Historique Public

Troisième enfant de Hubert Delorme, comte de Felbourg-la-Cité, et de Lucrèce Visconti des Salimes, il fut toujours clair qu’Albert Delorme n’avait aucune chance d’hériter d’un quelconque titre de prestige. Tandis que l’aîné et héritier -Antoine Delorme- et la cadette -Estelle Delorme- sont nés à peine à un an d’intervalle, Albert a vu le jour six ans plus tard. Dans la famille, les soupçons étaient forts qu’il s’agissait d’un accident de couche. Et chaque jour, les actes de Hubert semblaient confirmer cette théorie. Tandis qu’il surveillait de près les études et relations d’Antoine et Estelle, le comte éprouvait un complet désintérêt pour Albert, jugé trop jeune pour mériter son attention.

La passion du jeune homme pour les contrées étrangères, la navigation et l’administration ne fit qu’accentuer l’écart qui le séparait de sa famille. Les Delorme, désormais bien enracinés à Felbourg-la-Cité, étaient la matérialisation de la volonté Aerann de créer une noblesse fière, forte et détachée des affaires indignes du commun. L’économie et le marchandage, jugés comme des labeurs de la petite bourgeoisie des ports, ne méritaient pas l’attention du comte. Lorsqu’Albert rapporta la nouvelle de son engagement en tant qu’officier en formation à bord d’un galion de la Marine des Mérillons, le comte soulagé y vit une occasion d’envoyer au loin un fils trop souvent source de déception.

Après trois années à sillonner au nom de la Marine des Mérillons les routes commerciales entre Fel, l’Île aux Boustrophédon et la cité-forteresse de Berren-Herderdrovyn au Vinderrhin, Albert reçut une proposition qu’il ne pouvait décliner : celui d’agent de liaison de la Marine à Berren-Herderdrovyn. Pour la corporation, l’offre était plus que stratégique ; la présence d’un navigateur d’expérience possédant une éducation noble et un nom renommé lui permettrait de se rapprocher de l’élite Vindh. C’est ainsi que, depuis près de cinq ans, Albert s’est forgé un nom dans les terres glacées. Sans être un « Capitaine » de la Marine à proprement parler, il veille à ce que les relations entre les marchands étrangers et seigneurs locaux demeurent cordiales malgré l’hostilité ancestrale du Vinderrhin envers l’Ébène. Il est en somme ce que le royaume pourrait qualifier « d’ambassadeur » s’il en avait eu un.