idées et pour être peu enclin aux compromis. Au sein de l’Assemblée des Vals -rassemblement noble valécien conseillant et épaulant la famille Arhima de Haut-Dôme-, il veille à pousser ses idées en se propulsant grâce à l’appui de la petite noblesse. La comarque est également hôtesse de la plus grande communauté culturelle du Val-de-Ciel. Les artistes, ménestrels et philosophes se rassemblent régulièrement dans les salons bourgeois de la cité afin d’échanger sur l’art, les sciences nouvelles et les courants de pensée émergents. Cependant, l’entièreté de ces pratiques sont fortement teintées de considérations religieuses, le culte célésien ne pouvant être occulté des sphères de la vie des Valéciens. Tel est le cas, entre autres, de l’Académie médicale, relevant du prestigieux Ordre médical d’Ébène, qui a son campus sur place et s’intéresse avant tout aux maladies spirituelles. Celle-ci attire de nombreux étudiants instruits de tout le royaume, principalement des prêtres et autres ecclésiastiques désireux de consolider leurs connaissances dans le domaine de l’anatomie et de la pharmacopée afin de mieux oeuvrer dans leurs congrégations respectives. Sous l’oeil de l’Archiatre Gusness Jessen, les Docteurs -de la Foi et du Corps- supervisent les activités des visiteurs. L’Académie accueille d’ailleurs une vaste bibliothèque dont la spécialité réside dans ses recueils antiques portant sur les rituels célésiens et les oeuvres miraculeuses du premier et du second Roi-Prophète. Chaque guérison inexplicable ayant lieu dans le royaume y est consignée sur des parchemins soigneusement entretenus par les clercs de l’endroit. GéographieLa comarque de Fondebleau s’étend de Val-du-Crâne au nord jusqu’aux Monts Namoris au sud. Vallée consacrée aux ossuaires et aux crânes d’Henri DuCrâne, Val-du-Crâne n’est plus habitée que par quelques Chapelains qui y accueillent les visiteurs. La majorité des habitants ayant été tués par la Peste rouge, Val-du-Crâne est un lugubre endroit. Même le soleil peine à franchir les pics des montagnes pour illuminer le fond de la vallée. Fort isolé, il s’agit aujourd’hui du seul point de surveillance hors montagnes de Fondebleau. À plusieurs reprises, les autorités de Porte-Sainte approchèrent Fondebleau pour acquérir ce maigre territoire et consolider leurs propres frontières, mais les Légats refusèrent, clamant la tradition. À l’ouest, les bourgs de Fondebleau s’étendent sur la route vers Montboisé et à l’est vers Mortagne, second village en importance de la comarque. Mortagne est avant tout une halte routière fermière entre Haut-Dôme et Fondebleau. Riche des nombreux voyageurs qui y circulent, elle est réputée pour son Grand Hall et la Galerie des Expositions Étranges. Ces deux lieux font souvent plusieurs ducats avec les gens en attente de départ voulant s’occuper tout en faisant un voyage dans le temps. Plusieurs trophés et reliques ornent les murs de ces deux établissements dont une griffe de Capisthéon, un texte en Firmori et une obole remontant au premier Roi-Prophète. L’histoire y est à l’honneur tout comme l’exceptionnel et l’excentrisme. Cela dit, chacune des pièces qui y est exposée est préalablement approuvée par le chapitre de la Foi de la région qui s’assure que la forme utilisée pour sa présentation n’incite pas le visiteur au blasphème. La plus grande partie de la population de la région réside à l’intérieur même des bourgs environnant la cité historique de Fondebleau. Les quartiers marchands, des arts et de l’Académie complètent le nouveau quartier des nobles qui accueille désormais l’Assemblée des Vals. Il est dit qu’il y a toujours une fête ou une réception en cours à tout moment de la journée à Fondebleau. Après tout, les rêves ne dorment jamais. HistoireAntique cité du Val-de-Ciel, Fondebleau a toujours été un pôle important pour la culture et les divertissements valéciens, ce pourquoi on l’appelle parfois, en comparaison avec Vêpre en Avhor, “L’Étoile du Sud”. Plus relâchée que la sérieuse Haut-Dôme, la ville garde néanmoins son côté religieux notamment grâce au campus de l’Académie médicale. Contrairement aux campus de Haut-Givre, Gué-du-Roi et Yr, Fondebleau se concentre sur la guérison de maladies spirituelles et sortant de l’usuel. Il s’agit souvent du dernier arrêt pour les malades pour qui aucun médecin n’a pu accomplir de miracles. L’une des premières personnes soignées par l’équipe de l’Académie médicale fut d’ailleurs Altara Chilikov, la Haute-Sénéchale de Porte-Sainte. Administrée par la famille Relmont, l’Académie jouit d’une grande importance en raison des nombreuses pièces de théâtre que ses mécènes organisent, notamment à la Petite souris. Salle célèbre qui a vu les plus célèbres spectacles valéciens se produire, elle reste le point central d’un vaste réseau de salles de spectacles secondaires dans la cité. Les Relmont fréquentent, tout comme les Pure-Laine et les autres nobles de la cité, les salons bourgeois de la ville. Lieux de rassemblement et de loisir, ils sont tous construits à l’image du plus réputé et ancien d’entre eux : “Le Noble Montagnard”. Carrefour élitiste pour grands et puissants du Val-de-Ciel, il est directement tenu par les Relmont qui y rencontrent régulièrement le légat Wilfred Pure-Laine. On y joue aux cartes et aux oies tout en y buvant les boissons fortes les plus exotiques du royaume. Il est dit qu’assez de ducats sont dépensés en une seule journée au Noble Montagnard que cela suffirait à nourrir tout le Val-de-Ciel pour un mois. Titulaire du pouvoir de l’Assemblée des Vals, Thomas Pure-Laine, frère du Légat Wilfred, oeuvre à coordonner les différentes comarques et faire régner la paix politique dans le Val-de-Ciel. Historiquement, ce fardeau a toujours été aux Pure-Laine depuis la signature de la Charte des Vals, dont l’original a été mis en sécurité par leurs soins. Contrairement aux autres palatinats de jadis, le Val-de-Ciel fut le seul à demeurer uni et il ne sombra jamais en guerre civile. La clé de voûte de cette harmonie fut la Charte des Vals et le Légat Robert Pure-Laine. Seule la famille Arhima tient encore un contre-pouvoir aux volontés de l’Assemblée. Le représentant des Arhima peut invalider toute décision de son véto. Il ne peut toutefois en proposer qu’avec l’approbation de l’Assemblée, seule celle-ci légiférant. Siègent à cette Assemblée les six Comarquis du Val-de-Ciel, de même que l’observateur et porte-parole officiel des Arhima. Ce titre revient présentement au frère de Wilfred, Thomas, à qui la marquise Éloïse Arhima de Haut-Dôme est mariée. Les prises de bec entre les deux frères ne sont d’ailleurs pas rares, ceux-ci représentant des intérêts souvent en opposition. Les habitants de Fondebleau et Mortagne sont généralement ouverts d’esprits et moins fanatiques qu’ailleurs, particulièrement comparés à ceux de Montboisé. Festifs et créatifs, ils ont de plus la chance de vivre en sécurité grâce, entre autres, à l’élimination du Cartel de Mordaigne en 323. Depuis, peu d’organisations criminelles ont osé y mettre les pieds. Il faut dire que la puissante milice de la ville et le passage fréquent des armées depuis Montboisé y sont peut-être aussi pour quelque chose. La devise de la ville est : “Par la plume nous illuminerons”. |
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Carte d'Ébène - Les Gorgias et Mur de Théodas |
Les Gorgias et Mur de ThéodasGénéralLes Gorgias sont étroitement liés au Mur de Théodas. Ouvrages défensifs massifs rivalisant certainement avec le Mur de Fel, ceux-ci sont également les quartiers-généraux du Gardien des Cols. Charles Gatereaux, petit-fils du défunt général William Gatereaux, est certainement le plus jeune noble à occuper cette prestigieuse fonction. Réputé stratège et ancien patrouilleur du Mur de Théodas, il connaît le Val-de-Ciel mieux que quiconque, du moins sur carte. L’ensemble des vallées des Gorgias sert principalement de grenier pour alimenter les garnisons militaires des Valéciens. Que ce soit pour ses régiments, pour les patrouilleurs du Mur de Théodas ou encore pour les nombreux miliciens, les élevages gorgiens sont indispensables. De plus, afin d’équiper toute cette force armée, les forges de Chevalmont oeuvrent jour et nuit afin de fabriquer les armes et armures des soldats. La principale occupation des patrouilleurs est de surveiller la frontière sud du royaume. C’est d’ailleurs l’une des raison pourquoi le Roi-Guérisseur a autorisé le Val-de-Ciel à commander sa propre armée. Cette particularité militaire fut par la suite légitimée par l’instauration du marquisat valécien en lui-même. GéographieLe plateau des Gorgias, constitué de nombreuses vallées fertiles pour l’élevage, s’étend au nord des Monts Namoris, ceint par les comarques de l’Ascension et de Port-Céleste. En plus du comptoir de l’Union commerciale du Sud d’Ébène à Chevalmont, l’importance de la région d’un point de vue marchand est renforcée par le caravanage vers la Terre des Roses. Au sud du mur s’étend une nouvelle route sur le tout nouveau pont des Gorgias, seul point d’accès terrestre vers les anciennes contrées firmories. Celle-ci, prenant davantage la forme d’un sentier à travers les landes désolées, permet de voyager jusqu’à Ville-Sans-Ombres, au nord de la Terre des Roses. Réputée pour sa dangerosité, la route est parsemée de quelques haltes seulement. La région est rapidement devenue un havre pour les brigands des grands chemins. Sa longueur et son isolement ne facilitent pas la tâche des patrouilleurs. Basés sur le Mur de Théodas, les patrouilleurs sont commandés par Antoine Lefort. Une série de fortins parsèment la fortification valécienne d’ouest en est. En son point le plus occidental se trouve Fort-Lefort dans la région de Montboisé. La région forestière qu’il surveille se fait en étroite collaboration avec les autorités de l’Antre-du-Loup qui prennent également à leur charge son approvisionnement. Il s’agit d’une exception dans l’organisation du mur, explicable par son éloignement du Château-des-Bassors et par l’importance du chapitre de l’Inquisition céleste qui siège à l’Antre-du-Loup. En second, en Fondebleau, se trouve Fort-Kléber. Surveillant des cols désormais scellés, ce fort est certainement le plus tranquille de tout le mur. Les nouveaux patrouilleurs y sont formés avec des permissions fréquentes pour aller passer du bon temps dans la grande cité de Fondebleau. Au centre du Mur trône fièrement le Château-des-Bassors. Bien qu’elle n’ait de château que le nom, cette immense forteresse est la porte d’entrée du royaume. Flanquant l’immense double-porte de fer se trouvent les statues de pierre blanche du deuxième Roi-Prophète et de Théodas Kléber se tenant les mains. Sous cette double-poignée de mains, l’entrée est surveillée par une série de canons, beaucoup plus que dans les autres fortins et presque qu’autant qu’à Fort-sur-Mer. Dans les plateaux au nord et dans le col même, une fourmilière humaine s’est développée avec toute l’industrie nécessaire pour approvisionner le Mur et les garnisons de l’armée valécienne. Dans la région de l’Ascension s’élève Fort-Lamontagne. Nommé en l'honneur d’un commandant célèbre de la Compagnie du Heaume -Jean Lamontagne-, le fort a un grand nombre de patrouilleurs-vétérans à son actif. Les contacts y sont également fréquents avec l’Ordre des Chapelains qui s’occupent des nombreux ossuaires de l’Ascension. En dernier lieu, le Mur se termine avec l’impressionnant Fort-sur-Mer. Redoute avec des dizaines de canons, l’endroit surveille non seulement le sud, mais également la Vaste-mer. Chaque navire passant au large y est colligé et des galères spécialement fabriquées pour la garde du mur contrôlent les embarcations. Autrement, les nombreux villages et bourgs du plateau des Gorgias sont à l’image de Chèvremont. Calmes et verdoyants, la chèvre rivalise avec le mouton et le cheval pour les brins d’herbe. Peu de criminels osent s’aventurer dans cette région si bien contrôlée, particulièrement en comparaison aux vastes régions du sud encore inexplorées. |